Chapitre 5 :

-T’as quelque chose à cacher toi !

-Non juste assez intelligent pour savoir que ça sert à rien qu’on s’entre tue. J’aimerais qu’on soit en bons termes.

-Si tu le dis. T’es vraiment sincère là dis moi ? Parce que les mecs et les disquettes je les connais.

-Disquettes ? Je veux pas te gérer Misylda juste qu’on soit en bons termes.

-Bon c’est ok.

Du coup nous avons continué à discuter toute la nuit. Joarelle et Shérazzade s’étaient endormies. Moi je n’ai pas dormi mais le lendemain quand Joarelle s’est réveillée et préparée j’ai subis son interrogatoire :

-Futur couple toi et lui !

-Dis pas de la merde ! Tu me diras comment ça s’est passé avec Amir.

-Bah ouais t’en fais pas !

Elle a rendez-vous avec lui à 14h00 et elle stresse miskina.

-Kam’s accompagne-moi au parc.

Je l’ai accompagné. Amir n’était pas encore là. Joarelle stressait à mort. Je l’avais jamais vu dans cet état. Quand on a aperçu Amir j’ai bougé avant qu’il me voit.

-MISYLDA ! MISYLDA !

J’ai vu Nado arriver avec un grand sourire vers moi :

-Ouais ?

-Ça y est j’ai eu le courage j’ai le numéro de Brahim.

-T’as demandé à qui ?

-Bah Christiane elle lui a demandé pour moi et voilà j’ai envoyé un sms il m’a dit que ça lui fait plaisir. Peut-être on se verra dans la semaine.

-Ok hella pour toi.

-T’es pas contente ?

-Si mais je suis fatiguée. Tu me raconteras ?

-Bah ouais t’en fais pas !

Le soir Joarelle m’a fait un compte détaillé. Amir l’avait embrassé et lui avait dit qu’elle n’avait pas le droit de parler à aucun mecs sauf ceux de sa famille ou mon frère.

Mais Amir lui a demandé d’en parler à personne pour éviter les commérages. Ce que je peux comprendre. Dans ce quartier ça court les ragots.

Le dernier weekend avant la rentrée mes cousins cousines sont venus à la maison. J’ai pris Maroua à part :

-La sois disant hlel de mon frère c’est une meuf que je connais et c’est une grosse khmeja. Elle fait la hlel devant mon frère mais j’ai pleins de dossiers sur elle.

-Et ? Elle a peut-être fauté et changé.

-Nan elle est toujours pareil. Sinon je dirai pas ça va.

On discutait tranquilles quand je reçois un message de Christiane :

-Kam’s ? Je peux venir chez toi ? Urgent.

C’est bizarre qu’elle me dise ça. C’est pas trop du style à vouloir s’imposer.

-Y a quoi ? Je suis avec mes cousins.

-Je crois que je suis enceinte.

Quand j’ai lu ça j’ai bugué. Enceinte ? D’un mec de boîte ? Enceinte ? Hors mariage et à 18 ans ? Je lui ai dit de passer. Dix minutes plus tard elle était là. Hakim est allé ouvrir :

-Et soso y a une fille pour toi !

-Nan je viens pour voir Kam’s.

Je me suis levée suivie de Maroua.

-T’es con Hakim c’est ma shab laisse la rentrer.

Il m’a balayé et m’a dit :

-Je suis ton cousin Misylda et j’ai pas ton âge alors respect un peu !

Ils aiment trop nous taper que ça soit Hakim ou mon frère.

En voyant Christiane mon frère a froncé les sourcils :

-Elle fout quoi cette kehba chez moi ?

-Siméon hacheum ! ai-je protesté. Elle est venue me voir.

-Te voir ? Je t’ai dit et on t’a tous dit qu’on la veut pas ici ! C’est une grosse kehba.

Christiane commençait pleurer.

-Wesh miskina soso tu vois pas qu’elle est mal ? intervient Hakim. Ça reste une sœur.

-Je m’en tape ! C’est une kehba et elle reste pas avec mes sœurs et mes cousines ! Sors Christiane t’as deux secondes avant que je te bute. Même si t’es une femme je te couche au sol ok ? Va te faire péter par Faress.

Hein ? Mais comment il sait ça lui ? Christiane pleurait davantage.

-ARRÊTE DE PLEURER ET BARRE TOI ! gueule mon frère.

