Chapitre 2
La semaine était vite arrivée à sa fin. Vu que le maître travaillait à des horaires de folies ces derniers jours, j'ai décidé d'aller passer quelques jours avec Coco et Carlos à Bordeaux. Passer du temps avec ma copine m'a fait vraiment beaucoup de bien. C'est comme si cela faisait une éternité et avec tout ce qui s'était passé, le maître et moi étions d'accord sur le fait que je méritais largement une pause loin de tous les drames qui apparaissent dans ma vie depuis que nous nous connaissons. Je me demande si je lui manque...
Il m'envoie des messages de temps à autre pour s'assurer que j'ai bien mangé et autant de fois qu'il m'ordonne journalièrement. Même Coco m'a fait remarquer que j'avais pas mal maigri. Elle me l'avait dit en rigolant sur le moment, mais je savais qu'elle était inquiète et il s'agissait de la dernière chose que je voulais.
Concernant notre fameuse bande, Celia comme à son habitude, vit entourée de ses formules. Elle semble complètement faire fi des remarques de Coco qui pense qu'elle devrait chercher un copain. Elle préfère profiter pour vivre sa passion et s'amuser comme elle le sent. Selon les jours, je ne peux qu'être totalement d'accord avec elle. Carlos et Coco semblent aller bien. En arrivant j'avais cru sentir une tension entre eux, mais ce sentiment a bien vite disparu. Ils semblent aussi complices et mignons qu'à leur habitude. Je me demande quand est-ce qu'ils vont se fiancer ? Je sais que c'est une chose qui turlupine ma copine et qu'elle attend avec impatience. Si leur couple se résumait à elle seule son avis, ils seraient déjà mariés avec 3 enfants. C'est vrai que depuis que nous nous connaissons, elle a toujours eu des sentiments pour Carlos. Même si au départ ce dernier ne la regardait pas de cette façon. Elle a vraiment passé des années à le conquérir petit à petit, donc se fiancer serait pour elle une consécration de son travail durement effectué. J'ai l'impression que seule cette étape pourra la rassurer totalement, c'est comme si elle avait toujours peur de le voir partir ou disparaître du jour au lendemain. Je peux un peu comprendre son angoisse, mais dès fois, je me dis qu'elle est trop stressée. Cela fait quand même plus de 3 ans qu'ils sont en couple et tout semble marcher comme sur des roulettes pour eux.
Finalement j'ai fini par rester plus longtemps que prévu. Le maître m'a envoyé un message pour m'informer que Stella avait bien déménagé le samedi comme convenu. Rien qu'apprendre cela, m'a foutu le moral en l'air pour une partie de la journée. Mais comme avec Coco, on ne peut pas rester longtemps fâchée, j'ai fini par retrouver le sourire. Je vis comme une vraie touriste, avec les avantages d'avoir mon séjour aux frais d'une autre personne, en plus une, au portefeuille assez large. Je me dis que quand je dépasserais la limite, je me ferais sûrement sonner les trompes. Mais pour l'instant ce n'est pas encore le cas, donc j'en profite sans-gêne.
J'ai finalement fini par partir après 10 jours. Rien ne me pressait, rien ne m'attendait à Paris, mais l'idée de laisser ces 2 personnes en tête à tête aussi longtemps me déplaisait particulièrement. En partant, j'ai promis à Coco de venir plus souvent et je suis repartie embrasser ma réalité.
J'ai dit au maître que je rentrais demain après-midi. Je m'imagine bien sa surprise quand il me verra à la maison ce soir. Je suis assez excitée à l'idée de le revoir. Mine de rien, il m'a quand même manqué. J'arrive à l'appartement assez tard, vers les 21 heures. Je ne prends pas la peine de sonner, de toute façon Clarisse doit être rentrée chez elle et pour une fois, j'ai mes clés sur moi. J'ouvre et je pénètre dans l'entrée. J'entends des voix provenant du séjour. Je m'avance, transportant mon trolley par la même occasion, et ce que je vois, me fait une sacrée pique. Je ne sais vraiment pas comment va tenir cette relation.
Installés au salon, mon Dom, visiblement profondément endormi, a la tête posée sur les cuisses de Stella qui sirote un verre de vin. Quand elle m'aperçoit, elle me sourit et me fait signe de ne pas faire de bruit. Si je m'écoutais, je hurlerais pour faire part de mon mécontentement. Mais la tête détendue de mon Dom m'en dissuade, il doit être en manque de sommeil. Ce n'est même pas une supposition, j'en suis presque sûre. Je ravale mes sentiments et je me rends à ma chambre sans rien ajouter de plus. Voici comment a commencé notre collocation de folie, en tout cas, comment je l'ai vécu.
