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05

La circulation est fluide, j'arrive à la crèche sans courir cette fois, sans manquer un nouvelle reflexion des assistantes de puériculture qui aiment me signaler que Liam est toujours le premier arrivé et le dernier parti. Heureusement qu'il n'y est que 3 jours par semaine, je ne supporte plus ce genre de reflexion. Elles savent le job que je fais et savent que je suis parent célibataire, elles n'ont aucune pitié. Je fais fit de leur remarque mais un jour où je serai mal lunée je risque de vriller.

La crèche est derrière chez moi, je reviens à pieds avec mon petit bonhomme qui tient son doudou dans ses bras.

J'ai beaucoup de chance, Liam est un petit garçon merveilleux, toujours souriant, très câlin et il commence à parler ce qui me vaut de véritables fou rires.

Il joue à la pâte à modeler à côté de moi pendant que je prépare son repas.

- Au bain trésor!

Tout sourire il se déplace sur ses petites jambes vers la salle de bain ou je fais couler l'eau dans la baignoire. Il y grimpe via le marche pied à disposition, il adore se baigner. Je le lave pendant qu'il joue avec les multiples jouets à sa disposition.

Il n'est pas caractériel et obéissant, je remercie le ciel qu'il ne m'en fasse pas voir de toutes les couleurs alors que je m'occupe seule de lui. Enfin, ma mère m'aide énormément, je ne pourrai pas assurer de garde nocturne sans qu'elle s'occupe de Liam. Elle le prend le soir à la crèche et je le récupère le lendemain. Elle travaille encore et a deux jours off par semaine en plus des week ends, ce qui fait que je ne peux être de garde le dimanche, le lundi et le mercredi.

Liam restauré, je vais le coucher avec notre petit rituel, bien efficace. Une histoire, un câlin et notre petite berceuse que je lui chante depuis sa naissance. Je me dis qu'un jour je vais devoir arrêter de lui chanter mais je ne suis pas encore prête, et lui non plus je crois.

Je range les quelques affaires qui traînent avant de prendre un bain à mon tour. Je me prélasse dans la mousse quand mon telephone me signale un message.

Charlotte :

[Vendredi tu es de garde ?]

[Non, que jeudi cette semaine, pourquoi?]

[laisse Liam à ta mère, on sort !]

Je souris, elle ne me demande même plus si je suis d'accord. Je culpabilise à chaque fois que je laisse Liam à ma mère plus que nécessaire.

[Non, repos vendredi soir]

[Non, je suis aussi Maman, et une Maman ca sort de temps en temps, alors vendredi tu sors ta petite robe noire et tu viens boire un verre avec moi! Non négociable]

Je ne prends même pas la peine de répondre, c'est perdu d'avance.

Mon telephone signale un nouveau message.

Anthony:

[la?]

Anthony, mon voisin

lan-cul, il ne prend même plus la peine de mettre les formes dans ses messages pour me signaler qu'il a envie qu'on se voit et évidemment qu'on couche ensemble, vu qu'on ne se voit que pour une partie de jambe en l'air. Je ne sais pas comment on en est venu là, mais je me surprends à ne pas avoir envie de lui, pourtant rien ne vaut un orgasme pour se détendre pleinement. Mais comme avec lui ce n'est pas à tous les coups, je ne prends pas le risque de me le coltiner pour ne pas avoir ce que je souhaites.

[fatiguée Desolee , une autre fois]

Je sors de ma baignoire en m'enroulant dans une serviette et me sers un café. Je n'ai pas faim, et la caféine ne m'empêche plus de dormir. Liam dort paisiblement, l'appartement est calme. Je me cale dans le canapé et zappe, rien de palpitant malgré mes nombreux abonnements de streaming.

Je me mets donc au lit avec un bon livre en prenant soin de régler mon réveil, je m'endors souvent sur mes bouquins, bien que Liam me réveille par un « Maman » bien avant qu'il ne sonne.

Le lendemain matin, en arrivant à 7h40 après avoir déposé Liam à la crèche, Charlotte est déjà là, au téléphone comme bien souvent. Je lui fais signe de la tête et commande nos cafés. Enfin , commander est un bien grand mot, nous sommes tellement des habituées et le patron nous connaît tellement que nos cafés sont prêts avant qu'on ouvre la bouche, il nous voit arriver de loin.

Je le remercie avec un grand sourire et me retourne pour rejoindre Charlotte, toujours en grande conversation avec je ne sais qui : sa sœur, sa mère ou peut être même son père, elle est très proche de sa famille, bien que ca soit une famille recomposée.

En allant à la salle de staff, on croise l'équipe de chirurgie qui se dirige vers leur salle de réunion également. Je souris a l'intention de Seb et Neal, quand mes yeux se posent sur Lucie, mon sourire s'agrandît. Lucie est l'interne qui me collait aux basques lorsque je terminais mon internat alors qu'elle le débutait, toujours soif d'apprendre. Toute petite, tout mignonne mais parle comme une fille de la cité, son attitude jure avec avec son physique, elle est un véritable paradoxe.

- ca va mon bouchon? Pas trop dur le rythme des chirurgiens?

- Non ca va! Je suis contente de te voir!

- moi aussi. Tu es avec Seb?

- Non, je suis avec Neal, tous les internes de Chir sont jaloux, mais comme ils étaient déjà tous attitrés et que Neal vient d'arriver, il va devoir me supporter!

