CHAPITRE 7
*** Dans la peau d'Azra ***
En une trentaine de minutes, nous arrivons à l'entreprise de mon mari, c'est un grand bâtiment composé de plusieurs étages, c'est un bel bâtiment. Nous entrons à l'intérieur de l'entreprise, des personnes circulent, j'ignore où se trouve son bureau. Je vais me renseigner auprès de la secrétaire qui m'indique son bureau. Reyhan et moi, empruntent le chemin qu'elle nous a indiqué. Soudain, j'entends une voix masculine qui m'interpelle.
... : Madame Yilmaz, madame Yilmaz..
Je me retourne curieusement et je me retrouve en face avec un jeune homme mesurant environ 1m70, les cheveux blonds, les yeux verts. Il me sourit, je ne me souviens pas l'avoir déjà rencontré auparavant.
.... : Salem ! Je suis Çelim, un employé de votre mari.
Il me parle avec enthousiasme, je lui souris mais je suis gênée par la situation.
Azra : Enchantée Monsieur Çelim !
Çelim : Je suis à votre disposition, en quoi puis je vous aider ?
Azra : Euh... En fait, je viens faire une surprise à mon mari, est-il dans son bureau ?
Il gratte sa tête comme s'il y'a un souci.
Çelim : Cela fait un moment qu'il est sorti. En fait, c'est l'heure de la pause et la plupart des employés prennent leurs repas en dehors de l'entreprise .
Je hoche tristement la tête.
Çelim : Mais vous pouvez l'attendre dans son bureau, il arrivera d'une minute à l'autre ou si vous voulez vous pouvez le contacter.
Appeler Aslan ? Je ne suis même pas sûre qu'il répondra à mon appel. Çelim nous conduit au bureau d'Aslan, je l'envoie un message lui notifiant que je suis à son lieu de travail et que je veux lui parler.
Azra : J'ai l'impression d'avoir aperçu la voiture d'Aslan dans le parking, comment se fait il qu'il se déplace sans sa voiture ? c'est son bijou et il en prend tellement soin.
Reyhan : Sûrement qu'il est sorti avec une autre, je ne pense pas que cela soit mal.
Elle me répond en ayant ses yeux rivés sur l'écran de son téléphone.
Azra : Peux-tu au moins, poser le téléphone pour me parler ?
Elle relève la tête en rangeant son téléphone dans le sac à main.
Reyhan : J'ai commandé un taxi, dès qu'Aslan revient je vais retourner au fast-food.
Azra : Hum, je vois ! Je reprends le service la semaine prochaine.
J'en avais marre de m'asseoir plus de dix minutes à attendre Aslan, je propose à Reyhan une visite de l'entreprise en attendant qu'Aslan se montre. Nous posons le plat emballé sur la table puis nous sortons, au moment de prendre la porte qui mène à l'extérieur de l'entreprise, nous apercevons une voiture qui vient se garer un peu plus loin de nous.
Aslan sort d'une voiture rose avec une jeune femme, je tombe des nues. C'est cette même jeune femme, Deriya, la fiancée ou l'ex fiancée d'Aslan. Ils ne nous apperçoivent pas, ils se communiquent en souriant. Je bouillonne de rage à l'intérieur de mon être, je suis déboussolée, Reyhan observe la scène.
Azra : C'est elle, c'est de cette fille que je te parlais.
Reyhan : De quoi tu parles ?
Azra : C'est Deriya, la fameuse amante de mon mari.
Elle semble être choquée, avant qu'Aslan tourne ses talons, Deriya pose ses lèvres sur sa joue et regagne la voiture. Les larmes me montent aux yeux, mon cœur s'échauffe, la voiture disparaît de notre champ de vision. Aslan se retourne et nos regards se croisent, il est tout d'abord surpris mais cela ne dure pas car il crispe son visage en s'approchant de nous. Je suis abbatue par ce que je viens de voir, Reyhan me caresse l'épaule comme pour me réconforter.
Le taxi de Reyhan arrive, elle me prend dans ses bras.
Reyhan : Je sais que c'est pas facile, on en reparlera une autre fois. Je pense aussi que tu devrais éclaircir certains points avec ton mari.
Elle s'en va, Aslan arrive à mon niveau et me fixe avec un regard neutre. Il ne s'en veut même pas, aucune culpabilité de sa part, aucun gêne.
Aslan : Suis moi !
Il me l'ordonne sèchement, il entre dans l'entreprise et je le suis en étant derrière lui. Les employés qui ont repris service nous observent curieusement, il s'estompe dans sa marche jusqu'à ce que j'arrive à son niveau.
Je sens une main qui saisit la mienne, je frissonne et je me rends compte que c'est Aslan qui me prend la main. Je l'observe, surprise, il me fixe avec un regard neutre pendant que je n'en reviens toujours pas. Il entrelace mes doigts avec les siens, tous les yeux sont rivés sur nous, il me conduit jusqu'à son bureau, nous y entrons et il referme la porte derrière moi.
Il se place devant, me fixe hargneusement.
Aslan : Qu'est ce que tu fais ici ? Tu aurais dû me prévenir avant de venir, tu ne penses pas ?
