chapitre 2

Le lendemain de la soirée de gala, Clara se réveilla avec un sentiment de malaise. Les paroles d’Henri résonnaient dans son esprit, la plongeant dans une spirale de doute et d’incertitude. Elle se leva, se dirigea vers la fenêtre de sa chambre et regarda la ville en contrebas. Le monde semblait si vaste et impénétrable, tout comme les secrets qu’elle soupçonnait maintenant de hanter son empire familial.

Les souvenirs de son enfance commencèrent à remonter à la surface, tels des fragments d’un puzzle qu’elle n’avait jamais réussi à assembler complètement. Clara se souvenait de son père, Jean Dupont, comme d’un homme autoritaire, rarement présent mais toujours imposant. Sa mère, Élisabeth, avait été douce mais souvent distante, comme si elle portait un fardeau invisible.

Clara, enfant unique, avait passé de nombreuses heures seule dans la vaste demeure familiale, explorant les couloirs sombres et les pièces aux trésors anciens. Elle se souvenait des disputes étouffées derrière des portes closes, des regards furtifs échangés entre ses parents et des murmures à demi entendus. À l’époque, elle n’avait pas compris la signification de ces moments, mais maintenant, tout prenait un sens plus sombre.

Pendant ce temps, Maxime Leblanc était lui aussi plongé dans ses réflexions. Il avait reçu une lettre anonyme ce matin-là, glissée sous la porte de son appartement. L’enveloppe était simple, sans fioritures, mais son contenu était inquiétant. La lettre, rédigée à la machine à écrire, menaçait de révéler un scandale familial s’il ne coopérait pas.

« Nous savons ce que votre père a fait. Si vous ne voulez pas que cela devienne public, suivez nos instructions. »

Maxime sentit une colère sourde monter en lui. Qui aurait pu envoyer une telle lettre ? Et de quel scandale parlaient-ils ? Il savait que son père, Louis, avait souvent frôlé les limites de l’éthique dans ses affaires, mais il n’avait jamais imaginé quelque chose de cette ampleur. Déterminé à découvrir la vérité, Maxime décida de contacter Clara, pressentant qu’elle pourrait être une alliée précieuse dans cette quête.

Clara, de son côté, se rendit au bureau de son père ce matin-là, une grande pièce richement décorée avec des meubles en acajou et des tableaux de maîtres. Jean Dupont n’était pas encore arrivé, et elle profita de ce moment pour fouiller discrètement. Elle savait que son père conservait toujours des dossiers importants dans son bureau, bien que l’accès à ces documents soit strictement limité.

En ouvrant un tiroir secret, habilement dissimulé derrière une bibliothèque, Clara découvrit une pile de documents marqués « Confidentiel ». Ses mains tremblantes tournèrent les pages, révélant des transactions financières suspectes, des contrats douteux et des correspondances impliquant des pots-de-vin et des menaces. Son cœur se serra alors qu’elle comprenait l’ampleur des actes de son père.

Jean Dupont entra brusquement dans le bureau, trouvant Clara penchée sur les documents compromettants. Son visage se durcit instantanément, et une lueur de colère passa dans ses yeux.

« Clara, que fais-tu ici ? » demanda-t-il d’une voix glaciale.

Clara se redressa, essayant de masquer sa peur. « Papa, je… je voulais te parler de quelque chose. Mais en cherchant un dossier, je suis tombée sur ces documents. Qu’est-ce que tout cela signifie ? »

Jean avança lentement vers elle, ses yeux fixés sur les papiers dans ses mains. « Ce ne sont pas tes affaires, Clara. Tu n’aurais jamais dû toucher à cela. »

« Ce sont nos affaires familiales, et j’ai le droit de savoir ! » répliqua Clara, tentant de garder son calme. « Ces documents montrent des transactions illégales et des menaces. Comment as-tu pu te laisser entraîner là-dedans ? »

Jean posa ses mains sur le bureau, se pencha en avant et regarda sa fille droit dans les yeux. « Clara, le monde des affaires n’est pas aussi simple et noble que tu le penses. Pour maintenir notre empire, il faut parfois faire des sacrifices et prendre des décisions difficiles. »

« Mais ce que tu as fait est criminel ! » s’écria Clara. « Tu mets en danger notre famille et notre réputation. »

