Prologue
2 mois auparavant
Après sa rupture avec son Doms, Stella était restée 2 semaines chez Diana et Esteban, sur leur propre initiative. Il l'avait déclaré en congé payé, lui disant de revenir quand elle se sentirait prête. Elle se demanda si elle ne devait pas plutôt s'en aller définitivement. Mais elle n'était pas sûre de pouvoir retrouver du travail aussi rapidement et surtout la payant aussi bien, en n'omettant pas sa dette, qu'elle n'avait pas fini de payer. Toutes ces informations la faisaient réfléchir et elle en déprimait, malgré les efforts de Diana à la divertir et la faire sourire. Esteban avait emménagé dans le bureau, laissant la chambre aux filles. Au bout de 1 semaine, elle se trouvait déjà de trop. Esteban semblait refouler son mécontentement pour faire plaisir à sa copine, mais elle voyait bien qu'elle les empêchait de profiter d'une totale intimité. Donc elle avait redéménagé chez elle dès que possible, malgré l'acharnement de Diana à la faire rester. Esteban lui proposa de revenir quand elle le souhaitait mais elle savait qu'il était soulagé de pouvoir retrouver son rythme de vie habituel.
Une semaine après son redéménagement, elle profitait d'un calme qui contrastait avec les semaines riches en stress et l'adrénaline qu'elle avait vécu au côté de son Doms. La réaction de son Doms à sa déclaration l'avait blessée. Elle n'allait pas se fourvoyer, elle en avait pleuré longtemps. Elle avait décidé de faire une des choses que lui avait suggérées Esteban : essayer de vaincre sa dépendance affective. Cela commençait par revenir à sa source, revenir auprès de sa famille et essayer de recontacter les gens qui lui étaient proches avant d'être sous le contrôle néfaste de Donald.
De retour dans le présent
Elle avait eu le temps pendant ses 2 mois pour se reposer, reprendre du poil de la bête, réfléchir à sa vie sous de nouvelles perspectives. Elle avait essayé de contacter sa famille, mais après les avoir brutalement reniés et avoir disparu des radars sans leur donner plus aucune nouvelle, son père et sa mère avaient besoin de temps pour considérer une rencontre. Elle ne pouvait pas leur en vouloir pour cela, elle devait attendre qu'ils soient prêts et quand ils le seraient, ils se rencontreraient. Elle avait parlé à son frère, qui lui promit de parler à leurs parents en sa faveur continuellement et de la prévenir quand ils seraient prêts. Il semblait heureux de l'entendre à nouveau après toutes ces années et ne semblait pas trop lui en vouloir.
Elle avait aussi contacté sa sœur, mais elle savait que c'était l'une des discussions qu'elle redoutait le plus, voir la plus dure. Contrairement à ses pires craintes, cette dernière accepta de la rencontrer. Cela devait faire une bonne dizaine d'années qu'elle n'avait pas vu sa petite sœur. Assise dans ce café, elle attendait, quand elle vit apparaître le visage de sa petite sœur complètement transformée depuis toutes ces années : chevelure rose fluo, piercings, maquillage colorée. Une chose était sûre, la petite Elisabeth, qui la suivait tout le temps, avait bien changé et avait grandi.
- Qu'est-ce que tu me veux ? Aucune salutation, un regard franc et dur dès qu'elle s'assit face à elle. Je n'ai pas toute la journée, donc dépêche-toi.
- Bonjour, Beth, je suis contente de te revoir également.
- Qu'est-ce que tu veux Marie-Abigaelle ? Une autre réponse que celle à ma question et je m'en vais immédiatement.
Ce prénom, qu'elle avait abandonné il y a longtemps. Personne ne l'appelait plus comme cela, malgré le fait que c'était son premier prénom.
- Tu me manquais et je voulais prendre de tes nouvelles.
Sa sœur rigola sans aucune retenue, attirant l'attention des gens autour d'eux.
- Depuis quand aimes-tu jouer à la sœur modèle ? Depuis quand tu te souviens que tu as une petite sœur? Laisse-moi bien rire, toi et tes bonnes intentions. Comme tous ceux de la famille, tu m'as jugé, tu ne m'as pas soutenue et tu as estimé que dès le jour où j'ai quitté la maison, je n'étais plus ta petite sœur.
- Mais...
- Garde-toi, ta fausse gentillesse. Si aujourd'hui tu veux me voir, ce n'est que pour te donner bonne conscience, te faire passer pour la gentille, te sentir un peu bien. Parce qu'en vrai, tu n'es rien pour moi aujourd'hui aussi. Grande sœur, ton chéri possessif t'a-t-il finalement abandonnée ?
