Chapitre 4 : À deux

Je cours depuis trois semaines à droite et à gauche, pour les préparatifs de la cérémonie. Les faires-parts ont été envoyés il y a plusieurs jours, et je sais déjà que nous serons une trentaine (en grande partie des membres de ma famille). Chloé est mon témoin, et elle a déjà son billet d'avion. Thomas a insisté pour allouer les services d'une wedding-planeuse, et avec le recule je me rends compte qu'il avait raison, il y a des choses auxquelles je n'aurais pas pu penser, surtout vu l'urgence. Nous avons déjà le lieu de réception, le traiteur, et ma robe. Je rentre d'ailleurs des essayages de cette dernière. C'est une robe simple mais élégante, pas de frou-frou. C'est donc avec l'esprit un peu plus léger que je retrouve à mon domicile.

Il est à peu près 20h, et Thomas n'est pas encore là. Cela me laisse le temps de me détendre et d'envoyer quelques mails. Andrew et Marcus, se sont montrés compréhensifs, lorsque je leur ai dit qu'avec le mariage, je n'aurais pas le temps de me consacrer à la rénovation de l'ancienne usine. Bien évidemment, cela était un prétexte, puisque Thomas a tellement insisté pour que je me retire du projet, que je ne pouvais par leur révéler la véritable raison. Je m'occupe donc de tout les autres projets annexes, c'est à dire les maisons de trois particuliers en chantier.

Pendant que je regarde mes messages sur mon ordinateur, mon téléphone vibre. Je m'empresse de le prendre, croyant à un texto de Thomas, mais en réalité c'est un message de Marcus qui me demande de retourner au bureau, afin de lui scanner le permis de construire d'un client. Je souffle de frustration. Me coucher tôt ne sera pas pour ce soir. Je reprends mon sac dans l'entrée, puis quitte mon appartement.

Lorsque j'arrive l'immeuble est vide. Je me précipite dans le bureau de Marcus à la recherche de son papier. Je fouille dans le tiroir de son bureau, c'est souvent là qu'il met les choses importantes, bien que ce soit l'endroit le moins sûr du monde! Alors que je crois avoir attraper le document en question, quelqu'un frappe à la porte du bureau, me faisant sursauter. Je lève la tête et suis surprise de reconnaitre Henry Simmons.

Théa : " Vous m'avez fait peur! " dis-je, une main sur la poitrine.

Henry : " Désolé... Je ne voulais pas vous effrayer... Je cherche Marcus... " dit-il, contrit.

Théa : " Et bien, il n'est pas là. Les bureaux sont fermés à cette heure. Comment êtes vous rentré? " demande-ai-je, intriguée.

Henry : " La porte était ouverte, et je sais que Marcus reste souvent après 20h. Je me suis dit que je le trouverais probablement ici. "

C'est vrai que Marcus ne compte pas ses heures, il est habituellement dans les parages à ces heures tardives. C'est pour cela que je suis étonnée qu'il m'est demandée de venir ici...

Théa : " Que vouliez-vous? " dis-je, pour en finir avec lui.

Henry : " Je voulais juste discuter de quelques changements avec lui. "

Théa : " Andrew et lui, ont été sur le chantier toute cette semaine, vous ne pouviez pas les intercepter à ce moment-là? "

Henry : " Je suis un homme occupé, je suis souvent en déplacement. Je n'étais pas à San Francisco ces jours-ci. " répond-t-il, étrangement fier de lui.

Je scanne le papier que Marcus m'a demandé, tout en l'écoutant.

Théa : " Et bien, tout ce que je peux vous proposer, c'est de l'appeler. Je suis juste passé pour lui scanner un papier, je ne reste pas. "

Henry : " Vous êtes attendu? " demande-t-il, l'air de rien.

Je sais qu'il veut glisser tout doucement vers le terrain extra-professionnel, mais je ne suis pas dupe.

Théa : "Il est 21h, et j'ai eu une dure journée. J'aimerais juste me reposer. Vous qui êtes un homme d'affaire occupé, vous devez comprendre ça. " dis-je, avec un sourire de façade.

