Chapitre 8
A midi Lili proposa à Jules de manger avec nous à la cantine. Il nous rejoignit donc dans la queue accompagné d'un ami à lui qu'il nous présenta sous le nom de Mat. Ce dernier était chaleureux et gentil tout comme son ami. Mat avait des cheveux blonds fins et courts et une peau bronzée.
De nouveau des garçons inconnus me proposèrent de porter mon plateau mais je déclinais leur offre. Je pouvais porter mon plateau tout de même. Un garçon venu de nul par me tira même ma chaise pour moi avant que je m'asseye. Je le remerciais avec un sourire sincère.
« Ils sont très attentionnés dans ce lycée. Cela change de Liam. »
Lili et Mat rirent.
« Qui y a-t-il ?
-Il n'y a qu'avec toi que les gens sont attentionnés ici Abi...me dit Lili. »
Je fronçais les sourcils ne comprenant pas où elle voulait en venir.
« Tous les garçons veulent attirer ton attention.
-Pourquoi donc ?»
Jules se tortillait sur sa chaise mal à l'aise. Mat, lui était visiblement tout aussi amusé que Lili.
« Elle est vraiment naïve comme ça ? demanda-t-il à mon amie.
-Et encore vous n'avez rien vu. Elle vient d'un village isolé. La vie au lycée est nouvelle pour elle.
-Je vois... »
Je ne savais pas si c'était une bonne chose que de plus en plus de personnes étaient au courant que je venais d'un endroit isolé. Mat se tourna vers moi.
« Écoute Abrielle, c'est bien ça ton prénom ?
-En effet.
-Des filles mignonnes comme toi il y en a peu alors quand il y en a une les garçons font tout pour l'avoir. Tu es leur trophée en quelques sortes. »
Je me souvenais que Lili m'en avait déjà parlé du fait que les garçons voulaient attirer mon attention. Visiblement ce n'était pas passé. C'était même pire. Je commençais à bouillonner. Moi qui pensais que j’avais enfin trouvé des garçons gentils. S’ils ne me rabaissaient pas ou voulaient me contrôler, ils voulaient me posséder comme un vulgaire objet. J’ignorais ce qui était le pire. Heureusement Jules changea vite de sujet et je me forçais à penser à autre chose.
En allemand Liam était en avance. La prof fit même une remarque quand elle le vit :
« Tiens pour une fois que vous n'êtes pas en retard ! Que me vaut ce plaisir ?
-J'avais hâte de vous voir madame tout simplement. »
Quand il me vit, Liam sourit de toutes ses dents. Même ma froideur ne réussit pas à effacer son sourire. En revanche que je l'ignore et change de place pour me mettre à côté de Jules ça, oui. Il avait quitté le cours même pas deux minutes après et à la fin de l'heure il m'avait interceptée.
« Pourquoi tu m'ignores ?
-Je ne t'ignore pas. »
J'allais partir mais Liam se plaça devant moi si bien qu’emportée par mon élan je me retrouvais collée contre son torse. J'avais ressenti quelque chose de bizarre que je n'avais encore jamais ressentit jusque-là. Comme si mon cœur avait pris vie d'un coup. C'était une douleur très agréable. Je m’écartais de Liam et je remarquais qu’il avait arrêté sa main avant de me toucher. J’hochais doucement la tête satisfaite de sa décision. Je lui avais bien dit que s’il me touchait j’allais lui casser le bras.
« Le fait que quelqu'un t'ait brisé le cœur n'est en aucun cas une raison pour que tu me parles comme à un être inférieur. »
Liam me regarda pris de court. Il ne dit rien et nous partîmes chacun de notre côté.
Le soir je prétextais que je devais passer un coup de fil important pour laisser Lili seule dans la chambre. J'allais dans les toilettes pour me changer en Arthur avant de rejoindre les autres au gymnase. Liam était d'aussi mauvaise humeur que d'habitude. Il nous fit courir une heure pour nous échauffer tout en interrompant parfois la course par des pompes ou d’autres exercices. J'avais tenu assez longtemps et j'étais fière de moi mais après une demi-heure j'étais en sueur et tremblante. Je n'étais pas très endurante. Surtout en pull. J’avais l’impression que tout mon corps avait perdu ses réserves d’eau et que j’allais bientôt tomber en pièces.
« Bouge-toi princesse ! me criait Léonardo (celui responsable des inscriptions). »
J'essayais de suivre tant bien que mal mais je finis par m'écrouler sur le côté. Liam m'écrasa avec son pieds.
« Aïe !
-Debout.
-C'est compliqué si tu m'écrases... »
Il appuya encore plus.
« Qu'est-ce que t'as dit ?»
J'aurais bien répété ma phrase si j'avais pu respirer. Liam me retira son pieds et je repris mon souffle avant de me lever et de lancer :
« J'ai dit que c'était dure de se lever si tu m'écrasais avec ton pieds. »
Liam se retourna vers moi d'un coup. Léonardo me regardait amusé tandis que des chuchotements s'élevèrent dans la salle. Liam désigna un tapis.
« On va voir si tu seras toujours grande gueule après ce que je vais te mettre. »
Je le suivais dessus volontiers. Enfin un exercice intéressant. Après tout je n’étais pas venue dans ce club pour courir pendant des heures. Il n’y avait aucun intérêt à cela.
Nous nous mîmes en garde et commençâmes à tourner autour de l'autre sans attaquer. Nous nous évaluions et pendant ce temps je ne voyais plus que Liam. Tous les sons disparurent et tout autre détail ne trouva pas sa place dans mon champ de vision. Ce fut comme si j’avais zoomé sur ses yeux. Je ne voyais plus que lui.