Chapitre 06
Chapitre 6
Quand mon père avait une idée en tête, il était impossible de lui faire changer d’avis. J’ai évité de perdre mon temps en insistant. Je lui ai dit que j’étais d’accord et j’étais sorti de son bureau.
S’il faisait plus confiance à Fatou Kiné qu’à moi, et bien qu’il en soit ainsi mais une chose était sûre personne ne peut réussir là où j’ai échoué. D’ailleurs même j’avais pas échoué, il me fallait seulement plus de temps.
J’allais faire en sorte que mon père regrette son choix. En plus de faire échouer Fatou Kiné dans ce projet, Hanne ne voudrait plus travailler avec nous.
Je suis allée voir ma secrétaire Madame Mbathie pour lui demander de convoquer Kiné à mon bureau.
Toujours aussi efficace et sans trop se faire attendre, Fatou Kiné me rejoignit quelques minutes plus tard. Elle portait un ensemble tailleur beige et des escarpins. Elle était toujours en talon, ça devait être dû au fait qu’elle soit pas très grande et que les cm en plus lui permettaient de plus s’imposer.
J’avais beau la considérer comme une personne que je voulais amener au bord du gouffre et la pousser pour qu’il tombe, mon sexe n’était pas du même avis. Il me suffisait juste de la reluquer pour avoir un début d’érection, je pense que j’ai un problème.
-Tu m’as appelé ???Finit-elle par dire sans doute face à mon silence qui commencé à devenir bizarre.
-Oui. En fait, je viens de sortir du bureau de mon père et il veut que tu t’occupes de l’affaire Hanne.
-Daouda Hanne ?
-Le seul et l’unique.
-Je pensais que c’était toi qui t’en occupais.
-Sauf que mon père veut que tu t’en charges.
-C’est un gros client.
-Dans la mesure où j’ai travaillé sur son dossier, je pense être assez au courant.
-Pourquoi ton père veut que je m’en charge ?
-Et bien ma chère, va le lui demander. Il semblerait qu’il te t’a fallu qu’un mois pour l’avoir dans ta botte. Après c’est compréhensible. Il t’a souvent sur le dos. Après un gros morceau, au moins ça t’occupera. Pas besoin de préciser qu’il ne fait rien d’autres que te lancer une fleur.
Elle ferma les yeux pendant quelques secondes, quand elle les ouvrit son regard était pire que meurtrière.
-Déjà que je ne te permets de me parler sur ce nom. Tu n’es pas mon pote, nous ne sommes pas amis.
Elle parla en accentuant chaque mot. Avant que je ne m’exprime, elle continua.
-Le « ma chère », tu peux te le mettre là où je pense, si tu ne peux pas m’appeler Fatou Kiné, ne m’appelles pas tout simplement. Je ne suis aucunement une lèche-botte qui a besoin qu’on jette des fleurs, mon travail parle de lui-même. Si tu étais aussi bon que tu prétends l’être, ton père n’aurait jamais pris ce projet de tes mains pour les mettre dans les miens.
J’ai commencé de cette façon car je voulais la blesser mais là c’est elle qui me blessait. Alors que je cherchais mes mots, elle alla plus loin.
-Ta réputation t’a précédé avant que je ne te voie pour la première fois. Tu es habitué à ce que les femmes te mangent dans la main et à ce qu’elles se plient à tes 4 volontés. Malheureusement pour toi, j’en fais pas partie. J’ai bien compris ce jeu de séduction que tu as entamé dès que j’ai franchi le seuil des portes de cette entreprise. S’il te plait, rends-moi service et rends-toi service par la même occasion arrête ça. Donne tes charmants sourires et tes répliques à quelqu’un à qui ça fera vraiment envie.
Elle se leva.
-Je veux entamer l’affaire Hanne dès aujourd’hui envoie un mail avec tous les détails. Le plus vite sera le mieux.
Elle se cassa sans même me donner un dernier regard.
Issa entra quelques secondes après. Je me rendis compte qu’il était devant la porte et qu’il a dû tout entendre.
-Et bien j’aurais payé pour voir ça…Se moqua Issa mais je l’ignorai.
-A quoi ça t’a servi ?
Il éclata de rire.
-Elle a bien dit que tu essayais de la séduire ??? Demanda Issa comme si ce que Kiné avait dit n’était pas assez clair.
-Va te faire foutre. Et sors de mon bureau, j’ai du travail.
-Non pas après ce que je viens de voir. La tension était quand même montée.
-Il n’y a aucune tension, je saurai gérer.
Je terminai ma phrase avant que Cheikh, mon autre frère ne nous rejoigne.
-Qu’est-ce qui le fait rire lui ?
