CHAPITRE 2
PVD d'Emma
La cérémonie a été clôturée, nous sommes toujours dans la salle et prenons des photos de souvenirs. Puis, une main se glisse sur mon épaule, je me retourne et tombe sur Ethan, mon ami d'enfance. Pendant que je reste là, sidérée de le voir dans ce lieu, il m'accueille avec un sourire aux lèvres. Je me jette joyeusement dans ses bras puis me détache de lui.
___ « Surprise ! » me lance t'il
Ethan est mon ami d'enfance, nous avons vécu ensembles à Vancouver au Canada, puis je suis venue à Seattle pour poursuivre mes études. Quant à lui, il a interrompu ses études et s'est lancé dans l'entrepreneuriat. Aujourd'hui, il est à la tête d'une entreprise de livraison. Ça fait longtemps que nous nous sommes plus revus, je ne pensais pas le revoir de sitôt et encore moins aujourd'hui.
___ « Comment vas tu ? » lui demande je.
Ils est vêtu d'un ensemble chemise pantalon, une paire de baskets blanches, une montre autour du poignet, il est élégant. Ethan a une peau noire foncée, il est d'origine afro américain. Ses yeux sont de couleurs noirs, trois tresses sur sa tête, j'avoue qu'il est super beau.
___ « Je vais bien et toi ? »
___ « Comme tu peux le constater, je suis en super forme » lui réplique je, en faisant des gestuels.
___ « Je suis venu en retard, j'ai eu un petit incident à l'aéroport, cela m'a pris un peu plus de temps que prévu » s'explique t'il, comme s'il s'en veut pour le retard.
Ethan est là, il a toujours été là pour moi et le fait qu'il soit venu est déjà un grand geste. Il n'était pas obligé d'être là, d'autant plus qu'il est débordé.
___ « Je suis très contente que tu sois là, je ne m'attendais pas à te voir ici. »
___ « Ta mère m'a informé que tu seras diplômée aujourd'hui, j'ai décidé donc de te faire une petite surprise en assistant à la cérémonie »
Je souris largement en le regardant. Il est comme un frère pour moi, je lui serai toujours reconnaissante pour ce qu'il fait pour moi et pour ma famille. Lorsque mes parents sont dans le besoin et que je ne suis pas disponible, lui, il vient à leur secours. Il est comme leur fils aîné et mes parents l'apprécient beaucoup.
Je profite de cette occasion pour présenter Emily à Ethan. Comme elle est aussi bavarde, ils se parlent pendant des minutes interminables jusqu'à ce que son téléphone se met à sonner. Elle s'excuse auprès de nous en prenant à l'appel. Elle s'éloigne de nous ainsi que de la foule, je me retrouve avec Ethan.
___ « Tu séjourne dans un hôtel ? » lui interrogé je.
___ « Oui, pour ce soir »
Je fronce légèrement les sourcils, en essayant de comprendre sa réplique.
___ « Demain, j'irai voir un appartement pas loin d'ici. Je suis là pour quelques temps, j'ai des contrats avec certaines entreprises ici, à Seattle » continue t'il.
J'acquiesce tout simplement. Nous continuons de discuter, en nous rappelant nos moments passés ensembles lorsque nous étions encore très jeunes. Parfois, je ris légèrement aux éclats en me rappelant de cette scène.
Emily nous rejoint après avoir fini de communiquer, elle nous apporte des cocktails.
___ « Emma, je ne pourrai pas être là pour le dîner » m'informe t'elle.
Je crispe mon visage, essayant de la comprendre.
___ « Ne t'inquiète surtout pas, il n'y a rien de grave et j'ai déjà tenu Mme Smith au courant de cela» rajoute t'elle, d'un ton rassurant.
___ « Mais... Quel est cet imprévu ? »
Elle déglutit en jettant un bref regard sur Ethan, ce dernier comprend immédiatement que nous avons besoin plus d'intimité même si je ne lui ai jamais rien caché. Il se racle la gorge puis dit :
___ « Je vais aux toilettes »
Nous acquiesçons puis il s'en va. Je me retrouve seule avec Emily. L'expression de son visage ne présage rien de bon.
___ « En fait, c'est Diego ... »
Je roule des yeux en entendant ce prénom puis la sonde silencieusement.
___ « Il m'invite chez lui, il m'a organisé un petit dîner aux chandelles. Je ne veux pas le faire attendre »
Diego ! C'est un salopard, mais Emily ne le voit pas ou peut-être qu'elle refuse de le voir. Ce garçon se sert d'elle, il ne la respecte pas et pire, il la traite mal mais ma pauvre amie s'est tellement accrochée à cette relation qui ne leur mènera nulle part. Et quand je repense parfois à tous ces gros mots et actes déplacés qu'il a posé envers elle, je meurs de rage. J'aurai voulu lui en coller une pour qu'il comprenne ce qu'est le respect de sa partenaire. J'ai essayé maintes fois de faire comprendre à Emily qu'elle mérite beaucoup mieux que cet homme mais c'est peine perdue, elle l'aime éperdument et moi, j'y peux rien !
