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????? : tu parles mal, je ne vais pas rigoler avec toi longtemps

ꪑꪮỉ : je m'en fous.

On descend avec l'ascenseur. On arrive en bas, on traverse le hall et on sort du bâtiment. Une Clio est garée juste devant :

????? : monte

ꪑꪮỉ : monte quoi ? J'ai dit que j'allais nulle part, tu ne comprends pas.

????? : *il souffle*

Il se met devant moi :

????? : tu crois que je rigole quand je dis que je vais te frapper ?

????? : monte côté conducteur, dépêche-toi.

Il me lance une clé et monte côté passager. Je contourne la voiture et je monte côté conducteur. Je m'installe et je démarre la voiture :

ꪑꪮỉ : tu n'as pas honte de laisser une fille conduire ?

????? : je m'en bats les couilles, comme ça, c'est clair.

ꪑꪮỉ : pourquoi c'est moi qui conduis ?

????? : démarre, on n'a pas le temps.

Il entre une adresse sur le GPS, je prends ma route :

????? : tu ne dois pas aller aux toilettes ? Parce qu'on ne va pas s'arrêter avant un moment

ꪑꪮỉ : fallait me le demander avant de me sortir de chez moi

ꪑꪮỉ : maintenant, si je veux m'arrêter, je m'arrêterais fin. Tu te permets de me dire quoi faire alors que je tiens le volant.

????? : *silence*

Je tourne la tête et le regarde après n'avoir reçu aucune réponse de sa part. Il est sur son téléphone en train d'envoyer un message :

????? : regarde la route.

Il me lance brièvement un regard, mais ne m'accorde pas plus d'attention que ça. Tant mieux.

Mais maintenant on roule où ? Je vois direction Barcelone. Mdrrr qui va conduire aussi longtemps.

Je rentre sur l'autoroute :

ꪑꪮỉ : tu comptes prendre le volant à quel moment ?

????? : À aucun.

ꪑꪮỉ : tu vas me laisser faire toute la route toute seule ?

????? : ouais

????? : et roule doucement.

ꪑꪮỉ : et pourquoi ?

????? : parce que je te le dis.

ꪑꪮỉ : *souffle*

Ça va être super cette petite virée avec lui :

????? : par contre, je ne t'ai pas dit de faire du sur place, accélère.

Je lève les yeux au ciel et j'accélère. Je le vois du coin de l'œil mettre ses Air Pod. En mode là, je vais discuter toute seule ....

Deux heures du matin , je le retrouve dans une situation qui me dépasse. Je n'aime pas ce qui se passe. Pas du tout. Mais comme à la fin j'aurais la tranquillité, je pense que ça en vaut la peine.

Je connecte mon téléphone au CarPlay, je mets ma playlist « Sénégal » et je regarde tout droit devant moi.

Et franchement, j'ai tellement roulé. J'avais l'impression que la route ne finissait pas. Elle était interminable.

Est on ne sait pas échanger 1 mot avec Fateh depuis qu'on a pris l'autoroute. Je ne sais pas trop ce qu'il fait, en même temps je m'en fous. Je vais là où on me dit d'aller, fin.

À six heures du matin, après 4 h de routes sans arrêt, Fateh sort de son silence :

????? : arrête-toi à la prochaine air d'autoroute

ꪑꪮỉ : ...

J'ai roulé sur 10 km avant la prochaine aire.

Je prends sa sortie et je m'arrête sur une place de stationnement. Fateh détache sa ceinture :

????? : tu descends pas ?

ꪑꪮỉ : non.

????? : tu dois pas aller aux toilettes ?

ꪑꪮỉ : non.

Il sort de la voiture et la claque derrière lui. J'en profite pour envoyer aux filles que je suis en train de mourir. À Nejma que je suis en danger de mort. Mais elles dorment toutes.

Le temps qu'il fait son aller-retour, je me fais une nouvelle playlist pour finalement sortir celle de mes Anasheed.

Quelques minutes passent et j'aperçois finalement Fateh qui revient, bouteilles d'eau à la main et à manger, il ouvre la porte et rentre dans la voiture.

Je ne le regarde même pas. Mais je le vois du coin de l'œil me tendre une bouteille d'eau. Je le regarde :

????? : tu veux une bouteille d'eau ?

ꪑꪮỉ : étouffe toi avec ton eau, clochard va.

Plutôt mourir que d'accepter une bouteille d'eau venant de lui. Et puis quoi encore ?

Je mets le contact et je démarre la voiture.

À deux doigts de tomber de fatigue. Je suis vraiment fatigué. J'en ai marre.

Et avant le début d'après-midi, on est entré sur les routes espagnoles sans arrêt. Je ne sais pas si c'est la situation qui fait ça, mais l'envie d'aller aux toilettes ne sait toujours pas manifester.

Mais j'ai commencé à m'endormir au volant.

