Chapitre 1
Pfff…pffff…allez deux de plus!
Je suis en train de pousser le fer, enfin fer de fortune quand j’entends un bruit derrière moi. Je dépose la barre et me redresse. Moi à bout de souffle: Vas tranquillement remettre ce que tu as pris à sa place!
Lui: J’ai pris quoi? Moi: Oh Aristide ne t’amuse pas avec moi ou je te vibre! Aristide: Mais je ne sais pas de quoi tu me parles.
Moi: J’ai dit tu t’amuses avec moi je te vibre. Où sont les fap colos que j’ai laissés dans la chimbeule? Aristide: Je ne sais pas je vais entrer dans ta chambre et prendre 5000 pour faire quoi? Tu ne me refuses jamais les miettes grand. Moi: Donc c’est parti en brousse?
Aristide: Mais je sais pas grand! Le petit là veut me rendre bête. Je vais dans sa chambre et regarde dans tous les recoins de son lit. Il n’a pas beaucoup d’endroits pour cacher ses affaires vu que la chambre est petite. Malheureusement je ne trouve rien. Ça me tend les nerfs, j’ai envie de prendre une clope et une galette chez le boutiquier. Pfff! Comme je n’ai pas de preuve, je zappe et sors de la maison. Oui il m’arrive de fumer quand je suis tendu. Ce sont mes poumons, je gère. Comment? Laissez ça je vous dis que je gère. Au fait, Aristide c’est mon mbindi, mon petit frère. Il a 22 ans et il apprend à l’UOB. C’est un bon petit sauf dans certains moments comme maintenant. C’est vrai qu’il n’a pas l’habitude de me prendre de l’argent mais je l’ai déjà vu porter mes habits pour bouger au school. Techniquement c’est du vol non? Alors! S’il me vole les habits il peut me voler les miettes (argent). Vu que j’ai fini de transpirer, je vais prendre une douche avant de porter un jeans et un débardeur. Ma chaine au cou et ma mboko(timboko ou timberland) aux pieds, je sors de la maison.
Je bifurque dans la rue pour me rendre chez mes autres frères, de parents différents, mes combis de toujours, mes acolytes d’armes. Bref vous voyez un peu… Je les trouve dans le salon et ils me sourient en me voyant arriver en criant le C. Nous sommes chez l’un d’eux: Gringo de son vrai nom Arnaud Rekoula. Il vit chez son oncle depuis toujours, en fait depuis qu’il a quitté ses parents en province, une éternité. Le seul soucis c’est que la femme de son oncle ne l’aime pas beaucoup. C'était dur avant mais maintenant il n’a plus besoin d’eux, financièrement je veux dire donc c’est cool. De toute façon, il n’est à la maison qu’occasionnell ement vu qu’il a toujours des trucs à faire.
Moi: Comment gringo? Gringo: Laisse mani je suis trop High où tu me vois là.
Moi: High comment? Tu as encore pris le mbaki (chanvre) hein?
Gringo: Qui? Barat! (non) Moi: Mais qu’est ce qui te rend high? Gringo: La vie frangin la vie. Ou bien le ngue?
Le ngue: Mani moi je ne te suis même pas un peu. Je suis cassé vrai. .
Moi: Tu as encore fait quoi hier? Le ngue: Rien justement, c’est ce qui me casse. Moi: Ok top!
Le ngue: Mais tu as duré comme ça pourquoi? Moi: C’est pas mon mbindi là? Il a take mes do.
Le ngue: Oh Aristide vole maintenant? Moi: ... Gringo: Il t’a take combien?
Moi: fap colos Gringo: Oh les fap colos de la dame?
Moi: Ouais man! Gringo: Toi tu es kinda hein, tu m’as donné ça non?
Moi: Quand? Gringo: Quand je suis passé chez toi pour le truc de David et je n’avais pas le teuch (l’argent du taxi). Moi: Ahhh oui c’est vrai. Mais mani faut toujours rappeler. Gringo: Laisse ça! Tu voulais déjà accuser mon bon petit. Moi: J’ai même failli le bastiller vrai. Le ngue: Kiakiakiakia! Faudra t’excuser.
Moi: Ouais tranquille! Le ngue: Bon c’est quoi le programme?
Moi: Charbo! Le ngue: Encore? Moi: Man c’est ça ou rien.
Le ngue: Ok, comme tu veux. Gringo: Moi je suis partant. Y toujours le gain au charbo. Moi: Top! On perd le temps chez gringo en attendant la nuit. Ces gars je les connais depuis mon enfance. Nous avons tous évolué a SBG et les circonstances nous ont réunis. On a fait notre secondaire au lycée Jean Hilaire Aubame et dans toute la logique du monde, nous avons atterri à l'université. A un certain moment, nous avons du faire un choix pour payer nos études, un choix qu’on aurait pas eu à faire si on n'était pas des marginaux. J’ai toujours été celui qui prenait les décisions, celui qui organisait les deals. Quels deals? Vous le saurez ce soir… Le ngue: Passe moi le paquet de clopes!
Moi: Tu n’as pas dit que tu arrêtes de fumer? Le ngue: Dans quoi? Laisse ça on n'arrête pas brusquement, c’est un peu un peu.
Moi: Ta mater va encore craquer avec toi. Le ngue: Genre?
Moi: En tout cas… Je lui passe le paquet de cigarettes posé sur la tablette comme il me l’a demandé, après en avoir pris moi-même, et s’en allume une. Lil du Ngue aka le ngue de son vrai nom Lilian Nguema Vit avec sa mère et sa soeur qui techniquement n’est pas là. Etant l’homme de la maison depuis le décès de son père, il se devait de prendre certaines décisions importantes et s’assurer qu’elles auraient le minimum. Par exemple, c’est lui qui paie pour la license de sa petite soeur au Burkina Faso. C’est le moins qu’il puisse faire. Chacun a sa charge parmis nous: gringo a un fils vivant avec sa mère mais avec qui il a un contact régulier. Moi j’ai Aristide. Ma situation est assez semblable à celle de Lilian. Depuis que notre mère est décédée, c’est moi qui m’occupe de tout.
Vous vous demandez sûrement où est mon père. Je ne sais pas, J’ignore même s’il est en vie. Le seul parent qu'on ait jamais eu est ma mère mais elle est partie bien tôt suite à un problème de rhumatisme. C’est à cette période que j'entamais mon master. J’ai décidé d'arrêter et de me concentrer sur l'éducation d’Aristide. De toute façon BTS, licences ou master, j’aurais pas trouvé d’emploi facilement. J’ai bien déposé mes dossiers partout mais j’ai jamais eu de suite. J’ai tout de suite revu mes priorités et mes potes ont embarqué avec moi sur ce nouveau chemin. La seule chose qui me dérange est le temps et l'énergie que maman a mis pour que je sois un cadre de ce pays.