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CHAPITRE 2 : Les yeux doux de Ashley

*

Il était neuf heures ce matin-là et j'étais seul dans la chambre. Seul parce que Raphaël est déjà parti au boulot ; ma mère, elle était la deuxième à partir à son tour. Mon père, comme je l'avais annoncé au début, est en mission.

Après m'être levé de mon lit, j'étais allé sous la douche pour prendre mon bain matinal parce que c'est au cours de ce bain que je me brosse les dents. Ce qui veut dire que, si je ne me lave pas, c'est que je garde mes dents non lavées et tant pis à celui qui se rapproche de moi pour sentir ma mauvaise haleine.

Après mon bain ce matin-là, je m'étais dirigé vers la table pour voir ce que maman m'a réservé avant son départ.

Eh oui ! Puisque je suis le cadet de la famille, je ne fais rien avant de manger. Maman a toujours été une bonne mère car, très tôt le matin, elle fait presque tous les travaux domestiques et ensuite, fait un très bon repas. Elle prend sa part dans une glacière et met la mienne dans une autre et au lieu de la laisser en cuisine, elle l'amène sur la table à manger. Le reste, elle laisse dans la casserole. Raphaël lui, on lui donne son petit déjeuner ; ce qui veut dire qu'il n'a plus droit au repas matinal à la maison.

Ce matin, lorsque j'ai ouvert la glacière, j'y ai trouvé du riz au gras avec des morceaux de fromage et de saucisses.

Ah oui ! C'est le repas préféré de ma mère.

Télé allumée dans l'angle droit du salon, je m'étais attablé et grignotais mon plat de riz parfumé au gras lorsque pénétra dans la chambre une silhouette ; c'était Ashley.

– Bonjour tonton Nico, tu es à table ? me lança-t-elle tout sourire en se dirigeant à mon adresse.

J'abandonnai ma fourchette en suspens et lui offris mon beau sourire avant de lui répondre d'un « oui ».

– Waouh ! Du riz parfumé ! s'exclama-t-elle en tirant une chaise pour s'installer elle aussi.

– Tu veux que je te serve ? lui demandai-je, un sourire muet sur la langue.

– Non, nous pouvons manger ensemble ce que tu as servi !

– Ok !

Et puisque sur la table, il y avait un panier dans lequel étaient regroupées des fourchettes et cuillères, elle en tira une et nous commençâmes à manger ensemble.

Ashley était dans une robe moulante ; une robe qui cachait ses parties intimes ; une robe qui ferait baver un homme ; une robe qui pourrait également provoquer les nerfs d'un homme.

Puisque j'étais conscient de combien le diable était presque capable de tout, au lieu de la regarder, j'avais plutôt mes regards sur le dessin animé qui passait sur l'écran téléviseur.

– Pourquoi au lieu de regarder dans ton assiette, tu as plutôt le regard sur la télé ? me demanda-t-elle, taquine.

– C'est parce que je ne veux pas rater l'épisode.

– Et c'est pourquoi tu préfères avaler une mouche ?

– Une mouche ? Comment avaler une mouche ?

– Oui, en ayant ton regard sur l'écran, tu pourrais facilement avaler une mouche !

– Oh, tu as réussi à m'arracher un sourire sinon, il n'y a pas de louche ici !

Et ensemble, nous pouffâmes de rire.

En réalité, Ashley a toujours l'air humoriste. Je me demande même parfois d'où est-ce qu'elle puise son inspiration d'humour. C'est une femme qui fait souvent rire à ma mère quand elles deux se rassemblent.

– Moi, je suis rassasié, lui murmurai-je.

– Ainsi que moi !

– Donc tu retournes dans ta chambre alors ?

– Tu veux que je m'en aille ?

– Non ! C'est parce que je sais qu'il n'est pas de ta coutume de venir partager ton temps avec moi quand maman n'est pas là.

– Tu as raison ! Mais tu es d'accord que ce que l'on n'a jamais fait, il lui arrivera un jour où il l'essaiera !

– Sans doute ! Je suis d'accord.

– Ou bien tu as peur que ta chérie vienne me surprendre en ta compagnie ?

– Oh, quelle idée bête ! Tu es après tout ma belle-mère et je ne vois en quoi elle va se faire cette maudite pensée !

– Ne dis pas ça ! Je suis après tout femme et je sais de quoi je parle ! Tu ne pourras pas comprendre tant que tu ne seras femme.

– Ah d'accord, je vois !

À cette exclamation, je me tus sans plus broncher mot. Mon riz, je l'avais abandonné quelques minutes plus tard en faisant semblant d'être rassasié. Ashley, le peu qu'elle avait servi dans son plat, elle l'a déjà fini et au lieu de suivre aussi la télévision, elle m'embrouillait plutôt.

– Dis, reprit-elle ; à part ta chérie qui vient ici, as-tu une autre chérie ?

On dirait que cette femme ne voulait pas me laisser suivre mon dessin animé. Sûrement comme elle en déteste, elle ne voulait pas que je le suive en sa présence.

– Non, je n'ai qu'elle seule, lui répondis-je en la fixant dans les yeux.

– Et tu l'aimes ?

– Oui, je l'aime !

– Et elle t'aime aussi ?

Oh, putain ! D'où vient cette femme ce matin avec ses histoires sans queue ni sans tête.

– Oui, elle m'aime !

