6 - Des sentiments pour Lana Rose
Jung-Hwa :
Je conduis ma voiture pour rejoindre le dortoir, lorsque je reçois un SMS de ma mère qui me rappelle qu'il ne faut pas que j'oublie de venir pour l'anniversaire de mon père. Je n'en ai pas envie. Je ne pourrais pas voir Lana demain alors ! Je réalise tristement. Je fais demi-tour, je ne peux pas la laisser comme elle me l'a demandé. Je me dirige vers son quartier. Je reçois un autre SMS. Je regarde rapidement, c'est Lana. Je repose le téléphone, je lirais tout à l'heure sinon, je vais encore avoir un accident. J'arrive sur le parking devant son immeuble. On dirait que j'aime vivre dangereusement en ce moment. A tout instant, je peux me faire repérer par des fans. Je consulte le SMS qu'elle m'a envoyé :
"- Désolée pour mon agressivité de tout à l'heure. Mais, je n'ai pas besoin de votre pitié. Je sais qui vous êtes ! Franchement arrêtez de vous incruster dans ma vie. Je ne vous demande rien, et surtout pas votre pitié."
Son message m'agresse encore plus que ses mots de tout à l'heure. Elle me tue, elle croit que j'ai pitié d'elle. Je suis énervé là. Pourtant, je suis plutôt d'une nature calme, mais, elle dépasse les bornes. Je descends de mon véhicule. Je sonne à l'interphone sur toutes les touches, et quelqu'un finit pas m'ouvrir. Je monte les escaliers, et frappe à sa porte. Je marche à tâtons, je suis dans le noir, je ne veux pas allumer la lumière. Elle ouvre. Son visage devient très sombre quand elle me voit. Je suis vexé. Elle veut refermer la porte mais je la bloque avec mon pied. J'entre de force. Elle croise ses bras sur sa poitrine, faisant ressortir celle-ci. Je me sens attiré par elle, je me contiens, ce n'est pas le moment. Nous devons discuter tous les deux.
Je me raisonne, et je lui demande :
"- Pourquoi tant de haine à mon égard ? A aucun moment, je n'ai éprouvé de la pitié pour vous. Lana, vous me....... vous êtes une jeune femme bien et je peux vous aider. Voilà, je vous promets que mes intentions sont saines !"
J'ai failli lui avouer qu'elle me plaisait. Elle me regarde, les larmes aux yeux. Oh, non, je ne veux pas qu'elle pleure ! Elle sèche ses larmes et me propose d'entrer. Ah ! Tout de même !
Je m'assois au même endroit qu'hier soir. Elle est encore entrain de regarder ce drama que j'ai visionné déjà trois fois. J'en connais bien le thème, il évoque un amour impossible à cause des différences sociales. Ce qui est très à propos. Je ne sais comment aborder la conversation avec elle parce qu'elle me trouble. Et, je ne suis pas très éloquent et confiant.
Elle dépose un thé et un café pour elle. Elle m'invite à m'asseoir face à elle. Elle est renfermée sur elle-même, plutôt sur la défensive, je dirais. Elle attend ma réaction. Elle reste inaccessible, il a érigé une forteresse de froideur tout autour d'elle. Et quelque chose me dit que cette froideur m'est réservée. Elle me contemple avec des reproches dans les yeux. Je serais bien curieux d'en connaître la raison.
Elle relève sa tête vers moi, ses yeux sont magnifiques. Je ne supporte plus de rester passif devant l'effet qu'elle me fait. Je la dévore des yeux, elle est embarrassée, elle rosit. Elle est trop mignonne ! "Contrôle toi, Jung-Hwa !" Je me sermonne intérieurement.
J'entame la conversation, il faut que je fasse diversion aux sentiments qui me déciment.
"- Vous savez qui je suis, donc !" Je m'exclame.
"- Oui !" Elle me répond simplement.
Elle n'est pas très loquace. J'ai l'impression qu'elle veut encore abréger notre discussion. Cela devient humiliant. Je fronce les sourcils. Si elle continue à vouloir me jeter de cette manière, je vais l'embrasser.
"- Je l'ai appris par hasard. Je ne vous connaissez pas avant !" Ajoute-t-elle.
Ah ! C'est déjà mieux, elle me parle.
"- Je sais que vous me détestez. Mais, je voudrais vous dédommager pour la voiture. " J'insiste lourdement.
"- Puisque cela semble vous tenir à cœur ! Soit, j'accepte votre aide. " Elle me donne son accord.
J'ose lui poser la question qui me trotte dans la tête depuis hier.
"- Que vous est-t-il arrivé ?"
Je la pose timidement. Je suis conscient que c'est personnel. Libre à elle de répondre ou pas.
"- J'ai rencontré le père de ma fille qui prétendait être amoureux de moi. Je travaillais, et je n'ai pas vu et su qu'il avait contracté des dettes un peu partout. Il était "accro" aux jeux, et il dépensait tout notre argent pour jouer. Un jour, je lui ai annoncé que j'étais enceinte. Le lendemain matin, il avait quitté l'appartement. Au fur et à mesure des mois, j'apprenais qu'il avait des dettes un peu partout. Comme c'est un alcoolique, non solvable, et que ses parents ne sont plus de ce monde, je dois rembourser toutes ses dettes." Elle m'explique.
Je comprends mieux sa situation. Des larmes coulent sur ses joues. J'ai envie de la consoler, de la prendre dans mes bras. Je ne veux pas la brusquer. Je mordille ma lèvre inférieure. Je me rends compte que je désire rester près d'elle. Elle continue de me raconter son calvaire :
"- J'ai deux emplois pour pouvoir tout rembourser. Je suis fatiguée, je m'occupe de ma fille et j'ai du mal à vivre malgré tout. Les échéances sont énormes, et j'ai tout juste de quoi vivre, et encore. Je ne m'apitoie pas sur mon sort. Il y a pire que moi, je pense. Voilà, vous savez tout. " Et elle se tait.
Je mesure mieux la médiocrité de son niveau de vie. Mais, elle n'est pas responsable de cette situation, elle la subit. J'ai envie de lui proposer de l'aider financièrement. Je peux l'aider. Je gagne énormément d'argent. Je sais qu'elle n'acceptera jamais mon soutien. Elle est très méfiante. En même temps, elle n'a pas forcément eu une bonne expérience avec les hommes. Moi, j'ai envie de me rapprocher davantage d'elle. J'ai envie d'être là pour elle. Et j'ai surtout très envie de la serrer dans mes bras parce-que je la désire intensément. Elle se lève, elle va encore me mettre dehors. C'est une habitude chez elle. Je reste assis, elle revient avec son portable. Elle s'assoit à côté de moi sur le canapé, nos jambes se touchent. Oh, là ! Cela devient trop dangereux.
"Tiens toi loin de moi, si tu ne veux pas te faire dévorer." Je songe. Elle pose son ordinateur sur mes genoux, et se penche vers moi pour me montrer l'article qui parle de nous, de notre groupe et de la sortie de notre nouvel album. Il y a plein de photos de chacun d'entre nous. Je comprends ce qu'elle affirme en affichant notre différence de niveau de vie. Nous n'évoluons pas dans le même monde. Cependant, je ressens qu'elle se libère un peu avec moi grâce à sa confession sur sa triste situation. Elle est plus à l'aise, nos visages sont très proches. Je ne regarde plus les photos, je la regarde elle, de profil, ses lèvres. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine. J'ai chaud, je respire difficilement. J'ai envie de l'embrasser...
**************************************************************