Néanmoins, je ne rate aucune occasion de remettre ce con à sa place. À ma pauvre Emily, je me demande bien ce qu'elle peut bien trouver spécial chez lui. Bref ! l'amour rend aveugle, dit-on .
___ « D'accord, mais qui me ramène chez moi ? »
Elle est déjà très excitée à l'idée d'aller à ce dîner aux chandelles, fait par son copain, donc je ne vais pas gâcher son ambiance avec mes conseils à deux balles.
___ « Euh... Je peux te trouver un taxi » propose t'elle.
___ « Non, ça va. Je vais me débrouiller. » lui dis-je pour ne pas l'embêter.
D'habitude, nous venons séparément à l'université mais vu que nos chemins étaient fusionnés pour toute cette journée, nous avons décidé de prendre la voiture d'Emily. La mienne est tombée en panne et demain, je dois l'emmener chez le garagiste.
___ « Je dois y aller » me dit-elle.
Nous nous faisons la bise.
___ « Fais bien attention à toi ! » lui dis-je.
Elle se détache de moi et s'éloigne de moi à grands pas. Je me retourne sur moi même, cherchant Ethan du regard. Et là, je tombe encore sur ses yeux bleus, son regard perçant.
William Johnson !
Je déglutis en essayant de maintenir son regard, il est au fond de la salle, un verre de champagne en main et l'autre main en poche. Il est entouré d'autres personnes, tous aussi élégants que lui. Pendant que le vieillard lui parle, il ne cesse de me regarder. Je ressens immédiatement une vague chaleur et de fortes sensations au ventre.
Et ces filles qui ne se donnent tant de mal pour attirer son attention sur elles, d'autres défilent sans cesse devant lui. Je vois une de mes camarades, se diriger vers lui avec un faux sourire essayant de le séduire. C'est incroyable, pourquoi se donner tant de mal pour séduire un mec ?
Est-ce parce qu'il est huppé ou séduisant ? Où peut-être parce qu'il est fortuné et à la fois séduisant.
Je finis par détourner mon regard de lui. Ethan revient la minute suivante, je lui donne mon adresse vu qu'il est déjà l'heure pour le dîner avec William Johnson. Ethan, propose de me déposer dans le restaurant indiqué, j'ai essayé de rejeter son aide mais il a insisté et je finis par céder.
Ethan me dépose au parking du restaurant indiqué. C'est un grand immeuble, réservé qu'aux personnes nanties, je n'imagine pas le prix d'un plat de ce restaurant car je risque de faire un malaise.
___ « Merci, beaucoup ! » lui dis-je en enlevant ma ceinture.
___ « Je peux revenir te chercher, cela ne me dérange pas ! » dit-il gentiment.
___ « Non, je me débrouillerai Ethan. Tu en as déjà beaucoup fait pour moi, cette journée. Tu dois te reposer, d'autant plus que tu seras débordé les jours à venir »
Ethan a atterri à Seattle aujourd'hui, il est venu à la cérémonie des remises de prix et voilà, qu'il m'a conduit jusqu'au restaurant. Je pense que c'est déjà trop, il doit se reposer. Aussi, je ne veux pas être une poisse pour les autres, même si je sais que ça ne le dérange pas de m'être utile.
Il me sourit en guise de compréhension, j'ouvre la porte et sors de sa voiture. Je lui fais signe d'au revoir, il démarre le véhicule et s'en va. Je prend une profonde inspiration avant d'y entrer.
Nous sommes déjà à tables, j'ai été la dernière à me présenter. Il est déjà là, assis confortablement sur sa chaise avec mes camarades. Chacun a le nez fourré à la recherche de son plat parmi les menus du jour. Mon cœur fait un bond mais j'essaie de rester sereine.
___ « Bonsoir » dis-je d'une voix tremblante.
Il lève imperceptiblement un sourcil et me fixe, je déglutis nerveusement en m'asseyant sur la chaise vide.
___ « Bonsoir, Mlle Miller » me répond t'il en vérifiant l'heure sur sa luxueuse montre. « Vous êtes en retard de dix bonnes minutes »
Son ton est calme et il est serein. Cet homme est imperturbable, il dégage une aura imposante.
___ « Euh... Je...je suis désolée » dis-je, faiblement.
Nous passions nos commandes, puis furent servis. Pendant le dîner, certains de mes camarades essaient de taper la discussion avec lui, mais ces réponses sont vagues et brèves. Je me fais toute petite et profite tranquillement de mon plat.
___ « Quelles sont vos questions ? » nous interroge t'il en s'essuyant la bouche avec une serviette.
Nous nous regardons, puis Isabella décide de poser sa question premièrement. La boucle remplie de la nourriture, je me penche légèrement et ramasse mon sac. Je fais sortir un bloc note avec un stylo.
