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Je cours jusque devant chez moi.
Je n'ai aucun cardio, mais j'ai couru comme si ma vie en dépendait.
J'ai tellement peur qu'il m'attrape.
Je me suis retourné une fois, j'ai évité de très peu le poteau dans le visage. Maintenant, je ne me retourne plus.
Je suis vite arrivée en bas de mon bâtiment. Je mets le code, je referme ma porte derrière moi et je tombe au sol.
Je laisse mon argent tomber et s'éparpiller au sol.
Je suis en panique :
ꪑꪮỉ : j'ai failli mourir
Je regarde à travers la vitre s'il arrive, mais visiblement, il ne vient pas.
Je pose ma main sur mon cœur. C'est trop là. Demain, je déménage.
Fini. Fini. Finiiiiiiie.
Dead.
Je rends mes clés.
Fin de mission.
Cette histoire, ça sera sans moi. Aller relire Nejma Tarek là.
Je commence à entendre des bruits de pas. Quelqu'un descend les escaliers.
Je me suis vite repris en main. Je me lève et commence à ramasser mes affaires. Je mets tout dans mon sac et je ramasse mes billets :
... : c'est Djenabe où je rêve ?
Je lève la tête :
ꪑꪮỉ : *sourire* mon plus beau voisin
Yakoub: qu'est-ce que tu fais là ?
ꪑꪮỉ : on ne t'a pas dit que l'argent tombe du ciel ? Tu ne vois pas, je ramasse ?
Yakoub : *rire*
Il m'aide à ramasser les derniers billets :
ꪑꪮỉ : tu sors ?
Yakoub : je vais voir ma sœur, et toi, tu rentres ?
ꪑꪮỉ : oui
Yakoub : tu viens d'où ? Je t'ai vue marcher vers la poste
ꪑꪮỉ : je reviens de la poste, oui
Il me tend les sous avec un grand sourire :
ꪑꪮỉ : arrête de me draguer
Yakoub : *sourire*
ꪑꪮỉ : tu m'invites quand en date ?
Yakoub : en fin de semaine ?
ꪑꪮỉ : eh eh, quand ?
Yakoub : avant le week-end
Yakoub : vendredi soir
ꪑꪮỉ : quelle heure ?
Yakoub : je viens te chercher à 19 h ?
ꪑꪮỉ : okk, si t'es en retard, je ne viens pas.
Yakoub : mdrrr, ok, c'est noté
Yakoub : ok, je dois y aller, mais on se dit à vendredi
ꪑꪮỉ : oui, à vendredi
Il me fait un signe de la main et s'en va.
Vraiment mon voisin préféré. Trop beau, un beau malien, bien beau, bien gentil. À chaque fois qu'il me voit, il me sourit ou me demande si ça va.
Qu'il me marie comme ça, c'est fini.
Dès qu'il sort de mon champ de vision, je vais prendre l'ascenseur et je monte chez moi.
Dès que j'arrive, j'ouvre et ferme la porte. Je pose mon téléphone et j'appelle Nejma. Elle me répond directement :
Nejma : t'es en vie ma go ?
ꪑꪮỉ : ma go ! Ma go ! Ma go !!! Alors que tu m'as abandonné ?
Nejma : je n'ai pas fait exprès
ꪑꪮỉ : Nejma !!
Nejma : oui ?
ꪑꪮỉ : Fateh, il m'a frappé, seigneur, j'ai pris la fuite
Nejma : quoi ???
ꪑꪮỉ : je te jure, il m'a mis un coup, balayette, je suis tombée, je lui ai mis un coup au pied, il est tombé aussi
ꪑꪮỉ : dès qu'il est tombé, je suis partie en courant pour survivre.
Nejma : attend quoi ? Il t'a vraiment frappé ?
ꪑꪮỉ : t'inquiète, je m'en suis occupé, je vous ai dit non ? Qu'il vienne me chercher devant chez moi, il va voir qui est qui
Nejma : mais oui, Djenabe t'es vraiment une femme
ꪑꪮỉ : j'ai dit non ?