-Hakim fais quelque chose ! intervient Maroua.

-Wesh Soso viens on va à la chicha.

Du coup ils sont sortis et Siméon a craché sur Christiane au passage.

-Je te préviens Misylda cette khemja elle dort pas ici.

Hakim lui il est entre le hram et le hlel : zehma il va à la chicha il traîne avec les hramistes mais il boit pas vend pas et ne fornique pas. C’est déjà ça. Même la chicha c’est pas trop son délire. Il y va plus parce qu »il y suit mon frère ou ses potes mais là clairement il a eu la bonne réaction pour calmer Siméon ou du moins l’éloigner.

-C’est qui elle ? a demandé Issam à Maroua.

-T’occupe ! Va jouer ! lui dit Maroua.

-On peut aller jouer en bas avec Amine ?

-Ok mais vous allez avec Sofia et Belvida.

-Euh non ! Moi je m’occupe pas des morveux ! répond Belvida de sa chambre.

Je n’ai pas le temps de bouger que Maroua est allée gifler Belvida :

-Quand on te dit quelque chose tu le fais et tu la ferme ! On est pas tes parents on sait que t’es pas celle que tu veux faire croire hlel en carton.

Belvida fixait Maroua avec haine.

-Baisse les yeux ok ? Je suis ta cousine pas ta copine.

Elle a soufflé et avec Sofia elles ont accompagné les petits en bas.

-À 21h00 vous rentrez ok ? je leur dis. Dans une heure et demie quoi.

Du coup y avait que Shérazzade devant la télé. On a emmené Christiane dans ma chambre.

-Ce matin j’ai eu des nausées et ce midi devant le couscous j’ai voulu vomir. Y a pas que ça j’ai fait un malaise y a deux jours ma mère inquiète m’a envoyée faire une prise de sang. Je suis allée chercher les résultats et je suis enceinte de trois semaines.

-Mais comment mon frère sait que c’est Faress ?

-Bah je t’ai pas dit mais la dernière fois quand t’es partie avec Joarelle Nado est rentrée aussi mais ma mère m’avait envoyé au lidl chercher du jus et là je l’ai recroisé et il était avec ton frère.

-C’est pas un mec d’ici ?

-Non non. Je ne sais pas d’où il est. Mais là Faress m’a pointée du doigt : t’as vu kho c’est elle que j’ai ken en boîte de nuit dans ma voiture. Je savais pas qu’elle était du quartier.

Elle pleurait encore plus.

-Les filles je ne sais pas quoi faire. Je pense avorter. J’ai 18 ans. Je passe mon bac cette année je n’ai aucun revenus…

-Mais t’as écarté tes cuisses et le bébé est là. Il n’a rien demandé. Fallait réfléchir avant de chialer ! lui dit froidement Maroua.

J’étais d’accord avec elle. Surtout que ce bébé était un cadeau et le tuer est un gros pêché.

-Mais je vais dire quoi à mes parents ?

-La vérité ! Christiane t’as 18 ans. Tu n’as plus 12 ans ! T’es leur fille ils vont pas te mettre à la porte ! Surtout que tu portes la vie !

Elle hochait la tête.

-Maroua je vais raccompagner Christiane chez elle. Tu restes ici ?

-Ouais si Hakim et Siméon rentrent je dirai que t’es allée chez ta shab Joarelle.

Je l’ai remercié mais ça m’aurait étonnée qu’ils rentrent maintenant. Je miserai plutôt sur le fait qu’ils rentrent en pleine nuit ou pour le cas de Siméon demain matin. Heureusement que Hakim a sa voiture parce qu’avec mon frère il serait obligé de rentrer à pieds parfois.

En bas y avait aucun gars. Je suppose qu’ils ont bougé à la chicha. Je raccompagne Christiane c’est sa mère qui m’ouvre avec un grand sourire :

-Salam Alaykoum Misylda lebess ?

-Labass Al Hamdullilah et toi khalti ?

-Ca va Al Hamdullilah et toi Christiane pourquoi tu pleures ? Rentre Misylda ! Tu vas bien rester un peu ?

J’ai accepté et on s’est installés. Y avait Rachid le père de Christiane. On s’est dits bonjour et il a agressé Christiane :

-Pourquoi tu pleures toi ? Toujours tu pleures ces temps-ci ! J’ai une fontaine ou une fille ?

