Amertume
Vendredi, 18 décembre 2021
******Joachim SAYANG
La rose blanche que je tiens en main me glisse entre les doigts et atteri sur la tombe de Stella. Me receuillir sur sa tombe et lui apporter des fleurs est devenu mon quotidien depuis qu'elle n'est plus. Déjà deux ans. Deux bonnes années déjà qu'elle est partie en emportant avec elle notre enfant. Deux ans de solitude, deux ans à supporter son absence, deux ans que ma vie n'a plus aucun sens, deux ans à vivre dans la tristesse. Malgré le temps écoulé, la douleur de sa perte est toujours aussi vivace. Elle me manque tellement. Un genou à terre suivi du second, je colle mon front contre sa tombe et coule des larmes.
Moi : Mon amour tu me manques beaucoup. Chuchotai-je en larmes. Tu me manques énormément si tu savais. Je n'arrive toujours pas à me faire à cette triste réalité. Je n'arrive toujours pas à croire que tu ne fais plus parti de ma vie. Repose en paix ma chérie. Où que tu te trouves, sache que ton Joachim t'aime et ne cessera jamais de t'aimer. Mon amour.....
Je pleure à en perdre mes yeux et mon souffle. La morve dégouline de mes narines. Je pleure comme un petit enfant. Je suis resté avec elle jusqu'au soir où je suis rentré chez moi. Je vis tout seul dans cette immense villa. Il n'y a personne à part moi. Après la mort de ma femme, j'ai viré toutes les femmes de ménage et les gouvernantes de cette maison. C'est Stella qui les avait embauché et les voir me fait me rappeler ma femme alors pour ne plus avoir à supporter cela, je les ai tous licencié à commencer par la gouvernante pour finir sur le gardien.
Je retire ma veste et me rends dans mon bureau. Pour la toute première fois après deux longues années, je remets pied dans ce bureau. Depuis la mort de ma femme, j'ai complètement abandonné mon entreprise mais demain je compte y retourner.
[Sonnerie de téléphone]
Je récupère mon i-phone 12 pro max de ma poche et décroche. C'est Sarah mon assistante, ma secrétaire, bref tout ce que vous voulez. Elle espérait mon retour à l'entreprise depuis des lustres et elle doit jubiler en apprenant que je reviens demain.
Moi : Oui Sarah. Dis-je en collant le téléphone à mon oreille. Comment vas-tu ?
Sarah : Jojo, je n'arrive pas à le croire. Se réjouit-elle au bout du fil. Lorsque Grégory me l'a dit, je ne l'ai pas cru. Tu reviens vraiment demain ?
Moi : Oui c'est ce que j'envisage de faire. Confirmai-je en soupirant. J'ai délaissé l'entreprise un peu longtemps. Il est grand temps d'y revenir.
Sarah : C'est une excellente idée mon amour, enfin.
Moi : Évite de m'appeler mon amour Sarah, rectifiai-je sous un ton sérieux. Je n'aime pas ces genres des pseudonymes est-ce que c'est clair ?
Sarah : Oui oui très clair. Je suis désolée Joachim, je ne sais pas ce qui m'a pris. S'excusa t-elle d'une voix gênée. C'est l'émotion qui me fait délirer.
Moi : Tant mieux.
Sarah : Tu es à la maison ?
Moi : Oui pourquoi ? Demandai-je très détendu.
Sarah : J'ai fait un tour dans la pizzeria de la ville et j'en ai pris deux cartons. Je veux te demander si je peux venir chez toi pour qu'on mange ensemble.
Moi : Tu sais que je n'aime pas que quelqu'un vienne chez moi Sarah encore moins une femme. Dis-je en déposant le téléphone sur mon bureau. Je respecte énormément la mémoire de ma femme.
Sarah : Je sais mais c'est juste pour manger une pizza ensemble. Rien de méchant Joachim. Se défend-t-elle. Mais si tu ne veux pas, ce n'est pas grave.
