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Chapitre 1

Maman: Ambre? Ambre?

Moi: Oui maman!

Maman: Dépêche toi, je ne veux pas arriver en retard.

Moi: Mais allez y moi je ne suis pas prête.

Papa: Nkombe tu as une minute pour monter dans la voiture.

Ehh ah Rera! Les parents que j’ai la vraiment pensent que c’est la force hein. Déjà qu’ils ne sont pas constants dans leur histoire d'aller à l’église là, mais les rarissimes fois ou ils se décident à s’y rendre il faut qu’ils s'entraînent avec eux, rhooo j’ai déjà mes sacrements hein ca me va tchips! La c’est sur que c’est encore pour aller rencontrer leurs amis. Pfff en tout cas, ils auront encore honte lorsque je vais dormir pendant l'homélie. Je m'apprête rapidement et vais les rejoindre pour une journée qui s’annonce fatigante. Nous vivons à Lambaréné depuis assez longtemps. Mon père a décidé de revenir s’installer ici avec maman vu qu’il y a passé toute sa jeunesse avant d’aller se chercher ailleurs. Oui, je suis une fille des lacs moi qu’est ce que vous croyez?

Cesar Rigondja Mbamwe de son nom complet, est un magistrat retraité et grincheux qui dédie le reste de ses jours à ses petits business, qui en plus de ses revenus de retraité, sont suffisants pour prendre soin de la famille. Le seul problème avec la retraite de mon père, c’est qu’elle lui permet de me surveiller deux fois plus. Oh je ne vous ai pas dit?

Dans cette maison, tout est géré par mon père, les sorties, les activités et j’en passe. Dire qu’il est stricte est un doux euphémisme. Monsieur Rigondja Mbamwe surveille chacune de mes fréquentations tout comme celles de maman. Je n’ai pas le droit d’emmener qui que ce soit à la maison, je n’ai pas le droit d’avoir des amis de sexe opposé, je n’ai pas le droit de sortir de chez moi pour des raisons autres que religieuses ou scolaires. En gros je suis dans une prison moderne. Bon j’avoue que j’arrivais à le dribbler au lycée pour voir mes gens et surtout mon petit ami de l'époque mais maintenant c’est un peu plus compliqué. Ma mère dans tout ceci?

Madame Célestine Rigondja Mbamwe fait tout ce qu’il dit, c’est pour ainsi dire une vraie femme soumise qui respecte les décisions de son mari, je dirais même un peu trop. Bien sur c’est la seule personne capable de faire changer d’avis à mon père mais encore faudrait il que cela se passe dans l'intimité totale. Elle est banquière de formation mais s’est reconvertie en conseillere financiere depuis peu. Voila un peu ce qu’il y a a retenir sur mes parents.

A la fin du culte, mes parents discutent avec des amis pendant que moi j’attends dans la voiture. J’en profite pour appeler ma meilleure amie, Alicia. Cette dernière répond immédiatement à mon appel, comme d'habitude:

Alicia: Nkombe, on dit quoi?

Moi: Tchips je suis là fatiguée.

Alicia: Vous avez fini tôt aujourd’hui hein.

Moi: Oui on peut dire.

Alicia: Moi je suis devant la télé, y a rien d'intéressant. Au faitOn m’a invitee quelque part cet après midi, tu viens?

Moi: Tu sais bien que je ne peux pas.

Alicia: Je te rappelle que tu as déjà 22 ans hein. C’est quelle prison que tu acceptes comme ca?

Moi: Bah en théorie je suis dépendante de mes parents donc j’ai pas le choix.

Alicia: Trouve toi un boulot!

Moi: On sait toutes les deux que c’est pas l’envie qui fait défaut.

Alicia: Bon va t’installer ailleurs!

Moi: Tu veux que je me fasse tuer par papa ou quoi?

Alicia: Tous les jours je te dis ici que tu vas finir vieille fille chez tes parents.

Moi: Ca c’est mon problème. Bon on se voit lundi, les parents arrivent.

Alicia: Ok!

