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Chapitre 6

Je me suis plutôt rapidement habituée à vivre dans cette maison. Après, je n'avais pas le temps de chômer. J'allais en cours et quand je n'allais pas en cours, j'avais des cours à la maison. Je prenais des cours de soutien pour rattraper mes lacunes dans plusieurs matières. Mon emploi du temps était lourd, mais à mesure que je faisais des progrès, il s’allégeait naturellement. Ma belle-mère suivait de près mes progrès. Elle adaptait mon emploi du temps presque tous les 15 jours. Elle ne faisait aucun commentaire. Seule Liu venait me dire par la suite qu'elle était satisfaite. Cette femme a toujours été et sera sûrement toujours une énigme pour moi. J'avais le choix des activités extra-scolaires que je voulais réaliser dans une certaine mesure. Je choisissais parmi certaines d'une liste. Comme la liste était déjà assez longue, cela constituait un choix quand même. J'avais fait du foot, ce que ma propre mère n'aurait sûrement jamais accepté. Elle ne trouvait pas cela assez féminin. J'avais arrêté d'apprendre à broder. Je n'avais jamais aimé cela de toute façon.

Le temps était passé aussi lentement que rapidement jusqu'à l'été suivant. Eliott n'était pas rentré pour Noël au plus grand déplaisir de sa mère. Son frère et sa fiancée étaient venus à la maison. Comme Eliott n'était pas là, ma belle-mère a préféré me laisser rentrer chez les miens. Je n'avais donc pas à ce moment rencontré les autres membres de la famille principale. Avec du recul, je me demande si elle ne voulait tout simplement pas m'épargner la corvée de ces longues réunions de famille insoutenables. J'avais passé de bonnes vacances. Je n'avais aucun cours de soutien. Ma belle-mère semblait satisfaite de mon niveau et voulait que je me repose au maximum. J'étais allée voir mes petites sœurs et ma mère. Ma mère m'avait accueillie chaleureusement. Elle rayonnait, la maison grouillait de monde. Beaucoup de changement depuis mon départ. Plus de domestiques. Les repas étaient plus conséquents et plus fastueux. Elle n'avait même pas fait de remarque sur ma prise de poids.

Je parlais avec Eliott toutes les semaines. On échangeait quand même assez par message. Après, il était très occupé et je ne voulais pas le déranger. Je faisais tout pour ne pas le déranger. Quand il me consacrait son temps même si ce n'était pas long, j'étais déjà suffisamment heureuse. J'avais l'impression que nous n'étions que deux au monde pendant ces appels. J'étais la plus heureuse au monde. Le jour de Noël, je lui ai envoyé un message. Il n'a pas répondu de la journée alors qu'il prenait en général que quelques heures pour répondre s'il était occupé. Je suis allée au salon pour l'ouverture des cadeaux de Noël. Quand je suis arrivée dans la pièce, ma mère m'a regardée avec les yeux qui brillaient. Je ne comprenais pas pourquoi avant de reconnaître le majordome de la résidence Chirathivat. Il s'est incliné devant moi avant de me souhaiter les vœux. Des hommes ont fini de déposer des cadeaux à côté de l'arbre de fête avant de se retirer, en nous expliquant qu'il s'agissait des présents de la famille à mon endroit, et par extension à celui des membres de ma famille. Ma mère était extatique. Comme une enfant.

Les différents cadeaux étaient attribués. La plupart étaient pour moi. Je me demandais bien ce dont il s'agissait. En les ouvrant, j'ai découvert de quoi refaire un dressing pour l'année entière. Le tout à ma taille. Des robes, des ensembles, des chaussures. Un paquet était différent des autres. Il s'accompagnait d'un bouquet de fleurs. Des camélias blancs. Une carte. En te souhaitant un joyeux Noël, mon camélia. Une écriture manuscrite délicate. Un coffret à côté contenant un collier de perles. Rien de trop tape à l'œil, mais rien qu'en tenant les billes nacrées entre mes mains, je pouvais deviner que ce n'était pas de la pacotille. De toute façon, je commençais à piger un peu l'essence de cette famille. Ils ne m'offriraient jamais du toc. L'orgueil de ma belle-mère s'en assurerait. Mon pressentiment a été confirmé par le cri de ma mère en voyant le collier et la marque de la bijouterie. Quand elle réagissait de la sorte, cela voulait dire que cela coûtait très cher.

Au-delà du cadeau exorbitant. Ce qui me touchait le plus c'était l'attention. Les fleurs et les mots. J'ai souri bêtement tout au long de la soirée. J'ai tenté de lui envoyer un message et de l'appeler pour le remercier. Mais je n'avais fait que tomber sur son répondeur et le message restait décoché. Je commençais à sérieusement m'inquiéter quand j'ai reçu un message de sa part, me disant de ne pas m'en faire de son absence et de profiter de ma famille. Disant que nous nous parlerions plus tard. Ce plus tard n'était jamais arrivé ce jour-là. Il n'était réapparu que dans la journée du lendemain. Me laissant un goût amer dans la bouche, sans pour autant pouvoir lui demander de me rendre des comptes.