___ « Monsieur Johnson...» commence Isabelle, d'une douce voix ; « Vous avez 28 ans et j'aimerais savoir comment êtes vous parvenu à être milliardaire à un si jeune âge ? »
Il laisse échapper un léger rire, qui laisse apercevoir ses fossettes. Il est encore plus charmant quand il sourit.
___ « Je pense que cette réponse se trouve déjà sur internet » rétorque t'il, d'un air amusé par la question.
Isabella a l'air déstabilisée par cette réplique, elle doit se sentir ridicule de poser une question dont la réponse est déjà sur internet. Je lance un regard à cet homme, pensant qu'il serait décontenancé d'avoir répliqué de la sorte. Mais à ma grande surprise, il semble fier et arrogant.
___ « Bien évidemment qu'il y'a certaines réponses de la question sur internet. Néanmoins, nous avons pas la version complète, qui est la vôtre » dis-je, d'un ton brusquement.
Il me fixe profondément, comme s'il m'etudiait. J'ai toujours été celle qui a la grande gueule, la voix du peuple. Cet homme pense que son rang social intimide tout le monde, mais je suis l'exception et je m'en tape qu'il ait une mauvaise opinion de moi, pourvu que la cause pour laquelle je me suis battue soit juste.
___ « De plus, si nous sommes présentement dans ce lieu, c'est pour dîner et également poser des questions. Donc, je suppose que si nous avons le droit de vous poser ne serait-ce qu'une seule question, je crois que vous êtes dans l'obligation de nous répondre. Même si cette réponse est déjà virale » ajouté je.
Il me sonde toujours, je le vois se redresser et opter une posture plus confortable. Il n'a pas l'air agacé par ma réplique mais plutôt surpris que je lui tienne tête.
___ « La grande gueule ... » murmure t'il.
Je ne pense pas que les autres l'aient entendu mais moi si. Je suis assise à côté de lui et j'ai entendu ce qu'il pense de moi. Je me retiens d'exploser devant les autres clients.
___ « Je suis milliardaire à un si jeune âge, tout simplement grâce à mes investissements. Notamment dans l'immobilier, l'actionnariat et aussi dans l'agro-industrie » nous explique t'il, en gardant le même calme imperturbable.
Il me jette un coup d'oeil qui en dit long. Puis les autres lui questionne à tour de rôle, qu'il répond nettement. Puis, c'est à mon tour de lui poser ma question. Il semble plus prêter attention à moi, peut-être pour connaître ma question.
___ « Euh... J'ai deux questions » admets je, mal à l'aise.
Mes autres camarades me fixent comme si j'étais une idiote et que je ne connaissais pas la règle. Tandis que monsieur le fier, a ses sourcils froncés.
___ « Je vous écoute » me dit-il, simplement.
J'ouvre mon bloc note et je lui pose la première question :
___ « Quelle est votre perception de la richesse ? »
Il racle sa gorge, prend son verre de champagne, le boit puis redépose le verre avant de me fixer à nouveau.
___ « La richesse c'est l'être à l'abri de la misère. Manger à sa faim, abreuver sa soif, se vêtir, avoir un toit, une famille, des amis. C'est ça, la vraie richesse, ne pas avoir à quémander quoique ce soit auprès des autres personnes. »
Je suis éblouie par son charisme lorsqu'il s'exprime avec sagesse. Il est peut être arrogant et fier mais il est sage.
___ « Et vous en avez tout cela ?... Je sais que vous pouvez vous procurer autant de bonnes choses que vous le souhaitez, mais vous avez de la famille ? des amis ? Et quand je parle de famille et de l'amitié, c'est au sens propre. Une vraie famille et des vrais amis » continue je.
L'expression de son visage montre que j'ai peut-être touché sa sensibilité.
___ « C'est la deuxième question ? » me demande t'il en buvant son champagne.
Je comprends qu'il veut me rappeler que je n'ai droit que deux questions et, ça c'est une exception. Pendant que je regarde longuement la prochaine question avec hésitation, il tousse légèrement pour me rappeler sa présence.
___ « Euh... Vous êtes homosexuel ? »
Mes camarades ouvrent grandement leurs yeux et me fixent. Je comprends par là, que ma question est un peu osée. En réalité, c'est la question d'Emily et elle a insisté pour que je la lui demande. William me regarde d'abord avec une extrême neutralité, comme si ma question ne le choque pas. Mais je me suis sentie mal à l'aise la minute suivante, je n'aurai pas dû lui demander cela. C'est sa vie privée et cela ne me concerne absolument pas. Je voulais me racheter auprès de lui pour ma question mais il m'interrompt.
___ « Non, je suis hétéro » répond t'il.
Je ne suis pas convaincue mais cela ne regarde que moi. Après la conversation d'hier soir avec Emily, le doute s'est installé dans ma tête.
___ « Mais si vous n'êtes pas convaincu, je peux vous le prouver d'une autre manière plus approfondie » ajoute t'il, d'un sourire pervers.