Chapitre 04

Chapitre 4 : Pas cette femme, c'est ta Luna

— Tu seras également tenue de ne divulguer à personne aucune information concernant ce contrat ou la malédiction de l'Alpha. Les conséquences seront à la fois rapides et brutales si tu le fais. Est-ce clair ?

— Ça me va. J’ai cependant ma propre demande, déclare Anna.

Alpha Nocturne plisse légèrement les yeux, s'interrogeant sur ce qu'elle va lui demander. Il s'attend à des exigences extravagantes, mais conserve son attitude impassible en attendant patiemment.

— Tu peux faire ta demande..., intervient Allen d'un ton prudent, en lui faisant signe de continuer.

Anna prend une profonde inspiration et esquisse un léger sourire.

— Ce n'est rien de grave, ne t’inquiète pas. Tout d'abord, avant de retourner dans la meute avec toi, je veux avoir l'occasion de dire au revoir à ma famille. Ensuite, je souhaite continuer mon travail dans l'entreprise de mon ancienne meute, si possible. Et pour finir... je voudrais pouvoir voir mes amis de temps en temps.

— J'aurais dû lui demander les organes de notre salaud sur un plateau..., grogne Maeve.

— Pourquoi cette obsession pour ses parties intimes, Maeve ?, s'étonne Anna intérieurement.

— Peut-être que s'il les avait gardées pour lui une nuit de plus, je ne serais pas aussi amère…, réplique Maeve.

Allen observe Anna avec méfiance alors qu'elle continue la conversation.

— Je ne le demanderai pas cette fois..., dit-elle précipitamment en percevant le sourire de Maeve face à sa réponse.

— Clairement trop forte pour les mâles de la meute de la Lune, commente Maeve en s'étirant langoureusement, tandis qu'Anna roule des yeux en silence.

— Alpha Nocturne accepte tes demandes. Rien d'autre ?, demande Allen avec prudence.

Anna secoue la tête.

— Très bien. Nous avons des affaires en ville, nous viendrons te chercher demain soir dans la meute de tes parents. Est-ce acceptable ?

Anna hoche doucement la tête.

— Alors signe ici pour accepter la première ébauche du contrat. D'autres modifications pourront être faites plus tard avec l'accord des deux parties. Compris ?

Anna attrape le stylet, signe et inscrit son nom.

— Si c'est tout, Alpha Nocturne, Allen, je vais partir maintenant pour me préparer, annonce-t-elle.

— Tu devrais m'appeler Adam. Me qualifier d’Alpha Nocturne va éveiller les soupçons.

— Très bien, Adam. À demain soir, répond Anna en souriant avant de sortir.

Après son départ, Adam se tourne vers Allen, un sourire satisfait aux lèvres.

— Heureux maintenant ? Une compagne sous contrat et une Luna pour la meute, dit-il en s'adossant, fermant les yeux, visiblement satisfait.

Un silence suit ses paroles, jusqu'à ce qu'Allen s'exprime prudemment.

— Alpha, as-tu déjà rencontré cette femme auparavant ?

— Non.

— C'est juste que...

— Dis ce que tu as à dire, Allen…, le presse Adam avec impatience, fronçant les sourcils.

— Cette femme est Anna Veritas. La fille du Roi Alpha, répond Allen, hésitant.

Adam ouvre les yeux et fixe le plafond un instant avant de se pencher en avant, regardant Allen droit dans les yeux.

— Peut-être devrions-nous en apprendre davantage sur elle. À qui elle est destinée, pour quelle entreprise elle travaille et pourquoi elle veut absolument échapper à ce mariage, suggère Adam.

Allen acquiesce, prenant note des instructions de son Alpha et envoyant des ordres à leur équipe de renseignement.

— Oh, et Allen ?

— Oui, Alpha ?, répond-il en levant les yeux pour croiser le regard perçant de son Alpha.

— Ne l'appelle plus "cette femme". Elle est ta Luna à partir de ce jour. N’oublie pas, grogne-t-il en se levant pour partir.

Après sa discussion avec Alpha Nocturne et son Bêta, Anna rentre directement chez elle. Elle évite autant que possible les rues principales, au cas où elle croiserait quelqu'un par inadvertance en chemin.

Elle s'insulte intérieurement tout en se pressant dans les rues sombres et peu éclairées. Comment a-t-elle pu être aussi imprudente ? Non seulement elle risque d'être la cible de tous les commérages, mais elle vient de se lier à l'un des Alphas les plus redoutés et notoires de leur communauté. Cette seule pensée suffit à la faire frissonner.

En approchant de chez elle, elle ouvre la porte latérale, essayant de ne pas faire de bruit pour éviter d’attirer l’attention sur son retour si tard dans la nuit.

Des éclats de voix proviennent d'un des salons, suivis de rires. En passant devant, elle reconnaît les voix de sa belle-sœur, sa belle-mère, et son père. Son cœur se serre, la douleur de se sentir délaissée par celui qui, autrefois, l’aimait tendrement, l'envahit.

Soupirant légèrement, Anna continue dans le couloir, tenant les jupes de sa robe de mariée. Elle atteint les escaliers quand la porte du salon s'ouvre brusquement, résonnant dans le couloir. Anna se fige alors que la voix mielleuse et hypocrite de sa belle-sœur Ada l’atteint.

— Oh ! Maman ! Papa ! Regardez qui rentre enfin !, lance Ada avec un faux air choqué. Je n’avais même pas réalisé qu’Anna était partie ! Regarde l'heure ! Et la veille de ton mariage ! Que vont penser les gens ?

Anna se retourne, furieuse, et fixe Ada, les yeux plissés de colère.

— Oh mon Dieu ! Ta robe !, s’exclame Ada en haussant la voix. Elle est complètement abîmée ! Comment comptes-tu la porter demain pour la cérémonie ?

Ada se place devant Anna, les bras croisés, son regard dédaigneux parcourant l’apparence échevelée d'Anna.