-C’est vrai ça benthi qu’est-ce qui t’arrive ? Et tu as eu les résultats ?

À ces mots Christiane a encore davantage pleuré. J’étais mal à l’aise.

-Parle Christiane ! s’est énervé son père.

Elle a inspiré un grand coup :

-Je suis…

-Tu es ? a interrogé son père.

-Enceinte.

Un grand silence a suivi cette annonce puis Khalti a eu un malaise. Tonton Rachid s’est levé et il a giflé Christiane. Il la frappait et l’insultait de tous les noms. J’essayais de relever khalti et de la réveiller et j’essayais de calmer tonton.

-TONTON ARRETE ! ELLE PORTE LA VIE ! LA TAPE PAS TU VAS PAS TUER UN ANGE.

A ces mots il s’est arrêté. Christiane était à ses pieds tremblante et elle pleurait. Tonton a porté sa femme et l’a allongé sur le canapé. Je suis allée chercher un verre d’eau.

-Merci Misylda benthi.

Tout doucement Khalti s’est remise. Mais elle pleurait. Elle s’est adressée à Christiane :

-C’est qui le père ?

Toute misérable Christiane a avoué la vérité. Sa mère secouait la tête dans tous les sens :

-Tu veux que la famille du bled disent que t’es une kehba et qu’on sait pas t’éduquer ? Que les gens du quartier parlent mal de ton père et moi ?

-Non ye…

-Tais-toi ! Le mec qui t’a fait ça je sais pas d’où il est. Mais toi Rachid tu vas trouver un homme pour la marier même un bledard je m’en fous. Dans deux semaines je veux qu’elle soit mariée et qu »elle dégage de chez moi. Misylda traîne plus avec cette kehba. Pourquoi je t’ai pas comme fille ? Toi au moins tu sauras te préserver pas comme cette kehba.

Je baissais les yeux. J’étais gênée de tout ça. Christiane sera mariée de force d’ici deux semaines et sa famille la reniait.

-Maintenant Christiane dégage va dans ta chambre mais tu restes pas devant moi ! Tu verras si je vais rigoler avec toi. On te laisse tout faire.

Après un dernier regard pour Christiane je suis rentrée chez moi. Les petits étaient déjà rentrés et j’ai tout raconté à Maroua :

-Je pense que tu devrais demander à Siméon le numéro de ce Faress parce que c’est lui qui a fait ça à Christiane donc à lui d’assumer.

Elle n’avait pas tort. On a attendu Siméon et Hakim qui sont rentrés à 1h30 du matin. Siméon n’avait pas bu. Al Hamdullilâh Hakim a quand même de l’influence sur lui.

-Soso ?

Il a sursauté :

-Kam’s ! T’es folle tu veux quoi ?

-Le numéro de Faress pour les parents de Christiane.

Je lui ai expliqué toute l’histoire et l’idée de Maroua.

-C’est un mec d’Aulnay et oui c’est vrai qu’il doit assumer. Mais t’as vu c’est pas nos histoires. C’est Christiane qui a écarté ses cuisses elle doit assumer aussi ses conséquences. Faress c’est des tunisiens et tu sais que leur mentalité elle est spéciale. Je veux plus que tu ailles voir Christiane donc j’irai moi-même parler à ses parents et donner le numéro.

J’ai remercié mon frère. Mais bon je suppose que la présence d’Hakim y était pour qu’il garde son calme comme ça. Hakim a quand même une certaine influence sur mon frère. Par exemple là il l’a empêché de boire ou de partir avec une kehba.

-Ok on fait comme ça.

Le lendemain comme prévu Siméon est allé voir les parents de Christiane et il a donné le numéro de Faress. On verra bien ce que ça donnera. J’espère que Faress va assumer et ne pas nier. Déjà que Christiane est au plus mal. De mon côté ça m’énerve que mon frère m’interdise de lui parler. Niveaux fréquentations il est très mal placé pour parler.

-C’est ton frère il fait ça pour toi ! me dit Maroua.

-Ouais je sais mais bon. Ça a toujours été ma shab et je l’ai jamais jugé sur ça donc voilà.

-Certes mais t’as vu elle va avoir une réputation et ton frère veut te protéger de ça.

Le dimanche ils sont repartis. Évidemment y a cours demain. Quant à moi j’ai invité Joarelle comme ça demain on part ensembles au lycée.