- Je ne suis plus avec lui.
- Tu veux tout savoir, tu es tout bonnement pitoyable et tu me fais perdre mon temps. Ne nous revoyons plus, continue d'oublier que j'existe comme tu l'as toujours fait, finit-elle par dire, avant de s'en aller directement.
Elle était rentrée du mieux qu'elle pouvait et avait ravalé ses pleurs. Elle avait ouvert la première bouteille qui se trouvait à portée avant de commencer à boire et exprimer sa colère. Une colère qui se transforma vite en pleur et en déprime. Sa sœur avait surement raison, elle n'avait rien fait de bon dans sa vie toute seule.... Les seuls moments où elle s'était sentie bien étaient ceux qu'elle partageait avec son Doms et cela, elle avait aussi réussi à tout gâchée. Dans sa peine, elle avait décidé d'appeler la dernière personne qui comptait et à qui elle n'avait pas parlée depuis des années. Elle ne savait même pas si la personne allait décrocher. Finalement, une voix lui parvint de l'appareil.
- Allo...
- Lila, Lila...
- Stella ?
- Oui, je suis désolée, dit-elle en se remettant à pleurer. Toi aussi tu ne veux surement pas me parler. Tu ne veux pas me revoir... Je le mérite, j'ai été horrible avec toi plus que quiconque, je suis vraiment désolée.
- Ne pleure pas Stella, où es-tu ?
- Je suis désolée, pardonne-moi...
Dans un autre lieu
Scott était installé dans un fauteuil face à Jacob. Ils devaient avoir une discussion tendue depuis plus de deux mois, soit depuis le départ de sa protégée, mais ils n'avaient pu se retrouver qu'aujourd'hui. Il savait qu'il devait parler de l'implication de son mentor et de sa soumise dans la petite sortie de la sienne et celle de Esteban. Les filles n'étaient pas complètement innocentes, mais le tort devait être partagée équitablement. Elles avaient déjà payé leurs pots cassés, il s'assurait qu'il en soit de même pour tout le monde. Esteban ne trouvait pas cette démarche utile, mais lui la trouvait fondamentale.
Son aîné face à lui, tout détendu, semblait agréablement surpris de le voir débarquer ainsi chez lui.
- Que me vaut l'honneur de cette agréable visite, Scott ?
- Tu sais très bien, ce qui me fait me présenter à toi ce matin. Nous devons parler de l'incident de la dernière fois et de l'implication de Becca. Les filles nous ont avoué que ta soumise avait clairement eu un comportement douteux lors de cet incident.
- Si elles mentaient ?
- Tu penses vraiment que je me pointais devant toi, si je n'avais ne serait-ce qu'un doute ? Je te prie de ne pas faire passer nos soumises pour des menteuses. C'est une chose que je ne supporterai pas.
- Très bien, finit-il par dire, voyant son poulain s'énerver. Me laisserais-tu du temps pour enquêter de mon côté ?
- Ne jouons pas à ce jeu Jacob. Nous savons tous les deux, pertinemment bien, que tu es déjà au courant des dessous de cette affaire et j'oserai même m'avancer que tu y as aussi joué un certain rôle. Becca n'aurait jamais tenté une telle manœuvre, sachant qu'elle risquait d'encourir des peines si Esteban ou moi le découvrions. Si elle a su se montrer aussi audacieuse c'est parce que tu l'y as conduite d'une manière ou d'une autre.
- Imaginons qu'il s'agisse de la vérité, quelle sera la suite du programme ? Il me semble que vous avez tous les deux réglé les choses de votre côté à votre manière.
- Oui, en effet. Mais contrairement à Esteban, qui a décidé de laisser couler, il est hors de question que Becca s'en sorte aussi facilement.
- Tu peux être sûr qu'il n'en sera pas le cas. J'y veillerai personnellement.
Le silence se fit juste après sa réponse. Scott n'aimait pas le ton qu'emploie Jacob. Il ne savait pas si c'était une bonne idée de le laisser gérer cela. Jacob pouvait se montrer très cruel, même lui avait dû le reconnaître avec le temps. Il était encore plus strict avec Becca, qu'avec aucune autre de ses anciennes soumises. Il ne se considérait pas comme ayant la main légère en matière de punition, mais ce qui se passait entre Jacob et Becca pouvait parfois dépasser les cadres de sa tolérance en matière de D/s. Son mentor pouvait en abuser, mais sans preuves, il ne pourrait et n'avait aucun droit de le juger ou de faire un commentaire dans cette relation, que Becca semblait accepter de la sorte.
