Prologue
Banjul, Gambie.
Une ambulance vient freiner brusquement devant l'hôpital dénommé "Royal Victoria" situé dans la ville de Banjul, capitale de la Gambie. Les ambulanciers ouvrent précipitamment les portières arrières et trainent le brancard hors de la voiture. Sur ce brancard est couchée une jeune femme grièvement blessée. Elle saigne beaucoup de la tête et de l'entrejambe. Le pire est qu'elle est enceinte. Sa longue robe blanche qui lui recouvre les orteils s'est métamorphosée en une robe de couleur rouge à cause du sang. À première vue, on peut immédiatement déduire qu'elle a fait un accident très grave. L'équipe des médecins et des chirurgiens sont déjà sur place. Ils ont été alertés d'avance et ont pris leur disposition. Quatre médecins accourt vers les ambulanciers et prennent la relève. Ensemble, ils poussent le brancard avec la jeune femme à l'intérieur de l'hôpital plus précisément dans le bloc opératoire.
[De longues heures plus tard....]
L'atmosphère est lourd et pesant. La peur est palpable au sein de ce bloc opératoire. La patiente est couchée sur le lit entourée par une multitude de chirurgiens les plus doués et compétents dans leur domaine. La peur et l'angoisse se lit sur leur visage. Leur front qui au départ était sec est désormais humidifié par des gouttes de sueur. Ils connaissent déjà le verdict mais refusent d'y croire. Ils se regardent nerveusement dans les yeux. Le bébé est mort dans le ventre et il a fallu une césarienne pour le faire sortir du ventre de sa mère. Ça fait déjà un être de perdu, pas question d'en perdre le second qui est la mère. Ils font tout leur possible pour la sauver même si ses chances de survie sont extrêmement minimes. Perdre la mère et l'enfant ? Se demandent-t-ils tous au fond d'eux.
Pendant que le chirurgien en chef est occupé à faire son travail de la plus excellente des manières, les yeux de son assistante vont se poser sur le cardiogramme et un large sourire illumine son visage. Enfin une lueur d'espoir à l'horizon !
_Docteur regardez ! Son rythme cardiaque se stabilise. S'écria-t-elle les larmes aux yeux et le sourire aux lèvres. C'est une bonne chose. Tout n'est pas encore perdu.
Les yeux du docteur vont se poser à leur tour sur le cardiogramme. Un soulagement se lit sur son visage. Il est devenu plus détendu. Ses collègues également. Malheureusement, leur joie sera de très courte durée parce que ses yeux ont à peine quitté l'écran du cardiogramme que les mouvements du cœur de la patiente deviennent anormaux. Son cœur ne bât presque plus.
_Oh non non non ! Passez-moi le défibrillateur vite, ordonne le médecin en chef en déchirant la chemise d'hôpital de la patiente au niveau de la poitrine.
Son assistante met l'appareil en marche et relie les circuits électroniques à la poitrine de la patiente. Une décharge électrique est ensuite propulsé dans son corps mais rien n'est fait.
_Augmente la décharge. Augmente la décharge crie le docteur tout tremblant.
La jeune assistante s'éxecute et augmente la décharge à son maximum qu'un être humain peut supporter. À cet instant, tous les regards sont figés sur le cardiogramme. Ils espèrent une amélioration du rythme cardiaque mais au lieu de se stabiliser, celui-ci ne cesse de diminuer et pour finir devient nul. Le cœur de la patiente ne bât plus. Ils l'ont perdu.
Le médecin en chef ne sait à quel moment précisément il s'est retrouvé au sol. Malgré ces efforts pour contenir ces larmes, celles-ci ne lui obéissent pas. Toute l'équipe est en larmes. En temps normal, ça ne devrait pas être le cas vu que ce sont les risques du métier et ils ont l'habitude de rencontrer ces genres de situations mais en dehors de la blouse blanche, en dehors du "métier" ils sont également des êtres humains qui ont des sentiments et un être humain est toujours attristé par la perte de son semblable encore que ce semblable n'est rien d'autre qu'une future mère et son bébé. Quelle tragédie ! Comment annoncer cela aux proches et à la famille ?
En parlant de famille, celle de la jeune femme est déjà sur place et s'impatiente dans la salle d'attente. Tout le monde est présent en commençant par les grands-parents pour finir sur les neveux et cousins. Un homme vient de faire son entrée dans l'hôpital et les aperçoit au loin. Cet homme n'est rien d'autre que le mari de la victime. Il devrait voyager pour l'extérieur aujourd'hui mais comme vous pouvez le deviner, son vol a été annulé lorsqu'il a appris ce qui est arrivé à sa bien aimée. Derrière lui, se trouve une jeune femme qui tient un tas de dossiers en main. C'est son assistante.
_Joachim tu es là. Sanglota sa belle-mère en le voyant venir. Ma fille Joachim.
