07

Je suis dans la même chambre que toute à l'heure, mais avec Betül cette fois-ci. Elle m'a emmené de l'eau dans un gros bol pour que je mette mes poignées brûlantes à l'intérieur.

-B : ça te brûle encore ?

-Moi : Quand je les sors de l'eau oui.

-B : Iz kalicak gibi. (ça se peut que t'es une marque.)

-Moi : Rüzgar'in eseri işte. Gelir gelmez vücudumda iz birakmaya başladı. ( C'est la marque de Rüzgar. J'suis venue à peine ici et il fait déjà des cicatrices sur mon corps.)

-B : C'est pas trop de sa faute.

-Moi : C'est LUI qui m'a attaché Betül !

-B : Oui mais le chauffage était éteint ! C'est Cathie qui l'a allumé.

-Moi : Niye ? (Pourquoi?)

-B : Elle a eu froid. Pek inanmadim ama. ( J'ai pas trop cru par contre.)

-Moi : Elle a eu froid avec cette chaleur ?? Si elle avait vraiment froid, elle avait qu'a s'habiller d'abord !

-B : Elle a fait exprès, j'en suis sûre !

On frappe à la porte. Enes, accompagné d'un homme de cinquantaine d'années font leur apparition.

-E : Y'a le médecin qui est venu pour voir ta brûlure.

-Dr : Bonjour.

-Moi : Bonjour.

Betül se lève pour lui laisser la place, et il vient s'assoir en face de moi.

-Dr : Puis-je voir vos poignées ?

J'hoche la tête et les enlève de l'eau. Il a un accent français, ça se voit qu'il est espagnol. Comment ils ont fait pour trouver un médecin qui parle français ?

-Dr : Ah.. ça vous brûle maintenant ?

-Moi : Oui, environ une minute après les avoir laissés dans l'air, je dois rapidement les remettre dans l'eau.

-Dr : ça se voit de la couleur que la brûlure est importante. Mais ça va se calmer, ne vous inquiétez pas.

-Moi : J'aurai une cicatrice ?

-Dr : Une brûlure ne guérit pas très vite. J'vais vous prescire des crèmes cicatrisantes, mais la guérison prendra des mois. Et surtout, protégez-vous du soleil ! Ne sortez pas dehors sans avoir mis de la crème solaire.

-Moi : D'accord merci.

Il examine une dernière mes poignées, et m'ordonne de ne pas les utiliser pendant au moins une semaine. Pendant cette durée je dois appliquer la crème et enrouler un pansement dessus. Super, pendant une semaine encore, j'suis bloquée ici –'.

Le médecin part, et Enes revient vers nous.

-E : J'vais à la pharmacie, j'arrive.

-B : Abi ! (Grand-frère!)

-E : Nee ? (Quoi?)

-B : C'est qui qui a appelé le médecin ?

-E : Moi, mais c'est Rüzgar qui m'a dit d'appeler.

Et il part.

-B : Au moins, il pense à toi.

-Moi : Düşünseydi, bu halde olmazdim simdi. (Si il pensait vraiment, je serai pas dans cet état-là!)

-B : Mavi.. tu le connais pas.

-Moi : Tanimak istemiyorum zaten. Kim onun gibi bir öküzü tanimak ister ki ?! ( Je ne veux pas le connaître de toute façon. Qui voudrait connaître un mongole comme lui?!)

-B : Rüzgar duymasin... (Si Rüzgar l'entend..)

-Moi : Duyarsa duysun, umrumda bile degil ! ( Il a qu'à entendre, j'en ai rien à foutre!)

J'suis énervée contre lui. Depuis que je le connais, je le hais ! Je regrette de l'avoir adresser la parole pour lui demander de l'aide ! Pff

-Moi : Betül gitmek istiyorum burdan. (Betül je veux partir d'ici.)