Espoir m’avait envoyé un message sur facebook. Tiens ? Je n’en avais plus eu depuis une semaine :

-Hey ça va toi ? Désolé j’étais partis en Italie j’ai pas pu te donner de nouvelles et ça s’est fait dans l’urgence du coup j’ai pas pu prévenir tout le monde.

-Al hamdullilah ça va. T’as pas de comptes à me rendre. Tu fais ce que tu veux.

-Ouais,mais je te préviens pour pas que tu m’en veuilles.

-Mdr pourquoi je t’en voudrai ? On n’est rien toi et moi. On n’est même pas potes. On a juste enterré la hache de guerre c’est tout.

-Bah demain ça te dit qu’on mange au kebab ensembles avec ta pote là ?

Bon ça veut dire qu’il ne veut pas de tête à tête et c’est très bien comme ça. J’ai montré les messages à Joarelle :

-Bah dis donc Espoir aurait il succombé au charme de Misylda ?

-Beleh ! Tu dis que de la merde !

On s’est endormis. Le lendemain on s’est préparées et direction le lycée. Y avait Chloé et Mélanie devant le lycée. Bon y avait pas de Espoir. On est rentrées et dans le couloir deux mains se sont posées sur mes yeux :

-C’est qui à ton avis ? demande une voix douce.

-Espoir ! dis-je en éclatant de rire.

-T’as deviné beauté !

-Arrête de m’appeler comme ça !

-D’accord mia cara (ma chérie en italien)

-Ce qui veut dire ?

-Mia Cara ma chérie.

-Mais je suis pas ta chérie.

-D’accord Mia Cara.

Il m’envoie un clin d’œil provocateur. J’éclate de rire ce qui attire le regard de quelques personnes présentes.

Joarelle me jette un regard amusé. En cours elle m’annonce :

-Ce midi je viens pas avec toi.

-Quoi ? T’es sérieuse ?

-Ouais ! Y a Amir qui viendra me chercher devant le lycée on va manger au grec du quartier. Toi tu vas à celui d’ici.

-Mais Joarelle.

-Au moins tu seras en tête à tête avec.

Je lui adresse mon doigt d’honneur et elle me tire la langue.

La matinée passe rapidement. Espoir m’attend devant le lycée à la sonnerie de midi et demi. Joarelle a pris de l’avance et j »ai fait exprès de traîner pour pas que Amir nous voit.

-Alors mia cara t’as traîné ? Et où est ta copine ?

-Euh elle va manger chez elle. Sa mère avait besoin d’elle.

-Ah,bon bah ça ressemble plus à un rencard maintenant.

Il m’envoie un autre clin d’œil et j’éclate de rire.

-Allez viens je t’invite mia cara.

Il pose une main sur mon épaule direction le kebab. On commande on mange. Franchement ça a été un moment super ! On a bien rigolé et c’est comme si la guerre n’avait jamais existé entre nous.

-T’as de la sauce là Misylda ! m’a dit Espoir.

Il m’a tendu une serviette. Je mange comme une cochonne et alors ?

Après ça on est retournés au lycée. Des regards étonnés se sont posés sur nous. Joarelle n’était pas encore là. Chloé et Mélanie avaient la rage.

-Elles ont la rage tes copines ! je dis.

-Les quelles ? Ah les cagna ! Elles sont justes bonnes à baiser rien d’autre ! Elles n’ont rien dans le crâne ! Et puis j’ai déjà une fille bien en vu.

-Ah ouais ? Qui ?

-T’es curieuse mia cara.

-Bah ouais !

-Mais t’en fais pas si elle est aussi intéressée par moi je te le dirai.

Joarelle est arrivée en retard. On s’est échangées un compte rendu de nos rendez vous respectifs.

-Tu vois je suis sûre cette fille c’est toi !

-Abuse pas on se connaît à peine.

Le soir en rentrant chez moi j’ai eu la surprise de voir mes parents. Enfin pas vraiement puisque je savais qu’ils rentraient aujourd’hui.

Je suis restée avec eux histoire de bien profiter. Même mon grand frère était là. On a mangé un couscous géant et lorsque je suis allée me coucher j’ai vu que j’avais plusieurs messages de Espoir sur messenger.

Si vous pouviez voter et partager l’histoire ça me ferait plaisir mais aussi avoir davantage d’avis. Bousaaah mes belles ?