5 - Déroutant, irrésistible et effrayant
Mi-Rae :
A chaque fois que Jarod pose ses yeux sur moi, mon cœur tressaute. En fait, je ne le vois absolument pas comme mon oncle, mais comme un homme qui me plaît, beaucoup trop autoritaire à mon goût. Il me rend folle quand il me donne des ordres. Comme par exemple pour cette sortie avec mes amies ce soir. Il s'est installé au bar avec moi, en chassant un potentiel prétendant. Et là, il m'observe. Il m'intrigue.
Je sirote ma boisson, il ne parle pas, il me fixe. D'une part, il m'embarrasse et surtout je suis curieuse de connaître sa vie. Alors, j'engage la conversation :
"- Où étiez vous toutes ces années loin de votre famille ?"
Il écarquille les yeux apparemment surpris par ma question. Il détourne le regard de moi et fait face au bar. Il ne va pas me répondre, et on dirait également que cette question le dérange. Je ferme les yeux hors de moi, son comportement est insupportable. Je quitte le comptoir du bar et je me dirige vers la table où mes amies flirtent avec les amis de mon oncle. Je les appelle et les informe que nous partons. Évidemment, cette annonce ne leur convient pas, mais elles acceptent de partir avec moi.
Nous sommes dans la rue. Personne ne parle. Je suis énervée, je demande à Ae-Woo :
"- Est-ce que je peux dormir chez toi cette nuit ?"
Elle m'observe étonnée. Cependant elle accepte de m'héberger. Je sais qu'elle est contrariée parce que je l'ai séparée de Taï. Comment puis-je leur expliquer qu'ils me font peur ?Je songe sérieusement à quitter la maison. Je n'ai aucun lien de parenté avec l'héritier. Rien ne me retient à lui.
Nous marchons lorsqu'un groupe de sept hommes nous fait face soudainement. J'avance mon visage. Je n'en reviens pas, comment, comment..... ils ne peuvent pas être devant nous alors que nous avons quitté le bar avant eux. Ils nous observent, mais celui qui attire mon regard est Jarod. Et cette manière qu'il a de me regarder me donne la chair de poule.
Il déclenche en moi des émotions que je n'avais pas encore expérimentées. Il me séduit à chaque fois que mon regard plonge dans le sien. J'en frissonne. C'est incroyable comment sa présence influence mon corps. Je suis mal à l'aise avec cette constatation, je ne le connais que depuis peu et je suis déjà dans tous mes états. Cela me rend dingue. Je ne souhaite pas qu'il ait cette emprise sur moi. C'est comme si je ne pouvais pas lui échapper. Je veux éviter de devenir complètement éprise de lui.
Je n'exagère rien en affirmant qu'il me fascine. Cet homme que j'ai rencontré petite fille, et dont je ne me souvenais guère me perturbe au point de chambouler ma vie et mon cœur. Je ne le considère pas comme ma famille et je n'ai aucun désir de vivre au crochet d'un inconnu, si beau soit-il !
Pourquoi je suis aussi faible, aussi maladroite et timide devant lui ? Il faut que cela cesse ! Je suis en colère contre moi. Et mon organe sentimental ne devrait pas battre à tout rompre dans ma poitrine. Je suis dépitée, qu'est-ce qu'il m'arrive ? Il est trop envahissant dans ma vie. Ils sont tous trop envahissants. Il ne me doit rien, et moi non plus. Nous sommes des étrangers, alors restons en là !
"- Est-ce possible d'avoir un peu de vie privée et de liberté !" Mon ton est dur, et mon agacement très marqué.
Il sourit.
"- Je suis responsable de toi !" Il répond fermement.
"- Je n'ai besoin de personne pour s'occuper de moi !" Je lui rétorque.
Il rit désormais. Il se moque ouvertement de moi. Mais, j'ai réellement une envie de le frapper. Je fais demi-tour pour partir vers le côté opposé à lui. Je marche vite, et puis je cours. Je veux lui échapper. Bien évidemment, il me rattrape sans difficultés. Cette fois, il touche ma main, la serre dans la sienne. Ce contact est à nouveau glaciale. Il m'empêche d'aller plus loin. Je n'en peux plus. Je lui fais face, je suis éblouie.
"- Tu dois rester avec moi ! Ce sont les désirs de mon défunt père !" Il ajoute.
Il mêle les défunts à notre conversation. C'est ce que grand-père souhaitait ?
"- Je suis surprise que grand père ait demandé que vous vous occupiez de moi, sachant qu'il ne vous avez pas vu depuis dix ans !" Je lui rappelle.
"- J'avais mes raisons, et je n'ai pas à me justifier de cela devant toi ! Tu rentres avec moi un point c'est tout !" Il me crie presque dessus.
Il se penche vers moi, passe un bras sous mes jambes et l'autre dans mon dos, puis se redresse sur ses jambes. Il me porte ainsi. Je suis troublée. Ma tête est proche de son torse, mon cœur bat extrêmement vite, mon souffle est saccadé. Il me fait perdre la tête, en plus de m'énerver. Je ne peux pas avoir des sentiments pour lui. Je donne des coups de poing sur son torse et je lui dis :
"- Vous ne pouvez pas décider de ma vie, je ne vous appartiens pas !"
Je crache mon venin. Je lui en veux tellement de me troubler.
"- Pas pour l'instant !" Il me répond.
"Pas pour l'instant" qu'est-ce qu'il sous entend ? Que je suis déjà conquise, que ce n'est qu'une question de jours ? Quel impertinent ! Quel arrogant ! Je redouble de force pour le frapper avec mes poings. Je gigote dans tous les sens, je veux qu'il me repose à terre. Cependant, il est très fort, et il me porte ainsi jusque la maison de grand père.
Il ne me relâche que lorsque nous sommes dans le hall de la maison. Je n'en peux plus de lui, mes nerfs sont à vifs. Je le gifle. Il me contemple surpris par mon geste. Il attrape mon poignet et me rapproche de lui. Mon corps est collé au sien. Il caresse mes lèvres du bout de ses doigts. Je fonds littéralement. Je n'ai qu'une envie qu'il m'embrasse. Il s'écarte de moi. Je suis vexée d'avoir succombé à son charme. Et il m'humilie davantage en affirmant :
"- Ce n'est qu'une question de quelques jours et tu seras à moi !"
Il me sert son sourire charmeur, éblouissant. Je cours pour monter les escaliers et m'enfermer dans ma chambre.
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