-B : J'suis désolée mais je te laisse pas dans cet état. T'as entendu le médecin, tu dois rester au moins une semaine avec les pansements. Donc tu restes là pendant une semaine.

-Moi, en soufflant : Oooff !

Elle pose sa main sur mon bras pour montrer son soutien.

-B : Tkt pas, j'suis là moi.

J'lui souris. Heureusement elle est là, sinon je sais pas comment j'aurai fait. Ça fait un jour à peine que je suis ici, et j'ai déjà vécu beaucoup de choses à mon goût. Je sais pas si je peux au moins faire confiance à Betül, mais quelque chose me dit que je peux me confier à elle.

-Moi : Enfaite, comment ça se fait que le médecin parle aussi bien le français ?

-B : C'est un médecin qui travaille pour nous, on va dire ça comme ça. C'est un médecin que Rüzgar a trouvé pour venir nous secourir en cas d'urgence. Et bien sûr, il parle notre langue pour que tout le monde comprenne. Ça fait quelques mois qu'on est là hein.

Après 1h, mes poignées ne me brûlaient plus, je les enlève de l'eau et Betül m'aide à appliquer la crème et à mettre les pansements qu'Enes m'a ramené.

La nuit était tombée depuis longtemps, je me sens fatiguée, cette journée m'a épuisée !

-Moi : Uykum geldi. ( J'ai sommeil.)

-B : Tu peux dormir dans cette chambre, c'est la mienne mdr.

-Moi : Ah.. non mais je fais pas confiance, imagine quelqu'un entre dans la chambre pendant qu'on dort.

-B : Je ferme la porte à clé, et tkt pas mon frère me surveille. On peut dormir tranquillement.

Elle ferme la porte à clé comme elle l'a dit, et on s'allonge sur le lit deux places après avoir mis nos pyjamas (elle m'en a passé une). Je ferme à peine mes yeux que je m'endors rapidement.

Le lendemain matin, je me réveille avant Betül. A force de se réveiller à 7h30 pour le boulot, j'arrive plus à faire des grasses matinées, même les week-end. C'est devenu une habitude.

Je vais dans la salle de bain pour laver mon visage tout doucement. Je laisse mes cheveux longs, la flemme d'attacher, et mon ventre gargouille. J'ai faim ! Normal, j'ai juste fait un p'tit déjeuner hier.

Je descends silencieusement, et remarque qu'il y a personne au salon. Je vais dans la cuisine, et merde. Je vois malheureusement Rüzgar, dos à moi, avec une tasse de café dans ses mains, devant la terrasse. Pas question que je reste dans la même pièce que lui, j'allais me tourner mais..

-R : Nereye ? (Tu vas où?)

Je rêve où il a su que c'est moi ?

Voyant que je réponds pas, il se tourne vers moi et finit de boire son café en me regardant.

-R : Sana soru sordum ! (Jt'ai posé une question!)

-Moi : Duydum. (J'ai entendu.)

-R : Ben cevabi duymadim ama. (J'ai pas entendu la réponse par contre.)

-Moi : Canim cevap vermek istemedi de ondan. (Parce que j'ai pas eu envie de répondre.)

-R : Commence pas dès le matin !

-Moi : Yoksa ne ? Yine mi bağlarsin beni ? (Sinon quoi ? Tu m'attacheras encore une fois?)

-R : Ouais.. ama bu sefer seni yatağa bağlarım ! (Ouais.. mais cette fois-ci je t'attacherai sur un lit!)

Je ferme ma bouche d'un coup. Il l'a sorti d'un coup comme ça, je m'attendais pas à cette réponse.

-Moi : Benden uzak dur ! (Reste loin de moi!)

Je me tourne rapidement pour partir, mais je cogne fortement mon genou contre la table.

-Moi : Aah.. putain !

-R : En plus d'avoir une grande gueule, t'es maladroite !

Je voulais lui répondre mais j'avais mal. Si j'ouvre ma bouche maintenant, mes larmes qui sont montées à cause de la douleur, couleront sur mes joues.