La question m’était adressée mais Issa a répondu.
-Il se trouve que notre petit frère vient de se prendre le vent du siècle. Mais que dis-je ? C’est bien pire qu’un vent. Il s’est fait giflé avec des mots. J’étais tellement gêné que je voulais me faire tout petit quand Kiné est passé devant moi.
-Kiné ? Qu’est-ce qu’elle a fait ?
-Tout ce que je peux te dire c’est que Fatou Kiné est impressionnante quand elle est en colère. Je vais éviter de la fâcher…Sourit Issa.
-Elle est super gentille et tout. Qu’est-ce qui l’a mise en colère ?
-Et bien, demande à ton frère…Répliqua Issa.
-Puisque tu écoutes aux portes comme une commère qui cherche des trucs à rapporter, fais-toi plaisir.
-Tout ce que j’ai entendu c’est quand elle t’a demandé d’arrêter ton jeu de séduction.
-Habib, s’il te plait, ne me dis pas que tu es en train d’essayer de la séduire.
-Quoi encore ? Elle est une femme et je suis un homme.
-Tu t’es remis avec Natasha, toi ?
-Oui mais en relation libre.
-Je doute que ça soit ce qu’elle pense. Je l’ai trouvée dimanche à la maison pour voir maman quand je m’y suis rendu…Me fit savoir Cheikh.
-Quoi ???M’étranglai-je… Elle ne m’a rien dit.
-De toute façon, c’est vos problèmes et je m’en fous. Contente-toi d’elle ou va voir ailleurs mais laisse Kiné tranquille.
Si la voix de Cheikh était calme, ces mots sonnaient comme une menace. Genre « Tu fais pas ce que je te dis et je te casse le crâne petit frère. »
Je me suis levé de mon siège et je suis allé fermer la porte de mon bureau, je ne pouvais pas prendre le risque que Kiné qui est déjà très fâchée contre moi en remette une couche.
J’avançai jusqu’à Cheikh avant de m’adresser à lui.
-Soit tu as tellement fait copain-copain avec elle que tu crains que je lui brise le cœur ou soit elle plait. Dans la mesure où on est fait du même bois, je penche pour la seconde option.
-Oui elle me plait. J’ai envie de construire quelque chose de vrai avec cette fille. Je te connais et je sais qu’à part une nuit, tu ne veux rien d’autre. Je te laisserai pas tout gâcher.
-Tu n’as pas besoin de crier donc du calme. Si tu y tiens autant, je vais te la laisser. On va pas disputer pour une fille, on vaut plus que ça.
-Tu vas me la laisser ? Tu te rends au moins compte d’à quel point c’est arrogant ?
-C’est Habib. On a l’habitude de le voir monter sur ses grands chevaux…Intervint Issa qui se tenait à l’écart depuis un moment.
-Entre lui et moi y a pas match…Répondis-je à Issa à l’encontre de Cheikh.
-Oui y a pas match car c’est lui qui va gagner…Me surprit Issa.
-Quoi ?
-Dois-je te rappeler ce que Fatou Kiné a dit quand elle a évoqué ton jeu de séduction. Avec elle tu t’es complétement ramassé. Admets-le et ça nous fera des vacances.
-De toute façon, si Cheikh la veut qu’il la garde. Elle ne m’intéresse pas.
Tous les deux me regardèrent comme s’ils me voyaient pour la première fois. Ça devait se voir à des kilomètres que je mentais.
-C’est juste un mari que j’ai fait avec Moctar. J’irai le voir pour tout annuler. Tu m’auras plus sur ton chemin. Surtout bonne chance, cette fille déteste tout.
-Va pas trop vite là. Tu as bien dit pari ??? Demanda Issa.
Je commençai à leur raconter toute l’histoire comment je me suis moqué de Moctar avant de le défier, d’être allé dans son bureau et de trouver une femme que j’avais méprisé auparavant ce qui expliquait la venue subite de Kiné dans l’entreprise. J’avais même parlé de son ex en précisant à Cheikh que ça allait peut-être compromettre ses chances.
Après cette longue discussion, mes deux frères se sont chacun rendus à son bureau et moi j’ai envoyé le mail concernant le projet Hanne à Fatou Kiné avant qu’elle ne vienne me le réclamer en en profitant pour m’étriper.
Je l’ai pas revu de la journée et tant mieux. En rentrant à la maison, je suis allé chez Moctar. Pour lui dire que j’abandonnais et lui demander ce qu’il voulait.
Il était surpris de me voir. C’est vrai que j’avais pas prévenu.
-Qu’est-ce qui t’amène ???Me demanda-t-il avant que nous prenions place.
-Fatou Kiné.
-Ça y e est tu t’es pris un vent?