ꪑꪮỉ : maintenant, regarde s'il va encore venir me provoquer
Nejma : qu'il revienne, tu vas bien l'accueillir
ꪑꪮỉ : c'est ça, j'ai dit
Pendant que je raconte ma version de l'histoire à Nejma je trie mes billets.
Je finis par raccrocher. Je vais me laver.
...
Je me couche sur mon fauteuil et j'allume la télé. Je prends mon téléphone et j'ouvre le message de ma mère qui me prévient qu'elle est passée récupérer Adama dans la matinée.
POINT DE VUE DE FATEH
Je me relève. Je me tourne, je vois votre copine courir de toutes ses forces vers son bâtiment.
Je vais tellement la piétiner, regarder juste.
Je me dirige vers son bâtiment, je reçois une notification. Je m'arrête et je sors mon téléphone :
——————— CONVERSATION ———————-
Message +337......... :
- ramène toi
——————— CONVERSATION ———————-
On dirait qu'on m'attend quelque part. Je regarde votre copine disparaître de mon champ de vision.
Je souffle et je fais demi-tour. J'ai mes créanciers à aller voir.
Maintenant que l'autre bouffonne a ouvert sa gueule, j'ai beaucoup de monde qui va chercher à me joindre.
Quand je vous dis qu'elle m'a mis dans la merde.
Elle fout la haine.
Avant d'aller là où on m'attend, je vais récupérer une voiture de location.
[...]
Je récupère ma voiture.
Après une dizaine de minutes de route, j'arrive devant le barber.
Je sors de la voiture que je gare et en vite fait sur le trottoir et je rentre à l'intérieur.
Je sers la main à tous ceux que je vois :
Ali : passe à l'arrière
ꪑꪮỉ : ...
Je traverse la pièce et je passe la porte du fond. Je sers la main et trois hommes devant moi et je m'installe sur une chaise.
Les Tchétchènes, ils aiment vraiment trop jouer aux mafieux :
Yakhya : je ne savais pas que tu étais sortie de prison.
ꪑꪮỉ : c'était le but.
Des deux frères me lancent des regards menaçants :
Yakhya : donc personne n'est au courant ?
ꪑꪮỉ : personne.
Yakhya : heureusement que les gens parlent, sinon tu m'aurais filé entre les doigts.
ꪑꪮỉ : exactement.
Yakhya : *sourire*
ꪑꪮỉ : ...
Yakhya : tu as la mémoire courte ou t'essaies juste de te défiler ?
ꪑꪮỉ : un peu des deux
Un de ces frères se redresse et me regarde droit dans les yeux :
Cherip : tu n'as pas l'air d'avoir conscience de la merde dans laquelle tu t'es mis
ꪑꪮỉ : je le sais, c'est juste que je m'en fou.
Yakhya : tu sais que tu nous dois 60 k que tu nous as empruntés et tu continues de marcher sereinement dans la rue ?
Cherip : sans regarder derrière toi
ꪑꪮỉ : si vous saviez le nombre de personnes qui veulent ma peau, vous aussi, vous arrêteriez de regarder derrière vous.
Cherip : maintenant que t'es là, comment tu comptes nous rembourser ?
Yakhya : je vois que tu te balades avec une belle voiture en plus.
ꪑꪮỉ : je me fais plaisir.
Yakhya : on peut commencer par la récupérer pour payer une partie.
ꪑꪮỉ : si ça vous fait plaisir
Cherip : c'est la tienne ?
ꪑꪮỉ : non.
Cherip : et tu nous laisses la prendre ?
ꪑꪮỉ : je m'en fou.
Yakhya : j'ai une mission pour toi, comme ça, on sera quitte.
ꪑꪮỉ : dis-moi.