Il me réprimande. Je ne lui réponds pas, il saisit le repas que je lui ai apporté, il m'interroge à travers un simple regard.
Azra : C'est un mets que je t'ai cuisiné.
Aslan : Hum. J'ai déjà déjeuné.
Azra : Avec elle ?
Je lui pose la question directement, il arque un sourcil et me fixe.
Azra : C'est elle Deriya ?
Il soupire, passe ses mains sur son visage puis m'observe silencieusement. Je suis aux bords des larmes.
Aslan : Je ne te dois aucune explication, je te l'ai déjà dit. Tu n'es rien pour moi !
Plus un mot, il n'y a qu'un silence absolu. Soudain, une personne toque à la porte, il va s'assoir et je vais ouvrir la porte à cette personne. Je tombe sur Çelim, je lui cède le passage. Il tient des documents en mains, il les tend à Aslan.
Çelim : Voici Monsieur, le bilan de l'entreprise ou du dernier mois.
Il les récupère sans broncher, Çelim se retourne pour partir mais il l'interrompt.
Aslan : Çelim !
Çelim : Oui, Monsieur !
Il revient vers Aslan.
Aslan : Ma femme vous a préparé un mets, elle est adorable !
Il parle posément et me fixe avec un faux regard attendri. Çelim tout joyeux, nous remercie puis l'emporte. Je patiente jusqu'à ce qu'il sorte du bureau pour demander des explications à Aslan.
Azra : Pourquoi as-tu fait ça ?
Aslan : Combien de fois, dois je te répéter que je ne veux rien venant de toi ?
Son téléphone se met à sonner, il le saisit. Je le vois changer d'expression faciale. Il m'observe brièvement avant de décrocher à cet appel. Je quitte le bureau pour lui laisser seul au téléphone, pendant que je fais un tour dans l'entreprise, une voix d'homme m'interpelle.
.... : Mademoiselle Azra !
Je me retourne promptement car cette voix me semble être familière. Je tombe sur un des messieurs dont j'étais chargée de m'occuper de sa fillette de 6ans lors de mon stage de pédiatre. Il est de teint mât foncé, des yeux marrons foncés, légèrement grand de taille tel un sportif et âgé de trente ans environ. Il avance jusqu'à moi en souriant chaleureusement. Je me rappelle très bien de son identité car sa fille m'apprécie tellement bien malgré que je n'étais qu'une simple stagiaire en pédiatrie, et j'avoue que je me suis très vite attachée à cette petite Ayline.
Ali : Salem !
Azra : Salem à vous !
Ali : Une grosse coïncidence, l'avant dernier rendez-vous de ma fille, nous ne vous avons pas trouvé et je vous le dis, c'était pénible pour moi et pour les autres pédiatres qui y étaient. Ayline avait refusé de se laisser soigner par une autre personne autre que vous.
Je me sens un peu coupable et mal à la fois.
Azra : J'imagine qu'elle m'en veut ! Je n'y étais que pour trois mois de stage, aussi je viens tout récemment de me marier.
Ali : Ah vous êtes mariée, toutes mes félicitations alors !
Azra : Merci ! Et son dernier Rendez-vous, c'est à quelle date ?
Ali : Le Lundi prochain inchallah à 16h
Ça tombe bien, je reprends mes activités la semaine prochaine, j'essaierai d'être présente à l'hôpital ce jour pour Ayline.
Azra : D'accord !
Il s'en va, j'ignore s'il est un employé de l'entreprise ou pas. J'ai un faible pour les petits enfants, Ayline a perdu sa mère lors d'un accident de voiture, elle était témoin de cet accident et cela a eu quelques répercussions sur sa vie en générale. C'est une petite fille adorable que j'ai eu la chance de connaître.
Je rejoins Aslan dans son bureau, il se tient debout, observant le vide par sa fenêtre, les mains dans les poches . Il se retourne lorsqu'il s'apperçoit de ma présence.
Aslan : Apprête toi, nous irons dîner ce soir avec les membres de ta famille, c'est à dire Kemal et sa femme.
Azra : D'accord !
Il est 16 heures, Aslan et moi décidons de rentrer chacun avec sa voiture. Nous logeons le couloir de l'entreprise sans se communiquer, il s'estompe et s'adresse à l'assistante. Pendant ce temps, Çelim et d'autres personnes viennent jusqu'à mon niveau avec un sourire aux lèvres, Aslan me rejoint avec un regard interrogatif.
Çelim : Merci madame Yilmaz, votre repas était délicieux. Vous faites de très bons repas.
Je me sens flattée.
Azra : Oh, pas besoin de me remercier ! C'était avec un réel plaisir et je suis heureuse que vous l'avez aimé.
Aslan ne dit rien, il est neutre.
Çelim : Monsieur Yilmaz a énormément de chances de vous avoir à ses côtés.
Je rougis en fixant Aslan, qui a les yeux rivés ailleurs. Il est embarassé.
Aslan : Veuillez nous excuser, mais ma femme et moi devons rentrer.
Un autre employé : Ah ok ! Merci beaucoup !
Nous quittons l'entreprise et chacun rejoint sa voiture.