Je commençais à trop fatiguer jusqu'à ce qu'on me fasse un appel de phares, que j'ai mis du temps à remarquer à cause du soleil. Plusieurs voitures nous ont fait des appels de phares.

Je me suis dit ok, là on a un problème.

Puis perte de puissance du véhicule :

ꪑꪮỉ : ??

????? : t'as crevé ?

ꪑꪮỉ : comment ça, j'ai crevé ? On a crevé

????? : arrête-toi sur la bande d'arrêt d'urgence.

ꪑꪮỉ : sans blague.

Je me mets en warning et m'arrête sur la bande d'arrêt d'urgence. J'éteins le contact :

ꪑꪮỉ : on fait quoi ?

????? : on change la roue, tu veux faire quoi d'autre.

ꪑꪮỉ : ...

Et vas-y, lui. Je ne vais même pas lui répondre. On sort de la voiture pour constater l'état de la roue.

Fateh passe à l'arrière de la voiture. Il ouvre le coffre :

????? : ah merde, j'avais oublié ça.

ꪑꪮỉ : ???

????? : la roue de secours a été enlevée.

Il passe sa main sur son visage :

ꪑꪮỉ : comment ça ? Elle a été enlevée.

Il me regarde et claque la porte du coffre :

????? : il n'y a pas de roue, c'est tout.

ꪑꪮỉ : mais comment il ne peut pas avoir de roue ? Elle est où la roue ?

????? : je leur demanderai si je les vois, si tu veux.

ꪑꪮỉ : bordel

ꪑꪮỉ : la voiture a bien une assurance, qu'il vienne rembarquer la voiture.

????? : impossible

ꪑꪮỉ : et pourquoi ça ?

????? : c'est pas possible. C'est tout, trouve une autre solution.

ꪑꪮỉ : toi trouve une solution, t'es malade.

Je perds patience, déjà que je suis fatigué, mais là, ça va être la goutte de trop. Je prends mon téléphone et j'appelle. Nejma.

Je lui explique la situation... Déjà, je me suis fait insulter comme si ce n'était pas lui qui m'avait forcé...

Puis elle a essayé de trouver une solution. Je suis partie m'asseoir côté passager. Pendant que je discute avec elle, Fateh apparaît dans mon champ de vision. Je vous l'ai tellement insulté.

Il arrive devant moi et récupère son téléphone sur le tableau de bord.

J'étais en plein dans son passage, j'ai fait aucun effort pour l'aider. J'attendais juste qu'il me touche.

Il m'a effleuré juste un peu :

ꪑꪮỉ : touche-moi encore, tu vas voir

Il me regarde et ferme la porte :

Nejma : il t'a touché ?

ꪑꪮỉ : non, bref, tu peux venir ?

Nejma : oui mais d'où vous êtes, ça va être long hein, pas avant 3/4 h du matin, je serais là.

ꪑꪮỉ : pas plus tôt ? Par pitié

Nejma : vous êtes hyper loin, surtout s'il faut vous récupérer en voiture, c'est chaud, je dois trouver une solution pour les enfants, Tarek est sorti avec Zyad et Soraya

ꪑꪮỉ : mince

Nejma : c'est la seule solution que je puisse vous proposer pour l'instant, c'est d'attendre que j'arrive, comme vous ne pouvez pas appeler de dépanneur

Nejma : pourquoi d'ailleurs ?

ꪑꪮỉ : je ne sais pas, je ne pause pas de question comme ça, je ne lui parle pas.

????? : et il est où Fateh ?

ꪑꪮỉ : dehors ...

Je tourne la tête pour le voir :

ꪑꪮỉ : au téléphone

Nejma : avec qui ?

ꪑꪮỉ : je ne sais pas

Nejma : appel le

ꪑꪮỉ : jamais de la vie

Nejma : vite fais

Je baisse la vitre de la voiture :

ꪑꪮỉ : eh !

Je le regarde se redresser et s'approcher dans le rétro :

????? : ?

Nejma : Fateh ?

????? : quoi ?

Nejma : Déjà, pourquoi tu ramènes ma copine dans tes conneries ? Je t'ai dit quoi la dernière fois ?

????? : elle m'était juste redevable

Nejma : j'attends votre retour, seulement on va en reparler

????? : si ça te fait plaisir.

Nejma : appel Mehdi, il va te trouver une solution

????? : on n'est pas en très bon therme avec Mehdi pour que je l'appelle pour l'instant

Nejma : ...

Nejma : alors attendez

????? : j'ai une solution

Nous : lequel ?

????? : ceux qui m'ont prêté la voiture vont m'envoyer quelqu'un

Nejma : okk

Nejma : Djenabe je te rappelle dans deux minutes, je d....

Elle raccroche :

ꪑꪮỉ : ...

????? : lève-toi.

ꪑꪮỉ : Pourquoi ?

????? : on va marcher jusqu'à la pompe à essence qu'on a vue sur le chemin.

ꪑꪮỉ : pardon ? Elle est grave loin.

????? : et alors ? T'as un train à prendre.