– C'est super ! Il ne faut pas la tromper, d'accord ?

– Cette idée ne m'a jamais hanté l'esprit si tu savais !

– Ça c'est très bien ! Puisque tu as ton esprit focalisé sur le programme qui passe, je te laisse finir. Je reviendrai peut-être plus tard.

– Pas de souci et à tout à l'heure.

Sous mes yeux, ma petite mère se retira. Elle regagna sa chambre m'abandonnant dans le salon. Je me déplaçai vers les divans pour bien écouter la voix de ces dessins en animation.

Puisqu'un paresseux ne fait rien que dormir, le sommeil vint m'absorber sans que je ne m'y rendis compte. Je dormais paisiblement au parfum de l'air frais que distillait le ventilateur lorsque tout à coup, je reçu un petit coup sur le pied droit. Je me sursautai et aperçus une fois encore Ashley. Ashley avait changé de tenue. Elle avait porté cette fois une magnifique robe qui cachait presque toute sa forme. Ce qui voulait dire que celle qu'elle avait portée il y a deux heures environ lorsqu'elle était venue partager mon plat avec moi était peut-être celle de nuit.

– Mon téléphone, commença-t-elle, je ne sais pas ce que j'ai appuyé et quand on m'appelle, ça ne chante pas.

C'était donc à cause de son téléphone qu'elle était venue arracher mon sommeil. Il faut être femme et être de son genre pour avoir ce comportement.

– Qu'est-ce que tu as appuyé ? lui demandai-je en lui saisissant l'appareil et en m'asseyant sur les fesses.

– Je ne sais même pas comment c'est arrivé ! Tu as ton téléphone avec toi ? Si oui, appelle mon numéro voir.

N'étant pas convaincu de ce qu'elle me disait, je m'emparai de mon téléphone et lui demandant son numéro, je tentai de l'appeler.

Effectivement, sur l'écran, il y avait un appel silencieux.

– Tu vois ce que je te dis ? me demanda-t-elle.

– Oui, je vais te faire ça maintenant.

Je reposai mon téléphone à même la table et commençai à fouiller le sien. Je fouillai et fouillai encore. La désactivation du mode activé sur le téléphone me coûta une dizaine de minutes.

C'était un téléphone compliqué en fait ; un téléphone de marque Lumia. Ces genres de téléphone ont toujours été compliqué.

– Merci mon cher ! me dit-elle d'un sourire jaune.

– Et tu ne veux pas t'asseoir ? lui susurrai-je.

– Oh non, je ne veux pas embrouiller ton sommeil et d'ailleurs, je m'excuse de t'avoir réveillé tout à l'heure. Je croyais que c'était un grave problème, voilà pourquoi j'ai pris peur et suis venue te réveiller.

– Tu n'as pas à t'inquiéter, ma chère.

– Merci ! Je suis en train de faire du couscous ; tu vas en manger ?

– Si tu m'en donnes !

– Est-ce la réponse à ma question ?

– Je suis désolé ! Je sais que tu me connais très bien et tu sais que j'aime le manger que tout. Alors, je pense que inutile serait de me demander mon avis si je dois manger ton couscous ou non.

– D'accord, je vais t'en servir.

– Merci infiniment.

Et Ashley m'abandonna.

Dans ses yeux, je venais de lire des trucs que je n'avais jamais lus. Oui, j'ai eu à lire dans les yeux de ma compagne, des choses que j'ai souvent l'habitude de lire dans le regard de Rosina quand elle a envie de moi.

Dois-je vraiment avoir cette idée de la femme de mon père ? Je ne crois pas ; sûrement que je me trompe. Et d'ailleurs, l'apparence est parfois trompeuse. Ah oui, une mangue pourrait être bien jolie sur la peau et être pourrie à l'intérieur. Je ne prêtai aucune attention aux simagrées de la femme de mon père que lorsque je reçus un appel venant d'elle.

Comment sera-t-on dans la même maison et s'appeler encore ? me demandai-je intérieurement.

Je décrochai l'appel et lui répondis « allô ? ».

– Le couscous est déjà prêt, me répondit-elle au bout du fil.

– Que je vienne là-bas ? lui demandai-je.

– Oui, viens ici.

– D'accord !

Et moi, à mon tour, je me levai calmement pour regagner la chambre de mon père, celle qu'il a admise à sa deuxième épouse.

Je m'installai à même la table tel un roi ; non, tel mon père. Ashley me servit sa pitance et me souhaita bonne dégustation.

– Merci Madame ! m'exclamai-je.

– Non, mademoiselle ! rectifia-t-elle.

Mademoiselle sous le toit d'un homme ? me demandai-je intérieurement.

– Ah, c'est vrai ! murmurai-je.

– Alors répète !

– Merci mademoiselle ! ironisai-je.

Nous éclatâmes de rire.

Je commençai à manger mon repas petit à petit lorsque mon interlocutrice me demanda comment je trouvais son repas.

– Trop appétissant, répondis-je d'un coup.

– Merci !

Pendant ce temps, elle s'était installée à côté de moi comme ma mère le fait à mon père quand elle n'a pas envie de manger.

Oui, ma mère reste toujours à côté de mon père et l'observe dans son entrain. C'était exactement ce que me faisait Ashley. Ce qui voulait dire que comme mon père n'est pas là, c'est moi qui suis là.

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