Chapitre 2 : Premiers échanges

L'automne approchait à grands pas, et les journées ensoleillées de septembre laissaient peu à peu place à une météo capricieuse. Ce vendredi après-midi-là, le ciel s'était assombri d'un coup, annonçant une tempête imminente. Claire, qui sortait de son cours de mathématiques, se hâta de ranger ses affaires dans son sac. Elle espérait rentrer chez elle avant que la pluie ne commence à tomber.

Alors qu'elle atteignait la sortie du lycée, les premières gouttes se mirent à tomber, rapidement suivies par une averse torrentielle. Elle se réfugia sous l'auvent du bâtiment, regardant impuissante l'eau ruisseler sur le trottoir. Elle n'avait pas pris de parapluie ce matin-là, pensant que le temps resterait clément.

Soudain, une voix familière l'interpella.

« Claire ! »

Elle se retourna pour voir Lucas courir vers elle, trempé jusqu'aux os. Il s'abrita sous l'auvent en secouant la tête pour se débarrasser de l'eau de pluie qui dégoulinait de ses cheveux.

« Quelle journée pour oublier un parapluie, hein ? » dit-il en riant.

Claire sourit, amusée par sa décontraction. « Oui, on dirait bien. Je pensais que le soleil resterait encore un peu. »

Lucas jeta un coup d'œil autour de lui, puis se tourna vers Claire avec un sourire malicieux. « Tu veux courir jusqu'à chez nous ensemble ? On sera trempés, mais au moins, on sera trempés à deux. »

Claire hésita un instant, puis hocha la tête. « D'accord, allons-y. »

Ils comptèrent jusqu'à trois et se lancèrent dans la pluie battante. Les gouttes froides les frappaient comme des aiguilles, mais ils couraient en riant, éclaboussant les flaques d'eau. Les rues de Saint-Pierre, habituellement tranquilles, semblaient désertées par les habitants cherchant refuge à l'intérieur.

En moins de cinq minutes, ils atteignirent leurs maisons voisines, haletants et complètement trempés. Claire se tourna vers Lucas, riant encore.

« On ressemble à des rats mouillés, » dit-elle en essayant de tordre l'eau de ses cheveux.

Lucas rit à son tour. « On aurait dû participer à une course de natation au lieu de courir sous la pluie. »

Ils se dirigèrent vers la maison de Claire, et elle ouvrit la porte d'entrée.

« Viens, » dit-elle. « Tu ne peux pas rentrer chez toi comme ça. Maman va t'attraper une serviette. »

Ils entrèrent en riant, et la mère de Claire, alertée par le bruit, apparut dans le hall, un sourire amusé sur le visage.

« Eh bien, on dirait que vous avez pris une douche involontaire, » dit-elle en allant chercher des serviettes.

Claire et Lucas la remercièrent et commencèrent à se sécher. Lucas, toujours de bonne humeur malgré l'inconfort, plaisanta en frottant vigoureusement ses cheveux.

« Tu as une sacrée énergie pour quelqu'un qui vient de courir sous la pluie, » remarqua Claire en souriant.

« C'est l'adrénaline, » répondit Lucas. « Rien de tel qu'une bonne course sous l'orage pour se sentir vivant. »

Une fois plus ou moins secs, ils montèrent dans la chambre de Claire. L'endroit était toujours aussi chaleureux et encombré de livres et de photos. Lucas se dirigea immédiatement vers l'étagère, où une nouvelle série de photographies avait été ajoutée depuis sa dernière visite.

« Tu as pris ces photos récemment ? » demanda-t-il en examinant une image en noir et blanc d'un parc désert.

« Oui, » répondit Claire en s'asseyant sur le lit. « J'adore capturer des moments de la vie quotidienne, surtout quand ils sont imprégnés de cette mélancolie de l'automne. »

Lucas hocha la tête, visiblement impressionné. « Tu as vraiment l'œil pour ça. Chaque photo raconte une histoire. »

Claire rougit légèrement, flattée par le compliment. « Merci. Et toi, tu as des passions en dehors de la littérature ? »

Lucas s'assit à côté d'elle, les yeux brillants. « Oui, j'adore écrire. Des nouvelles, des poèmes, des réflexions... tout ce qui me passe par la tête. J'ai commencé à écrire quand j'étais petit. Ça m'aide à comprendre le monde et à exprimer ce que je ressens. »

« Tu écris souvent ? » demanda Claire, curieuse.