Je marche tout doucement vers le salon, mais je le sens me rejoindre.

-R : Dur. (Attends.)

Je l'attends pas bien sûr, mais en une seconde il était déjà à ma hauteur. On était pas trop loin aussi mdr.

-R : Arrête de marcher, t'as mal tu vois pas ?!

Je le regarge en levant un sourcil.

-Moi : Sana ne ? (Qu'est-ce ça peut te faire?!)

-R : Y'a personne pour t'aider là, tout le monde dort.

-Moi : Istemez, ben başimin çaresine ... (Je veux pas de ton aide, je peux me débroui..)

J'ai même pas fini ma phrase qu'il se baisse, et me pose sur son épaule. Mais il est sérieux à me porter comme un sac à patate lui ?!

-R : Tu m'énerves avec ta gueule vallah !

-Moi, en lui donnant des coups sur son dos : Ya indirsene beni ! (Fais-moi descendre!)

-R : Ta gueule !

-Moi : Rüzgar !

-R : ..

-Moi : Putain mais lâche-moi !!

On arrive à la salle de bain, et il me fait enfin descendre de son épaule. J'voulais sortir d'ici, mais il pose ses mains sur mes côtes, et me soulève pour me faire assoir sur la machine à laver.

-Moi : N'apiyorsun yaa ?! ( Mais tu fais quoi là?!)

-R, d'un air énervé: Ta gueule ou vallah j'le ferai !

-Moi : ..

-R : Tu vois quand tu veux !

Pff il m'énerve ! J'voulais pas qu'il m'attache à nouveau, du coup j'ai fermé ma bouche. Je déteste quand un homme utilise sa force contre une femme !

Il baisse sa tête et regarde mon genou.

-Moi : J'ai pas besoin de ton aide !

-R : Crois pas que je vais te soigner. Jt'ai juste emmener ici parce que t'avais du mal à marcher.

Bien évidemment qu'il n'allait pas me soigner ! Ça serait trop beau pour être vrai.

-Moi : Bah pars alors.

-R : Montre ton genou d'abord.

-Moi : Niye ? (Pourquoi?)

-R : J'répèterai pas une deuxième fois.

Je soulève mon pyjama doucement, et vois que j'me suis ouverte légèrement le genou. Ça a saigné un peu. Mais une chose est sûre, c'est que je vais avoir un gros bleu.

Il sort la trousse d'urgence et me la donne.

-R : Oublie pas de changer tes pansements aussi.

-Moi : T'es content ? C'est la 2ème fois que tu me fais du mal !

-R : C'est pas moi qui t'a brûlé ! Jt'aurai pas attaché si les chauffages étaient chauds. Et tu t'es cognée toute seule hein, c'est pas de ma faute si t'es maladroite !

-Moi : Senin yüzünden tabi ki, ne zaman karşıma çiksan başıma bela açiyon ! (C'est de ta faute bien sûre, à chaque fois que je te croise, j'suis dans la merde!)

-R : Benim hayatim kara, ondandir. ( Ma vie est une merde, ça doit être pour ça.)

Je savais plus quoi dire, on se regardait seulement dans les yeux. Je remarque encore une fois qu'il a les yeux super noirs, c'est normal que ses regards me font peur..

Quelques secondes plus tard, je baisse ma tête et commence à me soigner devant lui.

-Moi : Enfaite.. comment t'as su que c'était moi dans la cuisine ? Tu t'es même pas retourné.

-R : Parce que dans cette maison, tout le monde fait la grasse matinée.

-Moi : Sauf toi, pourquoi ?

-... : Chouchouuu ??

La porte de la salle de bain s'ouvre, et on voit Cathie, avec une nuisette assez.. transparente. Mon expression de visage change rapidement, j'étais à la fois énervée et dégoûtée.

-C : Tu fais quoi ici ?

-R : Pourquoi tu t'es réveillée ?