Chapitre 02
[…]
Je ne savais pas où aller. A vrai dire je n’avais aucun endroit en tête. Avec mes valises on aurait dit une SDF et c’est ce que j’étais : officiellement une SDF. Je ne m’étais jamais imaginée cette vie. Pourquoi ma famille m’avait-elle laissé tomber comme tel ? Je n’arrivais toujours pas à comprendre. Qui avait pu leur raconter ces horribles choses sur moi et en plus des choses fausses à mon égard.
Quelques temps après, je regardais mon téléphone et il était midi passée. Cela faisait plus de deux heures que j’étais dehors. Je ne savais pas du tout où aller alors je décidais d’appeler une amie à moi, Rebecca. Nous étions dans la même école et je pensais qu’elle pouvait m’aider du moins je l’espérais. Je composais son numéro.
-Conversation téléphonique-
Rebecca : oui allô ?
Rebecca : oui et toi ?
Rebecca : oh non c’est une blague j’espère
Rebecca : où est-tu ?
Rebecca : viens chez moi, je vais t’héberger je vais pas te laisser dehors
Rebecca : ne me remercie pas c’est normal allez dépêche toi je t’attends
-Fin conversation téléphonique-
Au moins une bonne nouvelle pour moi. J’allais pouvoir habiter quelques temps chez elle, le temps de me trouver un petit boulot. Avec mes valises, il m’était impossible de prendre les transports pour me rendre chez Rebecca alors je décidais d’appeler un taxi. J’avais toujours du liquide dans mon porte-feuille on ne sait jamais. Dix minutes plus tard, le taxi arriva enfin. Le chauffeur m’aidait à ranger mes valises avec les sacs dans le coffre puis nous démarrons jusqu’au domicile de Rebecca.
Une bonne heure plus tard, me voilà enfin arrivée chez elle. Je sonnai à l’interphone et Rebecca m’ouvrit. Elle habitait à Paris plus précisément à Saint-Lazare. Elle m’aidait à faire rentrer mes valises chez elle puis on s’installait sur le canapé.
Rebecca : alors ma chérie putain t’as une tête d’enterrement et c’est quoi ces blessures sur ton beau visage ?
Rebecca : mais ? Mais pourquoi ? Ce sont tes frères ils ne peuvent pas lever la main sur toi ce n’est pas juste !
Rebecca : et tes parents ne disaient rien ?
Rebecca : mais c’est pas possible ça ! Pourquoi ?
Rebecca : et c’est vrai ?
Rebecca : non
Rebecca : et personne ne te crois ? Même pas ta petite sœur ?
Rebecca : je suis vraiment désolée ma chérie pour ce qui t’arrive.. Je me mets à ta place et cela ne doit pas être facile.. Moi en tout cas sache que je ne te renierai pas de ma vie
Rebecca : mais non il ne faut pas me remercier c’est normal on est amie toi et moi et les amies doivent s’entre aider
Elle me prit dans ses bras en me faisant un énorme câlin. Je l’aimais énormément cette fille. Comment je l’ai connu ? A mon entrée à l’université, dès ma première année, nous nous étions retrouvées à côté lors de notre premier cours. Et de cet instant nous étions devenues inséparables. Le terme « meilleure amie » devrais-je l’employer ? Non. Nous n’étions pas des meilleures amies. Proches ? Oui. Rebecca était âgée de 23 ans. Elle était d’origine martiniquaise. Après cela, Rebecca décida de me faire changer les idées en passant une après-midi entre filles.
17 Mars 1998, fin des cours..
Il était dix-huit heures passé.. Je sortais des cours et j’étais énormément fatiguée. Cela faisait maintenant deux semaines que je vivais chez Rebecca. Et je pouvais vous dire que j’étais à l’aise sans l’être à 100%. Elle essayait de bien me mettre mais je n’arrivais pas à me sentir bien chez elle. Ma famille me manquait énormément. J’essayais plusieurs fois de les joindre mais aucun d’eux ne décrochait à mes appels et mes messages n’en parlons pas, ils ne répondaient jamais. Je me sentais si seule..
