Chapitre 8
### Chapitre 8 : La Première Séparation
Le lendemain de leur discussion à la bibliothèque, Clara se réveilla avec un sentiment de soulagement mêlé d’appréhension. Bien qu’elle et Maxime aient réussi à exprimer leurs préoccupations la veille, elle sentait que quelque chose avait changé entre eux. Une tension subtile persistait, comme une ligne fine sur le point de se rompre.
Elle se rendit à l’école, espérant que la journée se passerait sans accroc. Mais dès qu’elle croisa le regard de Maxime dans la cour, elle sentit un frisson de nervosité parcourir son corps. Il semblait préoccupé, distant, comme s’il portait encore le poids de leurs récents malentendus.
Pendant la pause déjeuner, Clara chercha Maxime parmi les élèves qui se rassemblaient dans la cafétéria. Elle le repéra assis à une table à l’écart, jouant distraitement avec sa nourriture. Elle prit une profonde inspiration et se dirigea vers lui, espérant pouvoir briser la glace qui menaçait de s’installer entre eux à nouveau.
« Salut Max », dit-elle doucement en s’asseyant en face de lui.
Il leva les yeux vers elle, son expression un mélange de tristesse et de résignation. « Salut Clara », répondit-il, sa voix un peu plus basse que d’habitude.
Elle prit une gorgée de courage. « Comment tu te sens aujourd’hui ? »
Il baissa les yeux vers la table, ses doigts tapotant nerveusement la surface lisse. « Je ne sais pas… Je suis désolé pour hier soir. »
Clara sentit son cœur se serrer. Elle savait qu’il était difficile pour Maxime d’exprimer ses émotions, mais elle espérait qu’ils avaient fait un pas vers une meilleure compréhension mutuelle. « Max, nous devons parler. Hier soir… »
Avant qu’elle ne puisse terminer sa phrase, une voix retentit derrière elle. « Clara, Maxime, puis-je vous parler un instant ? » C’était Mme Martin, leur professeure principale, qui les appelait vers son bureau.
Ils échangèrent un regard rapide, avant de se lever et de suivre Mme Martin jusqu’à son bureau. Clara sentait l’urgence de continuer leur conversation, mais elle savait aussi que les interruptions extérieures faisaient partie de la vie quotidienne à l’école.
Une fois à l’intérieur du bureau, Mme Martin leur indiqua de s’asseoir. « J’ai remarqué qu’il y avait eu quelques tensions entre vous deux récemment », commença-t-elle doucement.
Clara baissa les yeux, sentant une bouffée d’embarras monter en elle. « Nous essayons de régler ça », murmura-t-elle.
Mme Martin hocha la tête, ses yeux scrutant les leurs avec empathie. « Les relations peuvent être compliquées, surtout à votre âge. Mais il est important de se parler ouvertement et honnêtement. »
Maxime acquiesça lentement, ses yeux évitant les leurs. « Je sais. Nous… nous essayons. »
Le reste de la journée passa dans une sorte de torpeur pour Clara et Maxime. Ils se croisaient dans les couloirs entre les cours, échangeant des sourires forcés et des regards furtifs. L’atmosphère tendue pesait sur eux comme une lourde couverture, les empêchant de retrouver leur connexion habituelle.
En fin d’après-midi, après les cours, Clara attendit Maxime près des casiers, espérant qu’ils pourraient enfin trouver un moment pour discuter. Quand il émergea de sa salle de classe, elle l’interpella doucement.
« Max, est-ce qu’on pourrait parler ? » demanda-t-elle, ses yeux cherchant les siens avec une lueur d’incertitude.
Il hocha la tête, une lueur de résignation dans son regard. « D’accord. Allons dans la salle de musique. Il n’y a personne à cette heure-ci. »
Ils se dirigèrent silencieusement vers la salle de musique vide, l’air lourd de non-dits entre eux. Clara sentait que chaque pas les éloignait un peu plus l’un de l’autre, comme si le fil ténu de leur relation menaçait de se rompre complètement.
Une fois à l’intérieur, ils s’assirent sur les chaises près du piano, un silence tendu planant entre eux. Clara prit une profonde inspiration, rassemblant ses pensées avant de parler.
