EPISODE 2
C'est fou mais quand j'y pense je crois que nous sous-estimons beaucoup trop le pouvoir des mots.
Après avoir fini nos boissons et la discussion, nous sommes rentrées au environ de dix heures trente minutes, Bertrand m'avait conduit et Pénélope était rentrée avec sa voiture.
Elle avait déjà son permis et pour ses vingt et un an, ses parents lui avaient acheté une voiture, les miens m’avaient aussi promis une voiture pour mes vingt et un an qui étaient dans trois mois mais ça ne m'excitait pas vraiment, je préfèrerais me faire conduire car j'avais une grande peur bleue du volant.
De retour à la maison, je m’étais dirigée dans ma chambre pour prendre un bain, avant d’aller prendre mon petit déjeuner.
Ce weekend, mes parents avaient décidé de faire un voyage en amoureux, ça faisait déjà deux ans que Papa courait derrière maman afin de passer un peu de temps seul avec elle, elle avait finalement décidé de lâcher prise avec le travail afin de faire plaisir à son mari.
Ça me faisait plaisir de les voir aussi amoureux, il faut aussi préciser qu’ils étaient très jeunes. Mais des deux c’est mon père qui était toujours le plus amoureux. Ma mère était beaucoup plus occupée par son travail, ce qui était le plus souvent la source de ses disputes avec son mari.
Mes grands frères, je ne connaissais pas leur programme, ils aimaient traîner juste tous les deux, la plupart du temps ils faisaient tout ensemble, l’une des choses qu’ils avaient fait différemment était d’avoir des copines de deux familles différentes. Ils étaient jumeaux c’est vrai mais parfois je pense qu’ils abusaient.
Après avoir pris mon petit déjeuner, j’avais discuté pendant plusieurs minutes avec Pénélope au téléphone avant de m'endormir, certes le sport était bon pour la santé, mais j'aimais encore plus me reposer, j’aimais dormir.
Pénélope et moi avions encore rendez-vous en soirée, nous devions faire une sortie aux environs de seize heures. Honnêtement je n’étais pas une personne ponctuelle, chaque fois que nous avions rendez-vous Pénélope arrivait toujours en premier sur les lieux, même quand elle n'avait pas de voiture.
Il lui arrivait constamment de passer me chercher quand elle ne voulait pas m’attendre, ensuite je n’avais qu’à appeler Bernard et lui donner ma position une fois que je voulais rentrer à la maison, pour les fois qu’elle ne pouvait plus aller me déposer.
Comme je le disais nous avions rendez-vous à seize heures dans un espace de détente et à seize heures justement j’étais toujours à la maison sans savoir quoi me mettre, alors que je possédais une penderie très grande et en plus chargée.
À seize heures dix minutes, mon téléphone s’était mis à sonner et je savais déjà qui c’était. Je ne voulais pas décrocher mais elle insistait, alors j’avais fini par prendre son appel.
Jenifer : je te promets que je suis déjà en route. Je peux même te passer Bertrand pour qu’il te confirme
Pénélope : Oui passe-moi Bertrand.
J’avais fait semblant de vouloir donner mon téléphone à Bertrand avant de lui dire :
Jenifer : il dit qu’il ne peut pas parler et conduire au même moment, mais nous serons là dans maximum dix minutes.
Pénélope : oui c’est ça ! Moi-même je vois comment tu es déjà en route, avec la voiture garée dans la cour et Bertrand qui t’attends toujours. Descend je suis en bas.
Jenifer : non tu blague !
Elle avait klaxonné pour me montrer qu’elle ne blaguait pas et effectivement c’était elle.
Pénélope : Si dans cinq minutes tu n’es pas là, je viendrais te tirer par les cheveux, et tu sais que j’en suis capable.
Jenifer : avec autant de brutalité en toi quel homme va t’épouser ? Je dois te rappeler tous les jours qu’une femme c’est la douceur ?
Pénélope : il te reste quatre minutes.
Je n’avais plus une minute à perdre, la bonne tenue ou pas il fallait que je descende car si Pénélope montait ça allait mal finir. J’avais rapidement enfilé une robe et porté une mule avant de tirer un sac à main en sortant.
Je suis descendu et immédiatement je suis monté dans sa voiture en disant à Bertrand que je lui ferais signe au sujet du lieu et de l’heure à laquelle il allait venir me chercher.
Pénélope : tu vois tout le travail que tu me donne ? La ponctualité t’a même fait quoi ?
Jenifer : Tu es ma grande sœur donc c’est normal que tu prennes si bien soin de moi, et c’est justement la raison pour laquelle je t’aime.
Après lui avoir fait une bise à la joue, je l’avais prise dans mes bras en la serrant très fort.
Pénélope : étrangle-moi si tu as finis de me flatter.
Je l’avais lâché et nous avions ri tous les deux avant de quitter la maison. Nous allions dans un restaurant manger la pizza, c’est Pénélope qui avait eu l’idée. En chemin je me suis rendu compte que je ne m’étais pas maquiller.
Jenifer : tu vois tes choses, voilà que je ne me suis pas maquillé.