-J’ai même pas eu l’occasion de me prendre un vent.
-Quoi ? Tu continues alors ?
-Non. Si je suis là c’est pour te demander ce que tu veux. J’admets m’être planté et avoir perdu.
Il se mit à rire.
-Je te connais assez pour savoir que t’aurais jamais abandonné sans au moins tenter ta chance. Dis-moi ce qui s’est passé.
-Elle m’a crié dessus ce matin en me faisant clairement comprendre que je ne l’intéressais pas.
-J’en étais sûr.
-En plus Cheikh a des vus sur elle.
-Ton frère ?
-Comme si j’en connaissais plusieurs.
-Je vois maintenant.
-Je vais pas laisser ce pari gâcher les chances de Cheikh avec Kiné. Je vais pas faire mon égoïste pour une fois.
-C’est très noble de ta part.
-Je sais être un cool gars quand je m’y mets.
-Tu ne ressens rien pour Kiné.
-A part un début d’érection que j’obtiens que je plonge mes yeux dans son décolleté ou quand j’imagine que dans son pantalon doit se cacher un string, non je ressens rien pour elle.
-J’avais oublié que l’amour ne fait pas partie de ton vocabulaire.
-Oui ça le fera jamais. Tout ce qui me reste à faire c’est de regarder Fatou Kiné comme une machine en talons et ça me passera.
Je regardais qui au lieu de répliquer me tendait la main.
-Qu’est-ce que tu veux ?
-Les clefs de ta voiture.
-Ah je vois. Laisse-moi au moins m’en trouver une nouvelle et elle sera toi.
-Tu as jusqu’à la fin de semaine.
-C’est suffisant.
-Cool alors. Comment va Natasha ?
-Bonne au lit, chiante pour tout le reste.
-Comme d’habitude.
-Oui rien a changé. Ce n’est qu’une question de temps avant que je ne me débarrasse à nouveau d’elle.
-Franchement j’ai souvent du mal à te comprendre. Ton couple avec elle a toujours été une question de cul, tant qu’elle est bonne au lit le reste doit t’importer peu.
-Je connais Natasha elle n’a aucune idée d’où se trouve les limites. Je la vois bien planifier notre mariage sans me consulter.
Il rigola pourtant j’étais sérieux.
Je me levai.
-Je vais rentrer et me reposer. J’ai passé une sale journée.
-J’imagine.
Après des au revoir, je sortis de son appart pour le mien.
*******
J’étais concentré sur mon ordinateur quand j’ai entendu toquer.
-Entrez…
Fatou Kiné se montra. Toujours aussi bandante, j’essaierai de convaincre mon cerveau et le petit bonhomme dans mon pantalon de commencer à le regarder différemment.
-Bonjour.
-Bonjour…Répondis-je en montrant un siège de la main.
-Non je vais être brève.
-Ok. Que veux-tu ?
-Le bilan financier de l’entreprise THS pour l’année dernière.
-Pour ?
-Tu plaisantes j’espère ?
-Pourquoi le ferais-je ?
-Comment vais-je faire signer quelque chose à Daouda Hanne sans ce bilan ?
-Ce bilan c’est moi et je ne partage pas.
Pourquoi le lui donnerais-je ? Si elle le voulais, elle n’avait qu’à le faire elle-même. Pourquoi l’aiderais-je à réussir alors que je rêve qu’elle échoue.
Elle avança vers moi et se plia légèrement en s’appuyant sur le coin de mon bureau. Si je me redressai un peu, je pourrais avoir une vue plongeante sur sa poitrine dans son chemisier. A ce moment, je me demandais quelle sorte de soutien-gorge portait-elle ? Serais-ce de la dentelle ?
Je m’infligeai par la suite des claques invisibles en me sondant de rester concentrer.
-Petit égoïste qui sait pas partager. Cette place je l’ai obtenu par mérite, je n’ai point besoin de toi. Tu as deux options, soit tu te décales afin que je puisse me mettre à côté de toi ou soit je t’écraserai si tu te mets à travers de mon chemin. A toi de voir. Ce bilan je l’aurai de gré ou de force.
Elle se retourna pour quitter mon bureau mais elle me fixa à nouveau avec un sourire de vainqueur sur les lèvres. Elle croyait m’avoir cloué le bec. Elle a dû oublier à qui elle avait affaire.
Je pouvais pas la laisser partir comme ça.
-« Bébé »…J’accentue bien le bébé me souvenant qu’elle avait pété un câble hier car j’avais dit ma chère…J’ai un trou de mémoire quant à là où j’ai gardé ce bilan. Peut-être qu’un petit massage m’aidera à me retrouver.
Devinez sa réaction.