Avant de rentrer, je décidais de passer dans plusieurs restaurants ou des bars pour continuer à chercher du travail. Me contenter seulement de la bourse cela ne suffisait pas et puis maintenant que Rebecca m’hébergeait, je devais participer à la contribution pour payer le loyer. Une demie heure plus tard, j’étais encore plus désespérée que tout. Aucun restaurants, ni bars ne cherchaient une employée ! Je n’avais aucune chance ! Comment allai-je faire sérieusement ? Je décidais de m’asseoir sur un banc en regardant dans le vide. J’étais perdue, bouleversée ! Je n’avais aucune idée de ce que je pouvais faire à présent. Mon téléphone se mit à sonner et c’était Rebecca qui m’appelait.
-Conversation téléphonique-
Rebecca : bah alors ma belle où t’es ? T’es à la bibliothèque ?
Rebecca : un job ? Je croyais que tu voulais pas travailler
Rebecca : oh mais tu te prends trop la tête chérie c’est rien tout sa, le fait que tu habites avec moi ça n’a pas changé au niveau du loyer
Rebecca : et t’as pu en trouver un ?
Rebecca : oh ma pauvre.. Bah rentre et on cherchera des annonces dans les journaux peut-être que tu en trouveras
Rebecca : à plus ma chérie
-Fin conversation téléphonique-
Je rangeais mon téléphone dans la poche quand..
Excusez-moi ?
C’était la voix d’un homme qui s’adressait à moi. Je tournai ma tête et c’était un bel homme.
J’ai pu comprendre que vous êtes à la recherche d’un job ?
Excusez-moi mais cela m’a attiré, j’en suis navré si cela vous a déplu
Mais je peux peut-être vous aider mademoiselle
Je me mis à le regarder et il était très sérieux dans son regard. D’où sortait cet homme ? Je ne le connaissais pas et il me proposait un travail et en plus il écoutait ma conversation avec Rebecca. Il ne m’aspirerait pas du tout confiance.
Ah, dit-il en riant, vous débrouiller seule ? En vous entendant parler avec votre amie, je n’ai pas l’impression que vous gérez la situation
Ne faites pas semblant, prenez ma carte et appelez-moi lorsque vous serez prête à travailler
Il me tendit sa carte. J’hésitais à la prendre mais il insistait. Je pris sa carte pour lui faire plaisir mais au fond de moi je savais que je n’allais jamais le contacter. Je jetai un coup d’œil à sa carte et dessus, il y avait l’ombre d’une jeune femme avec une posture très sensuelle. Le fond était noir et les écritures étaient roses. En lisant ce qui était écrit sur la carte, je compris directement ce que c’était : une boîte de strip-tease.
Sur le coup, je fis une tête d’étonnement ! Une boîte de strip-tease !
Ecoutez vous avez besoin d’aide et je vous assure que cela peut vous aider. Vous avez la bonne morphologie pour sa. Vous êtes très belle comme femme et je pense que cela peut plaire à mes clients
Je vous conseille de garder la carte au cas où vous changerez d’avis. Votre amie vous attend jeune demoiselle, sur ce je vous souhaite une très belle soirée et je vous dis peut-être à la prochaine
L’homme se levait et s’en alla Je le voyais disparaître petit à petit. Je regardais encore une fois cette carte qu’il venait de me donner. J’étais toujours sous le choc sur ce qu’il venait de m’avouer. Sur le moment, j’hésitais à jeter la carte. Pourtant la poubelle se trouvait juste à ma droite, mais je n’arrivais pas à bouger ma main pour la jeter. Alors je décidais de garder la carte et de la mettre dans mon porte-feuille. Je ne dis pas que j’allais accepter son offre mais je voulais la garder je ne savais pas pourquoi.
