CHAPITRE 02

J'ai un léger mouvement de recul mais je me rapproche juste après.

« Oh, Samuel. » Je passe ma main sur son visage et il descend la sienne pour venir m'attraper le bras. « Je suis désolée. »

« Tu n'as pas à l'être. » Je sens sa voix vaciller pendant une seconde. « Hum... C'était un accident... De voiture. Ça a été très dur à gérer pour ma famille et moi. » Je sens qu'il cherche ses mots.

J'ai envie de le prendre dans mes bras et de ne jamais le quitter.

« Seulement mes amis sont au courant Mél. »

« Je m'en doute oui. » Je dis doucement.

« Je me suis dit que tu devais le savoir aussi. »

« Ça me touche beaucoup Samuel, vraiment. »

Il ne lâche pas mon bras et je le prends dans mes bras.

Il m'embrasse l'épaule avant de poser sa tête dans mon cou.

Je lui caresse doucement la nuque avant de m'allonger près de lui.

« Alors tu vois, cette bourse, je n'en avais plus rien à foutre. »

« Oui oui bien sûr. Je comprends parfaitement. »

« J'ai préféré rester avec mon père et ma sœur même si maintenant nos rapports sont compliqués. »

« J'imagine que c'est un évènement qui doit tout bouleverser. » Je ne sais pas quoi dire, quoi faire.

Il se place sur le côté et il me saisit la main qu'il vient placer sur son cou.

« Oui, c'est le cas de le dire. J'ai essayé comme je pouvais de m'occuper de ma petite sœur mais ce n'était pas facile. Et puis, récemment, mon père a refait sa vie avec une autre femme qui adore ma sœur même si j'ai plus de mal. »

« Oh, tu ne t'entends pas bien avec elle ? »

« Non pas vraiment. Je ne pensais pas que mon père referait sa vie si vite, c'était il y a peine deux ans et automatiquement, je n'ai pas supporté de voir une nouvelle femme entrer dans sa vie et donc dans la mienne. Et depuis, je vis ici, dans cet appartement. »

« Je pensais que c'était simplement pour être plus proche du campus et avoir ton indépendance. »

« Il y a un peu de ça aussi mais c'est principalement parce que je ne pouvais plus vivre sous le même toit que ma famille. »

« Je comprends mieux maintenant. » Je suis presque émue. « Et effectivement. » Je m'éclaircis la voix. « Le restaurant n'était pas le meilleur endroit pour que tu me parles de ça. »

« Oui ce n'était pas l'idéal. » Il sourit légèrement.

« Merci Samuel, de me faire confiance et de me l'avoir dit, ça me touche beaucoup. »

« Ça te permet d'en savoir un peu plus sur moi. » Sa voix est presque inaudible. « J'imagine. »

Je lâche un petit sourire avant de doucement l'embrasser.

Il finit par me prendre dans ses bras et je repose ma tête sur son torse.

« En tout cas, si tu as besoin de parler, je serai là pour t'écouter. » J'ajoute. « Je veux être là pour toi comme tu l'es pour moi. »

« Merci. » Il murmure presque.

Je relève doucement la tête et ses yeux sont déjà fermés.

Sa respiration se fait plus lente et je suis surprise qu'il soit presque déjà entrain de dormir après tout ce qu'il vient de me dire. C'est comme s'il n'était pas conscient et qu'il venait de parler dans son sommeil.

Mais je suis vraiment touchée et émue qu'il me confie ce genre de choses.

Sa tête bascule doucement sur le côté mais ses bras m'entourent toujours.

J'attends encore quelques minutes avant de fermer les yeux mais je n'y arrive plus.

Je ne peux pas m'empêcher d'imaginer Samuel apprendre cette terrible nouvelle et ça me serre le cœur.

Je relève une nouvelle fois la tête et je le regarde avant de fermer les yeux.

« Je t'aime Samuel. » Je murmure.

« J'y vais. » J'entends Théo depuis l'entrée.

Je sors alors de ma chambre et je passe ma tête par-dessus la rambarde de l'escalier pour le regarder.

« Déjà ? » Je m'étonne.

« Ouais on va aider Sacha pour l'organisation. » Il dit plutôt froidement.

« Oh. Je vois. »

« Donc tu ne viens pas c'est ça ? » Il arque un sourcil.

« Non je n'en ai pas envie et il faut que je révise. »

« Pas de soucis. Tu penses bien que je ne vais pas te supplier pour que tu viennes. » Il ironise et me sourit faussement.

« Oui je sais. » J'essaye d'ignorer son ton légèrement supérieur qui me surprend.

« Alors bonne soirée en compagnie de tes bouquins. »

« Bonne soirée en compagnie de tes idiots. »

Il me lance un regard noir avant de quitter la maison.

Cette soi-disant soirée de l'année a donc lieu ce soir mais en toute honnêteté, ça m'est bien égal, je n'y mettrai pas un pied. J'ai beaucoup mieux à faire comme réviser pour ce test que j'attends depuis des mois.

Ces deux dernières semaines, Samuel m'a coaché de A à Z, il a beaucoup pris de son temps libre pour m'aider.

En même temps, c'est sa langue maternelle alors il n'a pas eu beaucoup de mal à me conseiller.

Depuis cette fameuse nuit où il s'est confié à moi, nous n'avons jamais reparlé de sa vie personnelle, ni de sa sœur, de son père, de sa mère ou encore de sa belle-mère.

Il n'a pas non plus parlé du moment où je lui ai avoué que je l'aimais, ce qui a confirmé ce que je pensais : il dormait profondément. J'avais besoin de dire à voix haute le fond de ma pensée sans pour autant qu'il l'entende. Je ne me sens pas encore prête à lui avouer mes sentiments, j'ai encore peur que ça ne soit pas complètement réciproque.

Malgré tout, nous avons passé des moments exceptionnels ces deux dernières semaines pour lesquels j'ai encore des frissons. J'espère que nous sommes réellement sur la bonne voie et que le meilleur est devant nous.

Concernant Théo, j'ai pris la décision avec Samuel, de lui en parler cette semaine, une fois que l'euphorie de la soirée sera retombée. Je ne connais pas encore sa réaction mais je n'ai en pas envie que ça brise quelque chose avec ses amis en ce moment en tout cas.

Mais il est vrai que j'ai eu quelques hésitations parce que depuis quelques jours Théo est plus distant, plus froid, comme s'il était au courant alors qu'il n'a eu aucun moyen de le savoir.

J'ai longtemps parler avec Samuel du fait qu'une possible dispute éclate entre eux et que je ne pourrais pas échapper à la culpabilité mais il a essayé de me rassurer me disant que ça ne durerait pas bien longtemps et qu'il est également possible que Théo le prenne plutôt bien.

De toute manière, il devra s'y faire, comme tout le monde parce qu'il est hors de question que je mette une distance entre Samuel et moi pour lui faire plaisir.