*** Dans la peau de Deriya ***
Je suis allée faire des achats après mon déjeuner avec Aslan. La voiture qu'il vient nouvellement de m'offrir doit être révisée et est chez le garagiste, j'ai dû demander à Ozguz de m'y amener, il m'a proposé de m'aider avec les sacs. Pendant le trajet, nous discutons de la vie professionnelle et relationnelle pendant qu'il conduit et que je suis assise sur le siège passager.
Ozguz : T'as eu une nouvelle voiture ?
Deriya : Oui, mon fiancé me l'a offerte.
Ozguz : Ton fiancé ?
J'acquiesce.
Ozguz : Aslan, n'est ce pas celui qui a épousé une autre femme plutôt que toi ?
Je me raidis à l'entente de cette question, j'ai eu à lui raconter ma vie amoureuse au moment où j'allais de mal en pis. Je ne lui réponds pas, il me regarde brièvement puis continue.
Ozguz : Tu sais, tu es très belle et je suis certain que de milliers d'hommes s'agenouilleront à tes pieds pour une demande en mariage. Loin de moi de te juger mais j'aimerais quand même que tu ouvres les yeux sur cette situation. Cet homme n'est plus ton fiancé, il a déjà une femme qu'il sera obligé d'en prendre soin, de chérir, de respecter et même d'aimer. Tu perds juste ton temps avec lui, tu devrais refaire ta vie, essayer de l'oublier et passer à autres choses.
Deriya : Je suis consciente de mes actes et j'ai confiance en mon fiancé, je t'ai déjà raconté les circonstances de cette union.
Ozguz : Mais Deriya ...
Ce mec commence à me saouler, il se prend pour les coachs de vie de couples, je ne lui donne pas le droit de me dire quoi faire avec ma vie relationnelle.
Deriya : Ozguz, je pense que tu devrais juste te contenter d'être mon ami et rien de plus.
Ozguz : Comme tu le veux !
Il hoche la tête, nous ne nous parlons plus jusqu'à ce que nous arrivons à mon appartement. Il me donne un coup de main avec les sacs, je le raccompagne à la porte.
Deriya : Merci Ozguz !
Il s'en va, je m'apprête à fermer la porte lorsqu'une élégante femme fait son apparition. J'ai l'impression de la connaître mais j'ignore d'où je la connaisse.
Femme : Bonjour mademoiselle !
Deriya : Oui bonjour, que puis je faire pour vous aider ?
Elle affiche un sourire arrogant, elle porte des lunettes noires et un tient un sac à main, qui coûte vraiment une fortune.
Femme : Deriya, n'est ce pas ?
Deriya : Euh... Oui, c'est ça !
Elle retire ses lunettes puis me tend sa main.
Femme : Je suis Leyla Yilmaz, la femme de l'oncle d'Aslan !
J'hésite un instant puis je lui serre la main. Je suis quand même surprise de recevoir un membre de la famille d'Aslan alors que son père et sa mère ne veulent pas de moi.
Leyla : Pouvons nous avoir une brève conversation ?
Deriya : Euh... Bien sûre, entrez !
Je lui cède le passage !
*** Dans la peau d'Azra ***
Aslan m'a convoqué dans son bureau, je le rejoins et il me présente un document avec un stylo. Je saisis le papier que je lis en totalité, je crispe le visage en le regardant.
Azra : Un contrat de mariage ?
Aslan : Oui, c'est un contrat de mariage. Nous allons divorcer une fois que nous aurons fait un an de mariage !
Je le regarde choquée.
Azra : Tu plaisante ?
Aslan : J'ai l'air de rigoler ?
Azra : Comment ça un contrat de mariage ? Divorcer ? Explique moi là !
Je suis irritée.
Aslan : Je t'ai épousée contre ma volonté, mes parents m'y ont obligé et cette fille que tu as vu, Deriya, c'est elle que je souhaite réellement faire de ma femme.
Azra : Je refuse de me marier pour divorcer, on ne se marie pas pour divorcer, tu comprends ? T'as pensé à ma réputation ? À ma famille ? À la tienne ?
Il ne me répond pas. Je froisse la feuille sous son regard interloqué, je jette la feuille dans le panier à poubelle et je pose son stylo devant lui, je plonge mon regard dans le sien, c'est la première fois que je le fasse.
Azra : Tu peux toujours espérer mais je ne t'accorderai jamais la signature, tu m'entends ? Jamais !
Je suis sèche et je le défie du regard, il me regarde désagrément.
Aslan : Qu'est ce qui te prends de faire ça ?
Azra : Ne pense pas que je prendrai part à ce jeu puéril, un mariage c'est l'union de deux personnes à vie, il est sacré. Je n'ai pas prononcé des voeux de mariage pour rien, et si vraiment cette femme, Deriya, n'a ne serait-ce qu'un minimum de ce qu'on appelle la dignité, elle n'accepterait jamais ce rôle d'amante.
Ses yeux rougissant, il serre les points et contracte sa mâchoire.
Azra : Vous devrez avoir honte de commettre l'adultère !
Je tourne les talons, sort de cette pièce et je m'empresse de rejoindre ma chambre en pleurs.