Assez traînée, il fallait que je rentre. Je partis prendre le bus, la fatigue se manifestait de plus en plus. Un bon quart d’heure s’était écoulée et me voilà arrivée chez Rebecca. Elle me fit la réflexion que j’avais traîné pour rentrer, je lui mentis que le bus était venu en retard. Ne pensez-vous quand même pas que j’allais lui raconter ma discussion avec cet homme, non, il en était hors de question. Ce qui m’était arrivée, personne ne devait être au courant. Je débarquai au salon et je vis un homme de dos qui était assis sur le canapé.
Rebecca : oui c’est une visite imprévue, viens je vais te le présenter
Rebecca : bébé ?
Bébé ?
Après son appel, le jeune homme se leva et vint vers nous.
Rebecca : je te présente mon amie Vanessa. Vanessa voici Kevin mon petit-ami
Kevin : de même
Il me fit la bise avec un sourire en plus. Ah décidément ce n’était pas mon jour. Je tombais que sur des bels hommes ! J’ignorais que Rebecca avait un petit-ami. J’avais remarqué que c’était une fille qui ne parlait pas beaucoup de sa vie privée. Ce que j’acceptais totalement car moi-même je faisais la même chose donc j’étais mal placée pour faire la réflexion. Je me dirigeais dans la chambre pour déposer mes affaires et les rejoindre. Après cela, je retournais au salon. Ils avaient l’air très complices tous les deux, ce que je trouvais très mignon.
Kevin : alors heu..
Kevin : ah oui, excuse-moi, Vanessa tu vas bien ?
Kevin : très bien, tu habites ici depuis combien de temps ?
Kevin : oh mais tu peux rester ici autant que tu le veux, je ne te chasse pas, dit-il avec un sourire au coin
Rebecca : son appart est en travaux, il a décidé de refaire toute la déco alors en attendant, il sera ici ça te dérange pas ?
Rebecca : oui, dit-elle en riant, mais tu vis ici et je veux que tu sois à l’aise. On a l’habitude d’être que toutes les deux et une présence masculine ça peut te faire bizarre
Rebecca : oh tu es trop mignonne
Rebecca : oui j’en suis désolée j’ai pas trop l’habitude de raconter mes histoires de cœurs. Kevin et moi sommes ensemble depuis maintenant huit mois.
Kevin : ça se passe très bien
Rebecca : oh si tu veux on te commande des pizzas, Kevin et moi on va manger au restaurant
Kevin : oh t’inquiète, c’est moi qui offre
Kevin : j’insiste..
Rebecca : allez ma chérie c’est pas tous les jours qu’il dépense pour mes amies profite !
Kevin : génial ça me fait très plaisir. J’aimerais qu’on soit en bonne entente toi et moi vu qu’on habite ensemble désormais
Rebecca : bébé ne te fais pas de soucis pour sa, Vanessa est une fille sympa et douce à la fois
Kevin : on verra ça, bon va te préparer chérie je t’attends
Elle partit se préparer et moi je restais au salon. Kevin vint me rejoindre. Il me fixait, ce qui me rendait mal à l’aise. Je n’aimais pas la manière dont il me regardait.
Kevin : Vanessa c’est bien ça ?
Kevin : beau prénom
Kevin : de rien ma belle et tu as quel âge ?
Kevin : 25 ans
Kevin : tu es de quelle origine ?
Kevin : je suis antillais
Je me mis à regarder la télévision mais je sentais toujours son regard sur moi. Je commençais à stresser pour rien. Je n’aimais pas lorsqu’on me regardait comme tel surtout venant d’un homme. Je devenais hyper gênée et intimidée. Mais honnêtement qui aimerait être dans cette situation : en l’absence de votre amie, son copain vous regardait comme si c’était la première fois qu’il voyait une femme.
Kevin : et tu as un petit-ami ?
Kevin : comment une si belle femme comme toi n’a pas de chéri. Tu es très belle pour rester célibataire
Kevin : tu devrais chérie>
Kevin : rien rien.. Dit-il avec un sourire au coin
Ce Kevin je ne le sentais pas. Je craignais le pire..
[…]