????? : ils auront peut-être une roue de secours

ꪑꪮỉ : mais t'as dit que quelqu'un arrivait.

????? : mais je ne sais pas combien de temps ça prendre

Je le regarde. Je suis désolé, mais pour moi, l'aventure s'arrête là. J'en ai marre. Je suis fatigué. Je n'ai fait que conduire depuis hier soir.

Ah non, je l'ai regardé... Eeeeh j'ai tellement pleuré. Les larmes coulent sur mon visage comme si j'étais en train de mourir :

????? : t'es en train de pleurer là ?

ꪑꪮỉ : c'est ta faute, pourquoi je dois subir ça ?

????? : tranquille, respire, demain t'es chez toi

ꪑꪮỉ : ...

Je le regarde, lui et ses yeux de clochard... J'ai encore plus pleurer. Pourquoi je dois me retrouver ici avec lui s'il vous plaît ? Pourquoi dans cette situation !!! Par pitié pourquoi ?

À l'aide :

????? : tu pleures pourquoi ? Parce que t'es avec moi ?

ꪑꪮỉ : oui.

ꪑꪮỉ : pourquoi je dois être bloqué avec toi ? *je pleure encore plus* J'ai trop mal au cœur, déjà que cette situation m'énerve, mais alors avec ta présence, c'est encore pire.

????? : ...

????? : de toute façons on laisse pas la voiture la, on peu pas

ꪑꪮỉ : et pourquoi ?

????? : parce que, on ne l'a laisse pas la c'est tout

Il s'éloigne :

????? : quand t'aura fini ton cinéma, rejoins-moi.

ꪑꪮỉ : je ne te rejoins nulle part, je reste ici.

????? : si ça te fait plaisir

Il s'en va.

Pitié, à l'aide.

Je le regarde s'éloigner dans le rétro. Mais il n'a pas dit de ne pas laisser la voiture là !

Alors pourquoi il s'en va ? Et puis elle est où la roue de secours. La voiture a l'air récente. C'est quoi le problème.

Je sors de la voiture et je vais à l'arrière. J'ouvre le coffre.

MON COEUR A TREMBLÉ !

QU'EST-CE QUE C'EST QUE ÇA !!!

C'est la première fois de toute ma vie que je vois de la drogue. Première fois. Et c'est comme à la télé. Le

Coffre rempli à ras bord. Tu m'étonnes qu'il n'y ait pas de roue de secours.

Alors c'est un Go fast qu'on est en train de faire ?

Eh eh

Eh

Sans effet

Sans effet

Sans effet

Sans effet

Sans effet

Sans effet

Sans effet

Sans effet

Sans effet

Sans effet

Sans effet

Sans effet

Sans effet

Sans effet

Sans effet

Je me suis assise au sol pour pleurer carrément.

Rien que le fait de penser « si on l'arrête avec ça » me fait tellement peur. C'est la vie qui va y passer et c'est derrière les barreaux que je vais pleurer.

Je refuse d'y croire. Je refuse et mon cœur reste fermé.

Je me lève, ferme le coffre et je vais m'assoir derrière la barre de sécurité complète dépassée. Je suis dans l'inégalité. Je suis en train de faire un crime. J'ai peur.

Ce n'est pas des conneries, c'est UN CRIME ! UN DÉLIT ! UN DÉLIT !!

Je ne vais tellement jamais lui pardonner.

Et puis, après une bonne heure, je le revois arriver avec une roue de secours dans une main et un cric dans l'autre.

Dès qu'il arrive à la voiture, il se dépêche de changer la roue :

ꪑꪮỉ : tu mérites que je te dénonce.

ꪑꪮỉ : tu oses me faire transporter de la drogue.

????? : *il me jette un regard* t'as ouvert le coffre ?

ꪑꪮỉ : ENCORE HEUREUX ! T'AS PERDU LA TÊTE OU QUOI.

ꪑꪮỉ : DE LA DROGUE !!

????? : ouais

ꪑꪮỉ : اللّٰه y hdina

ꪑꪮỉ : moi j'arrête.

ꪑꪮỉ : laisse-moi ici, je m'en fou, mais je ne continue pas.

Il ferme son visage, il se lève et s'approche de moi :

????? : tu penses avoir le choix de quoi ici exactement ?

????? : je ne me souviens pas t'avoir demandé ton avis à un moment

????? : tu ferme ta gueule et tu t'exécute.

ꪑꪮỉ : *je fronce mes sourcils* c'est des menaces que tu me fais ?

????? : c'est ce que tu veux, je m'en bats les couilles, tu fermes ta gueule et tu roules jusqu'à destination.

Il m'attrape par le bras et me soulève :

ꪑꪮỉ : lâche-moi, putain !

????? : monte.

Il ouvre la porte côté conducteur, côté route, j'ai hurlé tellement j'avais peur de me faire percuter par une voiture. Il me jette côté conducteur et claque la porte derrière moi.

Je vais mourir.