Bibliothèque
Français

L'HÉRITIER DE LA MAFIA ET MOI

23.0K · En cours
La Plume d'Ulrich Espoir
43
Chapitres
114
Vues
9.0
Notes

Résumé

Dans ce monde de loyauté brisée et de pouvoirs clandestins, l’amour n’est qu’un leurre, une faiblesse que seuls les naïfs osent encore convoiter. Moi, Nina, je l’ai appris à mes dépens. Tout avait commencé comme une mission simple : séduire Espoir, le chef d’une mafia redoutée, m’infiltrer dans sa vie et soutirer les informations qui mettraient fin à son empire. Ce n’était pas la première fois que Jonas, mon patron, me confiait une mission aussi risquée. Mais cette fois, quelque chose était différent. Espoir n’était pas comme les autres hommes. Dès le premier regard, il m’a troublée. Pas seulement par son charisme glacial, mais par une profondeur dans ses yeux qui semblait murmurer des secrets que même lui ignorait. Pourtant, je savais qui il était : un homme dangereux, un ennemi. Et moi, j’étais sa prétendue alliée, une femme avec une arme secrète – son cœur. Mais ce que je n’avais pas prévu, c’était ma propre faiblesse. Je m’étais promis de ne jamais mêler mes émotions à mes missions. L’amour était un luxe que je ne pouvais pas me permettre, surtout dans ce monde cruel. Pourtant, chaque instant passé avec lui fragilisait mes résolutions. Et maintenant, je suis là, prise au piège entre deux feux : Jonas, à qui je dois tout et qui ne tolère pas l’échec, et Espoir, cet homme que je devais détruire, mais qui m’a fait redécouvrir des émotions que je pensais perdues. Alors que tout s’écroule autour de moi, une question me hante : jusqu’où suis-je prête à aller pour protéger l’homme que je devrais trahir… et l’enfant que je dois sauver ? Mon nom est Nina. Et ceci est mon histoire, une histoire d’amour, de trahison et de rédemption.

vrai amourdominantsuspensemafiamilliardaireLGBT

Le masque et la mission

. Chapitre 1 : Le Masque et la Mission

La pièce empestait la fumée et le whisky bon marché, comme d’habitude. Le silence était si pesant qu’on aurait pu entendre une mouche voler, si ce n’était pour le tic-tac lancinant de l’horloge accrochée au mur décrépi. Assise face à Jonas , mon "patron", je soutenais son regard sans ciller.

— "Tu sais pourquoi t’es là, Nina ?" demanda-t-il d’une voix grave qui résonnait comme un avertissement.

Je hochai la tête, les doigts serrés sur l’accoudoir de la chaise. Jonas n’était pas du genre à perdre du temps en politesses. Moi non plus, d’ailleurs.

— "Une nouvelle mission ?" soufflai-je.

Il esquissa ce sourire tordu qui le rendait à la fois fascinant et effrayant. Ses yeux noirs comme la nuit se fixèrent sur moi alors qu’il faisait glisser un dossier épais vers moi.

— "Pas n’importe quelle mission." Il marqua une pause, ses mots s’étirant lentement. "Samuel Moretti. Un poisson bien plus gros que d’habitude. Et bien plus riche."

Je dépliai le dossier sous son regard insistant. Des photos tombèrent sur la table : Moretti, un quinquagénaire tiré à quatre épingles, des cheveux gris savamment coiffés, le sourire carnassier des gens qui pensent avoir tout gagné.

— "Il cache quoi ?" demandai-je, mes yeux rivés sur l’une des photos où il serrait des mains à une réception luxueuse.

— "Tout ce que tu peux imaginer : argent liquide, bijoux, informations compromettantes. Le type est paranoïaque, mais il aime les apparences." Jonas tapota la surface de la table du bout des doigts, un tic nerveux. "Demain soir, il organise une réception privée chez lui. Il te faut entrer, charmer, et accéder à son bureau. J’ai besoin que tu trouves ce coffre, et que tu nous ramènes quelque chose de précieux."

Je relevai les yeux vers lui. Jonas ne rigolait jamais, mais ce soir, une lueur de méfiance semblait briller dans ses pupilles.

— "Et s’il me grille ?" lançai-je, provocatrice.

Son regard se durcit instantanément.

— "Nina, tu ne vas pas te faire griller. T’es la meilleure pour ce genre de boulot. Mais je te le dis clairement : tu échoues, t’es seule. Compris ?"

Je laissai planer un silence avant de sourire en coin.

— "Je n’échoue jamais, Jonas."

Un mensonge presque crédible.

De retour dans mon loft miteux, je balançai mes talons sur le parquet usé et laissai tomber le dossier sur mon lit défait. Moretti. Rien qu’un autre visage dans une longue liste d’hommes que j’avais trompés, manipulés, et dépouillés. Pourtant, cette mission sentait le danger à plein nez.