Henry : " Bien sûr... C'est pour cela que vous ne participez pas au chantier de mon entreprise? Andrew m'a prévenu, que comme ils voulaient entièrement se consacrer à ma rénovation, ils vous avez laisser vous occuper des autres clients. "

Théa : " C'est bien ça. Bien que ce soit des chantiers de particuliers, ils ont aussi besoin d'un suivi. Andrew et Marcus ont déjà fait les plans, je n'ai qu'à vérifier que tout se passe dans les délais. "

Henry : " C'est dommage car j'aurais eu besoin de vos lumières sur ce chantier moi aussi. Vous m'avez décidé à choisir ce projet, je pensais que vous vous y consacreriez. " dit-il, voilant à peine sa déception.

Théa : " Ce n'est pas moi qui décide. Je ne suis qu'une assistante. " répondis-je avec légèreté.

Henry : " Vous vous sous estimez, vous êtes plus que ça... " dit-il, un sourire en coin.

J'ignore volontairement sa dernière remarque, puis prends mon sac en sortant du bureau de Marcus. Il me suis, je prends les clefs sur mon bureau, et me retourne pour lui faire face.

Théa : " Je vais devoir y aller..."

Henry : " Je sors avec vous. " dit-il, passant devant moi.

Arrivée dehors, je remarque une somptueuse berline Mercedes, de couleur grise, qui attend devant le trottoir.

Henry : " Je vous raccompagne? " demande-t-il.

Théa : " Non merci, je vais prendre un taxi. " dis-je rapidement.

Henry : " J'insiste. "

Théa : " Moi aussi j'insiste... je n'habite pas loin. Vous avez certainement plein de choses à faire, je ne voudrais pas vous déranger plus longtemps. " répondis-je.

Il me regarde d'une façon indéchiffrable, puis s'avance vers moi. Il prend ma main, et passe le pousse et l'index sur ma bague.

Henry : " Il a vraiment de la chance votre fiancé... Mes félicitations. " dit-il, d'une voix sourde.

Je retire ma main de la sienne rapidement, comme-ci je m'étais brûlée à son contact .

Théa : " Merci. " dis-je, gênée.

Il se dirige vers sa berline.

Henry : " J'espère que nous nous reverrons... " dit-il, avant qu'il ne rentre dans sa voiture et quitte le trottoir.

J'haile un taxi, qui me ramène à la maison. Il est presque 22h quand j'arrive. Une odeur de sauce tomate envahi mes narines lorsque pousse la porte. Thomas est assis sur le canapé, son ordinateur sur les genoux. Je marche doucement jusqu'à lui. Je passe une main sur son épaule, attendant qu'il sursaute, mais il n'en fait rien.

Théa : " Moi qui pensait t'effrayer... " dis-je déçue.

Thomas : " Où étais-tu? Ça fait une heure que je t'attends, je pensais que serais là avant moi. " dit-il frustré.

Théa : " J'étais déjà rentrée, mais j'ai dû repasser au bureau pour Marcus. Merci d'avoir fait à manger. " dis-je, essayant de changer de conversation.

Il se lève et me suis jusqu'à la cuisine.

Thomas : " Ce n'est pas l'habitude de Marcus de te faire revenir alors que tu es déjà sortie. " me fait-il remarquer, avec aigreur.

Théa : " Écoute de toute façon, c'est fait. Je suis en retard, je suis désolée..."

Thomas : " Simmons avait l'air ravit de te voir. " dit-il, me regardant droit dans les yeux.

Je m'immobilise un instant quand j'entends ses paroles. Je n'essaye même pas de me demander comment il sait, puisqu'il sait! C'est ce qui est le plus problématique. J'avais voulu lui taire cette rencontre fortuite, pour ne pas l'inquiéter mais malheureusement, je n'en aurais pas l'occasion.

Théa : " Je sais ce que tu vas dire... Ce n'est pas la peine de commencer... " dis-je d'une voix lasse.

Thomas : " Ah bon? Dis-le moi quand même, j'aimerais l'entendre de ta bouche. " dit-il, me mettant au défit.

Je lève les yeux en l'air et m'assied sur l'un des tabouret de la cuisine.

Théa : " Que s'il était là, ce n'était pas par hasard... que je devrais me méfier, qu'il n'est pas clair et que je cours un danger à rester en sa compagnie... " dis-je, agacée.