Yakhya : j'avais un chauffeur et sa passagère qui devaient faire passer une voiture à moi en Espagne, mais on a eu un problème.
ꪑꪮỉ : ?
Yakhya : tu vas récupérer le véhicule, tu vas prendre une femme pour ne pas vous faire repérer et tu vas foncer, pied au plancher jusqu'en Espagne
Yakhya : je vais t'envoyer l'adresse où tu dois déposer la voiture. Une voiture vous attendra pour le retour.
ꪑꪮỉ : une voiture ? Avec combien là-dedans
Yakhya : tout ce que tu as à savoir c'est que la voiture est remplie et que si tu te fais attraper t'en prendra pour un long moment
Cherip : et on ne viendra pas t'aider.
Je lui lance un regard :
ꪑꪮỉ : je n'ai pas envie.
Cherip : tu n'as pas vraiment le choix.
Yakhya me lance des clés de voiture :
Yakhya : active-toi, prend la route vendredi soir.
Yakhya : règle ta dette.
ꪑꪮỉ : *soupire*
Cherip : tu es venue te mettre dans la merde tout seul, maintenant prend tes responsabilités.
ꪑꪮỉ : c'est ça.
Yakhya : si tu essaies de ramener ton frère dans nos affaires, on s'occupera de toi
ꪑꪮỉ : je prends note.
Je me lève :
Cherip : récupère la voiture, elle est garée dans la rue d'en face.
ꪑꪮỉ : et ma voiture ?
Cherip : elle reste chez nous jusqu'à ton retour.
ꪑꪮỉ : vous êtes vraiment des fans.
Il s'est levé, je suis partie. Cette histoire me fait tellement chier.
Je sors du barber. Je laisse la voiture garer devant, je laisse juste les clés sur le contact et je m'en vais.
Pendant que j'avance vers la rue d'enfance, je m'amuse à appuyer sur les clés pour voir quelle voiture appartient à ces clés.
Et après plusieurs essais, je vois une Clio 5 rs Line, full noir. Mdrrrrr comme si, sur cette voiture, il n'était pas clairement écrit en gros : go fast arrêtez-moi.
Jante rouge aluminium matisse brillant. Avec des antivols.
J'arrive à côté de la voiture en rigolant. Si on ne se fait pas prendre, c'est vraiment de la chance.
Je monte dans la voiture. Elle est propre. On dirait une voiture neuve. Très peu de kilomètres. À tout moment, je m'en vais avec la voiture et la marchandise et je disparais en Espagne... Mais comme je les connais, ils ont dû mettre un système de localisation sur la voiture.
Je vais rester sage et rentrer chez moi jusqu'à vendredi.
Maintenant, il ne reste plus qu'à savoir qui je vais prendre avec moi pour ce petit voyage et j'ai déjà ma petite idée.
Mon ex préfère, c'est sûr que si je lui demande, elle va le suivre cette golmon.
Par contre l'autre, la copine de Nejma, elle va refuser. Donc, c'est avec elle que je vais partir.
C'est elle qui m'a mis dans la merde, si elle n'avait pas parlé, ils ne m'auraient pas contacté. Qu'elle assume les conséquences de ses actes.
Je démarre la voiture et je m'en vais.
Sur le chemin du retour, je reçois un appel de Marcelo :
ꪑꪮỉ : quoi ?
Marcelo : t'es où encore ?
ꪑꪮỉ : arrête de t'occuper de moi, quoi ?
Marcelo : qu'est-ce que tu as encore fait ?
ꪑꪮỉ : rien qui sort de l'ordinaire.
Marcelo : on m'a dit de te faire passer un message.
ꪑꪮỉ : je t'écoute.
Marcelo : Nejma elle a dit : « Touche encore ma copine et tu passes sous mes quatre roues, plus personne ne rigole avec toi »
ꪑꪮỉ : ma femme
Marcelo : tu as fait quoi à Djenabe ?
