Chapitre 1
Cela faisait déjà 2 jours, qu'elle avait rencontré Scott. On était lundi et demain serait le jour fatidique. Au début, elle pensait avoir rêvée de leur rencontre, mais il semblerait que non. À son réveil, la carte et la serviette le lui rappelaient inlassablement. Son odeur émanait de la carte elle-même. Elle n'arrivait pas à détacher son esprit de lui. Il avait laissé une trace indélébile sur elle. Elle souhaitait plus que tout, le revoir. Mais il l'avait mise en garde, son univers n'était d'après lui pas pour elle. Mais cet avertissement avait totalement l'effet inverse, car elle était naturellement très intriguée. Sur la carte noir, une adresse et un simple nom dans une calligraphie assez distinguée : Sirène...
Elle retournait la carte dans tous les sens, laissant son esprit vagabondé et erré dans des hypothèses les plus farfelues les unes que les autres.
- Stella !
Cette voix, la faisait durement revenir à la réalité. Donald... Il était sérieusement revenu après ce qu'il lui avait fait, se demanda-t-elle intérieurement. Il débarqua dans le séjour de leur appartement, le visage fermé et visiblement en colère.
- Tu as osé changer les serrures ? Il hurlait sur elle et par réflexe, elle se mua dans le silence. Comment pouvait-elle le laisser la traiter de la sorte depuis tant d'années ? Il s'approcha d'elle et lui envoya une de ses baffes, face à son silence. Sa main sur sa joue douloureuse et des larmes témoignaient à la fois de sa douleur physique, mais aussi de sa souffrance et peur face à lui. Elle recula, tentant de mettre le plus de distance entre eux et se colla au mur le plus proche. Non chérie, je ne voulais pas faire cela... Mais tu ne m'as pas laissé le choix... Tu ne m'écoutes plus... Je ne veux pas que tu me laisses et j'ai tellement peur pour nous, ma puce...
Depuis bientôt 4 ans, elle se laissait attendrir par ses mots et son attitude sulfureuse, après l'avoir violentée. Elle l'aimait et au dépend des dires des autres, elle avait toujours l'espoir qu'il redevienne l'homme dont elle s'était éprise. Elle avait tout quitté pour lui : amis, famille et en dernier boulot, il y a 6 mois de cela. Il la voulait à la maison à prendre soin de lui et de leurs futurs enfants. Il la voulait surtout vulnérable et complètement dépendante de sa personne. Elle avait encore cédé et avait déposé sa démission. Il était un homme faible, ne pouvant s'imaginer cette femme, qui l'adorait et faisait tout pour lui plaire, être autonome ou se libérer de son emprise. Elle n'était qu'à lui... Et cela, il comptait bien le lui faire comprendre et accepter, car après tout il l'aimait et il ne l'aimait que sous son influence.
Il se rapprocha d'elle et lui caressa tendrement la joue de son doigt, comme l'avait fait son fantasme de samedi dernier. Mais à l'image de la douceur et la sensualité de Scott, elle le repoussa violemment, comprenant qu'il n'y avait point de douceur dans celui de son fiancé. Il voulait la posséder et la garder que pour lui. Elle ne savait même plus s'il la voyait pour qui elle était, ou plutôt pour un objet...
- Baby, tu ne pourrais pas t'en sortir sans moi... Il ouvrit ses bras. Viens dans mes bras, que je te fasse l'amour. Tu sais que je suis le seul à pouvoir te combler.
- Non, dit-elle d'une petite voix.
- Pardon ?
- Non Donald, tu m'as fait trop de mal...
- Tu vas regretter tes paroles Stella. Si tu n'es pas contente, quitte-moi si tu le peux, lui dit-il avec un ton de menace.
Elle prit son courage à deux mains et tenta de s'exprimer sans trembler.
- Donald, tu m'as trompé. Je suis au courant pour ton aventure avec ta secrétaire...
- Non, mais Stella arrête avec tes soupçons à la noix. Ce n'est pas la première fois, que tu me fais une telle crise de jalousie, tu es un peu paranoïaque chérie.
Il essayait vraiment de la faire passer pour une folle ? Mais où était donc passé l'homme qu'elle aimait ? Celui qui la fit rêver ?
- Je vous ai vu hier à ton bureau... Son visage se décomposa et il baissa ses bras. Je t'ai vu lui faire l'amour, termina-t-elle, les yeux en larme.
- Je suis désolé bébé... Elle m'a séduite... Il se rapprocha d'elle et la prit dans ses bras. Je ne voulais pas... J'ai besoin de toi Stella, sans toi, je ne peux rien, je ne suis rien... S'il te plait ne me laisse pas...
- Donald, je n'en peux plus. Elle le repoussa gentiment. Je t'avais parlé de mes soupçons, j'ai failli devenir folle, je ne mangeais plus... Notre relation est toxique pour moi. Je veux prendre de la distance...
- Prend la ta distance. De toute façon, tu ne vaux rien Stella sans moi. Il s'en alla furibond. Il ouvrit la porte de l'entrée et se retourna, un sourire mauvais sur le visage. De toute façon Stella, j'étais bien le seul à te supporter. Avec Miranda, ça fait bien 4 mois que je te trompe.
Il s'en était allé en faisant claquer la porte sur ses mots. Elle s'affala sur le canapé du séjour et se mit à pleurer. Elle était dévastée. Cette conversation l'avait vidée, malgré la dureté de ses mots, elle l'aimait. 10 minutes après, elle se décida à prendre une douche et à faire un peu ménage pour se changer les idées.
La vision de son corps que lui renvoyait le miroir de la salle de bain, n'était pas vraiment flatteuse. Elle avait énormément maigrie, et sur son corps, les bleus qui commençaient à s'estomper, étaient des vestiges des actes de Donald. Elle ne se reconnaissait même plus dans le miroir. Où était donc passée sa joie de vivre, son sourire et son bonne humeur ? Tout cela avait disparu avec le temps, car il l'avait tellement usé et tellement fait souffrir.
Elle n'avait personne sur qui s'appuyer... Il avait tout fait pour dresser un fossé entre elle et tout son entourage. Elle avait vécu pendant 4 ans, que pour lui. C'est à ce moment-là, qu'une seule chose lui traversa l'esprit. Elle se rendit dans le séjour et retrouva la carte et la serviette. L'odeur et le souvenir l'apaisaient. Si elle avait avant des hésitations, maintenant elle en était sûre, demain elle irait à la rencontre. Plus rien, plus aucun scrupule ne la retenaient et il pourrait être l'échappatoire, qu'elle recherchait depuis tout ce temps. Elle voulait reprendre à zéro. Non pas oubliez, tout ce qu'elle avait vécu, mais avancer...