Et ça recommence
Lindsay Kimberley PETROVIĆ
J'attends juste quelques minutes là où j'étais cachée avant de ressortir. Je remercie les personnes présentes dans la loge. S'ils n'avaient pas choisi de m'aider, à voir à quel point Alek était furieux, en ce moment je ne sais pas où j'en serai. C'est vrai qu'Alek ne m'a pas vu. Il est parti. Je le sais. Mais, je décide tout de même de rentrer chez moi. Qui sait ? J'aurais peut être moins de chance la prochaine fois. De toute façon, le vieu Malone m'avait déjà accordée ma soirée. Cela ne devrait pas poser de problème si je pars dès maintenant ou si je reste pour après.
Je rentre en trombe dans la cabine pour les serveuses, je me change à toute vitesse et je m'en vais chercher ma fille pour partir. Il y avait Sonia avec elle.
- Il y avait un type tout à l'heure qui jouait avec ta fille, elle m'informe.
Me doutant que cela puisse être Aleksandar, je fronçis les sourcils.
- Je ne le connais pas. Ce n’est pas un habitué du bar. C'est l'un des invités du vieu d'ailleurs. Tu te souviens ? Ce sont les beaux mecs dont je te parlais tout à l’heure. Il a les yeux verts.
Je m'arrête direct au vue de la dernière description. Mon cœur rata un battement avant de se remettre à pomper 100 miles à l'heure. J'ai failli pisser sur moi. Tout naturellement, j'ai couru vers ma fille et je la prend dans mes bras. Je tremblais comme une feuille.
- Tu les connais ces types ? J'ai voulu l'en empêcher. Il m'a lancé un de ces regards. J'ai laissé tombé direct. C'était... terrifiant. On dirait qu'il s’apprêtait à me sauter dessus. Je ne comprends pas ce qu'il en voulait à ta fille. Ce qui m’étonne c’est que son regard s’est adouci quand il la regardait. Il était si ému...
Comme si ma fille pouvait ressentir mon panique, elle s'est mise à pleurer.
- Ne pleure pas mon amour, je la berce. Maman est là. Il ne va rien t'arriver. Maman ne laissera rien t'arriver mon poussin. Maman est là pour toi.
Comment ils ont su que j’étais là ? Serait ce le vieu qui m'a dénoncé ? Dabord, c'est quel genre d'affaire il fait avec mon mari celui là ? Jamais je n’ai entendu mentionné son nom par mon mari. J'étais dans la fosse au lion et je ne le savais même pas. Heureusement qu'il ne m'a rien fait de mal. A mon bébé non plus.
Je cherchais à calmer mon bébé. Sonia quand à elle me chauffait les tympans avec la même histoire.
- Pourquoi ce type a effectué tout ce chemin pour justement venir jouer avec ta fille ? La loge VIP est bien éloignée d’ici.
Alors que Sonia se lançait à vive allure dans son speech, mes yeux s'en vont se poser directement sur le poignet de ma fille. Quelques choses a attiré mon attention. Une gourmette avec le nom complet de ma fille "Aleksa Ivanka PETROVIĆ" en lettre d'or. Malgré mes tremblements, je l'enlève automatiquement. J'allais la jetter quand mes yeux ont remarqué le collier de diamants dans le couffin. Je les ai jettés tous les deux dans la poubelle. De ma colère ou ma peur, je ne savais pas lequel avait pris le dessus. Je ramasse toutes les affaires de ma fille et je quitte les lieux. Sonia me suit en emmenant les bijoux avec elle. Elle me trouva attendant un taxi.
- Pourquoi tu as tout jetté ? C'était juste un cadeau.
- Je n'en veux pas de don satané cadeau. Je ne crois pas non plus que ma fille en a besoin de ça pour grandir.
- Regarde comment tu trembles. Tu vas faire du mal à la petite. Tu lui retransmet ton angoisse.
- Tu me ralentis Sonia. Je dois partir.
- Prends les au moins. Tu n’as pas d’argent. Tu pourras les revendre et en tirer un bon paquet. Ce type n’a pas le visage de l'imposture. Cela doit être des vrais.
- Ce sont des vrais. De cela, j'en ai la certitude Sonia. Juste que je n’en veux pas. Tu les gardes si tu veux.
- Aleksa Ivanka PETROVIĆ, lit Sonia. Ta fille ne s'appellait elle pas Kimberley ?
- ...
- Genre PETROVIĆ comme ce monsieur ? Attend Vicky, c'est ton mari ce type ? Elle me questionne choquée. Ce type... c'est... C'est le père de ta fille ?
- Tu vas te taire oui, j'explose verte de rage. Ma fille n'a pas de père. C'est moi son père. Après, tu peux croire ce que tu veux.
Un taxi s'est arrêté devant nous.