Jean se redressa, une expression menaçante se dessinant sur son visage. « Écoute-moi bien, Clara. Tu es trop jeune et naïve pour comprendre les rouages de notre monde. Tu ferais mieux de te concentrer sur tes tâches et de me laisser gérer les affaires. »

Clara sentit une vague de frustration et de désespoir l’envahir. « Je ne peux pas rester silencieuse alors que je sais que tu commets des actes répréhensibles. Je dois faire ce qui est juste. »

Jean secoua la tête, un sourire froid se dessinant sur ses lèvres. « Tu ferais mieux de réfléchir à ce que tu dis et à ce que tu fais, Clara. Les conséquences pourraient être désastreuses, non seulement pour toi, mais pour toute notre famille. »

Clara sortit du bureau, le cœur lourd, ses pensées tourbillonnant. Elle savait qu’elle ne pouvait pas ignorer ce qu’elle avait découvert, mais elle devait être prudente. Son père était un homme puissant et dangereux, et toute confrontation directe pourrait mettre sa vie en péril.

Plus tard dans la journée, Maxime appela Clara, lui proposant de la rencontrer pour discuter de ce qu’ils avaient découvert. Ils se retrouvèrent dans un café discret de la ville, un lieu sûr où ils pouvaient parler librement.

« Clara, je suis désolé de te déranger, mais j’ai reçu une lettre anonyme ce matin, » commença Maxime après avoir commandé leur café. « Elle menaçait de révéler un scandale familial si je ne coopérais pas. Je pense que cela pourrait être lié à ce que nous avons découvert hier soir. »

Clara hocha la tête, le regard grave. « Maxime, j’ai trouvé des documents dans le bureau de mon père. Ils révèlent des transactions illégales et des actes criminels. Mon père est impliqué dans des activités que je ne peux pas ignorer. »

Maxime prit une profonde inspiration. « Il semble que nos familles soient plus liées que nous ne le pensions. Nous devons découvrir la vérité et protéger nos proches. Mais nous devons être prudents. »

« Je suis d’accord, » dit Clara. « Nous devons rassembler des preuves solides avant de confronter nos parents ou de faire quoi que ce soit de public. Il y a trop en jeu. »

Ils passèrent l’après-midi à élaborer un plan. Clara devait continuer à fouiller discrètement les archives de son père, tandis que Maxime tenterait de découvrir l’identité de la personne derrière la lettre anonyme. Ils décidèrent également de contacter Henri, espérant qu’il pourrait leur fournir plus d’informations.

En fin de journée, Clara retourna chez elle, épuisée mais déterminée. Elle savait que la route serait longue et périlleuse, mais elle n’avait pas le choix. La vérité devait être révélée, quoi qu’il en coûte.

Pendant ce temps, Jean Dupont, assis seul dans son bureau, fixait les documents que Clara avait découverts. Il savait que sa fille était intelligente et déterminée, et il craignait ce qu’elle pourrait découvrir. Ses pensées tourbillonnaient alors qu’il envisageait les prochaines étapes. Il devait protéger son empire et sa réputation à tout prix, même si cela signifiait prendre des mesures drastiques contre sa propre fille.

Le silence du bureau fut soudainement interrompu par la sonnerie de son téléphone. Jean décrocha, reconnaissant la voix de son associé. « Nous avons un problème, » dit la voix à l’autre bout du fil. « Clara a découvert quelque chose. Nous devons agir rapidement. »

Jean serra les dents, son regard se durcissant. « Je sais. Nous devons la surveiller de près. Et si elle devient trop curieuse, nous devrons la stopper, par tous les moyens nécessaires. »

La nuit tombait sur la ville, enveloppant les gratte-ciels dans une obscurité inquiétante. Clara, ignorant les plans sinistres de son père, continuait de chercher la vérité, résolue à dévoiler les secrets de sa famille et à restaurer l’honneur de son nom. Mais elle ne savait pas encore à quel point le chemin serait dangereux et rempli de trahisons.

Le mystère s’épaississait, les enjeux augmentaient, et Clara et Maxime se retrouvaient sur une route incertaine, où chaque pas les rapprochait de la vérité, mais aussi du danger. Les ombres du passé n’avaient pas encore révélé tous leurs secrets, et les deux jeunes héritiers allaient bientôt découvrir que la vérité avait un prix.