Elle court et va enlacer son beau-fils avant d'éclater en sanglots.
Joachim : Je suis là maman. Tente de le réconforter celui-ci. Qu'est ce qui s'est passé ?
_Elle.....elle..... elle a eu un accident, fait-elle l'effort d'expliquer. Elle était sortie pour faire des achats pour le bébé comme elle aime si bien le faire. Je ne comprends pas ce qui s'est passé. Je ne comprends pas.
Ses pleurs s'amplifient de plus belle. Son beau-fils la suit dans cette lancée et commence à pleurer aussi. Il ne veut pas imaginer une seconde qu'il puisse arriver quelque chose d'horrible à sa femme ou à son enfant. Stella BOLUBE est sa raison d'être. Sans elle, lui Joachim SAYANG n'est rien.
_Ma fille Joachim, ma Stella continua de sangloter sa belle-mère.
Joachim : Il ne lui arrivera rien maman. Croyez moi dit-il la gorge nouée. Ma femme et mon enfant vont s'en sortir, je........
_Voilà les docteurs, cria la grand-mère pour les prévenir.
Tous, ils détournent les regards et voit le docteur venir vers eux. Joachim fut le premier à aller à la rencontre du médecin.
Joachim : Docteur comment va ma femme et mon enfant? Je peux la voir ? Elle se trouve dans quelle chambre ?
Des tas de questions qui ne trouvent toujours pas de réponse de la part du docteur. Le silence du docteur fait très peur. La mine qu'il affiche laisse déjà comprendre que quelque chose ne va pas mais Joachim ne veut même pas considérer ces détails qui lui parlent plus que n'importe quel mot.
_Mais repondez bon sang, où est ma fille ? S'énerva sa belle mère en s'attaquant au col de la blouse du médecin. Repondez, où est ma fille ?
Joachim : Maman c'est bon, il va parler. Tente-t-il de lui faire entendre raison. Calmez-vous.
Étonnée par l'attitude qu'elle vient d'avoir, sa belle-mère relâche le col de la blouse du médecin et s'excuse. Elle n'a jamais voulu faire ça mais la vérité est qu'elle n'en peut plus de tout ce suspense. Son cœur de mère n'arrive plus à supporter cela. Elle est à bout.
Joachim : On a déjà assez patienté docteur, parlez maintenant. S'impatiente-t-il également.
Avant de rompre une bonne fois pour toute ce silence, le médecin jette un regard à chacun d'eux puis dit d'un ton désolé :
_La patiente n'a pas survécu. Elle et le bébé ont malheureusement succombés suite à cet accident. Mon équipe et moi avons fait notre possible mais......
Au moment où il parlait, la mère de la victime de même que sa grand-mère sont tombés dans les vapes. Les autres tentent de les réveiller tout en étant encore sous le choc de ce qu'ils viennent d'entendre. Les pleurs ne tardent pas à raisonner. Joachim se tient toujours debout devant le médecin et reste figé comme une statue.
Joachim : Non, non, non. Dîtes moi que ce n'est pas vrai docteur marmonne-t-il les lèvres vibrantes et le visage mouillé par les larmes. Dîtes-moi que ma Stella est vivante.
_Je suis désolé monsieur, mes sincères....., Essaya de debuter le médecin mais il fut très vite interrompu dans ses dires par les coups de poing sauvage de Joachim.
Joachim : POURQUOI ? POURQUOI VOUS NE L'AVIEZ PAS SAUVÉ ? POURQUOI VOUS L'AVIEZ LAISSER MOURIR ? Cria t-il en tabassant le docteur. POURQUOI ?
_Joachim arrête ! Ça suffit ! Le gronda son beau père qui est le seul qui parvient à se maîtriser jusqu'ici même si au fond de lui, il est anéanti. Le médecin n'est pour rien. Je comprends ce que tu ressens mais tu dois apprendre à te maîtriser.
Joachim : Où est-elle ? Où est-ce qu'elle se trouve ? Demande t-il en relâchant le docteur qui lui indique du doigt le bloc opératoire.
Sans perdre une seconde, il prend ses jambes à son cou et se rend au bloc. Un drap blanc recouvre un corps couché sur le lit. Son cœur s'émiette à la vue de cette scène horrible.
Joachim : Stella ! Bébé ! Pleura-t-il en allant enlacer le corps sans vie de sa bien aimée. Pourquoi bébé ? Pourquoi tu m'as fait ça Stella ? Pourquoi tu es parti et tu m'as abandonné ? Qu'est ce que je deviendrai sans toi ? J'étais si enthousiaste d'être papa. Qu'est ce qui s'est passé bébé ? Comment tu conduisais ? Je t'avais pourtant interdit de conduire toute seule. Tu ne m'écoutes jamais, pleure-t-il plus fort en serrant le corps contre son torse. Que vais-je devenir sans toi bébé ? Reviens s'il te plaît. Reviens à la vie mon amour.