À l'arrivée de l'été, je pouvais sentir le mouvement et l'agitation dans toute la résidence. Les domestiques apprêtaient les chambres sous le regard intransigeant du majordome. Même ma belle-mère semblait plus nerveuse que d'habitude. Liu est venue répondre à mes questions, m'expliquant qu'ils rentreront tous. Elle m'a expliqué qu'une fois par an pour 1 semaine, tous les petits-enfants se rassemblent dans la concession pour des moments de famille. Ils rentrent tous à Bangkok quelque soit leur localisation pour notamment venir voir leur grand-mère. J'étais extatique de joie en me disant qu'Eliott rentrait aussi. Mais je me demandais pourquoi il ne m'avait rien dit à ce sujet. J'allais rencontrer toute la famille. Il ne fallait pas que je me rate. Il fallait que je fasse bonne impression. Telles étaient mes pensées les jours précédant l'événement.

Quand l'année scolaire s'est terminée, ma belle-mère semblait heureuse de mes progrès. Elle m'a demandé si j'avais une idée ou une envie pour qu'elle me fasse un cadeau. J'avais des idées, mais j'avais préféré la laisser choisir. Elle m'avait gratifiée d'un sourire discret avant de me dire que j'étais maligne. Je pense qu'elle commençait à bien m'aimer. Elle n'avait que deux enfants. Eliott son aîné et la petite dernière Rose. Rose était encore en bas âge, donc elle devait me voir comme une version accélérée de sa fille. Elle était stricte avec moi, mais toujours juste. Je l'appréciais beaucoup, mais surtout, je la respectais et je la craignais. Elle devenait doucement un modèle pour moi.

Vu le retour de tout ce monde, elle m'a suggérée ou plutôt ordonné, à voir selon interprétation, de retourner chez ma famille. Ajoutant à cela le fait que l'année scolaire était terminée. J'étais un peu déçue, mais je m'étais exécutée. Je pouvais bien voir que tout cela la stressait énormément. Elle ne devait pas et ne voulait pas faillir. Ils étaient de la même famille et pourtant ils compétaient pour l'attention de la doyenne de la famille. Liu m'a expliqué plus tard que bien que son fils aîné supervise la majorité des biens de la famille, son grand-père a laissé une quantité non négligeable de biens et de pouvoir à sa femme. Sûrement pour s'assurer qu'elle serait toujours bien traitée et qu'elle n'aurait besoin de rien le reste de sa durée de vie. Je n'avais jamais rencontré la grand-mère d'Eliott, mais au regard de ma belle-mère en parlant d'elle, j'avais quelques appréhensions. Ma belle-mère toujours calme et maîtrisée, perdait un peu son sang-froid quand on abordait le sujet de cette dame. Je pouvais le remarquer parce que je passais énormément de temps à l'observer et que je vivais dans la maison depuis bientôt 1 année.

J'étais tellement excitée à l'idée de revoir Eliott. Je ne tenais plus sur place à mesure que les jours avançaient. C'est Liu qui a mis fin à mon excitation en me précisant qu'il se puisse qu'il ne rentre pas cette année. Il ne rentrait pas tous les étés ou à chaque fois qu'il le pouvait au désespoir de ma belle-mère. Je ne lui avais pas personnellement parlé à ce sujet. Nos discussions se limitaient de plus en plus depuis quelque temps. Mais je me cramponnais aux souvenirs de l'été dernier. C'est à ce moment aussi que j'ai compris l'enjeu autour du retour d'Eliott. Ma belle-mère m'a même demandé s'il m'avait dit quelque chose au sujet de son retour. Je ne comprenais pas à quel point et pourquoi autant de réactions au sujet de son retour jusqu'à ce que Lui m'éclaire. Elle m'a dit qu'Eliott était le petit-fils favori de la veille dame et qu'elle ne souriait autant qu'en sa présence. Et comme ma belle-mère voulait rester dans les bonnes grâces de la dame, le retour d'Eliott comptait énormément dans la balance. J'ai trouvé cette dynamique de famille bien étrange.

L'été était devenu rapidement monotone. J'avais adopté une routine chez moi. Différente de celle que j'avais chez les Chirathivat. Après, je me sentais moins épiée et j'avais moins à être vigilante de mon environnement. J'avais moins à projeter cette image de fille parfaite. Ma mère même me foutait la paix. Ma belle-mère m'avait juste demandé de ne pas perdre trop la main, de continuer à garder une petite routine pour éviter d'adopter les mauvaises habitudes et perdre les efforts acquis durant l'année. Elle m'avait donné rendez-vous pour une seule soirée durant toutes les vacances. Quand nous avons reçu les invitations par la suite, j'ai compris où elle voulait en venir. La famille Chirathivat organisait une grande soirée. Ma mère et moi y étions invitées officiellement

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