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Chapitre 1 - Claude-1

Chapitre 1 - Claude

Le silence du souffle de l'hiver fit taire la forêt. Une fine couche de neige recouvrait le sol sous les pas de Claude, de délicats cristaux écrasés sous les semelles de bottes soignées. Il avait vécu dans ces bois la moitié de sa vie, il connaissait les tenants et les aboutissants des cèdres et des pins, le flux du terrain et comment les collines s'inclinaient progressivement vers le ruisseau qui coulait en sens inverse.

En tant que loup, Claude pouvait traquer et tuer toutes les proies qu'il rencontrait, et pouvait même trouver le gibier le plus rare en plein hiver. Mais maintenant, à l’aube du printemps, les animaux étaient nombreux et sortaient de leur cachette pour la saison de chaleur renouvelée. Claude avait croisé les traces du cerf tôt ce matin-là, seulement une heure après s'être réveillé à l'aube et s'être aventuré dans la forêt endormie. C'était le signe que la chasse serait aujourd'hui bonne, celle qu'il attendait après un hiver plus dur que d'habitude.

Les traces étaient trop faciles à repérer dans la neige et la boue aux endroits où elle avait fondu. Il pouvait dire que la bête était grosse aux traces profondes laissées derrière lui, et la chasser comme un loup n'aurait été aucun défi pour lui. Il avait besoin de viande, mais la chasse était l'une des rares choses qui lui plaisaient encore, et c'était le défi de chasser seul le gibier qui avait permis à Claude de s'épanouir pendant vingt ans en tant que loup solitaire.

Le frisson de la chasse ne s'est jamais estompé.

Parfois, c'était encore plus alléchant lorsque la proie était plus intelligente que lui. Hélas, cela était rarement possible, alors il augmenta le défi en chassant dans son corps humain. Bien qu'il ait encore des sens améliorés par rapport à la plupart des humains, ces sens étaient émoussés par rapport à ceux de sa forme de loup. La chasse en tant qu'homme exigeait autant de finesse que lorsqu'il était loup, mais elle faisait appel à des facultés différentes, et Claude aimait tester son courage dans les deux. Il devait rester alerte pour survivre seul.

Le mâle s'est déplacé rapidement et Claude a aperçu le 6 points à deux reprises au cours de sa poursuite, mais il n'a pas pu se mettre en position pour l'abattre. Il était implacable dans sa poursuite, suivant finalement les traces le long de la pente vers le ruisseau, se rapprochant de son prix à chaque pas. Il l'avait suivi pendant des kilomètres et ne le lâcherait pas facilement.

Claude était un solitaire de bout en bout, et il ne pouvait compter que sur lui-même pour survivre. S'il ne parvenait pas à tuer rapidement, il ne mourrait pas de faim, mais il ferait face à la honte personnelle de devoir compter sur les commodités du monde humain pour le maintenir en vie. C'était en partie sa fascination pour le monde humain qui l'avait poussé à l'exil après avoir été battu à mort, alors maintenant il ne s'approchait des humains que lorsqu'il n'avait pas d'autre choix.

Il avait toujours tendance à toucher à des choses qui ne lui appartenaient pas, mais avant son exil, il se croyait au-dessus des lois. C'était un jeune homme brillant qui croyait pouvoir prendre tout ce qu'il voulait et s'en tirer sans problème.

Son exil était la première fois qu'il faisait face à des conséquences aussi désastreuses pour ses actes. Avec le recul, il avait mérité sa punition, mais à l'époque, il avait été indigné par la façon dont sa meute l'avait traité. Il a affirmé qu'il était puni pour être tombé amoureux ; en réalité, il avait volé trop près du soleil et s'était brûlé.

Maintenant, il survivait grâce à son extérieur bourru et à la peur qu'il inspirait aux gens qui tentaient de le défier et de prendre ce qui lui appartenait : sa maison.

Au bas de la colline, à travers les arbres, des tas de neige avaient glissé pour se déposer sur les berges du ruisseau en amas glacés. Le cerf se tenait la tête penchée vers l’eau glacée qui coulait sur les rochers. Ses bois flottaient à quelques centimètres au-dessus de l'eau pendant qu'il se reposait tranquillement, probablement fatigué de la longue poursuite endurée par la persévérance de Claude. De l’autre côté du ruisseau, la clairière était recouverte d’une épaisse couche de neige qui scintillait dans la lumière du matin comme des diamants de cristal. Un seul sycomore se dressait fièrement à une extrémité de la clairière, son tronc tordu vers le haut en deux branches squelettiques et sans feuilles distinctes.