- Et si on te demande, tu ne sais pas où je vis, je lui dis avant de monter dans le taxi. Tu ne sais rien de moi. Juste que je m’appelle Victoria DAVIES. Garde tes mots. Et ceci même si ta vie en dépendait... Passe le mot s'il te plaît. Personne ne sait où j'habite.
- Entendu. Tu m'expliqueras quand on se verra après.
- Si tant est que cela soit possible.
Je m'engouffre dans le véhicule mon bébé collé contre moi. Je n’ai rien dit à Sonia. Mais, je ne compte pas rester. Tout le monde ne va pas pouvoir garder leur langue. Aleksandar peut être très persuasif. Si ce n'est pas Sonia, ce sera quelqu'un d'autre qui l'ouvrira.
Dès que j'arrive chez moi, je range tout dans une grande valise, refferme derrière moi en prenant le soin de laisser la clé pour le propriétaire. Et ça recommence les pèlerinages de ville en ville pour ne pas qu'Aleksandar me retrouve, mes peurs, mes craintes, mes incertitudes... Et moi qui pensais que tout ceci était bien derrière moi. C'était bien évidemment trop beau pour être vrai.
Cette fois, je n'ai pas le luxe de choisir de comment je veux voyager ou pas. J'ai pris le premier train que j’ai trouvé. Où il allait m'importait peu. L'essentiel, il me fallait m'éloigner d'Aleksandar et de ses troupes très rapidement. Je suppose qu'il y avait au moins Milan, Zayn et Luan avec lui. Aleksandar ne se déplacera pas seul s'il est venu ici pour affaire.
Par chance, le train partait pour Waterford. Je ne connais pas. Mais je suis certaine que ce sera tranquille pour passer la nuit. 2 heures plus tard, j'étais arrivée. J'ai trouvé un hôtel où passer le reste de la nuit avec ma fille.
Je ne vais pas rester ici longtemps. Je prends juste escale pour ne pas trop fatiguer ma fille. La pauvre, à juste 9 mois, je l'ai déjà tellement trimballée d'un port à un autre que j’ai honte de la mère que je suis. Je dois rentrer chez moi.
J'ai attendu une journée avant de reprendre la route. J'ai pris le train pour Rosslare. Puis un ferry pour Fishguard. J'y suis resté les 2 jours qui ont suivis. Puis, j'ai recommencé le processus jusqu'à Londres. Là-bas, j'ai refusé la maison de mamie pour aller chez mon frère. C'était ce que j'aurais dû faire depuis le début.
Là bas, il n'y avait personne. J'ai tout de même réussi à rentrer dans la maison. Je sais où il garde ses doubles de clé habituellement. J’ai pris une bonne douche avec ma fille avant de me plonger dans une longue sieste.
Quand mon frère est arrivé, il faisait déjà nuit. J'ai laissé les lumières allumées pour ne pas avoir de mauvaise surprise. Avec ces gens là, il faut être prudent. Il peut très bien croire que ce sont des voleurs dans sa maison et ouvrir le feu vu que je ne l'avais pas prévenu de ma venue. Pour ma défense, je dirais que c'était un coup du destin. Après le premier train, tout mon esprit était focalisé sur ma maison.
Comme je le pensais, il avait son arme à la main quand il est entré dans la maison. Ce n'est que quand il m'a vu qu'il a tout rangé.
- Lindsay ! Il me prit dans ses bras. Mais qu'est ce que tu fais là ? Ton mari et moi, on t'a cherchée partout. Mais aucune trace de toi ? Et maintenant je te retrouve bien tranquillement chez moi. Où est ce que tu étais ma puce ? Pourquoi tu n'as jamais appelé en 8 mois ?
- Mais laisse moi parler toi aussi. Toutes ces questions d’un seul coup. Comment veux tu que je puisse y répondre ?
- D'accord. Mais dis moi où tu étais. Car, ton mari était tellement inquiet.
- Mon mari tu dis ? C'est toi qui avais raison. J’aurais dû t’écouter. J'ai épousé un monstre Curt. Mon mari comme tu dis n'a pas hésité à me menacer avec son arme pressé sur ma tempe. Raison pour laquelle j'ai déserté sa maison.
- Il a foutu quoi ?
- Comme tu viens de l’entendre, repetais je en pleurs. Ce matin là, je croyais que j’allais y laisser ma vie. Ce n’est pas tant ce qui me chagrine le plus. Le pire est que, même la présence de notre fille n’a pas su l’arrêter.
Wesley Curtis DONOVAN
Mon cœur saigne. Ma tête chauffe. Mes mains tremblent. J'écoute le récit poignant que me livre ma sœur de ses derniers jours chez son mari et je n'ai qu'une seule envie. Faire saigner ce type jusqu'à la dernière goutte.