Je me levai, fouillant dans mon armoire à la recherche de la tenue parfaite. Pour une soirée privée dans un manoir de milliardaire, il me fallait quelque chose de remarquable mais stratégique. Une robe rouge carmin attira mon attention : fendue sur le côté, moulante, juste assez pour que les yeux de Moretti ne voient plus que moi.

— "Parfait," murmurai-je devant le miroir.

Je m’installai devant ma coiffeuse, une petite table couverte de maquillage, de faux cils et de parfums bon marché. Je m’appliquai à jouer l’artiste : des yeux charbonneux pour un regard fatal, une bouche rouge écarlate qui criait à la fois tentation et danger. Lorsque je me redressai, mon reflet me renvoya l’image de quelqu’un d’autre. Pas Nina , mais celle que je devenais quand le jeu commençait.

Je saisis un petit pistolet noir, léger comme une plume, et le glissai sous ma jarretière. Toujours prête. Toujours armée. La sécurité n’était qu’un mythe dans ce genre de mission.

Je pris une inspiration, jetant un dernier regard au miroir.

— "Allez, Nina, t’as vu pire."

Le manoir était illuminé comme un sapin de Noël au cœur de la nuit. Des voitures hors de prix s’alignaient sur l’allée pavée, tandis qu’une foule élégante se pressait sous les portes vitrées. Debout face à cette scène, un frisson me traversa l’échine. Pas de peur. De concentration.

Je descendis du taxi, le bruit de mes talons s’écrasant contre le sol humide. La robe rouge flottait autour de mes jambes alors que je m’avançais vers les portes.

Un garde à l’allure imposante me barra le chemin.

— "Nom ?" aboya-t-il.

Je sortis un carton d’invitation parfaitement falsifié, le présentant avec un sourire angélique.

— "Jade Delacroix. Je suis attendue."

L’homme fronça les sourcils, observa la carte, puis me jeta un dernier regard avant de s’écarter.

— "Passez."

Dans la salle principale, l’ambiance était irréelle. Des lustres de cristal scintillaient au plafond, la musique classique vibrait doucement dans l’air, et des serveurs passaient entre les invités avec des plateaux d’argent chargés de champagne.

Je m’avançai parmi la foule, laissant les regards glisser sur moi. Les hommes en smoking me détaillaient avec cet air avide qui m’était familier. Parfait. Je n’étais qu’une distraction de plus dans un monde rempli de faux-semblants.

Puis, je le vis. Samuel Moretti, debout dans un cercle d’hommes en costume. Il riait trop fort, le genre de rire qui masquait l’arrogance. Son verre de champagne à la main, il semblait intouchable. Je pris une profonde inspiration et me mis en mouvement.

Mais alors que je m’approchais, une chose inattendue se produisit. Un autre regard capta le mien.

Froid. Intense. Un regard qui semblait me traverser comme un couteau. Ce n’était pas Moretti. Non. Cet homme-là était assis plus loin, en retrait, comme s’il observait la salle tout entière. Son costume sombre, presque menaçant, et son air calme détonnaient avec l’extravagance autour de lui.

Je sentis mon cœur rater un battement. Qui était-il ? Pourquoi avais-je l’impression qu’il venait de voir au-delà de mon masque ?

Je fis semblant de l’ignorer et poursuivis mon chemin. Mais une chose était sûre : cette soirée venait de devenir beaucoup plus compliquée.

Je m’avançai vers Samuel Moretti d’un pas calculé, la tête haute et le sourire subtilement dessiné. Le genre de sourire qui invitait à la curiosité. Il me remarqua tout de suite, comme je l’avais prévu. Le regard d’un homme comme Moretti ne pouvait ignorer une robe rouge fendue et une démarche aussi assurée.

— "Mesdames et messieurs, les prédateurs tombent toujours dans le piège qu’ils ne voient pas venir."

Il s’interrompit en pleine conversation, levant les yeux vers moi comme si le reste du monde avait disparu. Ses compagnons suivirent son regard, mais je ne le quittai pas des yeux.

— "Bonsoir, messieurs," murmurai-je en me glissant près de lui. Ma voix était douce, mes mots soigneusement mesurés. "Je crois que je suis perdue…"

Moretti arqua un sourcil, un sourire amusé se dessinant sur ses lèvres.

— "Perdue ? Dans une pièce pleine d’invités ?"

— "Disons plutôt que je cherche… la bonne compagnie."

Il rit doucement, d’un rire de requin satisfait. Je savais que j’avais son attention. C’était toujours comme ça : les hommes riches et puissants aimaient croire qu’ils étaient choisis. Qu’ils étaient spéciaux.

— "Et vous êtes ?" demanda-t-il, sa voix aussi soyeuse que dangereuse.

Je lui tendis une main délicate.

