V
Dans la salle d'interrogatoire
Alex reste avec Jason afin de lui faire signer quelques papiers suite à sa déposition. Il crève d'envie d'arracher les yeux à ce type, pourquoi à t-il fallut qu'il ouvre sa gueule ?
Alexandre : " À partir de maintenant tu ferme ta bouche, est-ce que c'est bien clair ? " murmure t-il avant de se lever et de raccompagner Jason jusqu'à la sortie.
Celui-ci acquiesce puis part telle une âme en peine. Il ne pourra plus jamais revoir Tamara et il devra vivre, avec comme dernière image d'elle, celle d'une femme terrifiée et meurtrie.
Alexandre est furieux, marchant d'un pas lourd et déterminé vers moi. Il entre dans mon bureau avec fracas puis me hurle dessus sans ménagement.
- " PUTAIN MAIS POURQUOI TU AS FAIS ÇA LILAS ?! POURQUOI ?! EST-CE QUE TU IMAGINE L'IMAGE QU'IL VA DEVOIR GARDER DE SA PETITE AMIE ? T'ES CONNE OU TU LE FAIS EXPRÈS ? "
Samuel et deux autres de mes hommes font irruption dans mon bureau afin de le calmer. Il est vrai que j'agis bien souvent sans penser aux sentiments des autres, je blesse les gens à tout va ce qui a pour effet de me retrouver seule, sans amis. Alexandre est la seule personne au monde à être proche de moi, je n'ai personne à part lui.
Moi : " Je suis désolée " dis-je, dos à lui en faisant semblant de fouiller dans un tiroir.
Je me sens horriblement nulle à cet instant, repensant à mon père et la façon dont il a perdu la vie. Alexandre finit par se calmer et tourne les talons pour sortir du commissariat. Je sais tant bien que mal que notre amitié vient d'en prendre un coup, je sais que bientôt je vais devoir le mettre devant le fait accompli et dans un sens, ça me terrifie.
Samuel : " Lilas... "
Il tente une approche assez douce mais je reprends vite le dessus afin de ne pas me laisser submerger. Après tout, je suis habituée à passer pour la méchante, on ne me surnomme pas la sorcière pour rien. La main que Samuel tendait vers moi se fige dans les airs, se demandant s'il est nécessaire de prendre ce risque. Ses sentiments envers moi commencent à être compliqués. Il part sans un mot, me laissant seule avec mes démons.
Je fais vite le tri dans ma tête afin de me concentrer sur cette Maureen. Je tape son nom dans notre fichier et bingo, c'est bien la fameuse femme au percing. Extorsion, harcèlement, délit de fuite. Elle a tout un charmant CV à son actif. Dernière adresse connue : la cité Lazar. Pourquoi ça ne m'étonne pas ?
Le gang de Lazar tire son nom de la plus grande cité de Paris. Entre crimes et trafiques en tout genre, le gang ne cesse de s'agrandir et devient de plus en plus puissant depuis que son chef en est à sa tête. Personne ne sait qui il est et à quoi il ressemble. Les rumeurs disent que c'est un étranger, d'autres que c'est un vieux Monsieur... bref, tout autant de médisances que de vérités. Allez savoir...
Je réfléchis quelques instants avant de me décider. Me pointer avec une horde de flics au pied de la cité ne fera que nous mettre en porte à faux. Je vais la jouer stratégique. Je prends mes clés de voiture afin de rentrer chez moi. Samuel me regarde en passant ne sachant pas comment réagir. Il meurt d'envie de me courir après mais sa raison le somme de me laisser partir.
Une fois chez moi, je prends une douche puis je m'accorde un peu de repos. Je dors quelques heures puis je me décide à franchir le pas. Je m'habille de mes vêtements les plus sombres, j'ordonne à mes deux doberman de me suivre puis me voilà au volant de mon luxueux Range Rover afin de montrer à ces petits trous du cul qui est le boss ici.
Il est quinze heures quand je me gare au pied du bâtiment Everest, celui où est censé loger Maureen. J'observe attentivement les cinq guetteurs à l'entrée du bâtiment, le moindre faux pas me rendrait vulnérable. Je reste à peu près une demie heure puis je pars. Je reviens au même poste durant plus d'une semaine, je finis par sortir de ma voiture, assise sur le capot, fumant une cigarette et observant la scène. Je sais pertinemment que je suis repérée depuis un moment mais c'était le but. Je veux qu'ils me voient et qu'ils se posent des questions.
Le lendemain, je passe à une toute autre stratégie. Maintenant que je les ai habitués à ma présence, je vais aller gentiment me présenter ! Aujourd'hui ils sont seulement trois à l'extérieur mais je ne suis pas folle, je sais très bien qu'ils sont deux fois plus dans le hall du bâtiment. Ils me regardent avancer vers eux avec stupeur. Pourquoi une aussi belle femme viendrait se perdre dans cette cité ?