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chapitre 6

Chapitre 6

Mathilda avait toujours aimé ces soirées, les réceptions et les événements mondains où les gens échangeaient des sourires polis, des conversations superficielles et des verres de champagne. Ce monde était le sien, un monde où l’étiquette, le statut social et les connexions comptaient plus que les véritables sentiments. Ce soir-là, elle avait choisi de l’y emmener. Elle savait que Nicolas ne se sentirait pas à sa place, mais elle était curieuse de voir comment il réagirait, s’il accepterait de jouer le jeu, même pour une nuit.

Ils arrivèrent à l’hôtel où l’événement se déroulait. La salle était magnifiquement décorée, pleine de lumières tamisées et de tables garnies de mets délicats. Des conversations légères, mais teintées de sous-entendus, résonnaient autour d’eux. Mathilda se sentait dans son élément, mais Nicolas, à côté d’elle, avait l’air hors de propos, comme un lion parmi des moutons.

— Wow, tu vois ça ? murmura-t-il en se penchant vers elle, une expression d’incrédulité sur le visage. C’est comme un défilé de mannequins et de paillettes. Est-ce que ces gens ont jamais entendu parler d’un sujet autre que l’argent ou leurs dernières vacances ?

Mathilda sourit en coin, amusée par sa réaction. Elle savait qu’il n’était pas fan de ce genre de monde, mais elle ne s’attendait pas à une telle franchise. Nicolas avait un don pour briser les conventions avec une simple remarque. Il n’avait pas peur de dire ce qu’il pensait, même si cela déstabilisait ceux qui l’entouraient.

— Ce n’est pas si mal, répliqua-t-elle, un peu taquine. Ils sont juste… un peu superficiels parfois. Mais tout le monde est là pour réseauter, tu sais.

Nicolas haussait les épaules, un peu plus décontracté maintenant qu’il avait fait sa remarque. Ils avancèrent dans la salle, et Mathilda s’arrêta pour échanger quelques mots avec des collègues et des connaissances. Elle jetait de temps en temps un regard à Nicolas, qui semblait de plus en plus mal à l’aise. Il observait les invités avec un air mi-amusé, mi-agacé, se tenant un peu à l’écart, les bras croisés.

Au bout d’un moment, Mathilda revint vers lui. Il était toujours là, accoudé à une colonne, semblant observer la scène comme un spectateur dans un film qui ne l’intéressait pas vraiment. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres quand il la vit s’approcher.

— Alors, tu te fais des amis ? demanda-t-il d’un ton sarcastique.

Elle rit légèrement.

— Pas encore, mais je pense qu’ils me réservent leur meilleure conversation sur les dernières tendances de la mode. Je pourrais peut-être leur offrir un cours sur les affaires, histoire de les rééquilibrer un peu.

Nicolas secoua la tête, amusé, mais toujours un peu réticent. Il regarda autour de lui, observant les gens avec un regard de jugement.

— C’est drôle comme ils essaient tous de se donner un genre. Regarde-le, ce type avec son costume trois-pièces. Tu paries qu’il n’a jamais mis les pieds dans un endroit sans porter une cravate ?

Mathilda suivit son regard et sourit.

— Oui, c’est sûr. Mais c’est ce qui fait le charme de ces soirées. Chacun joue son rôle, et tout le monde fait semblant d’être ce qu’il n’est pas vraiment.

Nicolas leva un sourcil, un peu provocateur.

— Peut-être, mais moi, je préfère la vérité. Si je veux savoir qui quelqu’un est, je préfère le voir sans ses artifices. On peut avoir une conversation sincère, tu sais, sans se cacher derrière des costumes ou des sourires forcés.

Il y avait une honnêteté dans ses paroles qui la toucha, même si elle savait qu’il n’était pas vraiment à sa place ici. Mais cela ne faisait que renforcer ce qu’elle ressentait envers lui. Il ne voulait pas se conformer aux attentes des autres, et cela le rendait d’autant plus attirant à ses yeux.

— Tu as raison, admit-elle. Mais tu ne crois pas que parfois, on doit jouer le jeu pour avancer dans ce monde ? Il faut savoir s’adapter, même si ce n’est pas toujours ce qu’on souhaite.

Il la regarda un moment, ses yeux profonds et intenses, comme s’il cherchait à comprendre ce qu’elle disait.

— Je crois que parfois, jouer le jeu, c’est juste une façon de faire semblant. Mais au fond, on sait tous qu’on ne peut pas tout contrôler, ni tout maîtriser, conclut-il.

Mathilda sentit une vague d’admiration pour lui à cet instant. C’était rare de rencontrer quelqu’un qui semblait aussi authentique, sans se laisser envahir par le besoin d’être accepté dans ce genre d’environnement. Elle se rendit compte qu’il n’essayait même pas de faire semblant, qu’il était simplement lui-même, même si cela signifiait se retrouver en dehors de sa zone de confort.

— Tu sais, tu es… différent des autres, Nicolas, dit-elle lentement.

Il sourit légèrement.

— C’est pour ça que tu m’as invité ici, n’est-ce pas ? Parce que tu savais que je serai le seul à ne pas m’intéresser à ces foutus codes sociaux.

Elle le fixa un instant, un sourire en coin.

— Peut-être. Mais c’est aussi parce que je trouve ça rafraîchissant. Ça me fait du bien d’être avec quelqu’un qui ne se laisse pas emporter par la superficialité.

À ce moment-là, quelqu’un s’approcha pour les saluer, interrompant leur conversation. Mathilda dut sourire et échanger quelques mots de courtoisie avec cet invité, mais à chaque instant, elle sentait la présence de Nicolas à ses côtés, comme une ancre dans cet océan de fausses conversations et de faux-semblants.

En fin de soirée, alors qu’ils prenaient leur manteau pour partir, elle ne put s’empêcher de lui lancer un regard furtif.

— Alors, qu’en penses-tu maintenant ? Tu t’es senti à l’aise ?

Il la regarda en haussant les épaules.

— On va dire que je me suis amusé à te voir jouer la diplomate. Mais je ne suis pas certain d’être prêt pour refaire ça de sitôt.

Elle éclata de rire, amusée par sa franchise.

— Eh bien, tu m’as donné une bonne leçon, Nicolas. Peut-être que je devrais moi aussi laisser tomber tout ce masque de la perfection. Mais pas ce soir, hein ? Ce soir, je vais encore jouer à la parfaite hôtesse.

Nicolas sourit et secoua la tête.

— Ça te va bien, mais je suis sûr qu’on pourrait trouver un endroit plus agréable pour parler de choses sérieuses, sans cette pression de la haute société.

Mathilda acquiesça.

— Je pense que tu as raison. Peut-être qu’un jour, on trouvera un endroit un peu moins… bruyant pour discuter.

Ils sortirent dans la nuit froide, et Mathilda sentit, pour la première fois depuis longtemps, une sensation de légèreté. Elle avait vécu une soirée pleine de contraste, entre son monde d’ordinaire et ce qu’il représentait. Mais ce qui la touchait le plus, c’était d’avoir partagé cela avec quelqu’un qui n’avait pas peur de la confronter, de lui montrer un autre chemin. Un chemin qui, même si ce n’était pas le sien, lui ouvrait de nouvelles perspectives.

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