Moi : Ok c'est bon. Tu peux venir. Finis-je par craquer.
Sarah : Merci Jojo. Je serai là d'un instant à l'autre, dit-elle toute heureuse. Bye.
Moi : Bye. Répliquai-je en raccrochant.
Je donne un coup de poing dans le pils de dossier posé sur mon bureau et une bouffée de poussière s'en échappe. Ça fait un bon moment que j'ai fait le ménage dans ce bureau. Je me saisis d'un dossier que je commence à feuilleter. Je dois rattraper tout ce temps perdu au niveau du travail.
*************
Je sens une main me caresser la joue et la tête. Au début, j'ai cru que je rêvais mais cela persistait de plus en plus. Je me réveille donc et ce que je vois me fait sursauter.
Moi : Sarah ? Demandai-je surpris. Qu'est ce que tu fais là ?
Sarah : Tu as oublié que je devais passer pour qu'on mange une pizza ensemble ? Tu t'es endormi, la tête contre le bureau et je te réveillais.
Moi : En me caressant la tête ?
Sarah : Je n'ai pas eu d'arrière pensée en faisant cela alors pourquoi tu réagis ainsi ?
Moi : D'accord. Si tu le dis. M'exclamai-je en bâillant fortement.
Je sais que ces caresses n'était pas des caresses ordinaires. Je suis un homme et je sais parfaitement distinguer les caresses amicales des autres. Ça tape à l'œil que Sarah est toujours amoureuse de moi. Je dis toujours parce qu'il y a eu quelque chose entre nous par le passé. On est sorti ensemble lorsqu'on était encore adolescents. Un amour de jeunesse comme on le dit. Nous avons rompu par la suite et chacun a continué son chemin mais ça se voit que Sarah n'est pas encore passé à autre chose.
Sarah : Grégory a dit qu'il passera chez toi dans la semaine, dit-elle en ouvrant le carton de pizza qu'elle pose devant moi. Nous devrions organiser une fête pour célébrer ton retour à l'entreprise. Ajoute-t-elle en prenant place.
Moi : Je ne veux pas de fête. Refusai-je en me servant d'une part de pizza que je croque à pleine dents. Je préfère qu'on organise un truc simple, juste entre nous trois.
Sarah : C'est une meilleure idée. Appuie-t-elle en se servant à son tour. Il est grand temps que le trio "Josary" soit de nouveau réuni.
Le trio "Josary" est le nom de notre bande d'amis c'est à dire Joachim, Sarah et Grégory. À nous trois, on forme le trio "Josary". Nous sommes de vieux amis, nous avons grandi ensemble et tout réalisé ensemble. Ça sera génial d'être réuni encore une fois. Je mange avec appétit la pizza apportée par Sarah. Finalement, ce n'était pas une mauvaise idée.
Sarah : Ah lala, ta maison ressemble à une vraie porcherie Jojo. S'écria t-elle en baladant des yeux mon bureau. Regarde comment c'est sale, il te faut une domestique parce que ce n'est plus possible là.
Je dois admettre qu'elle a raison. Ma maison est très sale et poussiéreuse avec les toiles d'araignée partout. Je ne désapprouve pas l'idée de la domestique.
Moi : Tu as une domestique à me proposer ? Je veux une personne compétente surtout.
Sarah : Non, mais je connais une agence ici en Gambie où on peut trouver des domestiques et des cuisinières. Si tu veux, je vais me charger de ça pour toi.
Moi : Oui fais-le, dis-je en donnant mon approbation, mais par contre je ne veux pas beaucoup de domestique. Une seule suffit. Je ne veux pas de monde chez moi.
Sarah : Une domestique pour cette grande maison ? S'étonna-t-elle. Tu ne crois pas que tu exagères un peu ?
Moi : Je sais ce que je dis. La domestique en question s'occupera juste du salon et autres. Elle n'entrera pas dans les chambres ni dans mon bureau. De plus, elle ne sera pas obligée de nettoyer toute la maison. Je veux juste quelqu'un pour passer un coup de serpillière par semaine.