« Max, je sais que quelque chose te préoccupe. Hier soir… »
Il l’interrompit brusquement, sa voix rauque de tristesse contenue. « Clara, je… Je crois que je ne peux pas ignorer mes sentiments. »
Elle plissa légèrement les yeux, sentant une pointe d’appréhension lui piquer le cœur. « Quels sentiments, Max ? »
Il prit une grande bouffée d’air, avant de plonger dans ses paroles. « Je… Je ne peux m’empêcher de penser que peut-être tu n’es pas aussi… fidèle que je le pensais. »
Le choc la saisit comme un coup de poing dans l’estomac. Clara sentit les larmes lui monter aux yeux, mêlées à une étrange combinaison de colère et de tristesse. « Max, comment peux-tu penser ça ? »
Il baissa la tête, incapable de soutenir son regard brûlant. « Je sais que c’est stupide, mais… après ce qui s’est passé récemment, je ne peux pas m’empêcher de me poser des questions. »
Clara se mordilla la lèvre inférieure, tentant de retenir les émotions tumultueuses qui menaçaient de l’engloutir. « Max, Nicolas est juste un ami. Rien de plus. Je t’aime, et je n’ai jamais pensé à… »
Il secoua la tête rapidement, ses mains se serrant en poings sur ses genoux. « Je sais, Clara. Mais… »
Elle sentit une vague de frustration la submerger. « Mais quoi, Max ? Est-ce que tu ne me fais pas confiance ? »
Il leva enfin les yeux vers elle, une lueur de douleur dans son regard. « Je veux te faire confiance, Clara, mais… »
La colère prit le dessus sur elle. « Mais rien, Max ! Je ne te trompe pas, et je ne mérite pas d’être traitée comme si je le faisais ! »
Les mots résonnèrent dans la pièce, un silence lourd pesant entre eux. Clara sentit les larmes couler sur ses joues, impuissante devant le fossé qui semblait s’être creusé entre eux en si peu de temps.
Maxime se leva brusquement, ses propres yeux brillants de frustration et de chagrin. « Je… Je crois qu’on a besoin de temps pour réfléchir à ça. Peut-être qu’on devrait… prendre une pause. »
Les mots frappèrent Clara comme un coup de poignard. Une pause ? Était-ce vraiment ce qu’il voulait ? Elle voulait lui crier de revenir, de ne pas la quitter ainsi. Mais une partie d’elle savait que les émotions fortes n’apporteraient rien de bon maintenant.
Elle hocha lentement la tête, ses épaules s’affaissant sous le poids de la tristesse. « D’accord, Max. Peut-être… peut-être qu’une pause nous fera du bien. »
Ils se regardèrent un moment, chacun se demandant comment tout avait pu tourner si mal si rapidement. Clara voulait lui dire qu’elle l’aimait toujours, malgré tout. Maxime voulait lui dire qu’il était désolé d’avoir douté d’elle.
Mais les mots restaient bloqués dans leur gorge, laissant une sensation d’inachevé flotter dans l’air entre eux. Ils savaient tous les deux que cette première séparation marquait un tournant dans leur relation, une rupture émotionnelle qui devrait être guérie avant qu’il ne soit trop tard.
Ils se séparèrent finalement, Clara rentrant chez elle avec un cœur lourd et des pensées confuses. Maxime s’éloigna dans une direction opposée, ses pas lourds de regret et de chagrin. Ils ne savaient pas combien de temps cette pause durerait, ni ce qu’elle signifierait pour leur avenir.
Ce soir-là, Clara s’allongea sur son lit, les pensées tournant en boucle dans sa tête. Elle revivait chaque moment de leur dispute, se demandant comment tout avait pu déraper si rapidement. Les larmes continuaient de couler sur ses joues alors qu’elle serrait son oreiller contre elle, cherchant un semblant de réconfort dans le confort familier de sa chambre.
Pendant ce temps, Maxime marchait dans les rues de la ville, les mains dans les poches, son esprit tourmenté par les événements de l’après-midi. Il se sentait vidé, comme si une partie de lui-même avait été arrachée. Chaque pas le rapprochait de la réalité de leur rupture, et il se demandait s’il avait pris la bonne décision.
À la maison, Clara tenta de se distraire en faisant ses devoirs, mais chaque mot sur la page semblait flou. Son esprit revenait sans cesse à Maxime, à leur amour qui semblait si fragile maintenant. Elle se demandait s’il pensait à elle autant qu’elle pensait à lui, si cette pause était vraiment nécessaire.
De son côté, Maxime se retrouva assis sur le bord de son lit, fixant le mur en face de lui comme s’il pouvait y trouver les réponses à toutes ses questions. Il se sentait perdu, déchiré entre la culpabilité d’avoir douté de Clara et la peur de la perdre pour de bon.
Les jours qui suivirent furent remplis d’un silence lourd entre eux à l’école. Clara et Maxime évitaient soigneusement de se croiser dans les couloirs, se contentant de regards furtifs et de salutations distantes quand cela était absolument nécessaire. Leurs amis mutuels remarquèrent le changement subtil dans leur dynamique, mais aucun d’eux n’osa poser de questions, respectant la privacité de leur situation.
Pendant les cours, Clara lutta pour se concentrer sur ses études, mais son esprit divaguait toujours vers Maxime. Elle se demandait ce qu’il faisait, comment il se sentait, si lui aussi regrettait la rupture autant qu’elle. Chaque fois qu’elle croisait un endroit où ils avaient ri ensemble ou partagé un moment spécial, une vague de nostalgie la submergeait.