Pénélope : tais-toi et prend ma trousse de maquillage là derrière et tu te dépêche car nous n’allons pas tarder à arriver.
Elle avait toujours cette façon autoritaire de me parler, même mes parents ne me parlaient pas ainsi, mais je crois que c’est l’une des choses que j’aimais chez elle. J’ai pris la trousse sur le siège arrière et je me suis maquillée, il y avait également un parfum j’en ai mis un peu sur moi.
Pénélope : ne vois pas ce parfum aussi petit, il coûte vingt cinq mille et quand j’en mets c’est juste un peu, une seule fois et tu veux vider le contenu, quand je mets c’est juste Puff ! Alors que toi tu as puuuuuuff plus de cinq fois. Sache que tu vas le remplacer.
Nous n’avons pas pu nous empêcher d’en rire toutes les deux, elle savait aussi être drôle dans sa manière de faire.
Une fois au restaurant, nous avions pris place avant de commander quelques minutes après.
Nous étions tranquilles, et il y avait une très bonne ambiance, quand tout à coup j'ai vu notre camarade Ivana entrer dans ce même restaurant avec cet homme qui me répugnait.
Pénélope : tu ne manges plus Jenifer ?
Jenifer : je viens de perdre l’appétit !
Pénélope : mais pourquoi ?
Jenifer : Comment ne pas perdre l’appétit en voyant ces deux ensemble !
Pénélope qui ne les avait pas encore vu, avait suivi mon regard afin de comprendre de quoi je parlais.
Pénélope : c’est quoi ton problème au juste ? Ivana ou son copain ?
Jenifer : Les deux, comment elle peut être si à l’aise avec ce monsieur dans un lieu public, en plus ils se comportent comme deux gamins, comment ne pas perdre l’appétit en les voyant ! Avec tous les restaurants qu'il y'a dans cette ville, il a fallu qu'on se croise ici.
Pénélope : arrête de chercher des problèmes où il y’en a pas, il s’agit de leur histoire et ça ne te regarde pas.
Jenifer : je ne supporte plus rester ici, changeons de milieu s’il te plaît.
Je ne lui avais pas laissé le temps de répondre que je m’étais déjà levé pour me diriger vers l’extérieur.
Arrivée à l’extérieur, j’avais attendu plusieurs minutes mais Pénélope ne sortait pas, alors même si je ne voulais plus voir Ivana et son père, j’étais retourné la chercher. Elle était tranquillement assise et continuait de manger sa pizza.
Jenifer : Mais Pénélope, je t’attend à l'extérieur depuis !
Pénélope : et moi je suis en train de manger, les relations sentimentales des autres ne m’intéressent pas, je suis sorti manger alors je mange, après je paie la facture et part. Je t’ai déjà dit plusieurs fois de ne plus me faire des pareils caprices, tu n’es plus une gamine, je te rappelle que tu auras bientôt vingt un an qui est l’âge de la majorité dans notre pays.
Parfois, je trouvais que Pénélope exagérait avec sa façon d’être, ce n’étais pas le seul restaurant où on vendait de la pizza, nous pouvions tout simplement changer de milieu.
Jenifer : tu es méchante !
Pénélope : si tu le dis, soit tu patiente je finis de manger puis on s’en va, à défaut tu appelle Bertrand et il vient te chercher.
Et comme toujours, il fallait qu’elle gagne. Je me suis assise et je la regardais manger, en plus elle le faisait en me taquinant ce qui m'énerve encore plus.
Quelques semaines après, c’était un samedi matin et nous étions à la salle de sport, mais sur le point de partir car nous avions déjà fini.
En sortant de la salle, j’avais un peu la tête en l’air et j’ai bousculé cet homme qui entrait et mon téléphone est tombé. J’étais resté debout figé à regarder mon téléphone au sol, puis je l'ai ramassé et mes yeux étaient toujours rivés sur mon téléphone.
Puis Pénélope m’a tapoté.
Penélope : Jenifer excuse toi !
C’est à ce moment que je me suis rendu compte que le monsieur n’avait pas bougé et me regardait.
Jenifer : la vitre de mon téléphone s’est brisée.
Pénélope : oui mais c’est toi qui l’a bousculé alors présente lui tes excuses.
Jenifer : Je suis vraiment désolée Monsieur, navré de vous avoir bousculé.
Je l’avais dit sans lui porter plus d’attention.
__ Ce n’est pas grave ! Je suis désolée pour votre téléphone.
Pénélope : ne le soyez pas car ce n’est par le premier téléphone à être sa victime.
Ils riaient tous les deux alors que mon afficheur était complètement brisé, ça pouvait même me blesser. Mes parents m’avaient prévenu, plus de téléphone pour moi cette année car j’étais déjà en troisième.
__ Moi c’est Pedro.
Il avait dit en tendant la main à Pénélope et ils s’étaient salués, puis il m’avait tendu la main et c’est en le saluant que mes yeux avaient réellement accordé plus d’attention à son visage mais juste pour quelques minutes.
__ Je suis ravi de faire votre connaissance mademoiselle.
Ce Pedro, même si notre rencontre n’était que le fruit du hasard, ce que j’ignorais était qu’il allait changer complètement ma vie…