Chapitre 3

2014

J'ai rendez-vous avec Julian dans son studio d'enregistrement qui se trouve sur Sunset Boulevard. De ce que m'a dit Rose, il était parti en tournée avec une certaine Cheryl, pendant un mois et il n'est revenu que ces jours-ci. J'ai encore une fois besoin de lui, je veux qu'il fasse la musique du mon long-métrage, car notre collaboration passé a été plus que fructueuse.

Je marche dans les couloir du bâtiment à la recherche du lieu de rendez-vous que m'a donné Julian. Je m'arrête quand je vois une porte ouverte sur un grand studio vide et où un jeune homme en blouson noir est allongé sur le canapé. Je reconnais immédiatement la silhouette de Julian. Il porte d'épaisse lunettes de soleil. Je m'approche de lui à pas de loup avant de poser mes mains sur lui violemment pour le faire sursauter. Il se lève brusquement et fait glisser ses lunettes à terre. Il les ramasse, exaspéré lorsqu'il me reconnait.

Julian : " Putain... t'es con! " dit-il, essayant de reprendre ses esprits.

Nathan : " C'est comme ça que tu attends un rendez-vous professionnel? La gloire t'a bien changé on dirait? "

Julian : " Ça fait un mois que j'ai pas dormis! Dès que trouve un coin confortable, je peux pas m'en empêcher, je somnole... "

Nathan : " Rose m'a dit pour ta tournée... c'était bien? " dis-je, en m'installant en face de lui.

Julian : " Ouais... ça m'a surtout convaincu dans le fait que ce que je préfère, c'est le travail en studio... être sur les routes, la pression, le public... ce n'est pas pour moi... et puis, avec Lucy... ça n'a pas été facile. "

Nathan : " Crois-moi, tournée ou pas, entretenir un semblant de vie de couple, ce n'est jamais facile... Bon! Tu es quand même prêt à écouter ce que j'ai a te proposer? "

Julian : " Oui. Je t'ai donné rendez-vous ici, pour te faire écouter des choses si besoin... Vas-y, je suis tout ouïe... "

Nathan : " Je vais réaliser mon premier long-métrage, avec la collaboration de ta chère meilleure amie... et en ce moment, on en train de recruter les personnes avec qui on voudrait travailler. Il se trouve que je me suis souvenu de la sublime musique que tu m'a faite et je souhaiterais que tu diriges la bande son de mon projet. Cette fois-ci, ce ne sera pas juste une musique d'ambiance, mais de vrais chansons, avec ou sans paroles, c'est toi qui décidera... J'ai besoin de tes dons pour rendre mon film incroyable... "

Il me sourit un instant, puis s'enfouit plus profondément dans le canapé.

Julian : " On dirait que je vais avoir du pain sur la planche ces prochains mois... "

Nathan : " Tu acceptes? "

Julian : " Tu viens de dire que Rose était de la partie, l'idée même que vous ayez réussi à vous entendre pour travailler ensemble m'intrigue au plus haut point! Je veux être là et vous regarder vous chamailler pour tout et n'importe quoi... "

Nathan : " Tu acceptes uniquement pour te moquer de nous? "

Julian : " Pas que... très sincèrement travailler avec Cheryl m'a laissé un goût amer... Je n'ai pas aimé collaborer avec une major, je pense que l'indépendance me va mieux... Combien tu me payes ? "

Nathan : " Tu verras ça avec Rose et Stefan... Voici le scénario. " dis-je en le sortant de mon sac et en lui tendant. " Lis-le, et fais-moi un retour quand tu auras des propositions à me formuler. "

Il prend le scénario et le feuillète un peu.

Julian : " Je pense que j'ai un avenir dans la musique de film, car il y a de cela deux semaines, James Linklater m'a contacté pour faire la même chose... "

Le sang me monte jusqu'au cerveau, rien qu'en entendant le nom de ce mec.

Nathan : " Ah bon? " dis-je, feignant le calme.

Julian : " Oui. Il m'a dit qu'il cherchait un compositeur, car il est sur un nouveau projet... J'ai refusé car je sais que Rose aurait pétée un câble, et j'avais pas envie de faire face à son courroux, une fois de plus... "

Nathan : " Faire la B.O de Linklater aurait été un bon tremplin pour toi. C'est un réalisateur qui commence a être connu... en tout cas, plus que moi... "

Julian : " Ce n'est pas le problème... en plus je revenais de cette tournée fatigante... je ne me sentais pas la force de faire ce qu'il me demandait... " répondit-il, désabusé. " Tu as été nommé aux Emmys, si tu n'es pas encore connu, tu va le devenir... autant que mon travail participe à l'explosion de ta renommée..."

Nathan : " Tu ne m'aurais pas dis ça, il y a cinq ans... "

Julian : " Tout le monde change... regarde-toi, il y a cinq ans je ne te pensais pas capable de faire une phrase correct et pourtant... on ne sait jamais de quoi demain est fait... "

Nathan : " Je te reconnais bien là... J'attendais ta pique, maintenant je suis rassuré! Tu n'as rien perdu de ta répartie merdique. " dis-je amusé.

Julian : " Il est quelle heure? "

Nathan : " 13h. " dis-je, en regardant ma montre.