Je raccroche en voyant papa venir s'installer au volant. Je n’ai surtout pas envie qu’il me fasse des reproches sur cette conversation avec Alicia. Selon lui, bien qu’il l'apprécie beaucoup, Alicia est beaucoup trop légère et manque de tenue. En fait, il a reçu une éducation catholique très stricte. Le mélange avec les valeurs ancestrales fait de lui un conservateur excessif. Disons que tout doit être parfait dans cette famille, et moi ça m’ennuie un peu. Heureusement que j’ai Alicia pour passer le temps. Mais assez parlé de mes parents, tournons nous un peu vers moi…

Je suis une jeune femme tout à fait normale avec mon teint chocolat noir. De mes 22 ans et demi, je pèse 72 kilos sur mon petit mètre 67. J’ai une formation de secrétariat de direction. Ce choix était plus axé sur le désir d’avoir un bagage assez solide après avoir l’obtention de mon baccalauréat à Charles Mefane. Je rêve secrètement de créer ma propre gamme de produits de soin et beauté. Ma grand mère, paix à son âme, était une vraie bibliothèque vivante dans ce domaine, connaissant les vertues de plusieurs plantes et comment les assembler pour faire des préparation maison. Elle m’a beaucoup appris et c’est grâce à elle que j’arrive à concocter des soins pour les cheveux et le visage principalement. La seule fois ou j’en ai sérieusement parlé à mon père, je me suis fait refroidir parce qu’il confond soin à kwanza (dépigmentation):

C’est bien mon paternel, pourtant tout ce que j’utilise est naturel. Mais bon, ce n’est pas maintenant qu’il investira son argent dans mon projet, donc je suis patiente. Je trouverai un bon petit boulot qui me permettra de vivre ma passion en parallele. Disons que pour l’instant ce n’est pas gagné du tout. Ca fait un an et quelques mois que je suis rentrée à Lambaréné vu qu’aucune porte ne m’a été ouverte depuis la fin de ma formation. Fort heureusement, j’ai encore un toit sous lequel dormir en toute quiétude. Mon petit commerce de produits me rapporte juste assez pour mes besoins personnels.

La journée est assez ennuyeuse et c’est de bonne grâce que je ferme les yeux en attendant le lendemain…

Je suis en train de me rendre vers le domicile des parents d’Alicia et bifurque vers une ruelle qui ne m’est que trop connue. C’est là qu’habitent les parents de Serge, l’ex petit ami d’Alicia avec qui j’ai gardé de bon rapports. Il est malheureusement absent donc je continue mon chemin. Je vois mon amie devant son domicile, un paquet d’arachides sucrées en main.

Moi: Les parents sont là?

Alicia: Non, je t’attendais même. Allons, j’ai des choses à prendre au marché.

Moi: Rhoo!

Alicia: Ah allons non!

Moi: Ok mais papa va bientôt rentrer, maman m’a juste donné le paquet là pour tante Gloria.

Alicia: Donne! On dira qu’elle t’a retenue. Je fais vite. Kevin m’a dit qu’il y a du bon à l'embarcadère.

Elle dépose rapidement le coli à l'intérieur et nous nous rendons à l'embarcadère, un endroit ou on peut faire un tas de trocs avec les habitants de Port-Gentil ou juste acheter des produits locaux comme le poisson, les fruits etc. Pour une fois que je peux faire un tour jusqu’ici, je ne pouvais pas me faire prier.

Elle négocie avec Kevin, un de ses habitués du coin qui lui trouve très souvent de bons produits à acheter. Il faut dire qu’il a toujours eu un faible pour elle et ne l’a jamais caché mais comme Alicia n'est pas intéressée, ils ont gardé une relation amicale. Je vais me chercher des fruits et reviens vers elle. Un groupe de trois d’hommes passent par là en pirogue. L’un d’eux, David, que je reconnais être de la région leur propose de prendre quelques babioles. L’un des deux autres joue au snob, regarde la marchandise avec dédain et met plusieurs minutes à critiquer la marchandise alors que le troisième me fixe d’une manière qui me met mal à l’aise.

Le snob: Vraiment que veux tu que je prenne dans ce trou?

Le troisième: J’ai entendu dire qu’il ont la meilleure carpe de tout le pays.

David: Et meme au dela. On pourrait vous faire un bon bouillon qui vous fera garder un bon souvenir.

Le snob: Bof, j’en ai pas besoin. C’est mieux pour les villageois d’ici. Tout cela n’a pas l’air très hygiénique. C’est vraiment un coin perdu par ici.

Alicia: Ah mais c’est comment à dénigrer les choses de Lambaréné depuis là? Toi tu dois être de de Libreville. Les gens là croient qu’il ne marchent pas sur le même sol que nous tchips.

Le snob: Mais de quoi je me mêle mademoiselle?