Sarah : D'accord, puisque tu ne veux pas de monde, il faut trouver une femme qui saura nettoyer et cuisiner aussi c'est bien ça ?
Moi : Tu as tout compris.
Sarah : Ok je m'en charge. Fit-elle souriante.
Moi : Merci Sarah.
Nous avons terminé les deux cartons de pizza en cette soirée ensuite elle m'a donné un coup de main pour ranger les paperasses qui trainent dans mon bureau dans un gros carton avant de partir. J'ai pris une douche et je me suis couché tôt. Je dois être à l'heure demain au bureau.
******Le lendemain matin
******Sarah SAYED
7h:38min
Je suis debout depuis cinq heures du matin à m'apprêter pour le bureau. Il sonne à présent sept heures et je ne suis toujours pas encore prête. Pour ce qui est de prendre une douche, c'était la première des choses que j'ai faite alors ce n'est pas ça qui m'a pris tout mon temps. Ce qui m'a pris tout mon temps est au niveau du choix d'un vêtement. Les femmes savent comment c'est difficile de s'habiller chaque jour surtout lorsqu'on est l'assistante de l'homme qu'on aime. Il faut savoir être présentable à ses yeux. Être sexy sans pour autant être vulgaire. C'est tout un art.
Après de longues heures passées devant le miroir et à mettre ma garde-robe sans dessus dessous, j'ai enfin trouvé quelque chose à me mettre. Je prends mon sac et vérifie si mes clés sont à l'intérieur. Je remarque que mon téléphone sonne, je l'ai mis en mode vibreur. C'est Grégory qui m'appelle.
Moi : Oui Greg dis-je après avoir décroché. Quoi de neuf ?
Grégory : Je connais quelqu'un qui doit être aux anges actuellement. Dit-il sous un ton moqueur. Ton chéri est de retour à l'entreprise. Tu passeras plus de temps avec lui.
Moi : Ce n'est pas la peine d'en faire tout un cinéma voyons. M'exclamai-je en rougissant. Je suis juste contente qu'il soit de retour. Rien de plus.
Grégory : Avoue que t'es aux anges Sarah. On me l'a fait pas. Me taquine-t-il.
Moi : Ok c'est bon, tu as gagné. Finis-je par lui donner raison. Je suis très heureuse qu'il soit enfin de retour. Ça me laisse l'opportunité de le séduire à nouveau. J'aime toujours Joachim et je le veux rien que pour moi.
Grégory : C'est pour ça que tu as tué la pauvre Stella n'est ce pas ?
Moi : Euh....je....je.... qu'est ce que tu racontes Greg ? Murmurai-je nerveusement. Je n'ai pas tué Stella. Elle est morte par accident.
Grégory : Un accident que tu as orchestré. Ne fais pas l'innocente Sarah. Dit-il très sérieusement. J'ai espionné ta conversation téléphonique avec tes hommes où tu demandais de saboter les freins du véhicule de Stella. C'est toi qui l'a tué. Tu as tué la femme de l'homme que tu aimes. Tu as commis un crime passionnel.
Coincée entre la véracité de ses dires, je n'eus d'autres choix que d'avouer.
Moi : Oui tu as raison. C'est moi qui suis responsable de cela. Maintenant que comptes tu faire ? Le dire à Joachim ?
Grégory : Moi ? Le lui dire ? Maintenant ? Non, même pas. Si je comptais le lui dire, je l'aurais fait depuis longtemps tu ne trouves pas ? Ce que tu fais, ne me concerne en rien. Tu peux tuer qui tu veux. Ça m'est égal. Je suis juste choqué par ton dégré de méchanceté. Ôter la vie à une femme enceinte ? Tu es méchante Sarah.
Moi : Épargnes-moi tes sermons et tes leçons de morale tu veux ? Tu n'es pas mieux que moi Greg. C'est juste que je n'ai pas encore découvert pour toi. Râlai-je en sortant de mon appartement.
