Chapitre 3

Stan, Sam et moi, rangeons avec l'équipe technique notre matériel de tournage afin de laisser ce coin de nature protégé, en parfait état. La journée s'est extrêmement bien passée! Nous nous sommes levés aux aurores, pour tourner le plan séquence, et comme Stan l'avait prédit: il n'y avait âmes qui vivent! On a eu trois bonnes heures de calme et de volupté. Après, de toute façon c'était tournage en intérieur. Nous avons loués un chalet afin d'y filmer toutes les scènes où les personnages évoluent entre eux. Maintenant c'est retour à l'hôtel, avant de repartir pour l'université, demain dans la matinée.

Sam : " Je n'ai pris que des chambres avec lits doubles. Vu qu'on est en nombre pair... ça devrait se goupiller parfaitement. " dit-il, dans la voiture qui nous mènent à notre lieux de villégiature.

Nathan : " Franchement à cette heure... je m'en fou! Je n'ai qu'une envie : m'étaler sur un lit avec des draps propres... " dis-je, exténué.

Stan : " Petite nature... Qu'est-ce-que ça donnera quand tu tourneras des longs... tu sais que des journée comme ça, tu peux en avoir pendant des mois... Les tournages de James Cameron durent en moyenne six mois, et le mec ne fait pas qu'enfiler des perles sur un plateau! " dit-il, humour.

Nathan : " Si tu le dis... " répondis-je, d'une voix pâteuse.

Nathalie : " Le plus dure reste à venir... il reste encore le montage. Moi, c'est la partie que j'aime le moins... enfermée dans une salle sombres à regarder des rushs... Je préfère de loin être en mouvements sur un plateau... "

Sam : " Ou ailleurs... " dit-il, d'une voix chargée de sous-entendus.

Nathalie : " Ta gueule Sam! " dit-elle, en lui envoyant sa bouteille d'eau au visage.

Sam : " Et! " dit-il, lorsque celle-ci l'atteint à l'épaule.

...

Nous arrivons à l'hôtel et le dilemme de la répartition des chambres fait son apparition. Nous sommes en effet en nombre pair mais il n'y a que trois filles. L'une d'entre elle devra forcément partager sa chambre avec un garçon... et comme aucun d'entre nous ne sommes en couples avec des membres de l'équipe... cela devient problématique.

Stan : " Bravo, Sam pour ton organisation à la con... Je savais qu'on devait vérifier ce que tu avais fait avant de partir! " dit-il, avec hostilité.

Sam : " J'ai fais de mon mieux! L'hôtel est pas cher et en plus c'est pas le taudis que tu avais choisi quand on a dû aller à Palm Springs pour ton film à toi! " répondit-il, agacé.

Nathan : " Tout remettre en question maintenant ne sert à rien... écoute on va tirer à la courte-paille qui partagera la chambre avec Nathalie car les deux autres filles sont ensemble. En plus, je vois pas le problème, on la connaît tous. On traîne avec elle depuis suffisamment longtemps pour qu'il n'y ai aucune ambiguïté! "

Stan : " Si tu le penses... tu n'as qu'à dormir avec elle. Tu es le seule que ça ne dérange pas!"

Sam : " Ouais, vas-y... " dit-il, avec une pointe de défie.

Nathan : " Ok... Nathalie! " crie-ai-je dans le hall.

...

Quand j'ouvre la porte de notre chambre, je suis surpris par l'espace. En réalité, à part l'imbroglio de la répartition des chambres, Sam a plutôt bien choisi. Il y a deux lits séparés, une télé, une petite table avec deux chaises, et la salle de bain est assez grandes. C'est une baignoire et non une douche à l'italienne, comme celle que nous avons eu à Palm Springs...

Nathalie : " Je prends le lit près de la fenêtre! " dit-elle, en sautant dessus.

Nathan : " Tu fais ce que tu veux... je ne vais pas me battre pour ça... par contre ne ronfle pas, j'ai horreur de ça! " dis-je, en posant mon sac sur le lit à côté du sien.

Nathalie : " T'inquiète pas pour ça...tous les hommes avec qui j'ai dormi ne se sont jamais plein..." dit-elle, d'une moue faussement séductrice.

Nous descendons rejoindre les autres pour le dîner. Sam a vraiment tout prévu, un repas est compris dans le prix de nos chambres, ce qui nous permet de rester sur place et de ne pas chercher un restaurant dans le coin. C'est avec appétit que nous dégustons la cuisine simple et conviviale de l'établissement.

Sam : " J'ai trouvé ce charmant petit endroit en surfant sur un site qui partage de bonnes adresses pour des week-ends de dernières minutes. Ils ont eux trois étoiles de convivialité! " dit-il, avec sérieux.

Nous le regardons un instant, stupéfait par son ton de parfaite ménagère sortant d'un magazine des années 50.

Nathan : " L'obtention de ton diplôme t'a vraiment changé, on dirait... "

Stan : " Trois étoiles de convivialité? Tu déconnes vraiment quant on te laisse faire un truc tout seul. " dit-il affligé.

Sam : " Je vous comprends pas! Je me suis cassé le cul pour dégoter un truc agréable, car je sais que les fins de journée sont éreintantes et vous trouvez le moyen de me chambrer! " dit-il exaspéré.

Nathalie : " C'est juste que le ton que tu utilises depuis quelques jours nous fout les boules... tu nous as habitués à être si... nonchalant ... que quand tu parles comme ça, on a l'impression que quelqu'un à pris possession de ton corps..."

Stan : " Quelqu'un de sexe féminin qui plus est !"

Nous ne pouvons retenir notre amusement, et nous nous embarquons dans un fou-rire, qui ne tarde pas à gagner Sam lui aussi. Concédant que ces derniers mois, il n'est plus le même.