Julian : " Je crève la dalle, j'ai rien mangé depuis hier... "

Nathan : " Viens. Je te paye à déjeuner. Ce sera un acompte pour ton travail... "

Julian : " On a qu'a dire ça.. " dit-il, en se levant et en sortant du studio avec moi.

...

Quand je rentre à la maison, une odeur délicieuse me mène jusqu'à la cuisine. Rose est de dos, devant la cuisinière et est complément concentrée à ce qu'elle fait. Je marche doucement jusqu'à sa rencontre pour ne pas me faire entendre, mais je comprends tout de suite que je suis moins discret que je ne le pense.

Rose : " Tu as passé une bonne journée? " dit-elle, sans tourner la tête.

Nathan : " Comment fais-tu? " dis-je, déçu de n'avoir pu la surprendre.

Rose : " Quand tu es dans une pièce, l'ambiance change tout de suite... elle est plus... dense, chaude, électrique... " dit-elle, en prélevant un peu de sauce dans la casserole et en tendant la cuillère en bois près de ma bouche. " Fais attention, c'est chaud. " dit-elle, doucement.

Nathan : " C'est absolument délicieux! " dis-je, en savourant sa cuisine.

Rose : " Merci. C'est une recette de ta mère. Ils ont dit qu'ils seraient là dans une demi-heure. Si tu n'as rien à faire, tu peux mettre la table. "

Nathan : " À vos ordres ! " dis-je, en l'embrassant sur la joue.

...

Nicolas dort paisiblement sur le canapé, bien dans l'axe de vue de ses parents. Je les trouve un peu fatigué tout les deux, bien que ma mère les ai aidé pendant de longues semaines, mais ce doit être le lot de tout nouveaux parents.

Tim : " Alors, racontez-nous comment ça se passe depuis que vous travaillez ensemble? Ély et moi le regrettons déjà. " Elle lui lance un regard sévère avant qu'il ne se radoucisse un peu. " Je plaisante... C'est juste que, ça m'a amusé de savoir que vous vous lanciez dans ce genre de projet. Vous qui êtes si indépendant..."

Éléonore : " On peut être indépendant en travaillant avec son conjoint... Je me trouve bien seule quand je dois rattraper des erreurs de comptabilité par exemple. " dit-elle avec sarcasme.

Julia : " Tim et les chiffres c'est tout une histoire... "

Tim : " Tu as juré que ce serait pour le meilleur et pour le pire, ne l'oublie pas au première obstacle! " dit-il faussement suppliant.

Nathan : " Je plains ce bébé, il est lui-même élevé par des enfants! Tu es sûr que tu veux retourner à New Haven, maman? "

Julia : " Je peux l'emmener avec moi? " dit-elle, hésitante.

Tim : " Certainement pas! Cet enfant est la seule chose que j'ai vraiment réussi! Demande à Nathan et Rosie de t'en faire un, ils te le donnerons après... "

Rose : " Le film que l'on produit, Nathan et moi sera notre seul enfant pour l'instant... N'est-ce-pas mon bien aimé? " dit-elle, avec théâtralité.

Nathan : " Oh oui, ma douce... " répondis-je, en lui fassent le baise-main.

Tim lève les yeux en l'air, pendant que Julia et Éléonore rient de bon coeur.

Julia : " Peut-être que cette fois-ci, je ferai une exception et que je viendrai le voir au cinéma?"

Nathan : " Tu n'as qu'un mot à dire et tu auras une place de choix. "

Rose : " Si vous voulez Ély et Tim, quand vous serez prêt, on sera ravis de garder Nicolas si vous voulez prendre un peu de temps pour vous. "

Je lui jette un regard circonspect, qu'elle balaye d'un revers de main.

Éléonore : " C'est vrai que nous avons fait une croix sur tout ce qui attrait à une vie sociale... " dit-elle avec dépit.

Tim : " Je ne sais même plus l'émotion que ça procure que de s'asseoir dans un restaurant entourer de gens normaux... "

Nathan : " Tu n'y va pas un peu trop loin dans l'exagération? "

Tim : " Crois-moi, on ne te dit pas tout..."

Éléonore : " Et c'est tant mieux comme ça! " le coupe-t-elle. " Ne le lance pas dans un monologue où il raconterait notre vie intime... parce-qu'il en est capable! " me supplie-t-elle.

Nathan : " Je vais m'abstenir, alors... "

Nous continuons à profiter de ce dîner, dans la même veine que tout les autres que nous avons partager. Il ne manque qu'une personne autour de cette table, mais d'une façon très étrange, j'ai la sensation qu'il n'est pas loin...

...

Quand je rentre dans le salon, après les avoir accompagnés à leur voiture, j'aide Rose à débarrasser et à ranger les assiettes dans le lave-vaisselle.

Nathan : " Tu étais vraiment sérieuse, pour garder Nicolas? "

Rose : " Bien sûr! Tu les a vu comme moi... ils sont au bout du rouleau. C'est aussi ton rôle de parrain, que de les soulager quand tu le peux!" Je lui sourit, mais ne dit rien. Je réfléchis au fait qu'elle trouve ça tout à fait normal de rendre service à ma famille. " Quoi? " demande-t-elle amusée.

Nathan : " Non. Rien. C'est juste que...mon père avait raison. C'est tout. "