- Moi je trouve qu'il a bien de la chance!

Je jette un coup d'œil à l'intéressé qui ne manque pas une miette de la conversation, sans pour autant intervenir. Ma foi, si ca ne le gêne pas qu'on parle de lui, devant lui.... Je me penche à l'oreille de Lucie pour lui chuchoter

- peut être que tu vas réussir à le décoincer un peu....

Lucie rit, alors que Neal me fusille du regard, il doit se douter que je me suis moquée de lui.

- viens faire une césarienne quand tu veux bouchon! Je file au staff, à plus tard.

J'attrape Charlotte au passage qui discutait avec Seb et me dirige vers la salle de réunion.

Après ma matinée a réalisé des échographies, je rejoins Charlotte en salle de naissance, dans la chambre de garde?

- Dispo pour manger ?

- Ouais, mais ca t'embête si on prend à la cafet? J'ai pas envie d'aller au self et de m'éloigner, la salle est pleine, j'ai pas envie de courir.

- pas de soucis, les autres font quoi?

- Livia nous rejoindra et Jeremy est en vacances.

On a mangé un sandwich rapide dans la chambre de garde avant que je retourne consulter. Charlotte est de garde ce soir, à la fin de mes consultations je passe lui dire au revoir avant de me rendre au parking.

En approchant de ma voiture, je remarque une silhouette adossée au mur: Neal.

Je m'avance vers lui.

- un problème? Tu attends Seb?

- Ouais mais il ne me répond pas, ca fait déjà 15 min que j'attends. J'ai hâte de récupérer une voiture !

- Tu veux que je te dépose? Tu vis où?

- C'est gentil, je vais l'attendre.

- comme tu veux! J'insiste pas, bonne soirée

Je le dépasse et ouvre ma voiture.

- Attends! Finalement je veux bien, je lui envoie un message comme quoi je suis déjà rentré. Merci.

- Pas de probleme, où est ce que je t'amène?

- euh, avenue Bellevue, tu vois ou c'est?

Je déglutis, les coups du sort comme ça.... Évidemment que je vois où c'est, c'est la rue perpendiculaire à la mienne et la rue où se trouve la crèche de mon fils.

- Tres bien oui, je vais par la aussi.

Heureusement que j'ai mis de la musique, parce que Monsieur arrogant est vraiment mutique, c'est même pesant.

- Neal?

- hum?

Je jette un coup d'œil sur le siège passager, il n'a même pas prononcer un mot, j'abandonne et continue ma conduite.

- Non rien, laisse tomber.

J'arrive sur la rue de destination, jusqu'au numero qu'il m'avait indiqué. Son appartement donne directement sur ma rue, c'est bien ma veine.

Je me gare en soupirant.

- Tu n'es pas obligée de te garer tu sais, c'est déjà gentil à toi.

Gentil oui, je t'en foutrais du gentil. Je vois rouge.

- Alors primo, j'habite la rue que tu vois là, probablement que de ta terrasse on voit la mienne. Deusio, je vais chercher mon fils à la crèche juste en face. Ah oui, tout ça te surprend hein?! Tu l'aurais su si tu avais ouvert la bouche pendant ce trajet en t'intéressant un minimum aux gens qui t'entourent, mais si tu veux rester enfermé chez toi, ne parler à personne, n'échanger avec personne durant ton séjour ici, grand bien te fasse! Ca m'est complètement égal! Alors oui, on ne roule pas en Porsche, les médecins français, hospitaliers du moins, sont loin d'avoir la même qualité de vie que chez vous aux USA, mais ca ne nous rend pas moins intéressants, peut être même davantage en fait. Tu respire l'arrogance, tu es sans doute le meilleur dans ton domaine, mais en dehors de l'hosto ca ne te rend pas meilleur que d'autres! Sur ce je ne te retiens pas tu es arrivé à destination, et je vais chercher mon fils comme je te l'ai dit.

Je descends et claque ma portière, j'attends qu'il fasse de même pour verrouiller ma voiture et me diriger d'un pas assuré vers la crèche sans lui jeter un coup d'œil.

Ce soir, dans mon canapé à manger la pizza que j'ai commandé, parce que je n'ai toujours pas fait de courses, je repense à ce que m'a dit Mila. Cette fille m'a mis une sacrée gifle verbale! Je ne m'y attendais pas, j'avais entendu qu'elle avait un sacré caractère mais je ne m'attendais pas à en faire les frais, pas aussi tôt en tout cas! Mais le pire c'est qu'elle a raison, je n'ai fait aucun effort depuis que je suis là, je ne cherche pas la conversation, pas volontairement en tout cas. Elle a eu la gentillesse de me raccompagner, j'aurai au moins pu creuser un peu. Je n'étais pas comme ça avant, mais à croire qu'à trop fréquenter les requins, on finit par en devenir un. Pourtant quand je repense à l'éducation que j'ai reçu, à mon enfance, j'étais un enfant gentil et sociable, mon parcours professionnel n'a pas du aider. Quel abruti! Aujourd'hui je n'ai plus rien à prouver à personne, je n'ai plus aucune concurrence, je devrais essayer de m'ouvrir aux autres.

Je vais me coucher bien décidé à m'excuser auprès de Mila pour mon comportement.

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