- Mais surtout, je ne veux plus jamais que tu mettes à l'épreuve l'une de mes filles de quelque façon qu'il soit, dit-il d'un ton tranchant.
- Bien compris également. Il leva les mains en signe de paix. Il ne voulait pas se fâcher avec Scott, il était l'un de ses meilleurs élèves et il estimait énormément. Si c'est tout, je pense que la prochaine fois que nous nous verrons, ce sera au club.
Il était lui aussi d'accord, il était temps qu'il rentre se reposer et retourner à ses activités.
- Une dernière chose, dit-il en se levant du siège. Stella ne veut plus jamais revoir Becca. Elle ne lui pardonne pas ce qu'elle a fait.
- Est-ce que cette petite mise-à-jour a suffisamment remis les tensions à plat ou vas-tu m'éviter un moment ? Et dois-je dire à Becca de rester loin de toi également quelque temps ? Il ne répondit rien sur le coup, semblant réfléchir. Je te rappelle que nous ne nous impliquons pas dans les querelles entre les filles habituellement. Elles gèrent entre elles comme des grandes.
- Non, je ne retiendrai pas de griefs contre elle, en échange d'excuses. Dans notre situation, un peu de distance s'impose je commence à croire. Je n'interviendrai pas non plus dans la manière dont les 2 -là choisiront de régler ce différend. Je tenais juste à clarifier la position dont m'a fait part Stella.
Ceci enfin dit, il s'en alla promptement. Jacob resta quelques minutes à méditer sur ce que venait de lui annoncer Scott. Il comprit à demi-mot que quelque chose n'allait pas. Mais son poulain voulait de l'espace et il lui donnerait. Mais il était confiant sur le fait qu'il reviendrait vers lui.
Il était de retour dans son bureau, ayant sur le dos une Sonia plus énervée que jamais. Elle ne comprenait toujours pas comment il avait pu laisser partir Stella. Il avait essayé de lui expliquer de son mieux, mais les mots ne semblaient pas s'enchainer naturellement. Il n'avait pas d'excuses indiscutables, il avait eu peur de ne plus s'enfoncer dans une situation dans laquelle il perdait doucement et sûrement le contrôle. Il n'était pas prêt à cela, et avait préféré fermer les portes avant qu'aucun retour en arrière ne soit possible. Après son départ de chez Esteban, il savait bien que Stella aurait peut-être besoin de quelques jours en plus pour se remettre. Mais il ne s'était pas dit qu'elle arrêterait d'un coup de venir travailler et qu'il n'aurait plus de ses nouvelles pendant 2 mois. Il aurait pu demander de ses nouvelles à Esteban, mais il ne voulait pas laisser une quelconque ouverture à un retour possible, il devait fermer ce chapitre de sa vie, mais il avait définitivement beaucoup de mal. Mais en plus, il n'était pas sûr de vouloir se faire charrier par son ami, qui était convaincu du mal de sa décision. Il avait dû également la mettre en congé instantané pour une durée inconnue et expliquer son absence brutale à toute son équipe, mais surtout Victor. Victor était l'un de ceux qui s'était le plus rapproché de Stella, mais surtout il valorise son travail et lui mettait une pression de malade pour soit trouver un remplaçant rapidement ou la ramener. Tous ces éléments, qu'il n'avait strictement pas vu venir dans cette rupture, il continuait à en payer les pots cassés même aujourd'hui. Il regardait les premiers dossiers que lui avait apportés Sonia avant le début des interviews de demain. Victor avait également décidé de boycotter cela et de lui laisser en totalité.
Il avait déjà utilisé une partie de son énergie ce matin en parlant avec Jacob, il ne se voyait pas supporter des remarques déplaisantes toute cette journée. Il s'était donc enfermé dans son bureau au 4ème étage pour ne pas exploser devant quelqu'un qui ne l'aurait peut-être pas mérité. Il était en train de revoir les dossiers que venait de déposer Sonia quand son téléphone sonna. Il vit un numéro inconnu, mais décide quand-même de décrocher. Une voix inconnue lui parvint à l'oreille, il l'écouta à peine quelques instants, avant de raccrocher, d'attraper sa veste et de sortir en trombe de son bureau. Sonia ne comprit pas ce qui se passait quand il lui demanda d'annuler tous ses rendez-vous et de le déclarer absent, avant de se diriger comme une fusée vers l'ascenseur sans aucune explication de plus.