Alicia: Il faut arrêter de critiquer ce qu’on ne connaît pas, personne ne vous force à venir ici si c’est pour nous insulter.

Le snob: Je dis que c’est un coin de villageois avec des produits du village, en quoi est ce une insulte?

Alicia: Regardez moi les gens comme ca!

Moi: Alicia laisse tomber, allons!

Le snob en me toisant: C’est mieux, et au passage éduquez votre amie! C’est vrai que les gens comme vous n’ont pas l’habitude des formalités mais quand même. David on y va? Il faut que notre argent serve à quelque chose.

David: oui bien sur, on y va.

Alicia: Tchipsss comme on vit un peu ailleurs, on se croit arrivé. Obambo we! (imbécile)

Moi: Mais laisse non!

Alicia: Ah il énerve. Je n’aime pas ca.

Les trois antagonistes s'éloignent rapidement et je ne peux m'empêcher de sourire en voyant le troisième faire attention à ne pas salir ses chaussures blanches. On voit vraiment que ce n’est pas quelqu’un du coin. Quelle idée d’utiliser la pirogue vêtu de cette manière? Encore une de ces personnes qui viennent visiter Lambaréné plus pour la forme que le fond. Nos regards se croisent alors qu’il s'éloignent de notre location jusqu'à ce qu’on ne fasse plus attention à eux. On rentre déposer nos courses. Je prends à peine le temps de mettre mes sandales que mon portable sonne:

Moi: Allo?

Maman: Tu es ou?

Moi: Je suis en route, je reviens de chez Alicia.

Maman: Depuis que je t’ai envoyée là?

Moi: On a un peu parle seulement.

Maman: Tchips, ton père veut que tu viennes à la maison immédiatement. C’est urgent.

Moi: Mais…

Maman: Pardon maman dépêche toi!

Moi apres un instant: Ok j’arrive aussi vite que je peux.

Mais l’homme là me veut encore quoi? Rhoo!

Alicia est également anxieuse à l'idée que je me fasse ramasser comme un petit poisson par sa faute. Les marques que je garde sur le corps me rappellent toujours à quel point les colères de mon père sont effrayantes. Elle fait un bout de chemin avec moi vu qu’elle doit rencontrer quelqu’un vers notre ancien Lycée. Moi je me dépêche de rentrer et je trouve papa, béret sur la tête, bermuda et polo sur le reste du corps avec des samaras.

Papa nerveux: Tu sors d'où?

Moi: maman m’a envoyée déposer un paquet à tantine Gloria!

Papa: Mais depuis là? Et c’est quel paquet qui ne pouvait pas attendre que je me déplace?

Maman: Ah mais elle était là à ne rien faire, qu’elle serve au moins à quelque chose.

Papa: Non non, je ne veux pas qu’elle gambade dans la ville. C’est ainsi que ça commence. La prochaine fois, attends que je sorte je ferais la course moi même vu que je passe par là.

Maman: Ah chéri tu abuses hein!

Papa: Débat clos! Toi nkombe il faut qu’on parle un peu de ton avenir. Tu ne peux pas rester dans cette maison à ne rien faire. Je voulais vous dire que je dois faire un tour à Port-gentil d’ici là pour régler quelques affaires importantes. Si tout se passe bien, on vivra là-bas.

Maman: Mais on va faire comment? On est bien ici non chéri?

Papa: Ah tu pourras recommencer à travailler régulièrement Célestine. D’ailleurs Bertrand m’a appelé, il sont rentrés.

Maman en froncant les sourcils: Bertrand?

Papa: Oui!

Maman: Mais Cesar tu ne crois pas que…enfin attends encore un peu non!

Papa: Non non, c’est le bon moment, je trouve meme qu’on a perdu trop de temps. Et puis ce n’est pas d’aujourd’hui. Tu devrais déjà être préparée pour ca.

Maman: Ah mais…

Papa: C’est quoi Célestine? Hum?

Maman en baissant la tete: Rien cheri!

Je les regarde sans avoir la moindre idée de ce dont ils parlent. Moi je suis assez contente, on va peut être changer d’air. Mais maman semble moins emballée par la nouvelle. Et puis c’est qui ce Bertrand la?

En tout cas en attendant de savoir plus, sachez que je m’appelle Ambre Nkombe Rigondja Mbamwe et que je suis ravie de faire votre connaissance.

À suivre.

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