Chapitre 9 : L’entretien d’embauche

— Comment veux-tu que je réponde ?

Elle a peine à trouver les mots pour répondre à Leila.

Est-elle censée dire :

— Je suis désolée, je n’aurais pas dû vous séparer à cause de mes fiançailles avec Jonathan ?

Ce serait hypocrite.

De plus, qu’est-ce qu’elle pouvait faire avec ce mariage décidé par les deux mères ?

Jonathan la regarde fixement avec des yeux plissés. Il s’avance, sans se presser, ce qui crée une tension qui fait reculer Violette.

— Je ne t’ai pas provoqué, hein ? demande Violette.

Leila s’approche de lui et le prend par le bras.

— Jonathan, ne te fâche pas. C’est ma faute. Je n’aurais pas dû dire ça. Elle vient juste de t’épouser. Je n’aurais pas dû venir. Va te reposer. Je vais rentrer chez moi.

— Ce n’est pas toi qui devrais partir d’ici.

Jonathan lui prend par le poignet et monte à l’étage.

Leila éclate de joie dans son cœur. Bien que Jonathan lui ait assuré qu’il serait en couple avec elle, il n’a jamais eu de désir envers elle.

Aujourd’hui, elle est submergée de joie par la réaction de Jonathan.

Après tout, ce n’était pas elle cette nuit-là. La seule façon pour elle de gagner le cœur de cet homme est d’avoir une véritable relation sexuelle.

Violette ne lève pas les yeux. Elle se tourne et rentre dans sa chambre en silence.

Leila se retourne juste à temps pour voir la silhouette de Violette qui entre dans la chambre. Elle se rend compte soudain que cette silhouette, mince et élancée, ressemble à celle de la fille de cette nuit-là.

Cette nuit-là, elle a surmonté la haine et la jalousie pour trouver une vierge pour Jonathan. Elle a été déjà poussée à ses limites et n’avait pas envie de voir la fille qui allait faire l’amour avec Jonathan.

Elle a seulement vu très brièvement une silhouette maigre quand cette fille est partie.

Pas étonnant que Violette ait un air de déjà-vu.

Il s’avère que ce sentiment de familiarité n’est pas venu de nulle part.

La seule pensée que la femme de cette nuit aurait pu être Violette fait paniquer Leila.

Elle ne doit pas laisser Violette rester avec Jonathan.

Surtout, il ne faut pas lui donner l’occasion d’avoir un contact intime avec Jonathan, de peur qu’il ne le découvre.

Après tout, Violette est la femme qui a fait l’amour avec lui.

Une fois dans la chambre, Leila ne fait plus semblant d’être timide. Elle passe ses bras autour de la taille élancée de Jonathan, enfouit sa tête dans ses bras et dit doucement :

— Jonathan, laisse-moi faire l’amour avec toi encore une fois.

Ensuite, elle veut l’embrasser. Mais Jonathan garde un visage impassible. Il n’a aucun désir envers la proposition de Leila, contrairement à ce qu’un homme normal aurait fait.

A part cette nuit-là, il n’a aucun désir envers elle !

Au moment où les lèvres de Leila sont sur le point de toucher les siennes, il détourne la tête. Par conséquent, Leila ne réussit pas à l’embrasser.

— Il se fait tard, va te coucher de bonne heure.

Un peu agité, Jonathan tire sur son col, qui n’est pas du tout serré.

Il ne sait pas trop pourquoi il est agacé. En tant qu’homme, il est censé la désirer, mais il n’a pas de pulsion sexuelle envers elle. Il se sent donc anormal.

Leila serre les mains et a un air contrarié.

— Jonathan, est-ce que tu ne m’aimes pas...

— Ne rêvasse pas.

Jonathan baisse la voix et passe son bras autour des épaule de Leila.

— Repose-toi ici ce soir.

En tant que femme, Leila sait très bien ce que cela signifie quand un homme ne peut pas être excité par elle.

Elle s’allonge docilement sur le lit. Mais elle a ses yeux rouges en larmes. Mais enfin, aucune larme ne tombe.

Evidemment, elle a l’air très frustrée. Mais elle retient toutes ses émotions en elle.

Jonathan est touché. Elle a aussi gardé ses émotions au fond d’elle cette nuit-là. Malgré tout ce qu’il a fait, elle n’a pas fait de bruit.

Son cœur s’adoucit. Il met une couverture sur elle et s’assoit sur le bord du lit.