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Au même moment dans un autre lieu
Stella était allongée sur le lit, elle avait du mal à se souvenir ce qui l'y avait emmené et surtout comment elle s'y était retrouvée. Elle était précédemment dans la cuisine et soudainement plus rien. Elle entendait des bruits venant de sa cuisine. Elle décida de se lever pour voir ce qui se passait, mais elle s'effondra au sol, prise de violents maux de tête et ses deux bras lui faisaient énormément mal. Elle entendit des bruits de pas se rapprocher de sa chambre et soudainement, la porte s'ouvrit laissant apparaître Lila. Elle n'en revenait pas de la voir devant elle.
- Franchement, toujours dans un état déplorable sans moi, lui dit-elle en rigolant.
- Que fais-tu ici ?
- Je suis venue parce que tu m'as appelée idiote, lui rappela-t-elle en l'aidant à se relever et à se remettre au lit.
- Mais...
- Tu pensais que je ne viendrai pas, que je ne décrocherai surement pas après m'avoir laissé tomber comme une véritable merde. Je pensais aussi que je te ferais subir pire, tellement j'étais en colère contre toi et je te détestais. Mais quand j'ai entendu ta voix, la joie a pris le dessus. Que veux-tu, je suis trop stupide pour laisser tomber ma meilleure copine quand elle a besoin d'un peu d'aide ?
- Comment es-tu rentrée ?
- Tu te rappelles ton double de clé que tu croyais avoir perdu, il y a des années de cela avant que nous ne nous soyons disputés ? Stella hocha la tête en silence. Eh bien, je l'avais gardé secrètement pour des situations comme cela. J'espérais aussi intérieurement que tu n'aies pas changé la serrure, sinon je me serais retrouvée bien stupide avec ces clés.
Elle n'arrivait à rien dire. Elle était bien trop choquée de voir sa copine, sa sœur, Lila à ses côtés malgré tout ce qui s'était passé durant toutes ces années. Elle était venue sans se poser de questions, elle était venue l'aider. Elle ne l'oubliera jamais.
- Repose-toi, je te fais à manger.
Lila sortit de sa chambre et la laissa se reposer. Elle avait refermé la porte de la chambre et s'était remise à faire le ménage pendant que le repas cuisait lentement. Elle avait joué le jeu, mais elle était toujours choquée de l'état dans lequel elle avait retrouvé Stella en arrivant. Elle ne pourrait jamais oublier une telle scène. Elle avait trouvé Stella couchée au sol, complètement saoule, les deux bras écorchés et saignants. Elle avait dans sa main des morceaux de verre de ce qui semblait être le reste d'une bouteille qui semblait brisée intentionnellement. Les écorchures dans ses bras contenaient également du verre. Elle l'avait soulevée et un peu traînée du mieux qu'elle pouvait loin du bazar dans la cuisine. Elle avait retiré le verre, nettoyé ses plaies et ses écorchures et bandé les parties blessées, le tout dans le plus grand silence et calme avant de la coucher dans son lit. Elle nettoyait toujours le bazar quand, la sonnette retentit et elle alla ouvrir. Elle tomba sur un homme avec un regard très inquiet, qui se présenta comme le Scott qu'elle avait eu au téléphone. Elle le laissa entrer et lui indiqua la localisation de Stella, malgré un regard assez circonspect. Il se dirigea vers la chambre après avoir regardé la scène qu'elle était encore en train de ranger, mais sans poser de questions. Il fit attention à ne faire aucun bruit et ne pas déranger le ménage. Lila s'arma d'une poêle et le suivit en silence au cas où. Il était agenouillé à côté du lit où Stella dormait profondément. Son regard calma les doutes de Lila, il était visiblement peiné et inquiet de l'état de la femme dans le lit. Il caressait le visage de Stella de longues minutes et la regardait avec tant d'intérêt, que Lila décida de leur laisser quelques instants d'intimité. Il resta là-bas pendant une bonne trentaine de minutes, avant de ressortir et qu'ils ne se parlent. Il lui laissa son contact et lui demanda de l'avertir d'un quelconque changement ou d'un quelconque besoin, avant de prendre le chemin de la porte.
- Vous voulez que je lui dise que vous êtes passé ? Que vous allez repasser ?
- Non je ne préfère pas, je ne pense pas que ce soit une bonne chose que nous nous revoyions. Nous nous sommes déjà séparés et mieux vaut que cela reste comme cela. Ne lui dites rien de mon implication, s'il vous plaît, que ce soit celle d'aujourd'hui ou celle dans le futur que nous aurons peut-être. De plus, je vois qu'elle peut compter sur vous et qu'elle est entre de bonnes mains. Prenez soin d'elle.
Il s'en alla sur ses mots. Lila trouva ses mots sans véritable conviction, mais surtout grande tristesse. Une fois dans sa voiture et en route pour le club, il appela Esteban et Diana qu'il prévint de l'état de Stella.