Chapitre 1
Nous avons tous attendu le réveil de Stella. Comme nous le savions tous, une fois consciente, elle a accepté la proposition. Il ne restait plus que moi. Était-ce ce que je voulais ? Était-ce qu'il me fallait ? J'avais l'impression de toujours me poser les mêmes questions. Éternellement et toujours avec moins d'énergie chaque fois. Mais je voulais croire, croire que cette fois-ci serait la dernière, serait la bonne pour nous tous. Croire que je pourrais découvrir ce qui me manque ou Croire que cette dernière expérience révélera des éléments qui nous sortira de tout ambiguïté à jamais... Si croire est une des forces de l'homme, c'est aussi notre plus grande faiblesse.
- Je marche aussi, je dis finalement sous le regard attentif de tous et chacun ici présent.
Si Esteban garde une expression dure, je vois le regard de mon Dom soulagé d'un poids. Il me sourit tendrement, tout en restant au chevet de Stella, qui dort profondément.
- Vous êtes tous fou ma parole, se lamente Esteban, avant de s'en aller.
- Approche Clara, me dit-il, avec douceur. Je sais que ce ne sera pas facile, je sais que j'en demande sûrement beaucoup, mais j'ai foi en nous. Je ferais tout pour que ça fonctionne et te rendre heureuse.
Je suis émue par sa déclaration. Il me touche plus que de raison. A cause du contexte ? Moi-même je n'en sais rien. Mais je suis rassurée et satisfaite. J'arrive à mettre de côté mes doutes et mes inquiétudes et juste profiter de l'instant. De toute façon, il a toujours eu cet effet sur moi.
Une fois Stella reposée et de nouveau sur pied, nous l'avons déposée devant son immeuble avant de continuer vers chez-nous. Le trajet toujours aussi silencieux, après tout, ce n'est pas parce qu'on a décidé de se lancer dans cette relation, que l'on va brusquement devenir bestfriend. Limite, je la considère plus comme une rivale que tout. Une fois arrivés, nous sommes complètement lessivés, particulièrement moi. Je me rends dans ma chambre et glisse sous la douche, pendant que lui va à la cuisine. La douche chaude me fait un bien fou et je m'endors paisiblement. De toute façon, demain est un autre jour et nous aurons tout le temps de régler les détails, à ce moment-là.
Quand je me lève le lendemain, je suis bien plus détendue. J'ai bien dormi et je suis prête à affronter tout ce qui se mettre devant mon chemin. Armée de mon mood de guerrière, je vais à la cuisine pour prendre une collation. Toujours au rendez-vous, je tombe sur Clarisse qui me demande des nouvelles du déjeuner avec ma mère. Le week-end a été tellement riche en émotions que j'avais l'impression que des jours entiers s'étaient écoulés entre chaque évènement, mais il n'en était rien. Je la rassure à ce sujet, et je décide d'appeler ma mère pour m'enquérir de son état. Chose dite, chose faite. Clarisse m'informe entre temps que mon Dom est parti travailler et rentre ce midi. Il demande que je l'attende à la maison. Ce n'est pas comme si j'avais grand-chose à faire en dehors de cela.
Entre temps, je regarde une série à la télé. Le temps passe assez vite, le temps que j'arrive à la moitié, midi sonne déjà. La sonnerie retentit, je décide d'aller ouvrir pour soulager Clarisse. Je me retrouve nez à nez avec Stella. Elle est vêtue d'une robe portefeuille rose pâle et de talons à bouts pointus noirs. Elle me sourit et me salue poliment. Nous savons que nous allons devoir nous entendre un peu plus que cela, pour que la relation fonctionne. Je la laisse entrer, avant qu'on se dirige vers la cuisine. Stella salue au passage Clarisse, qui elle est toujours contente de la voir. Je ressens une pointe de jalousie de la voir aussi proche de Clarisse. Je ne comprends pas, mais j'ai toujours l'impression d'être en compétition avec elle pour absolument tout. C'est très frustrant comme sensation, comme sentiment.
On s'installe au séjour, avant de débuter notre conversation.
- Tu as l'air d'aller bien mieux depuis hier. Je suis vraiment désolée que mon comportement t'ait mis dans une telle situation.
- Pas de soucis, je suis assez résistante. Beaucoup plus que certains ne voudraient et ne pourraient le croire.
Sa nonchalance et son ton enjoué m'ôtent un poids des épaules.
