Chapitre 06
Partie 6
(Annie)
Le gynécologue viens de m’examiner et de me confirmer que je suis enceinte de 12 semaines. Tout semble normal mais elle a un peu l’air inquiète. Elle m’envoie faire une échographie et souhaite me revoir juste après…
Peter a tenu à lui-même choisir le médecin qui m’ausculterais, je le comprend car comment ouvrir ce que l’on a de plus intime et le montrer à des personnes extérieures, hummm. C’est mon tour, j’entre dans le bureau du medecin. Le Gel est froid… Je frissonne, Il m’appuie le bas ventre avec la sonde sans tenir compte du fait que je viens d’ingurgiter 1 litre d’eau… Mais je suis inquiète, donc pas le temps de penser à ma vessie…
Il cherche, il cherche encore pendant de longues minutes et finalement il trouve… Il me parle… Voici la poche, il y en a 1 seul, voici le bébé, voici son cœur, il bat bien… Il appuie encore, il me parle attendez… on dirait qu’il ya un second cœur… ahaha, voici le coquin qui se cachait, il y en a un second dans la poche, mais il est plus petit que l’autre il me semble… je prends les mesures…
Il ne parle presque plus, son visage est impassible, il tire les clichés de l’échographie appelle une infirmière et lui remets le dossier pour qu’elle me conduise à la consultation… Je me demande pourquoi il ne me les a pas remis en main propre.
Nous arrivons chez le gynéco. Elle me reçoit, elle examine les clichés et finalement :
- Madame Omotayo, vous attendez des jumeaux issues d’un même oeuf, mais il y a un problème. Il semble que nous soyons dans un cas de transfuseur-transfusé.
- Quoi, qu’est-ce que ça veut dire ?
- Vos enfants partagent le même placenta, et il semble que l’un des deux ait une mal formation au niveau du système circulatoire et tout le sang qu’il reçoit du placenta, il le renvoie à son frère, et du coup il se développe mal…
- Attendez qu’est-ce que vous essayez de me dire…
- Ce qui se passe, Madame c’est que vos deux enfants sont dans le même œuf, nous ne pouvons rien tenter pour les séparer, nous perdrions les 2… Ici nous n’avons pas le plateau technique pour suivre votre grossesse… Car ils peuvent survivre jusqu’à un certain temps, tout dépend du taux de nutriment que le jumeau malade arrive à tirer du sang avant qu’il ne reparte chez son frère…
Je n’entends plus rien de ce qu’elle me dit, j’entends juste que je risque de ne pas avoir mes enfants. Dans un état second je décroche mon téléphone, j’appelle maman :
- Allo maman, je suis à la PISAM en gynéco-obstétrique, viens me chercher…
Je raccroche le téléphone, je me lève et m’effondre…
Quand j’ouvre les yeux maman est à mon chevet, elle est en prière, j’éclate en sanglot. C’est trop dur, que se passe-t-il ? C’est quoi cette histoire… Elle s’assoit sur mon lit, me prend dans ses bras et me berce, je pleure, encore et encore… de tout mon soul, enfin je me calme et je lui fais un récit de ce que j’ai retenu… Elle est calme elle me dit ce n’est rien, prions, Dieu est capable de faire… JE suis dans ses bras, elle prie avec moi, je me sens bien, en paix je retrouve le courage et l’envie me battre… Quand la porte s’ouvre brusquement…
Peter, renfrogne tout de suite la mine quand il me voit dans les bras de ma mère, il n’a pas intérêt à m’énerver la car entre les hormones et tout ce que je viens de subir là, hum…Il la salue à peine avant de contourner le lit et de s’asseoir à côté de moi. Il me prend la main, l’embrasse, je vois ses yeux se mouiller de larmes… Maman se lève et s’assoit sur la chaise… Elle a les yeux clos et es toujours en prière…
- Comment vas-tu my Darling ?
- Tu as vu le médecin, tu as entendu ce qu’elle m’a dit?
- Oui ma chérie, et je t’assure qu’on fera tout ce qui est humainement possible, tous les deux ensemble, unis et nous vaincrons…
- De quoi tu parles, elle dit qu’il n’y a rien a faire, juste attendre et regarder ce qui va se passer…
- Non, je ferais venir les plus grands spécialistes du monde on ira là où il faudra pour sauver nos enfants…
Il m’étouffe et son discours m’énerve, à cet instant précis là, je sais que si ce n’est pas une intervention divine aucun de deux enfants aujourd’hui dans mon utérus ne survivra… Je remarque que maman s’est discrètement éclipser de la chambre. Je lui dis :
- J’aimerais te demander une faveur,
- Tout ce que tu voudras ma chérie…
- Tu as bien dis tout ?
- Enfin tout ce qui est raisonnable…
- Je voudrais rentrer chez maman, pour quelques jours.