Maxime, de son côté, essaya de se perdre dans ses activités habituelles. Il joua plus de musique que d’habitude, cherchant un refuge dans les notes familières qui lui avaient toujours apporté du réconfort. Mais même la mélodie la plus douce ne parvenait pas à apaiser le tourbillon émotionnel qui grondait en lui.
Une semaine après leur dispute, Clara reçut un message inattendu de Maxime. Son cœur fit un bond dans sa poitrine en voyant son nom s’afficher sur l’écran de son téléphone. Les mains tremblantes, elle ouvrit le message.
*Clara, est-ce qu’on pourrait se parler ? Peut-être… demain après les cours ? J’aimerais… clarifier certaines choses.*
Elle lut et relut le message plusieurs fois, essayant de déchiffrer le ton derrière ses mots. Était-ce un signe qu’il regrettait leur séparation ? Ou simplement une formalité pour mettre fin à ce qui restait de leur relation ?
Sans perdre de temps, Clara répondit. *Oui, bien sûr. Où veux-tu qu’on se retrouve ?*
La réponse de Maxime ne tarda pas. *Peut-être au parc près de l’école ? Vers 16 heures ?*
Elle hocha la tête devant l’écran de son téléphone, un mélange d’excitation et d’appréhension la tenant éveillée une partie de la nuit. Elle espérait secrètement que cette rencontre marquerait un nouveau départ pour eux, un moyen de surmonter les obstacles qui les avaient séparés.
Le lendemain, après les cours, Clara se rendit au parc près de l’école. Le soleil déclinait doucement à l’horizon, jetant une lumière dorée sur les arbres et les bancs du parc. Elle repéra Maxime assis sur un banc, son regard perdu dans le lointain.
En s’approchant de lui, elle remarqua à quel point il semblait épuisé, comme s’il avait peu dormi ces derniers jours. Son cœur se serra de le voir ainsi, réalisant à quel point leur séparation avait affecté chacun d’eux.
« Salut », dit-elle doucement en s’asseyant à côté de lui.
Maxime tourna la tête vers elle, ses yeux cherchant les siens avec une intensité presque palpable. « Salut », répondit-il, sa voix douce et incertaine.
Ils restèrent silencieux un moment, le bruit des enfants jouant au loin emplissant l’air autour d’eux. Clara sentit une boule de nervosité se former dans sa gorge, se demandant comment aborder la conversation qui devait venir.
Finalement, ce fut Maxime qui parla le premier, ses mots sortant d’une voix rauque et empreinte d’émotion. « Clara, je suis désolé… pour tout ce qui s’est passé. Je… Je n’aurais pas dû douter de toi comme ça. »
Elle détourna les yeux, sentant les larmes menacer de nouveau. « Max, je suis désolée aussi… pour notre dispute. Je ne voulais pas que ça finisse comme ça. »
Il prit une profonde inspiration, rassemblant ses pensées. « Je… Je t’aime, Clara. Je ne veux pas te perdre à cause de mes doutes stupides. »
Clara sentit son cœur bondir dans sa poitrine à ses paroles. Elle se tourna vers lui, captant l’expression sincère dans ses yeux. « Max, je t’aime aussi. Mais nous devons apprendre à nous faire confiance, à parler de nos peurs avant qu’elles ne deviennent des problèmes. »
Il hocha lentement la tête, une lueur d’espoir naissant dans son regard. « Oui, tu as raison. Je veux travailler sur ça, Clara. Je veux que nous… »
Avant qu’il ne puisse finir sa phrase, elle posa doucement sa main sur la sienne, un sourire tendre étirant ses lèvres. « Nous pouvons le faire, Max. Ensemble. »
Ils restèrent assis là, leurs mains entrelacées sur le banc du parc, le soleil couchant baignant leur monde d’une douce lumière dorée. Clara savait qu’ils avaient encore beaucoup à surmonter, mais pour la première fois depuis leur dispute, elle sentait que tout serait possible tant qu’ils seraient ensemble.
Le soir tomba doucement sur eux, enveloppant Clara et Maxime dans une bulle de réconciliation et d’espoir renouvelé. Ils avaient franchi une étape cruciale dans leur relation, apprenant que même dans les moments les plus sombres, l’amour et la compréhension mutuelle pouvaient triompher.
Alors qu’ils quittaient le parc ce soir-là, Clara et Maxime savaient que leur chemin serait semé d’embûches, mais ils étaient prêts à les affronter main dans la main. Leur histoire n’était pas encore écrite en entier, mais ils avaient la certitude que chaque chapitre à venir serait une nouvelle chance de grandir, d’apprendre et de s’aimer encore plus fort.