CHAPITRE 05
« Amusez-vous bien. »
« Merci beaucoup et bon courage. » Je dis en sortant.
« Merci. »
Je claque la porte et je me retrouve devant l'immense maison de Sacha qui tremble de bruit.
Quelques personnes me poussent, trop pressés à l'idée de rentrer mais je ne bouge pas, je reste statique face à cette grande porte d'entrée. Je cligne plusieurs fois des yeux ne réalisant pas encore où je suis.
Ma gorge se serre et une boule se crée dans mon ventre.
J'ai immédiatement envie de rappeler le chauffeur et de rentrer chez moi.
« Tu rentres ou quoi ? » Un type dont je ne connais même pas l'identité me fixe.
« Je ne sais pas. »
« Alors bouge de l'entrée, tu bloques le passage. »
« Mais le passage est immense. » Je le fixe.
« Oui mais tu oublies que j'ai un peu bu et que je ne vois plus très clair. » Il s'approche de moi mais je recule en grimaçant.
« Ça m'est égal, ce n'est pas de ma faute si tu n'arrives pas à te contrôler. »
« Qu'est-ce que tu dis ? » Il s'agace automatiquement mais pour je ne sais quelle raison, je ne bouge pas d'un cil.
« Rien, tu es beaucoup trop atteint pour comprendre le sens de mes mots. » Je roule des yeux avant de finalement rentrer dans cette maison.
Mes pas sont beaucoup plus lents et moins assurés tandis que mes yeux se posent absolument partout.
Il y a des gens dans absolument chaque recoin de cette maison, le volume de la musique est beaucoup trop élevé et je me demande dans combien de temps la police va débarquer suite aux plaintes des voisins.
Je ne sais pas ce que je fous ici, je n'étais pas supposée entrer dans cette maison.
Je remarque devant moi les géantes baies vitrées donnant sur une grande terrasse menant au jardin.
Au centre j'aperçois cette fameuse piscine mais impossible de reconnaitre mes amies ni Samuel dans cette foule.
Je m'avance alors dans ce que je suppose l'entrée puis vers le salon et je sors enfin sur cette terrasse.
Je place mes mains sur les rebords et mes yeux naviguent entre les différents groupes de personnes. J'essaye de me souvenirs des quelques détails que j'ai pu voir lors de l'appel vidéo avec mes amies pour les situer mais je ne reconnais rien.
Je sors alors mon téléphone et j'essaye tant bien que mal de les appeler mais sans succès. Elles ne répondent plus.
Je me repose alors sur Joséphine qui ne répond pas non plus.
« Bon, il est temps de rentrer. » Je lâche seule en tapotant contre la rambarde.
Je leur dirai que je suis venue mais que je ne les ai pas vu, ce qui est la simple et pure vérité.
Je jette un dernier coup d'œil pour voir si je ne vois pas Samuel mais il est introuvable, comme s'ils s'étaient tous volatilisés.
Je range alors mon téléphone dans mon petit sac tout en avançant.
« Merde. » Je dis en fonçant dans quelqu'un.
Je relève doucement la tête pour faire face à mon pire ennemi.
« Mélissa. » Sacha force un sourire. « Qu'est-ce que tu fous là ? » Il lève sa bouteille d'alcool avant de la porter à ses lèvres.
« Je ne sais pas justement. » Je suis déjà tendue rien qu'en le voyant.
« Tu t'es perdue ? » Il fait une mine de chien battu. « Ça ne m'étonne pas tu me diras, ma maison est tellement grande. »
« Non justement je rentrai chez moi. » Je répond sèchement.
« Oh mais quel dommage, il ne manquait plus que toi. »
Son haleine alcoolisée me donne le tournis.
« Bien sûr. » Je roule des yeux. « J'aimerai y aller, si ça ne dérange pas. » Je me décale pour passer mais il se replace face à moi.
Je tente alors l'autre côté mais il me bloque de nouveau le passage.
« Tu peux me laisser passer s'il te plait ? » Je croise les bras en soupirant.
« Je ne t'ai même pas fait le tour du propriétaire. » Il me sourit avec un air provocateur.
« Je n'en ai pas besoin rassure toi. »
« Au contraire, je suis sûre que tu adorerais. » Il ouvre un peu plus ses yeux en approchant son visage du mien.
Je n'ose alors plus bouger et il pose doucement sa main sur mon cou avant d'avancer ses lèvres près de mon oreille.
« J'ai tellement de choses à te montrer. » Il me chuchote et je frissonne en reculant.
« Tu es complètement malade. » Je place ma main entre nous. « Va te faire soigner. » Je vais pour partir mais il m'attrape le bras.
« Tu es beaucoup trop conne ma pauvre Mélissa. » Il crache et son expression change soudainement.
« Lâche moi sinon... » J'essaye de me retirer de son étreinte.
« Sinon quoi ? Tu vas aller te plaindre à Théo ? » Il s'approche de nouveau. « Oh non, j'ai encore mieux. Tu vas aller voir ton petit Samuel pour tout lui raconter alors qu'il se fout de ta gueule depuis le début. »
Mon cœur s'arrête net et Sacha resserre son emprise mais je n'ai plus la force de me débattre.
« De quoi tu parles ? » Ma gorge se serre et il me lâche enfin.
Il éclate soudainement de rire avant de boire une nouvelle gorgée de sa bouteille d'alcool fort sans me quitter du regard.
« Samuel et toi ce n'est que du vent. » Il poursuit en passant sa langue sur ses lèvres. « Ça ne compte même pas. »
Mon cerveau cesse de fonctionner, mon cœur arrête de battre et je ne sais plus si mes jambes sont capables de me tenir.
« Je ne comprends pas. » J'ai du mal à aligner mes mots.
« Mélissa. » Il passe son bras autour de mes épaules et approche un nouvelle fois son visage du mien.
Son haleine est tellement forte que je pourrai vomir sur ses chaussures.
« Regardez-les. » Il pointe son doigt et mon regard suit sa direction.
Je remarque alors Samuel et Philippines, seuls, en train de parler au fond du jardin. Ils sont tous les deux très souriants et ne semblent pas faire attention à ce qui les entoure.
Ils ont certes un verre chacun à la main mais ne sont absolument pas alcoolisés, je peux le voir d'ici, surtout quand j'ai un Sacha à côté de moi qui ne tient plus debout.
J'essaye alors de me souvenir des mots de Samuel me disant que je n'ai pas à m'inquiéter, qu'il ne se passe plus rien et je le crois.
Je veux dire, il s'est exactement passé la même chose lorsque nous étions en boite de nuit la dernière fois, je ne dois pas me faire des films et me laisser influencer par cette ordure qu'est Sacha.