ÉPISODE .07
"Au bout de deux bonnes heures de sommeil, je me fais réveiller par un Logan en furie."
- Aline, s'exclame t'il dans mes oreilles. A-li-ne !
- Oui, que puis-je faire pour vous, lui dis-je la voix fatiguée.
- Est ce que tu as pris mon chargeur de PSP ?
- Bah non, je ne vois pas à quoi cela pourrait me servir...
- Bon. Je vais demander à Louka.
- Bonne chance.
"Il ne réplique rien, et réveille Louka. Après une série d'injure réprimandées par ma mère, il obtient finalement une réponse : non."
- Maman, crie t'il dans la voiture.
- Quoi encore ? Vous ne pouvez pas simplement dormir comme tous les enfants normaux, dit-elle exaspérée.
- C'est pas moi, dis-je en même temps que mon grand-frère.
- Bon, qu'est ce qui se passe Logan ?
- Il faut retourner là bas !
- Quoi ? Mais on a fait deux heures de route, dit mon père.
- J'ai oublié mon chargeur de PSP.
- C'est trop beau pour être vrai, dit ma mère, les deux mains jointes levées vers le ciel.
- Eh bien il nous l'enverrons par la poste, s'exclame mon père. Hors de question que je fasse demi tour.
- Mais ! Pa-paaaa ! C'est pas sympa !
- Calme toi Logan, tu survivras, commence à s'énerver ma mère. Cela ne pourra que te faire du bien de passer quelques jours sans tes objets électroniques.
- Mais justement, je ne peux pas survivre. C'est là le problème.
- J'ai dis non, alors ça restera non. Je serais inflexible.
- C'est ce que l'on va voir !
"Et le calvaire commence à partir de maintenant. Logan n'arrête pas de dire « s'il te plait », « alleeeez mamaaaan », et pleins d'autres choses du genre. Quand au bout de cinq bonnes minutes."
- Avant toute chose, tu es sûr que tu ne l'as pas, demande ma mère.
- Sinon je peux appeler Max, propose mon frère tout content.
- Oui voilà, appelle le.
"Après le coup de fil passé, et la confirmation que l'objet avait bien était oublié, mes parents furent obligés de faire demi tour, et moi de réfléchir à comment éviter Jordan. Louka qui semble lire dans mes pensées me propose une solution : tu n'as qu'à te cacher sous ton plaid entre les deux sièges."
- C'est une écharpe Louka. Mais oui, cela peut-être une bonne solution.
- Tu mets des choses aussi grosses autour du cou ?! Mais tu dois étouffer ! Et de toute manière tu n'as pas d'autres solutions. Surtout qu'il a dû voir la vidéo maintenant.
- Oui, cela tient chaud. Ah mais je l'avait oublié celle-ci ! Je vais me faire défoncer !
"Il ne répond rien, et essaye de se rendormir. Flemmard vas !
Quand à moi, je pose ma tête contre la fenêtre, et laisse mon esprit divaguer. Je réfléchis à ma vie, mes amis, ma famille. Je cherche les réponses aux questions existentielles que tout le monde se posera un jour ou l'autre. Sans m'en rendre compte, mes yeux se ferment et je sombre dans un sommeil profond.
Je me fais réveiller par les tressautements de la voiture sur le gravier de l'allée. Réalisant soudainement qu'il ne me reste que très peu de temps, je me détache et glisse dans l'espace entre les deux sièges."
- Louka ! Psss Louka, l'appelais-je.
- Hmm ? Qu'est ce qui se passe ?
- Passe moi mon écharpe.
