CHAPITRE 01
Voilà, nous y voilà, le moment où tous mes espoirs se brisent en quelques secondes, me faisant mal au cœur au passage.
C'est très clairement l'histoire de ma vie sentimentale. Qui se répète encore et encore.
J'ai l'habitude de ressentir ce genre de choses, mais aujourd'hui ça fait encore plus mal parce que c'était la première fois que j'embrassais le garçon qui me plaisait.
Tout était si parfait.
Il y a certainement quelque chose qui s'est passé à la soirée, ce n'est pas possible.
Ou peut-être qu'il s'est rendu compte que je ne lui plaisait pas tant que ça finalement.
Ou bien, j'embrasse très très mal, ce qui est possible, je n'ai pratiquement jamais embrassé quelqu'un.
À part, deux personnes en soirée mais ça ne compte pas, je n'étais pas maître de mes propres actions.
J'essaye d'avoir des respirations calmes pour retenir mes larmes. Je n'ai aucune envie de craquer dans ces toilettes miteuses et faire comme dans tous ces films romantiques, finalement pas si réalistes que ça.
Il faut que j'essaye de voir le bon côté des choses mais clairement, je n'en trouve pas.
Ce qui me dérange dans cette situation c'est que je ne comprends pas le pourquoi du comment.
Tout s'est fait si rapidement et il ne m'a même pas tenu au courant de son ressenti.
J'ouvre alors les yeux et je saisis mon sac.
Je me décide à prendre mon courage à deux mains et d'aller le voir, lui demander des explications, je refuse de tomber dans un cercle vicieux à cause de lui.
Il est hors de question que je me prenne la tête jusqu'à la fin du semestre pour quelque chose d'aussi stupide. J'ai des choses beaucoup mieux à faire et plus intéressantes.
Avant de sortir de ma petite cabine, je m'assure d'être complètement seule dans la pièce.
Je sors finalement et je me dirige vers les lavabos et je me regarde dans le miroir.
« Tout va bien. » Je lâche. « Tu vas gentiment aller le voir et tout se passera bien. Tu risques d'être très triste mais tu es habituée maintenant. » Je parle seule.
Je me recoiffe rapidement et je remets un peu de rouge à lèvre avant de quitter les toilettes.
Je monte à l'étage où je peux observer ce qu'il se passe dans la cour extérieure sans forcément être vue, il suffit simplement d'être discrète et de ne pas se coller aux vitres en scrutant tout le monde. Il ne faut pas oublier que les vitres ne sont absolument pas teintées.
Ça serait bête que Samuel me voit entrain de le fixer. Je ne sais pas pour qui il me prendrait.
Je me place sur le côté et j'observe discrètement les différentes personnes présentes dehors. Je réalise que c'est beaucoup plus compliqué que je ne le pensais étant donné que nous sommes à l'heure du déjeuner et que tout le monde est dehors.
J'essaye de rester naturelle quand des personnes passent devant moi avant d'observer à nouveau ce qu'il se passe à mes pieds.
Après de longues minutes de recherche, je finis finalement par repérer Samuel qui est sans surprise avec mon frère et ses amis.
Mon cœur se serre quand je vois Philippines à ses côtés affichant un très grand sourire.
J'ai soudainement peur qu'il se soit passé quelque chose entre les deux ce week-end.
J'abaisse finalement mes épaules et je soupire.
Je suis complètement ridicule.
Je ne suis quand même pas entrain d'observer le garçon qui me plait pour aller lui parler ? Alors qu'il ne me calcule même plus.
Et bien si.
Je décide alors de retourner en cafétéria retrouver mes amies, honteuse.
« Mél, tout va bien ? Tu es toute pâle ? » Me demande Joséphine.
« Ça va. » J'ai dû mal à parler. Ma gorge se serre et je dévie le regard.
« Tu vas t'en remettre Mél, ce n'est pas comme si tu étais sortie avec lui, il y a juste eu un bisou. » Elle poursuit et j'ai soudainement envie de lui crier dessus.
J'aurai aimé la voir dans ma situation.
Chloé la pousse légèrement en lui faisant de gros yeux.
« Après tu sais, ça ne veut peut-être rien dire. Son téléphone a peut-être vraiment eu un problème et il ne t'a certainement pas vu toute à l'heure. » Ajoute Sophia.
« C'est gentil Sophia mais on sait toutes très bien que tu me dis ça pour me rassurer mais que tu ne le penses pas. » Je lâche et elle hoche la tête.
« Tu es sûr que tout était clair après que vous vous soyez quittés ? » Demande Chloé.
« Qu'est-ce que tu entends par là ? » Je demande.
« Je ne sais pas, peut-être qu'il t'a dit quelque chose... » Elle se racle la gorge.
« Oui, il m'a dit qu'il avait passé un super moment avec moi. » Je réponds en colère contre lui.
Un silence apparait et les filles s'échangent des regards.
« Tu comptes aller lui parler ? » Me demande finalement Sophia.
« Je voulais mais je n'en ai pas le courage. Qu'est-ce que je peux bien lui dire ? Hey Samuel, tu ne réponds pas à mes messages, tu m'ignores, je suis censée penser quoi ? » J'imite avec une voix aiguë en roulant des yeux. « Non je ne peux pas. » Je reprends une voix normale.
« Pourquoi pas ? » Elle hausse les épaules.
« Parce que je n'oserai jamais. »
« Peut-être que si tu allais lui parler, ça te permettrait de comprendre. » Ajoute Chloé.
« Je préfère attendre encore un peu. »
« Comme tu voudras. » Chloé soupire en sachant très bien qu'elle n'aurait pas gain de cause.
Je regarde l'écran de mon téléphone avant de diriger mon regard vers Samuel, toujours dans la petite cour extérieure.
Mon cœur se serre et je me sens soudainement stupide d'avoir imaginé une seule seconde que quelque chose de plus sérieux se passerait avec lui.
Il a dû bien rigoler, surtout quand je l'ai embrassé pour la seconde fois.
Un sentiment de honte s'empare de moi et j'ai envie de me cacher et de ne plus jamais faire face à Samuel.
Heureusement que Théo n'a rien su et rien vu, il m'en aurait forcément voulu et se serait foutu de moi jusqu'à la fin de ma vie. Je peux déjà l'imaginer entrain d'éclater de rire en me disant : mais tu es stupide ou quoi ? Comment as-tu pu croire qu'un garçon comme Samuel serait intéressée par une fille comme toi ?