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01

CHAPITRE 01

Les aéroports. Je les déteste avec une passion brûlante.

Je marche à travers le bâtiment dans un état second, comme un robot, si tu veux. Mon cerveau contrôle mes mouvements, mais il ne prend à peine en compte les gens autour de moi qui défilent.

Une heure avant qu’on parte pour l’aéroport, je suis restée assise sur le bord du lit de mes parents, serrant les draps très fort. Ils m’avaient laissé une lettre dans leur testament que j’ai décidé d’ouvrir ce matin. J’ai étouffé mes sanglots avec ma main, mais mes yeux étaient flous de larmes tandis que je dévorais chaque mot. Je reconnaissais l’écriture de ma mère et le léger baiser de rouge à lèvres qu’elle avait laissé au bas de la page. La lettre m’encourageait à être forte, quoi qu’il arrive.

Mes parents sont morts dans un accident de voiture il y a un mois. À partir de ce moment-là, ma vie a basculé. Je pars maintenant dans une ville juste à côté de New York, aux États-Unis, chez mes nouveaux tuteurs qui sont aussi comme des parents pour moi, des amis de la famille. Je vais commencer dans une nouvelle école, dans un pays totalement différent, à des kilomètres du Royaume-Uni, mon pays d’origine. Peut-être que ça me fera du bien, Dieu sait à quel point j’ai été malheureuse après leurs funérailles.

Je range la lettre dans mon sac et sors de la maison, me jurant de suivre ce qu’ils m’ont demandé dans la lettre : être heureuse. Ça ne dure malheureusement pas longtemps. Dès que j’entre dans le bâtiment, je deviens cette râleuse qui préfère déjà être dans l’avion plutôt que de traverser toute la procédure de sécurité. Bien que je comprenne que ce soit important, j’ai cette envie irrépressible d’être assise dans l’avion, en altitude, dans les nuages.

L’alarme se déclenche bruyamment lorsque je passe à travers, me faisant rougir de honte alors que le garde de sécurité me demande de reculer. La femme attend patiemment que je vérifie si j’ai oublié quelque chose sur le tapis où j’ai posé mes affaires, et je m’aperçois que mon bracelet de cheville est toujours là. Je me frappe le front, le retire en m’excusant, puis traverse de nouveau, soulagée que l’alarme ne se déclenche pas une seconde fois.

« Idiote. » Damon roule des yeux avec un sourire en coin, se tenant à côté de moi alors qu’on récupère nos affaires.

Mes nouveaux tuteurs sont Theia et Darius Valentine, des amis proches de mes parents. Damon Valentine est leur fils, quelqu’un qui est comme un frère aîné pour moi. Nous sommes très proches après avoir passé des étés ensemble, soit aux États-Unis, soit au Royaume-Uni.

« C’est toujours moi, à chaque fois. » Je fais la moue, jetant mon sac sur mes épaules.

On commence à marcher vers notre porte d’embarquement, en s’arrêtant quelques minutes pour regarder les magasins avant de continuer. Tout va bien… jusqu’à ce que je perde Damon dans la foule de gens qui se dirigent soit vers leurs vols, soit vers les boutiques.

Je regarde autour de moi, paniquée, essayant de le retrouver, car je ne sais même pas de quel terminal nous devons partir. Damon avait insisté pour prendre ma carte d’embarquement et mon passeport, en disant qu’ils seraient plus en sécurité dans son portefeuille de voyage. Je me retrouve à traverser un restaurant et à m’avancer vers un autre terminal, décidant que si je ne retrouve pas Damon dans les cinq minutes, je demanderai de l’aide au personnel de l’aéroport.

« Oh, pardon ! » Je crie en heurtant un homme, me retournant pour lui faire face.

« T’inquiète, bébé. » Il marmonne, en m’enlaçant soudainement la taille.

Mes yeux s’élargissent de choc avant que mon expression ne se transforme en dégoût quand sa main se pose sur mes fesses. « Qu’est-ce que tu fais ? Lâche-moi ! »

Il rigole en me maintenant fermement, en attrapant mon poignet lorsque je tente de le frapper. Il marmonne quelque chose d’incompréhensible en me traînant vers les toilettes.

« Mec, c’est un aéroport, reprends-toi ! » Je grogne, lui donnant un coup dans la jambe, mais ça ne ralentit que légèrement sa prise. « Écoute, je n’ai pas peur de te frapper. C’est ta dernière chance, lâche-moi tout de suite ! »

Je creuse mes ongles dans sa main, donnant des coups de pied et essayant de me libérer de sa prise, faisant tout ce que je peux pour qu’il me lâche. Il y a des gens qui passent autour de nous, mais, comme nous sommes dans un coin, personne ne semble remarquer ou alors ils ignorent totalement la situation. Je crie à l’aide, espérant que quelqu’un m’entende et qu’il me lâche, car il met tout son poids sur moi.

Frustrée, je parviens à libérer une main de son emprise et je le pousse violemment en arrière. Il pousse un cri et perd l’équilibre, ce qui me donne une chance de me retourner et de m’éloigner de lui. Mais j’entends des pas précipités et, en me retournant, je vois qu’il me poursuit, toujours en titubant.

Je me mets à courir, prenant à gauche et me fondant dans la foule de personnes pressées. Je m’arrête brusquement devant les portes des toilettes et je sais qu’il me faut faire un choix. Soit je vais dans les toilettes pour femmes, là où je devrais être, soit je pénètre dans celles des hommes, ce qui est un peu plus délicat.

Ça va être un choix difficile.

J’entends sa voix familière, légèrement brouillée par l’alcool, qui se rapproche. Je suis surprise qu’il ait même réussi à me suivre jusque-là. Je fonce dans les toilettes pour hommes et ferme discrètement la porte derrière moi, un sourire se dessinant sur mes lèvres lorsque je constate que la pièce est vide. Je garde la porte légèrement ouverte et jette un coup d’œil pour voir l’homme ivre entrer fièrement dans les toilettes pour femmes, avec un sourire victorieux, pensant que je vais m’y cacher.

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