« Autant que je peux, » répondit Lucas. « J'ai même commencé un roman, mais c'est encore un projet en cours. C'est une histoire de science-fiction, avec des éléments de philosophie et de psychologie. J'essaie de mélanger mes intérêts pour créer quelque chose de unique. »

Claire était fascinée. « Ça a l'air incroyable. J'aimerais beaucoup lire ce que tu as écrit. »

Lucas sourit, touché par son intérêt sincère. « Je te montrerai un jour, promis. Et toi, tu as déjà pensé à exposer tes photos dans une galerie ou quelque chose comme ça ? »

Claire haussa les épaules. « Peut-être un jour. Pour l'instant, je me contente de les partager avec mes proches. Mais l'idée d'une exposition me plaît. »

Ils continuèrent à discuter de leurs passions respectives, découvrant de plus en plus de points communs. Claire se sentait de plus en plus à l'aise avec Lucas, comme si une connexion naturelle et profonde se tissait entre eux.

Soudain, un éclair illumina la pièce, suivi d'un coup de tonnerre. Claire sursauta, et Lucas posa une main rassurante sur son épaule.

« Ça va ? » demanda-t-il doucement.

« Oui, » répondit Claire avec un sourire timide. « Je n'aime juste pas les orages. »

« Je comprends, » dit Lucas. « Mais il y a quelque chose de fascinant dans la puissance de la nature, tu ne trouves pas ? »

Claire hocha la tête. « Oui, c'est vrai. C'est effrayant, mais aussi beau, d'une certaine manière. »

Ils restèrent silencieux pendant un moment, écoutant le bruit de la pluie battant contre les fenêtres. Claire se sentait étrangement apaisée par la présence de Lucas, malgré le chaos extérieur.

« Tu sais, » dit Lucas après un moment. « J'ai toujours pensé que les tempêtes avaient quelque chose de cathartique. Comme si elles nettoyaient le monde, emportant avec elles tout ce qui est vieux et usé, pour laisser place à du neuf. »

Claire réfléchit à ses paroles, trouvant une certaine sagesse dans cette perspective. « C'est une belle manière de voir les choses. Peut-être que nous aussi, nous avons besoin de ces tempêtes pour nous renouveler. »

Lucas sourit, approuvant silencieusement. Ils continuèrent à parler de la nature, des livres qu'ils aimaient, des films qu'ils avaient vus et des musiques qui les touchaient. Ils partageaient des anecdotes de leurs vies, riant ensemble des situations absurdes qu'ils avaient vécues.

« Tu sais, » dit Claire, « je suis vraiment contente de t'avoir rencontré. Je me sens moins... seule, je suppose. »

Lucas la regarda avec une tendresse sincère. « Moi aussi, Claire. C'est rare de rencontrer quelqu'un avec qui on peut vraiment se connecter. »

La tempête dehors s'intensifiait, mais à l'intérieur, Claire et Lucas se sentaient protégés, enveloppés dans une bulle de compréhension mutuelle. Ils continuaient à parler, découvrant de nouveaux aspects de leurs personnalités et renforçant ce lien naissant entre eux.

Lucas se leva et se dirigea vers la fenêtre. Il regarda la pluie tomber en silence pendant un moment avant de se tourner vers Claire.

« Tu penses que la pluie va s'arrêter bientôt ? » demanda-t-il.

Claire haussa les épaules. « Difficile à dire. Mais peu importe, on est bien ici, non ? »

Lucas sourit. « Oui, tu as raison. »

Ils continuèrent à parler jusqu'à ce que la tempête commence enfin à se calmer. Lucas se leva à contrecœur.

« Je devrais rentrer, » dit-il. « Merci pour cet après-midi, Claire. C'était vraiment agréable. »

« Merci à toi, Lucas. J'ai passé un excellent moment. À demain ? »

« À demain. »

Lucas sortit, et Claire referma la porte derrière lui, le cœur léger. Elle savait qu'elle avait trouvé quelqu'un de spécial en Lucas, quelqu'un qui partageait ses passions et comprenait ses émotions. Elle monta dans sa chambre et se mit à écrire dans son journal, racontant les événements de la journée avec un sourire sur les lèvres.

Le lendemain, la tempête n'était plus qu'un souvenir, mais le lien entre Claire et Lucas continuait de se renforcer. Chaque jour apportait de nouvelles discussions, de nouvelles découvertes et une amitié qui se transformait peu à peu en quelque chose de plus profond.

Claire ne savait pas encore où cette relation la mènerait, mais elle était impatiente de le découvrir. Elle avait l'impression d'avoir enfin trouvé quelqu'un avec qui partager son monde, quelqu'un qui la comprenait vraiment. Et cela, pour elle, était une des plus belles choses qu'elle pouvait espérer.