Claude leva son arc de son dos, encocha une flèche et tira soigneusement la corde. Il inspira, retint son souffle tout en visant l'épaule du cerf, avec l'intention de percer le cœur. Il sentait déjà le goût du rôti juteux qu'il allait dévorer une fois que la viande du chevreuil aurait eu le temps de se déposer, et il salivait d'impatience...

Des hurlements retentirent au loin. Le cri du loup résonna dans la clairière et la tête du cerf se releva et il s'enfuit juste au moment où Claude expirait et lâchait la flèche. La flèche fila dans les airs, frappant les rochers où se tenait le cerf.

L'animal bondit au-dessus du ruisseau et traversa la clairière, disparaissant derrière le sycomore et dans les bois de l'autre côté. À d'autres moments, Claude aurait pu être énervé d'avoir raté son tir, mais il était trop concentré sur le bruit du loup.

Il n'y avait pas de loups dans ces bois. Personne sauf Claude.

Il vivait ici comme un loup solitaire depuis qu'il avait été exilé de sa meute. C’est le territoire qu’il a fini par revendiquer pour lui-même, car il n’y avait personne ici pour rivaliser avec lui alors qu’il était encore faible et en convalescence. Au fil des années, il avait dû se battre et défendre ses droits sur ses terres, mais c'était longtemps après qu'il avait retrouvé ses forces. Il a toujours gagné. Il n'a eu aucun problème avec ses voisins depuis plus de cinq ans. D'autres métamorphes loups passaient parfois par là, mais la plupart respectaient ses prétentions et poursuivaient leur voyage sans lui causer de problèmes. La plupart des autres habitants de cette région – métamorphes, surnaturels, humains ou autres – savaient que les bois appartenaient à Claude et n'osaient pas pénétrer sur son territoire sans craindre les conséquences de sa colère. Qu'ils sachent ou non qu'il était un métamorphe, des histoires circulaient dans ces régions à propos du loup noir de jais qui rôdait dans les forêts comme un spectre.

Ce hurlement, cependant, n’était pas totalement inconnu. Il avait entendu le même cri il y a deux jours : le même jour où les étrangers avaient commencé à entrer dans les bois.

Il y en avait eu davantage ces derniers temps, entrant et sortant sur son territoire mais sans tenter de revendiquer ou de se battre pour l'obtenir. Claude avait vu leurs empreintes de bottes dans la neige, mélangées à quelques autres empreintes de pattes qui lui disaient qu'ils étaient des métamorphes comme lui. Il n'avait encore retrouvé aucun d'entre eux, malgré tous ses efforts. Pourtant, à cet instant précis, ils semblaient si proches. Pouvait-il les attraper maintenant et comprendre ce qu'ils faisaient ?

Du plus profond de lui, son loup se contractait et avait envie de sortir, comme un chien coincé dans une cage. Il voulait céder. Il serait capable de mieux suivre ces personnes mystérieuses grâce à ses sens de métamorphe améliorés, mais Claude ne voulait pas vraiment se rapprocher beaucoup plus sans savoir à quoi s'attendre, et il ne voulait pas vraiment lâcher son arc et des vêtements au milieu de la forêt et je dois revenir chercher tout cela plus tard. Et comme il n'avait pas encore réussi à rattraper ces métamorphes, il semblait probable qu'il devrait parcourir une grande distance juste pour avoir une chance de les rattraper.

Rien de tout cela ne lui donnait une idée de la raison pour laquelle ils traînaient sur son territoire.

Les pieds de Claude commencèrent à descendre la colline en direction du hurlement, et il dit au revoir à toute chance qu'il avait d'abattre ce mâle. Ce n’était pas censé arriver ; il survivrait encore une semaine avant de devoir céder et se rendre dans une épicerie humaine.

Les étrangers pensaient-ils que ce territoire était inoccupé ? Il faudrait qu'il leur enseigne autrement si c'était le cas.

Claude se faufilait à travers les arbres et les buissons, ses pieds crissant sur les feuilles enneigées. Il s'arrêtait toutes les quelques minutes pour renifler et écouter tout signe des intrus, et tandis que son loup devenait de plus en plus agité à chaque pas, l'odeur des intrus était au mieux douce. Ils avaient traversé ces arbres à un moment donné, mais pas avant plusieurs jours. Ce devait être là qu'ils s'étaient rassemblés tout ce temps, après la clairière que Claude ne prenait normalement pas la peine d'aller au-delà à moins d'avoir désespérément besoin de nourriture.