— Ne t’inquiète pas. Quand tu seras mon épouse, je ferai l’amour avec toi.

Leila hoche la tête. Elle connaît Jonathan depuis assez longtemps pour avoir une idée de son caractère et de ses habitudes. Même s’il ne l’aime pas, il prendra soin d’elle par sens du devoir.

Jonathan enlève sa veste et sort de la chambre. Il descend et jette la veste dans sa main sur le canapé. Ensuite, il se jette sur le canapé. Les jambes fines croisées sur la table basse, la tête appuyée contre le dossier du canapé, il a l’air un peu fatigué.

Au petit matin, Violette se lave, s’habille et sort de sa chambre. Jonathan est déjà à la table pour lire le journal financier. Leila semble connaître bien sa routine et lui prépare un café court.

Chloé a préparé le petit déjeuner. Violette, minimisant sa présence et ne faisant pas de bruit, est assise au bout de la table. Elle s’éloigne d’eux et baisse la tête en mangeant du porridge.

Chloé sert l’omelette et fronce les sourcils en voyant Violette, qui est discrète comme une souris. C’est elle qui est l’épouse légale. Pourquoi est-elle si humble devant une maîtresse ?

Chloé dit délibérément :

— Madame, vous devriez vous asseoir à côté de M. Chéron.

Quoi ?

Violette lève les yeux.

Jonathan pose également le journal financier dans sa main.

Leurs regards se croisent et ils se figent. Violette a des frissons en se souvenant du regard sombre de cet homme la nuit dernière.

La mère de Jonathan était morte quand il était très jeune. C’est Chloé qui s’est occupée de lui.

Il a donc beaucoup de respect pour cette dame âgée.

Chloé a donc toute liberté de parler.

Leur mariage est un échange gagnant-gagnant. Violette ne pense pas avoir le droit de se mêler de la vie privée de Jonathan. Elle finit son porridge et sourit en disant :

— J’ai fini. Prenez votre temps.

Après la nuit dernière, Violette se rend compte que Jonathan tient beaucoup à Leila. Il vaut donc mieux être sage.

Elle marche très vite, comme si une bête féroce la poursuivait.

Jonathan regarde le dos de Violette, qui se dépêche de partir, et plisse un peu les yeux.

Leila réprime ses émotions et dit à voix basse :

— Elle n’est peut-être pas à l’aise avec ma présence ici. Désormais...

Jonathan place un verre de lait devant elle.

— Dans un mois, elle sera partie.

Leila baisse les yeux. Ce mois est trop long pour elle.

Violette rentre dans sa chambre et allume son téléphone. Elle a reçu une réponse à sa candidature au poste sur Leboncoin.

Elle a été invitée à un entretien. Après le départ de Jonathan et Leila, Violette sort également de la villa et prend un taxi pour aller à l’entretien.

Le gratte-ciel du Groupe Sommet est magnifique.

Violette se tient devant le bâtiment et prend une profonde inspiration avant d’entrer.

Comme elle n’a pas obtenu sa licence, il n’est pas facile de trouver un emploi décent. Elle veut donc vraiment saisir cette occasion et obtenir ce poste.

La salle d’entretien est pleine de gens. Ils sont bien habillés et tiennent leurs CVs à la main, apparemment bien préparés pour l’entretien. Violette, au contraire, est un peu bizarre dans son T-shirt blanc et son jean.

Elle ne semble pas avoir un entretien.

Elle ignore les regards curieux qu’elle reçoit de temps en temps et se tient silencieuse, en attendant.

Une heure plus tard, Violette est appelée.

Elle a fait la vaisselle et a livré des journaux. Mais ces petits boulots ne sont pas considérés comme l’expérience professionnel. De plus, elle n’a pas de diplôme supérieur. Elle n’a donc pas apporté de CV.

Le recruteur fronce légèrement les sourcils à cause de son absence d’expérience professionnelle.

— Comment connaissez-vous la langue du Pays A ?

Après tout, c’est une langue peu parlée.

Ce poste a été mis en ligne pendant longtemps, sans aucun candidat.

Violette serre les mains en se souvenant de son passé.

— J’ai habité dans ce pays. Pour mieux communiquer avec les locaux, j’ai appris cette langue...

Cette voix...

Leila passe devant la salle d’entretien, avec des documents à la main. En entendant cette voix un peu familière, elle regarde dans la direction du son et voit Violette. Elle a le cœur serré.