- Je suis là parce qu'il m'a demandé de venir pour que nous puissions discuter à 3 des détails de ce que seraient dans la vie réelle cette relation. Je me suis dit que ce serait bien de pouvoir faire front ensemble contre lui et de nous mettre d'accord ensemble auparavant. Tu sais à quel point il peut être intimidant et à quel point il est difficile de lui dire non.
J'étais totalement d'accord avec son argument. Malgré le fait que cela ne m'enchantait pas plus que cela de faire ami-ami avec elle, si nous nous mettons d'accord au préalable, nous serons plus fortes ensemble que séparément, surtout moins influençables. Nous avions l'impression de partir en guerre.
- Il a proposé cette relation de trouple, autant que l'on en tire le maximum chacune à notre avantage. Il ne faudrait pas qu'il soit le seul à en ressortir gagnant à 200%.
Un autre argument avec lequel je ne pouvais qu'être d'accord et favorable. Une alliance pouvait être d'une grande efficacité. Cela avait fait ses preuves 2 jours avant quand il ne voulait pas m'emmener à cette soirée. Nous allions recommencer et mettre toutes les chances de notre côté à nouveau. Nous avons donc discuté pendant presque 45 minutes, avant qu'il ne nous récompense de sa présence.
Il semble surpris de voir Stella, déjà présente, mais surtout de nous voir aussi proches l'une de l'autre. Il sait que quelque chose, se trame dans son dos, ou en tout cas, il ne l’anticipe visiblement pas certain d'approuver cela. Il nous fait la bise à tour de rôle, avant de retirer sa veste et sa cravate. Il s'assoit face à nous, après avoir commandé et s'être fait servir une boisson rafraîchissante. Pour l'instant le silence règne, et j'attends avec impatience de savoir à quel moment il va être rompu et surtout qui allait le rompre en premier.
- Je suis en retard, et je vous présente mes excuses à toutes les deux pour cela. Les affaires n'attendent pas, ajoute-t-il, tout en nous fixant à tour de rôle. Il se tourne ensuite vers Stella. Je comprends pourquoi maintenant j'appelais ton bureau et personne ne répondait. Je voulais te proposer de venir ensemble.
- Vous travaillez non loin de l'autre ?
- Je travaille pour lui à son cabinet depuis plus de 5 ans maintenant, elle me répond.
Nouvelle du jour, moi qui pensais que le club était le seul lieu où ils avaient des interactions et des échanges dont je me sentais menacée, voilà qu'ils se voient tous les jours que le bon Dieu fait depuis que nous avons débuté notre relation. D'un côté, je n'aurais jamais su et je ne m'en serais jamais douté également, vu que nous ne parlions jamais de son travail à la maison.
- Bref, revenons-en au principal. Je suis vraiment heureux que vous ayez accepté de tenter de faire fonctionner cette relation ensemble. Nous sommes ici pour prendre le temps de parler des détails du quotidien, ce que chacune attend de moi et de l'autre et ce que j'attends de vous et de cette relation. Nous allons faire le point et essayer de construire de bonnes bases pour le futur.
Tel le maitre de séance, il ouvre la discussion. Il me prend la main, et me la serre, me voyant un peu en dehors du moment. Je reviens à la discussion, qui a déjà assez avancé. Ils se disputent déjà même.
- Faisons un bilan pour Clara, Stella veut revenir à la maison. Qu'en penses-tu ?
- Moi ça me va, je lui réponds. Ce qui semble le surprendre à la plus grande joie de Stella. Je pense que ce sera plus simple de gérer la situation comme cela.
- On partirait sur une semaine séparée entre nous deux.
- Je ne comprends pas trop, dit-il limite sceptique.
- On va se répartir un jour sur deux avec vous avec un jour libre. Chacune de nous aura sa chambre et vous aurez obligation de passer la nuit avec celle d'entre nous dont c'est le jour.
- Passer la nuit ?
- Ben dormir dans le même lit, côte à côte, comme des gens normaux.
Nous voyons tous les deux, qu'il se tend involontairement à l'entente de notre première condition. S'il ne valide pas celle-ci, nous étions d'accord pour ne rien lâcher. Mais plus facile à dire qu'à faire. Il nous regarde tour à tour.
- Très bien, dit-il en se résignant. Mais ça pourrait être difficile au début, mais je ferais un effort.
