5 - Absence et réflexions

Angun :

Alors, peut-être que je suis déboussolée, mais le harcèlement de mon voisin me manque. Il est plutôt beau gosse, et puis c'est Ran-Don du groupe le plus célèbre de la Corée du Sud. J'adore ce groupe. J'avoue honteusement qu'il m'a touchée à vouloir s'occuper de nous, de nous aider. Je suis obtus par moment. J'ai réfléchi depuis notre dernière conversation. Je ne l'ai pas ménagé, et, je ne l'ai même pas laissé s'exprimer, je l'ai éconduit direct. D'ailleurs, il n'a pas insisté, non plus. Je crois que j'aurais réagi comme lui à sa place.

Lee Ho souffre de l'absence de notre voisin, ils ont développé des liens forts. Je me suis reprise en main. Je m'apprête plus, et je m'occupe de mon neveu. J'ai énormément de mal à contrôler ma nièce. Elle se moque complètement de tout ce que je peux lui dire. Elle n'en fait qu'à sa tête. Et son petit ami, n'est pas une bonne fréquentation. Je suis consciente qu'elle est malheureuse d'avoir perdu ses parents. Elle ne fait pas d'efforts pour s'en sortir. Elle se laisse sombrer, un peu comme moi il y a quelques semaines. C'est tellement plus facile que d'affronter sa peine. J'essaie un peu plus chaque jour, de reprendre ma vie en main. Mais j'avoue que ce n'est pas facile, tout dans cette maison me rappelle ma sœur et mon beau-frère.

Il n'y a que Lee Ho qui a assumé la situation. Ce gamin est hors du commun. Dommage qu'il doive vivre ce calvaire à son âge. Je fais attention à lui, à l'image de ce que notre voisin, a fait. Je suis encore très malheureuse, et ma sœur me manque énormément. Je suis révoltée par la vie, par ce qu'elle m'a dérobé. J'étais si fière d'elle. Je n'ai pas cru à sa mort au début, puis, il a bien fallu que je l'admette, son absence me le confirmait. Aujourd'hui, encore elle reste pesante. Mon neveu et ma nièce ont été effondrés, j'ai fait mon maximum pour les aider. J'ai pris sur moi, pour paraître forte, et maintenant c'est moi qui perd le contrôle. Il faut que j'arrive à évacuer ma peine. Je suis la fille la plus triste du monde. Qui a dit que le temps guérit de toutes les douleurs. Franchement, je ne trouve pas. J'ai plutôt l'impression qu'elle me manque de plus en plus, et par conséquent, que je souffre de plus en plus.

Je ne pense pas que je me conduirais mieux avec notre voisin. Je veux et je vais continuer à le maintenir à distance de moi. Il est trop beau, il est une tentation que je ne peux pas me permettre pour l'instant. Et son absence va permettre de remettre de l'ordre dans mes pensées. Je vais essayer de me trouver un emploi, et je vais inscrire les enfants à l'école. Nous allons vivre comme une véritable famille. Je ne sais pas me conduire comme une mère, mais je vais m'accrocher pour apprendre. Je n'ai que sept ans de plus que ma nièce, et franchement pour avoir de l'autorité, cela ne m'aide pas du tout.

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Ran-Don :

Nous avons enchainés plusieurs concerts sur plusieurs jours. Aujourd'hui, nous changeons de pays. Donc, nous avons une journée de repos. Mon esprit s'égare vers Séoul, chez mes voisins plus exactement. Je m'inquiète. Même si mon esprit est très occupé par le travail, je pense à eux. Je ne devrais pas, elle m'a jeté plusieurs fois. Je serais ridicule d'insister. Cela ne m'empêche pas de continuellement penser à elle. Elle me hante. Je ne suis qu'un homme, ses courbes parfaites, sa beauté m'éblouissent. Elle est belle, et elle me plait. Cela ne se contrôle pas.

Je suis entré dans leur histoire de famille, le jour où je l'ai trouvé les veines ouvertes sur son fauteuil. Je me suis senti concerné par leur vie à partir de ce moment. Elle m'a repoussé à chaque tentative que je pourrais qualifiée de courageuse, pour avoir osé l'aborder. Je ne voulais que l'aider. Elle doit avoir ses raisons de se conduire de cette manière. Mais, j'ai constaté son état de dépression. Si elle se renferme sur elle-même comme elle le fait jusqu'à présent, elle s'enfoncera de plus en plus dans cette déprime. C'est un piège parce-qu'on ne s'en rend pas forcément compte soi-même.

Ma personnalité, mon caractère m'empêchent de fermer les yeux sur leur situation dramatique. Je suis très sensible à la souffrance des autres. Et là, j'avoue que mon esprit se torture en pensant à eux, livrés à eux-même. Je souhaite sincèrement qu'ils s'en sortent. La condition sine qua non pour s'en sortir, c'est s'ouvrir aux autres, parler avec les autres de nos peines, de nos douleurs. Angun ne parle à personne, parce qu'elle pense qu'elle assume sa situation. Mais, ce n'est pas du tout le cas, d'où la tentative de suicide.

Elle a dû faire de gros sacrifices pour les enfants. Ce n'est pas évident à accepter comme cela du jour au lendemain. Elle a renoncé à son travail, elle a renoncé à ce qu'elle était pour eux. C'est très déstabilisant, elle n'a plus ses repères, ses habitudes. Elle doit assimiler que cette vie est bien révolue. Elle doit penser à un autre style de vie. Peut-être que je pourrais demander au Directeur si elle peut apparaître dans nos clips. Ce serait déjà bien pour elle, elle est plutôt belle. Je réfute immédiatement cette idée, elle n'acceptera jamais. En plus, si cette proposition vient de moi, je connais d'avance sa réaction. Elle ne veut pas d'aide, précisément, de mon aide. J'aurais tort d'insister. Quand je rentre chez moi, je parle avec Lee Ho, et elle je l'ignore, ainsi que son abominable nièce. Je suis en colère.

Elle m'a remis en place, je saurais rester loin d'eux, je ne m'impliquerais plus. Et puis, chacun sa vie. Jess vient me chercher pour me montrer notre chambre. Je dépose mes bagages, il envoie un SMS à sa femme pour l'avertir que nous sommes arrivés au Japon, à Tokyo plus précisément. Chaque fois, je pense que moi aussi j'aimerais envoyer un message à la femme que j'aime. Mais, pour le moment je suis célibataire. Je m'allonge sur le lit. Je suis fatigué de toutes ces réflexions sur mes voisins, et surtout sur Angun.

Je ferme les yeux, je la revois marcher devant moi, avec ses courbes parfaitement dessinées. J'avoue, je fantasme sur elle. Je secoue ma tête pour chasser toutes ces idées de ma tête. De tout mon séjour, je m'interdis de repenser à elle...

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