- Pourquoi n'es tu pas venue ici dès que tu es partie de chez lui ma puce ?
- C'est le premier endroit auquel aurait pensé Alek. Et il serait venu me chercher aussitôt.
- Effectivement. Il a débarqué ici le visage blasé me disant qu'il ne te trouvais nulle part après avoir passé le temps à me mentir sur ce qu'il s’était passé. Ta fille aussi était avec toi, il a dit. Jamais il ne m'a expliqué les raisons. Je pensais que tout comme la dernière fois, on t'avait séquestré. Je vois bien que j’aurais dû insister.
- Et bien non. J’ai fugué dans le but de protéger ma vie.
- Kimie, tu n'es pas n'importe qui. Qu'il sache ou pas où tu étais, Même avec la plus puissante armée au monde, il n'aurait pas osé venir te chercher chez moi si je connaissais les raisons pour lesquelles tu avais laissées sa maison.
- Justement. Je ne voulais tout simplement pas vous mêler mamie et toi à mes problèmes. Déclencher une guerre encore moins.
- Je viens de l'être à l'instant même. Tu restes chez moi. Il me faut discuter d'homme à homme avec ce type. Il doit savoir que personne ne touche à ma sœur impunément. J'ai été beaucoup trop laxiste avec lui par le passé. Il a une sœur si je m'en rappelle...
- Non Curt, elle me coupe. Personne ne touche à ma belle sœur. Elle n'est en rien responsable des débâcles de son frère. Elle a toujours été là pour moi.
- Je ne parlais pas de lui faire du mal. Je la prenais juste en exemple. Que ce type vienne ici et me dise si c'était ça sœur qui vivait pareille situation, est ce que cela lui plairait.
Elle baisse la tête. Elle doit sûrement se dire les mêmes choses que moi. Ce qui la rend tout à coup mal à l’aise.
- Elle est où ma nièce ? Je change de sujet.
- Elle est là haut. Elle dort. J'ai préparé une chambre pendant que tu n'étais pas là. J’espère que cela ne te posera pas problème.
- Hmmm okay. Ce n’est pas un souci. Il est tard. Tu devrais aller dormir. Tu es chez toi maintenant. Rien ne va t'arriver ma puce. Je prends le relais.
Je m'en vais me coucher moi aussi. Je reviens de Manchester. J'étais avec Isidora qui m'a fait savoir qu'elle retournait en Serbie pour un temps. Je lui ai promis de l'appeler en rentrant. Cela m'est passé par oubli. Disons que, c'est ce que je lui dirais quand elle me le demandera. En réalité, je lui ai juste dit ça pour m'en défaire.
Tellement de temps s’écroulait depuis que ma sœur avait quitté sa maison. Et plus le temps passait, plus l’histoire semblait être tiré par les cheveux. Aleksandar accusait Isidora. Qui, elle aussi l’accusait à son tour. Tout s’embrouille dans ma tête. Maintenant que j’ai Lindsay avec moi, je suis convaincu que celui qui mentait c’était sûrement Aleksandar. Mais je reste tout de même sur mes gardes. Il me semble que chacun des deux m’ont raconté une demie vérité.
Le lendemain matin, j'ai pris le petit déjeuner avec ma sœur et ma nièce à table. Comme si elle redoutait quelques choses, Lindsay tenait sa fille dans les bras tout le long.
- Tu peux la poser Kimie. Tu n’as pas à avoir peur. Avec moi vous êtes en sécurité.
- Je sais.
- Si tu as besoin de sortir tu me le dis. Je t'enverrai quelqu'un de fiable. Après ça, je pense que tu as tout dans la maison pour aujourd'hui. Demain on ira faire les boutiques pour prendre ce qui manque et te changer les idées.
- D'accord, elle siffle. Encore une fois, merci de me recevoir chez toi.
- Lindsay, tu es ma sœur. Avec mamie, vous êtes ma seule famille. Je me dois de veiller sur vous.
- Oui. Mais... Tu vas te mettre en danger pour moi. J’ai peur de ce que peux faire Alek en découvrant que je suis ici.
Je m'apprêtais déjà à partir. En l'entendant parler en ces termes, je reviens m'accroupir devant elle en lui tenant les joues de me mains.
- Ne parle pas ainsi mon cœur. Tu es ma petite sœur. L'unique sœur que j'ai en plus. Après la mort des parents, j'ai juré que tant que je vivrai, tu ne connaîtras pas la souffrance. Et aujourd'hui on en est là. C'est de ma faute tout ça. Et je te demande pardon pour tout princesse. Je jure sur ma vie que je lui ferai payer son impertinence à cet homme. On va d'abord mettre fin à cette farce que vous aviez appelé mariage. Le reste va tout naturellement suivre. S'il sait porter ses couilles, qu'il vienne te chercher.