À chaque pas, une pression augmentait dans sa poitrine jusqu'à ce qu'il ait l'impression qu'il était sur le point d'éclater. Claude ne pouvait pas laisser sortir le loup. Pas encore.

Au bout d'un moment, il est sorti des arbres et a failli trébucher lors d'un plongeon inattendu dans la neige. Ses bottes s'encastrèrent dans une longue étendue de neige compacte, environ un pied plus basse que la neige qu'il venait de traverser. Au début, Claude a pensé que cela devait être entièrement une coïncidence, mais le fait qu'il y avait du sable et du gravier saupoudrés sur la neige lui a montré que le chemin de fortune était entièrement délibéré. Ces collines ne sont peut-être pas aussi familières que le reste de son territoire, mais Claude savait pertinemment que ce sentier n'était pas là l'année dernière.

Un sentiment d’appréhension s’installa dans son ventre. Aussi improvisé que soit le chemin, il ne voyait pas pourquoi quelqu'un ferait autant d'efforts pour créer un chemin temporaire s'il avait l'intention de ne rester ici que pour une courte période. Cela devait signifier que quiconque était venu ici revendiquait les terres de Claude. Qu'ils sachent ou non qu'elle était occupée par lui ou non... ils avaient franchi une ligne, et il soupçonnait que cela mènerait à une bagarre.

Le type de personnes qui ont agi en premier et posé des questions plus tard étaient généralement celles qui mettaient tout en œuvre pour protéger ce qu’elles prétendaient leur appartenir, que leur revendication soit juste ou non.

Claude le saurait. Il avait été autrefois exactement ce genre d'homme. Et il avait perdu la femme qu'il aimait à cause de cela.

Une lueur de ses cheveux roux et de sa peau douce chatouillait ses sens. Comme une démangeaison permanente qui ne disparaîtrait jamais complètement. Son souvenir l'avait hanté autrefois, jour après jour, mais ce n'était qu'au cours de la dernière décennie qu'il avait arrêté de se réveiller en criant à cause des cauchemars de son sang sur ses mains.

Claude se tenait de toute sa hauteur et scrutait les arbres enneigés. Dans la chaleur croissante du matin, la glace et la neige avaient commencé à fondre des branches, éclaboussant la neige en contrebas comme de la pluie. Au sommet du sentier aplani se trouvait une légère couche de neige datant du début de la matinée, entrecoupée de sable, de glace fondante et de terre. Ce qui ressemblait à des centaines de traces couvrait le chemin ; pieds nus, chaussures, empreintes de pattes et sabots particuliers à deux doigts s'entrecroisaient comme un puzzle qui n'avait pas encore été résolu.

Il commença à marcher sur le chemin, en suivant approximativement la direction dans laquelle la plupart des traces semblaient aller. Certaines allaient dans la direction opposée, mais la direction de la source de ce qui avait attiré tant de monde était claire. Que faisaient tant de gens sur son territoire ? Comment étaient-ils arrivés ici sans qu'il s'en aperçoive jusqu'à présent ?

Un grognement résonna dans sa gorge et il poursuivit sa poursuite. Quoi qu’il arrive, il n’aimait pas ça. Claude appréciait sa retraite tranquille et paisible dans la forêt, et s'il y avait des centaines de personnes rassemblées ici au milieu de nulle part… cela constituait une recette pour la ruine de son style de vie paisible. Ils devaient ne rien faire de bon.

Mais même si la colère de Claude devenait une masse palpitante dans sa poitrine et que la personnalité enragée du loup qu'il avait maîtrisé menaçait de se frayer un chemin de son propre chef, Claude gardait toujours sa laisse. Ce n'était pas que Claude perdait toujours le sens de lui-même lorsqu'il devenait un loup, mais lorsqu'il était bouleversé ainsi, il était plus enclin à céder à ses instincts animaux et à en assumer les conséquences plus tard, ce qui avait presque toujours été un désastre. pour lui en fin de compte. Claude n'avait pas perdu le contrôle depuis des années et il ne le ferait plus maintenant.

S’il avait un combat entre ses mains, il jouerait aussi intelligemment. Tout d’abord, il devait comprendre à quoi il avait affaire.

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