ꪑꪮỉ : rien qui mérite une menace de Nejma
Marcelo : fais attention, Fateh, fait bien attention à qui tu t'en prends, plus personne ne rigole avec toi
ꪑꪮỉ : je rigole avec qui ?
Marcelo : si tu t'en prends aux personnes de notre cercle, attends-toi à des répercussions.
ꪑꪮỉ : c'est ça.
ꪑꪮỉ : essayez de me passer dessus, vous allez devoir passer sur Mehdi avant de pouvoir m'atteindre.
Marcelo : pas cette fois-ci
ꪑꪮỉ : vous verrez bien.
Marcelo : t'es tellement toxique, Mehdi mérite une vie où tu n'existes pas.
ꪑꪮỉ : malheureusement pour lui, j'existe.
Je raccroche.
Qu'est-ce qu'elle est encore partie raconter Djenabe pour que Nejma me menace ? Cette menteuse, la prochaine fois je vais vraiment la frapper comme ça elle dira de quoi aller se plaindre.
Je passe à la pompe à essence. Je mets un plein et je rentre chez moi.
Je gare la voiture dans le souterrain et je rentre chez moi. Je me commande à manger et je vais m'asseoir sur ma petite chaise.
Vous savez que je ne vis que pour le divertissement ? Je suis partie prendre de l'argent à ces gars alors que j'ai mon compte bancaire rempli. J'avais juste du temps à perdre. Aujourd'hui encore, je peux les rembourser, mais si je le fais, c'est pas drôle.
Non, en vrai, mes sous sont bloqués pour l'instant. Je dois régler ça avec mon banquier.
S'ils m'avaient contacté dans un mois, je serai partie et j'aurais déposé l'argent, sauf qu'on n'est pas dans un mois et que les sous, je ne les ai pas maintenant.
Donc, je n'ai pas trop le choix. À part si je disparais et que je reviens quand j'ai les sous, mais j'ai du temps à perdre.
Puis, il y en a une que met redevable. Je ne vais pas gâcher une occasion pour me divertir. En même temps, je vais prendre quelques informations ou nouvelles sur les autres.
Je prends mon téléphone et j'appelle Rayan. Il me répond au bout de 4 sonneries :
Rayan : quelle surprise
ꪑꪮỉ : je suis rentrée.
Rayan : je le savais
ꪑꪮỉ : et tu ne m'as pas appelé ?
Rayan : non.
ꪑꪮỉ : pourquoi ?
Rayan : parce que tu ne l'as pas fait
ꪑꪮỉ : ...
ꪑꪮỉ : t'es sur les nerfs ?
Rayan : non, pourquoi ?
ꪑꪮỉ : par rapport à Mehdi
Rayan : ...
Rayan : l'histoire avec Amra ?
ꪑꪮỉ : ouais
Rayan : *souffle* je ne comprends pas pourquoi tu as fait ça.
ꪑꪮỉ : c'est elle qui m'a frappé en premier.
Rayan : je m'en fous, c'est d'Amra qu'on parle Fateh
ꪑꪮỉ : je sais.
Rayan : ...
ꪑꪮỉ : je n'ai pas fait exprès.
Rayan : ...
Rayan : ce n'est pas trop mon histoire, mais je ne suis pas de ton côté cette fois-ci
ꪑꪮỉ : ...
Rayan : tu dors où ?
ꪑꪮỉ : j'ai un appartement.
Rayan : t'es sortie quand ?
ꪑꪮỉ : il y a deux semaines.
Rayan : t'avais quoi en tête pour ne pas nous prévenir ?
ꪑꪮỉ : rien.
Rayan : attend
ꪑꪮỉ : ??
Je l'entends bouger :
Rayan : les filles ?
... : ...
Rayan : dites bonjour à tonton Fateh
... : TONTON FAAAAAA !
ꪑꪮỉ : bonjour, vous.
Rayan : *rire* c'est quand que tu viens voir tes nièces ?
ꪑꪮỉ : je ne sais pas.