Thomas : " Tu oublies, que c'est un manipulateur qui n'a aucunes limites! C'est lui qui t'a envoyé ce texto de Marcus. Je le sais parce-que depuis qu'il est venu à ton travail, je l'ai à l'oeil. J'ai mis mes meilleurs collaborateurs à sa surveillance. Je sais plus au moins ce qu'il trame à présent grâce à cela, et tu fais partie de son plan. " dit-il, en colère. " Alors, ne me dis plus que je suis parano ou que je ne te fais pas confiance! Depuis le début, je n'ai eu de cesse à vouloir protéger ce que nous avons. T'emmener sur cette île, c'était en grande parti pour cela. Pour nous permettre d'être nous deux à l'abris des regards. Je... On a jamais pu faire pression sur moi, c'est pour cela que j'étais redoutable, et imprévisible, mais avec toi à mes côtés, j'ai une faiblesse! En t'atteignant, on atteint ce ce que j'ai de plus cher, et Simmons le sait à présent. "

Heureusement que je suis assise car sinon j'aurais perdu pied. Je dois reconnaitre, que je suis étrangère à ce monde où il faut écraser l'autre pour obtenir plus de pouvoir. Comme-ci rien n'avait d'importance si ce n'est, encore plus d'argent. Je ne pensais pas que vivre avec lui, impliquerait autant de concessions.

Théa : " Si je te suis bien, je suis donc une proie... pour lui, comme tout tes autres potentiels concurrents? Alors que je ne suis même pas encore ta femme? "

Thomas : " Personne ne sait que nous allons nous marier. Et je tiens à ce que ça reste confidentiel, jusqu'à ce que cela devienne officiel. "

Théa : " Henry Simmons le sait déjà. Il a vu ma bague et m'a félicité. "

Thomas : " Putain! " dit-il, se passant frénétiquement les mains dans les cheveux. " Il sait qu'on est fiancés mais il ne sait pas que le mariage à lieu dans dix jours... n'est-ce-pas?! " me demande-t-il sur la défensive.

Théa : " Non! Il ne le sait pas! Je ne me suis pas étalée sur ma vie privée, j'ai essayée de me débarrasser de lui du mieux que je pouvais. " répondis-je, agacé par ses sous-entendus.

Il s'avance jusqu'à moi, et me prend par les épaules.

Thomas : " Théa, promets-moi d'être prudente...non... de ne pas te mettre en danger! Je te fais surveiller par des gens assez discret pour te laisser vivre ta vie, mais je ne peux pas être tout le temps là pour te protéger... "

Théa : " Tu me fais surveiller! " dis-je surprise.

Thomas : " Depuis, que je t'ai déposé sur le tarmac de l'aéroport de San Francisco, je n'ai jamais cessé de prendre soin de toi. Je t'aime Théa, est-ce-que tu entends? Je t'aime! Je ne laisserai jamais personne nous séparer! Tu peux penser que je suis irrationnel, stupide ou fou... mais je ferai le nécessaire pour garantir ta sécurité. " dit-il avec détermination.

Je le regarde, abasourdie par sa férocité et une sorte de fureur qui s'est emparé de lui. Étrangement, je n'ai pas peur de lui, au contraire, je me sens rassurer par la nature de ses sentiments. Ils sont brutes, violent, passionnels, mais sincère et pure. Je me défait de son emprise sur mes épaules.

Théa : " Toi et moi savons que je ne suis pas quelqu'un qui se soumets facilement, mais je comprends tes inquiétudes. Je ne m'étais pas rendue compte, que quand je partagerais ta vie, je changerais la mienne à ce point. Il va falloir que je m'habitue à être protéger, utilisée pour atteindre l'homme de glace que tu parais être... Mais sache une chose, je serais aussi intraitable que toi, en ce qui concerne TA sécurité! Bientôt tu auras une épouse à tes côtés, et je compte bien le rester un long moment, alors protèges-toi autant que tu me protèges. "

Je colle ma tête contre son cou et sens ses mains faire le tour de mon dos. Je m'accroche à lui. Je me rends compte qu'il m'est devenu essentiel. Je ne saurais imaginer ma vie sans lui à présent. L'existence morne et sans reliefs que je menais avant, à disparue sous les éclats tranchant de notre passion. Il me dit qu'il serait capable de tout pour moi? Je serais capable de tout pour lui! Simmons s'en ai pris à la mauvaise personne, il n'a réussit qu'à faire naître en moi une salutaire méfiance, qui j'espère, aura raison de lui.