Grégory : Ok Sarah. Dit-il en rigolant. Tu es déjà à l'entreprise ?
Moi : Non. Je m'y rends. Répondis-je en m'engouffrant dans ma voiture. Pourquoi ?
Grégory : Non juste par curiosité. Avoue-t-il. Bye Sarah.
Moi : Bye Greg. Répliquai-je avant de raccrocher précipitamment.
Je n'aurais jamais cru que quelqu'un soit au courant de ce que j'ai fait par le passé. Heureusement que c'est Grégory qui est au courant. Il tient parole et il ne dira rien sauf qu'il ne le fera pas gratuitement. Je sais qu'il me demandera un service en échange. Seulement, je ne sais quoi. La main moite, je mets le contact et démarre la seule range-rover de couleur noire que je possède.
************
J'arrive chez Joachim mais la porte principale de la maison est fermée et il manque une de ses voitures dans le parking. Il est sûrement déjà parti à l'entreprise. Et moi qui voulait qu'on y aille ensemble. Puffff ! Je comptais aussi lui présenter la domestique à qui j'ai donné rendez-vous chez lui. Justement, en parlant du loup, là voilà qui descend d'un taxi. Je l'ai reconnu grâce à la tenue qu'elles ont l'habitude de porter à l'agence.
_Bonjour. Me salua-t-elle une fois devant moi.
Attendez, je rêve là ? Elle est beaucoup trop jeune. D'habitude, cette agence propose des femmes âgées et pourquoi c'est une jeune femme cette fois ? Et très belle en plus. Non mais !
Moi : Vous êtes la domestique avec qui j'ai rendez-vous ? Demandai-je en la contemplant de la tête au pied.
_On nous appelle des techniciennes de surface madame et oui c'est bien moi. Il y a un problème ?
Moi : Pourquoi tu es aussi jeune ? J'ai demandé une femme qui fait dans la quarantaine.
_Notre agence n'a plus de femmes âgées. Cette promotion comporte uniquement des jeunes femmes de mon âge. Expliqua-t-elle. Ne vous inquiétez pas. Je travaille très dur.
Moi : Ce n'est pas une question de travail acharné demoiselle. Vous les domestiques de maintenant, on vous connaît. C'est pour voler le mari des gens. Surtout si vous êtes un peu belle, c'est finit.
_Soyez sans crainte madame. Fit-elle poliment, on nous a formé à ne pas faire ces genres de choses et si cela arrivait, c'est la prison pour nous. Je veux juste faire mon travail et être payé.
Moi : Si tu le dis, je veux bien te croire. Bon voilà la maison, dis-je en montrant du doigt la villa de Joachim. Rassures-toi, tu ne vas pas tout nettoyé. C'est la villa de mon fiancé et comme tu t'en doutes, je n'ai pas le temps et je ne suis pas faite pour le ménage alors tu vas t'en occuper. C'est moi la patronne de ces lieux. Tu as l'obligation de m'obéir. Tu ne dois pas entrer dans les chambres. Tu as compris ?
_Oui madame. J'ai parfaitement compris. Pouvez-vous me faire visiter les lieux s'il vous plaît ? Je peux commencer tout de suite même.
Je n'ai même pas les clés de la maison et elle me parle de visite. Tchrrrr !
Moi : Comme tu peux le voir, je m'apprête pour aller au travail, reviens le soir. Lorsque mon fiancé sera de retour, on en reparlera ok ?
_D'accord madame. C'est compris.
Moi : Bien.
Je tourne dos et rejoins ma voiture. Je ne sais pas pourquoi je suis intimidée par cette femme. Elle est si belle que je me sens très laide devant elle. Les femmes comme ça, je m'en méfie. Mieux vaut ne pas prendre de risques. Que, on nous a formé pour ça, et si ça arrive c'est la prison yin yin, yin. Tchrrrr ! Elle ne sera pas la domestique de Joachim. C'est quoi ça même. Je vais contacter l'agence et demander une autre fille de suite.