Quelques heures plus tôt, PV de Scott
Cela fait presque 10 jours que Clara est partie chez ses amis. Je ne sais même pas pourquoi je lui aie permis de s'en aller. Sûrement parce que je savais qu'elle en avait besoin et que ce serait mieux si elle n'était pas présente quand Stella viendrait s'installer. Je connaissais assez bien Stella pour savoir qu'elle pouvait envenimer la situation en quelques mots et qu'elle pouvait prendre un malin plaisir à me mettre dans une position délicate. Dieu seul savait pourquoi j'avais tellement besoin et je n'arrivais pas à me débarrasser de cette femme. Une vraie sorcière...
Une chose qui n'avait pas raté, en arrivant sa première question fût de savoir où était Clara. Je me demande même si son intérêt pour elle ne cacherait pas autre chose.
Malgré le temps passé loin l'un de l'autre, il m'est très facile de revivre avec Stella. Nous avons quand même vécu ensemble un petit bout de temps. De la même façon que je connais ces petites habitudes, elle connaît les miennes. En dehors du fait d'être dans une relation D/s nous sommes aussi amis. Donc c'est avec notre complicité de toujours que nous nous sommes retrouvés.
En parlant du loup, je la vois débarquer dans mon bureau pour m'annoncer que le repas est servi. Je me lève et la rejoins au séjour. Nous dînons dans une ambiance bon enfant, très détendue et amicale. Nous parlons de divers sujets, tous plus variés les uns que les autres et éloignés du thème qui nous fait nous revoir de manière si intime. Ce moment de calme me fait beaucoup de bien. À la fin du repas, je m'installe au salon, pendant qu'elle s'occupe de la vaisselle. Nous sommes dans un silence de cimetière, silence qui me permet de faire le point sur mes pensées. Clara... Stella...
Clara et Stella...
Clara ou Stella...
Perdu dans mes pensées, je tressaillis en sentant des mains froides se poser sur mes épaules, me faisant sortir de ma léthargie. Je relève la tête pour croiser le visage de Stella, sur lequel s'affiche un sourire plein de mystères. Elle enlève ses mains, avant de venir s'installer à mes côtés. Elle me propose un verre de vin, chose que je refuse d'un mouvement de la tête. Mon état de fatigue ne me permet pas ce doucereux privilège. Elle redépose les verres sur la sellette en face, avant de faire basculer ma tête sur ses genoux. La pensée de lui mettre un stop m'a traversé l'esprit furtivement. Mais son odeur et la sensation de confort, me font me résigner rapidement. Je regarde la vue de mon séjour que me donne ma position, sans pour autant échanger ne serait-ce qu'un mot avec elle. Je la vois se saisir d'un des verres de vin qu'elle avait préalablement déposé et le siroter. Le silence, Le calme, Son odeur vanillée, La douceur de son toucher.... Sans le savoir, je sombre dans le sommeil...
Retour PV de Clara
Le lendemain, quand j'émerge de mon sommeil, il est déjà plus de 10 heures et à cette heure, aucun des deux ne devrait être à la maison. Je prends une douche rapide, avant de me rendre à la cuisine pour une petite collation. J'y rencontre Stella, en train de faire des crêpes. Rien que la voir aurait presque l'effet de me couper l'appétit. Mais l'odeur alléchante des crêpes qui se dégage, ne fait que renforcer mon désir de manger et surtout d'en manger. Je suis perdue entre mon envie d'en avoir et mon autre, de ne rien demander à cette femme intrusive. Je suis peut-être une femme qui aime la soumission, mais j'ai quand-même ma fierté et il est hors de question, que je cède devant elle. Je me dirige vers le frigo, sans pour autant lui adresser un mot.
Elle au contraire, en remarquant ma présence, me fait un grand sourire et me salue. Je réponds à sa salutation, plus par politesse que tout. Mon ton froid et cassant ne la rebute pas, et elle enchaîne sur des amabilités. Même mes réponses en monosyllabe, sans retour de question, ne l'empêchent pas de me proposer des crêpes. Je me radoucis légèrement, sachant que j'en avais particulièrement envie et que c'est elle qui me les a proposés.
- Le maître m'a dit que vous aviez décidé de ralentir dans votre relation D/s, me dit-elle, comme si de rien était. J'ai même failli m'étouffer en entendant ses propos. Je sors voir les filles dans quelques heures, est-ce que ça t'intéresserait de venir ?