Sa mine se renfrogne, je sens qu’il s’apprête à me faire un discours, j’attaque en même temps :
- Tu as dit tout, mais tu ne comprends rien, tu ne me comprends pas. Tu n’es pas une femme tu n’as pas eu d’enfant, ce que je ressens en ce moment tu n’en a aucune idée, j’ai besoin de ma mère, qu’elle me fasse ses bons petits plats et qu’elle me couvre d’amour, et que je n’ai aucune responsabilité pendant quelques jours juste celle d’être bien… Tu penses que si je ne suis pas bien les enfants seront bien…
J’éclate en sanglot, et je crie même, maman ouvre la porte avec les gros yeux… Il cède
- Mais pourquoi tu te mets dans cet état-là, je n’ai encore rien dit Darling. Mais bien sûr que tu pourras passer quelques jours chez maman…
Il me prend dans ses bras pour me calmer… Je me tais enfin, il se tourne vers maman et lui dit :
- Maman, je pense qu’Annie a besoin de repos et il serait bon qu’elle rentre avec toi, le temps que je cherche les meilleurs spécialistes pour son cas…
Maman lui coupe la parole.
- Le meilleur spécialiste pour ce cas c’est Jésus
- Oui maman, mais Dieu passe parfois par des hommes pour agir, peut-être quelqu’un a-t-il le savoir pour traiter ce cas, alors prions aussi que Dieu m’oriente vers cette personne
- Amen mon fils.
- Je vais voir avec les médecins s’il n’y a pas de contre-indication à ce que tu sortes tout de suite et j’irais vous déposer chez maman.
Il sort de la chambre je me jette dans les bras de ma mère en silence, je sens qu’elle est toujours en prière. Quinze minutes plus tard nous quittons la PISAM, direction Angré.
Maman m’installe dans sa chambre, et va s’occuper de me faire une bonne soupe de poisson pour déjeuner pendant que je prends ma douche… Tout de suite mes pensées s’envole vers Anna… J’éclate aussitôt en sanglot…
(Anna)
Je suis en train de finir de remplir les documents de ma garde quand mon téléphone se met à sonner. C’est Abidjan, humm… Je décroche :
- Allo
- Anna, c’est maman, je sais que tu dois être fatiguée après ta garde mas je t’en supplie appelle moi en rentrant…
- D’accord maman.
Cela ne présage de rien de bon… Je fais ce que j’ai à faire et deux heures plus tard j’ouvre enfin la porte de mon appartement. Je prends une douche pour me remettre les idées en place. Et j’appelle Abidjan :
- Allo maman
- Oui Anna, tu vas bien ?
- Moi ça va, mais j’avoue que je suis inquiète…
- Ecoute ta sœur est là, j’ai dû aller la chercher à la PISAM suite à un malaise qu’elle a fait.
- Attend si elle fait un malaise pourquoi tu l’enlèves de l’hôpital ?
- Calme toi je t’explique
En quelques minutes, maman m’explique le cas d’Annie, médicalement c’est un cas rare, tellement rare que je commence à poser des questions, a-t-on déjà eu ce cas dans notre famille, non malgré le fait que depuis plusieurs générations, il y ait de nombreux jumeaux dans la famille de maman… J’entends soudain dans mon esprit. C’est l’œuvre de Peter… J’ai froid…
- Maman, elle est là pour combien de temps ? Nous allons jeuner et prier pour que Dieu agisse car Dieu peut réparer ce système défectueux… Passe là moi…
- Allo Annie
Elle s’effondre aussitôt en sanglot… je lui parle :
- Annie, c’est toi qui m’a toujours dit que la prière du juste est efficace, nous allons crier à Dieu et il va guérir tes bébés, au nom de Jésus… Il faut que tu te lèves dans la prière. Tu as compris? Essaie de te reposer cet après-midi, je vais en faire de même, je rentre d’une garde. On se reparle vers 20h GMT, et nous allons prier ensemble… Toutela nuit s’il le faut… D’accord ma puce ?
- Oui Anna…
Je raccroche le téléphone, et je tombe à genoux pour invoquer Dieu pour ma sœur et pour ses enfants…
(Peter)
Elle m’a pris de cours en se mettant à pleurer pour aller chez sa maman, mais ce n’est pas grave, elle est sous haute protection spirituelle. Je sais qu’elle est trop affaibli pour lutter, mais je dois être vigilent. Je décide de ne pas rentrer à la maison, mais d’aller à Bassam pour consulter mon djoudjou, sur la conduite à tenir…
Il est presque 14h, je passe faire les achats pour monter mon autel de sacrifice. Et me voici en route. J’arrive à la maison de mon ami, qui est aussi un frère initiatique… C’est la raison pour laquelle je peux utiliser sa maison sans souci chaque fois que j’ai mes rituels. J’ai juste à passer un coup de fil.
Je m’installe et en attendant la nuit je travaille un peu. A 21H je commence mon rituel de purification, dès que je finis je me dirige vers l’océan… je monte mon autel, je présente les offrandes et j’invoque djoudjou… Enfin il apparait, il a l’air en colère.
Il s’énerve contre moi :
«Ou est-elle ? Pourquoi sous-estimes tu ces femmes ? C’est un travail de longue haleine pour arriver à endormir son esprit, et alors que nous sommes près du but tu fais des bêtises ? Le temps du sacrifice approche ! sais-tu ce qu’elles font à l’heure actuelle ? Regarde… »
Je les vois entourer d’une muraille de feu, je remarque l’ordinateur posé sur la table basse… Je vois l’image de Annaëlle…
Djoudjou disparait ! Une colère monte en moi je hurle face contre terre !!!
Ça suffit, on change de stratégie !!!!