"Il attrape donc ce qu'il appelle un plaid et me le jette dessus. Je lui envoie un rapide : merci, et m'emmitoufle dedans. Le trajet me paraît interminable et quand finalement la voiture s'arrête, j'entends une portière qui claque. Des remerciements et des pas qui courent sur le chemin. Je prie intérieurement pour que ce ne soit pas Jordan, mais j'ai faible espoir. Ma mère semble comprendre le problème et monte dans la voiture en claquant la porte. J'entends Logan demander son chargeur, et Louka crier à mon père de démarrer. Ce dernier ne se fait pas prier, et démarre sur les chapeaux de roues. Je sors de ma cachette et remercie toute ma famille pour le bon boulot qu'ils ont fait. Ma mère et mon père rigole en se regardant dans les yeux un court instant, avant que leurs regards se reportent sur la route.
Je m'attache, pose mes écouteurs, et me laisse bercer par la route. Je me fais réveiller cette fois-ci non pas par Logan, mais par l'habituel klaxon parisien."
- Maman ? J'ai faim, dis-je.
- Eh bien on serait pas dans les bouchons a cette heure-ci, si nous n'avions pas fait demi-tour. Et je n'ai rien à manger donc il faudra patienter.
- Maman, hurle Logan à travers son casque. Maa-maaan, hurle t-il a nouveau.
- Oui je t'entends Logan, soupire ma mère.
- J'ai faim !
"Je rigole"
- Il ne fallait pas faire demi-tour car maintenant nous sommes dans les bouchons, dit ma mère, le sourire aux lèvres malgré elle.
- Maiiis, j'ai trop faim.
- Arrête de faire le gamin Logan, c'est de ta faute, c'est tout, lui dis-je.
"Il me tire la langue, et replonge dans son jeu vidéo. J'allais m'endormir à nouveau quand je reçois un appel téléphonique d'un inconnu."
*Appel entrant : inconnu*
- Bonjour, suis-je bien sur le téléphone de madame Aline Smith ?
- Mademoiselle, et oui. Qui est à l'appareil ?
- Oh oui pardon. Je suis la police de Roscoff. Vous aviez trouvé une voiture dans le fossé durant votre jogging.
- En effet, que puis-je faire pour vous ?
- J'aimerais que vous veniez au poste pour raconter l'accident mot pour mot.
- Euh, je l'ai déjà fais la dernière fois, je pensais que cela vous avez suffit.
- Malheureusement non. Le mari de la dame, et son enfant n'ont pas survécu au choc.
- Oh ! De toute manière je ne suis plus dans les parages. Je vis à Paris, et je ne compte pas revenir de sitôt en Bretagne.
- Je me doute que cela doit être très perturbant, mais vous pourriez toujours aller à un des commissariats de Paris qui nous transférerait le dossier. Comprenez nous, nous avons besoin de votre témoignage. Vous êtes la seule témoin de l'accident.
- Je ne sais pas si vous vous rendez bien compte de ce que vous me demandez. Je fais toujours des cauchemars à propos de l'accident, et ce n'est pas prêt de s'arrêter.
- Je vous en prie. Avec un peu de chance, le fait de re-raconter l'histoire vous fera du bien.
- Bon, j'essayerais de passer un de ces jours au commissariat le plus proche.
- Merci beaucoup, au revoir.
- Avec plaisir, au revoir.
*Fin d'appel *
- Qui étais-ce, demanda mon père.
- Seulement un policier qui voulait que j'aille témoigner pour l'accident. Le mari et l'enfant n'ont pas survécu, et j'irais à Paris.
- Très bien, si jamais tu as besoin de nous, on est là, me dis Louka.
"Je le remercie d'un sourire, et pose ma tête sur la vitre. Je réfléchis à tout ça, et replonge dans mes souvenirs."
*Flash-back*
- Vous ! Sauvez mon bébé, sauvez le, il va mourir, m'hurle la jeune femme du fond de la voiture.
- Calmez vous, il va bien, les secours arrivent, lui répondis-je.
- Les secours ne vont rien pouvoir faire si il est mort !
- Il va bien, il ne va pas mourir.
*Fin du flash-back*
"Des mensonges, seulement des mensonges. Et pourtant je le savais, je ne fais que mentir. À moi, et aux autres. Notre société est basée sur le mensonge."