Sam : " Depuis que je vis dans ce nouvel appartement... que j'ai quitté la fraternité... j'ai l'impression de devenir comme ma mère... C'est la première fois que je vis seul. Je me suis même mis à regarder des émissions de cuisine... non, les gars il faut vraiment que vous me sortiez de temps en temps! Les fêtes à la fac me manque à un point, que vous pouvez même pas imaginer! " dit-il, dépité.

Nathan : " Tu sais que tu es toujours le bien venu à fraternité? Les gars t'adorent, tu es une petite célébrité là-bàs, ils se souviennent tous des soirées déjantés que tu faisais, c'est même légendaire dans un sens! "

Stan : " Tu es devenu un mythe. Accepte-le. "

Sam : " C'est vrai? " dit-il, avec espoir.

Nathalie : " Si ça peut te consoler, il y a ton numéro de portable sur le mur des toilettes des filles."

Sam : " Vraiment?! " demande-t-il, n'y croyant pas ses oreilles.

Nathalie : " Oui. C'est moi qui l'ai mis. " dit-elle, simplement.

Nous rions à nouveau, n'arrivant plus à nous maitriser cette fois-ci. Décidément, j'adore être avec ces gens... durant un moment, j'oublie tout à leur côtés. Il n'y a vraiment que le cinéma pour cimenter une amitié! Quand on tourne, nous sommes tous dédiés à un seul objectif : faire le meilleur film possible, et avec ces gens à mes côtés, je me sens capable de déplacer des montagnes! Le dîner se poursuit dans cette ambiance, ponctuer par les révélations incongru de Sam sur sa nouvelle vie de célibataire endurcit...

...

Quand je rejoins ma chambre, je me précipite dans la salle de bain pour me doucher avant que Nathalie n'arrive. Lorsqu'elle pousse la porte, je suis déjà au lit. J'ai éteins de mon côté pour lui laisser de l'intimité. Elle part à son tour dans la salle de bain et en sort quelques minutes plus tard. Elle porte un t-shirt qui couvre à peine ses cuisses, mais elle les caches vite sous sa couette. Elle éteint la lampe sur sa table de chevet, et alors que je commence à m'endormir, le son de sa voix me fait sursauter.

Nathalie : " Il y a quelque temps, j'aurais donnée n'importe quoi pour être dans une chambre, seule avec toi... " dit-elle, d'une voix calme.

J'ai la sensation que j'ai mal entendu, ce n'est pas ce qu'elle m'a dit? Me dis-je ayant perdu le sommeil instantanément.

Nathan : " Tu es sérieuse ? " dis-je mal à l'aise.

Nathalie : " La première fois qu'on s'est croisé... je sortais de la chambre de Sam... mais il ne s'est jamais rien passé entre nous. En réalité, je venais à la fraternité, uniquement pour te voir... et comme Sam laissait les filles rentrer dans sa chambre, quelques fois je t'y attendais... "

Nathan : " Écoute Nath... je... "

Nathalie : " Ne t'inquiète pas. J'ai fais mon deuil! " dit-elle, d'une voix tranchante. " J'ai compris quand Rose et toi, vous vous êtes séparés... Je pourrai faire tout ce que je veux... au mieux, tu me comparerais à elle ou au pire, tu te servirais de moi pour la rendre jalouse. "

Nathan : " Je ne ferais ni l'un ni l'autre! Même-ci Rose est moi c'est fini, tu es une amie. Je te ne vois pas autrement... désolé. " lui dis-je sincèrement.

Nathalie : " Je sais... c'est peut-être mieux comme ça? Toi et moi ça n'aurais pas durer... tu es trop beau, et moi, trop banale... "

Nathan : " Ça ne veut rien dire, ce que tu dis! Tu es une femme superbe. Je ne suis juste pas amoureux de toi, et je n'ai pas envie d'être avec quelqu'un pour tuer le temps... "

Nathalie : " C'est honnête de ta part... Tu aimerais retourner avec Rose? "

Je réfléchis un instant, troublé par la tournure de cette conversation tardive. Je ne sais pas si après ce qu'elle vient de m'avouer, j'ai envie de lui raconter mes états d'âmes?

Nathan : " La vraie question c'est : est-ce-que Rose est toujours celle dont je suis tombé amoureux? "

Nathalie : " Tu en doute? "

Nathan : " Nous nous évitons depuis si longtemps, que j'ai du mal à me souvenir de ce que ça fait que de lui adresser la parole. "

Nathalie : " Je suis sûr qu'elle t'aime encore. Si elle t'évite, c'est qu'elle souffre de votre séparation. Sinon, elle se pavanerait devant toi pour retourner le couteau dans la plaie. C'est ce que font les filles, lorsqu'elles en ont plus rien à foutre! " avoue-t-elle, amusée.

Nathan : " Merci du tuyau! " dis-je reconnaissant. " Peut importe si elle m'aime ou pas, pour le moment, nous sommes séparés et rien ne saurait changer ça. Je ne veux pas espérer pour rien, alors je préfère continuer ma vie, et voir où ça me mène. "

Nathalie : " Tu as raison... mais je dis juste que c'est une conne arrogante, qui ne sait pas ce qu'elle rate! Si tu veux mon avis bien sûr... "

Je souris sous ma couverture. Elle est vraiment barge!

Nathan : " Merci pour ta sincérité... maintenant on dort? On se lève tôt et je suis mort de sommeil. "

Nathalie : " Bonne nuit... jolie petit cul. " dit-elle, avec désinvolture. Je manque une respiration tant je suis surpris par son appellation. " C'est comme ça que je te nommais dans ma tête quand je te voyais... "

C'est sur cette note étrange, de romantisme et de révélations tout azimut, que Nathalie et moi nous endormons... chacun dans notre lit.