Nous nous regardons, satisfaites d'avoir eu résultat dès le premier échange.
- Peut-être devrions-nous chercher plus grand, propose Stella.
- Une blague j'espère, lui répond-il de manière cache. J'ai 6 chambres ici, je trouve que c'est plus que suffisant.
- Mais j'ai besoin d'un dressing...
- On peut faire des travaux, on va faire des travaux pour que tu te sentes à l'aise.
Nouvelle victoire. Nous discutons de la sorte pendant plus de 1 heure. Après ces 2 petites victoires, il est devenu moins accommodant. Ce sont des pourparlers de grandes haleines dont je ne suis que rarement participante active. Je suis plus un témoin de leur discussion ardue, sachant que Stella ne lâchait rien de son côté non plus.
- Bon les principales points ont été abordé. Une bonne chose de faite.
On s'est mis d'accord sur le déménagement de Stella, qui arrivera en fin de semaine, probablement vendredi ou samedi. Elle s'installera dans la chambre au rez-de-chaussée du duplex, tandis que je conserve ma chambre à l'étage au côté de celle du maître. On s'est reparti les jours comme suivant : les lundis, mercredis et vendredis, il reste avec elle et les mardis, jeudis et samedis avec moi. Le dimanche sera jour neutre. Ça fait assez bizarre de le dire de la sorte. Mais elle semblait assez confiante quand elle est rentrée chez elle. Comme les courses, le ménage et la cuisine sont gérés pas Clarisse, on n’a pas eu à se répartir les tâches.
Je suis installée la tête sur les cuisses de mon Dom, pendant qu'il lit un livre. Il me caresse doucement la tête. L'ambiance est décontractée et tranquille. Un moment de répit bien mérité après tous les événements passés et avant de commencer une nouvelle sorte de routine.
- Est-ce que quelque chose te préoccupe Clara ?
- J'ai quelques doutes au sujet de cette histoire. Mais je vais donner le meilleur de moi pour que cela fonctionne.
- Je comprends parfaitement que je vous demande à toutes les deux de sortir de votre zone de confiance. Je le suis aussi, mais je crois vraiment que c'est dans cette conformation que nous trouverons un équilibre.
- Seul le temps nous le dira...
Il sent mes hésitations, mais il sait qu'il ne pourrait rien dire qui les effacerait totalement.
- Il y a une autre question importante que nous devons aborder....
Je me redresse à ses paroles et lui accorde ma totale attention.
- La question de notre relation D/s...
Il se tait et me laisse le temps d'emmagasiner l'information. Je me tends à l'idée de la discussion qui se profile.
- Je ne voulais pas en parler devant Stella. Elle peut être assez casse-cou quand elle veut. Tu sais qu'elle et moi allons reprendre une relation D/s 24 heures sur 24, elle sera officiellement ma soumise, comme tu pourrais l'être.
Quand il emploie le conditionnel, je souris intérieurement. Il me devance toujours dans mes pensées. C'en est limite effrayant.
- Vous aviez deviné ?
- Vu comment tu détournais l'attention de toi, toute la journée, il ne m'a pas fallu trop longtemps. Je te connais depuis plus de 1 an, je pense pouvoir savoir 2 ou 3 choses sur comment tu fonctionnes. Mais j'ai besoin que tu le dises par toi-même.
- Je préférerais qu'on ralentisse du côté de la relation D/s.
- Tu voudrais qu'on arrête ?
- Non, non, j'ai bien aimé certaines de nos séances. Mais je ne veux pas pour le moment monter de niveau. Je ne pense pas pouvoir arriver à un tel niveau de soumission... arriver au niveau de Stella.
- Je pense aussi, mais tu as quand même encore une belle marge de progression à mon avis. Mais je comprends que tu veilles prendre une pause, ça a dû être très intense pour toi...
- Un peu, j'avoue légèrement gêné.
- Tu ne dois pas avoir peur de me dire ce genre de chose. Je vais le prendre en compte. On aura des séances parsemées et qu'on préparera à l'avance.
- Merci... Je vous aime tellement.
- Je t'aime aussi, dit-il d'un ton vachement gêné.
Moi qui m'attendais à me faire réprimander. Non pour la première fois ou l'une des rares fois, il répond avec réciprocité à mes sentiments et les professe oralement. Je vois que cela lui a demandé un certain effort. Mais je me sens apaisée et je me cale dans ses bras, m'assoupissant rapidement.