— "Jade Delacroix. Une amie d’un invité. Mais je dois avouer que je m’ennuyais terriblement. Jusqu’à maintenant."

Il baisa ma main du bout des lèvres, une politesse vieille école qui me fit presque sourire.

— "Samuel Moretti. Vous êtes à la bonne place, Jade."

— "Je n’en doute pas," répondis-je, la voix chaude. Je m’approchai un peu plus, m’emparant d’une coupe de champagne déposée sur un plateau. "Dites-moi, Samuel… Vous avez l’air d’un homme qui cache de grands secrets."

Il fronça légèrement les sourcils, amusé et intrigué.

— "Les apparences sont trompeuses, ma chère. Et vous, que cachez-vous derrière ce regard ?"

Je ris légèrement, un son aussi travaillé que le reste de ma couverture.

— "Des pensées que vous seriez bien curieux de découvrir."

Il me dévorait des yeux, prisonnier du jeu que je maîtrisais à la perfection. Après quelques minutes d’échanges où chaque mot était une corde subtilement tirée, il finit par incliner la tête, ses pupilles brillantes.

— "Vous êtes fascinante, Jade. Et j’aime beaucoup les mystères…"

Sa voix baissa d’un ton.

— "Que diriez-vous d’un verre dans un endroit plus… intime ?"

Mon cœur accéléra d’un battement. Bingo.

— "Je vous suis, Samuel," murmurai-je.

Samuel me guida à travers des couloirs richement décorés, ses pas résonnant lourdement sur le parquet. Chaque mètre parcouru me rappelait ce qui était en jeu. Jonas avait raison : c’était un gros poisson, et je nageais en pleine mer.

La chambre était aussi somptueuse que le reste du manoir : des murs tapissés de velours, un lit king-size couvert d’un drap de soie, et une bibliothèque remplie de livres que je doutais qu’il ait lus.

— "Installez-vous," m’invita-t-il en désignant un fauteuil en cuir près d’un petit bar. "Un verre ?"

— "Avec plaisir," répondis-je, ma voix parfaitement calme malgré la tempête qui grondait en moi.

Je l’observai verser le whisky avec soin. Lorsque je m’assurai qu’il avait le dos tourné, je sortis discrètement la petite fiole cachée dans la doublure de ma pochette. Une goutte de liquide incolore glissa dans son verre lorsque j’eus l’occasion d’échanger discrètement nos verres.

Il se tourna avec un sourire satisfait, tendant le verre vers moi.

— "À la beauté des mystères."

Je levai le mien avec un sourire provocateur.

— "Et à ceux qui savent les percer."

Nous trinquâmes. Il but, et je feignis de boire en observant chaque seconde. Quelques minutes plus tard, sa tête bascula légèrement en arrière, et sa respiration ralentit. Le somnifère avait fait son effet.

— "Désolée, Samuel," murmurai-je en posant mon verre intact sur la table.

Je me mis rapidement au travail. Jonas m’avait appris à fouiller efficacement, sans laisser de traces. Je localisai d’abord le coffre : dissimulé derrière un tableau classique. Un code électronique. Bien sûr.

Mes doigts tremblèrent légèrement tandis que je sortais mon matériel de crochetage : un petit outil électronique capable de forcer des codes en quelques minutes. Chaque bip de l’appareil semblait hurler dans le silence de la pièce.

— "Allez, allez…" soufflai-je entre mes dents.

Après de longues secondes, un *clic* discret résonna. Le coffre s’ouvrit. Mon souffle se coupa à la vue de son contenu : des liasses de billets soigneusement empilés, des montres aux reflets dorés, et des bijoux sertis de pierres précieuses. Une fortune miniature.

Mes mains s’activèrent, jetant tout dans le sac que j’avais dissimulé sous ma robe. Chaque objet glissé me rappelait pourquoi j’étais là. Pourquoi je n’avais pas le droit d’échouer.

Mais la peur me tenaillait. Chaque bruit dans le manoir, chaque craquement du bois me faisait sursauter. Et si quelqu’un entrait ? Et si Samuel se réveillait ?

— "Respire, Nina. Tu t’en es toujours sortie," murmurai-je pour me rassurer.

Ma gorge était sèche, mes paumes moites, mais je continuai jusqu’à ce que le coffre soit vidé.

Lorsque je refermai le coffre et remis le tableau en place, je pris un instant pour respirer profondément. Mon cœur battait si fort qu’il me semblait qu’on pouvait l’entendre dans tout le manoir.

Je jetai un dernier regard à Samuel, profondément endormi sur le fauteuil. Un mélange de culpabilité et de triomphe m’envahit.

— "Un autre mensonge. Un autre loup berné."

Je remis ma robe en place, saisis mon sac, et sortis de la chambre en silence. Mais alors que je m’éloignais, une pensée fugace me traversa l’esprit :

"Et si cette fois-ci, le loup n’était pas aussi endormi que je le croyais ?"