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Nos nouvelles uniformes

De mon retour à la maison le soir, j'avais beaucoup avisé la proposition de Lydia et l'ai trouvée meilleure. Meilleure parce qu'elle était la seule et unique qui pouvait nous mettre à l'abri des coups de fouets de cet imbécile de proviseur qui nous frappait comme si nous étions des bœufs.

***

Ce matin-là, mes copines et moi nous étions retrouvées encore au lycée. Nous étions venues chacune par nos moyens de transport ; moi, j'avais pris mon zém ; mes deux amies étaient venues en voiture. Elles étaient venues avant moi et étaient sur le portail du lycée en train de bavarder. Lorsque je descendis du siège arrière de la moto qui m'avait emmenée à l'école, Lydia et Cintia étaient venues m'accueillir avec des sourires aux lèvres.

– Bonjour les filles, leur lançai-je après avoir tendu mon billet de cinq cents à mon conducteur.

– Oui bonne arrivée, Cathy ; comment a été ton réveil ? me demanda Lydia.

– Très bien, ma chérie ! Et de ton côté ?

– Très bien également !

– Et toi Cintia, ça va ?

– Oui ça va très bien !

Je regagnai mes deux copines après avoir pris mon reliquat des mains du conducteur.

– Il y a une surprise, susurra Lydia.

– Une surprise ? m'enquis-je, éberluée.

– Oui, une surprise ! renchérit Cintia.

Lydia ouvrit son sac et en sortit un gros tissu qui avait exactement la même couleur que nos uniformes.

– Tu vois ça ? me demanda-t-elle, c'est hier que je l'ai acheté.

– Quoi ? Et c'est pour faire quoi ?

– Que s'était-on dit quand on rentrait ?

– Hier, on avait retenu qu'on allait serrer la poitrine de nos…

– Merci, m'interrompit-elle ; après avoir analysé cette pensée, j'ai trouvé qu'elle était bonne mais qu'elle n'était pas la meilleure. Ma mère, elle me contrôle on dirait que je suis née pour ne pas avoir la paix entre ses mains. La façon dont elle me surveille, je regrette parfois même de l'avoir comme mère. Si jamais je mets à exécution cette idée, je vous jure que ma mère va me crever les yeux et me les montrer. Donc voici ce que j'ai décidé qu'on fasse : nous allons toutes coudre une nouvelle tenue. Nous n'allons plus retoucher celles que nous avons déjà. Après les cours à midi, nous allons-nous rendre chez ma couturière et elle va prendre nos mesures. Nous allons lui demander de nous coudre des tenues très serrées ; je dis bien très serrées puisque c'est quand elles seront serrées que nous allons admettre à notre jeu de ruse. Et d'ailleurs, ces filles dont je vous ai parlé, ne vous inquiétez pas, je vais vous les montrer. Leurs tenues sont toutes serrées et c'est ça qui fait que le proviseur les caresse quand elles vont dans son bureau…

– Il les caresse au bureau ? m'exclamai-je, surprise.

– Où pensais-tu qu'il reste pour les niquer ? Mais c'est dans le bureau ! Quand les filles vont dans son bureau, il ferme la porte. Lorsque vous allez dans son bureau, ne voyez-vous pas qu'il y a une autre petite porte ?

Cintia et moi acquiesçâmes de la tête.

– Voilà ! Sachez que c'est sa salle de baise. Lorsque vous y entrez, il y a un lit et un matelas dedans.

J'accrochai mes deux bras sur la tête pour marquer la surprise.

– Vous, vous êtes très loin des réalités de ce lycée. Mais ne vous inquiétez pas, je vais vous montrer les filles aujourd'hui. J'irai dans leur salle et leur dirai que j'ai quelque chose de très sérieux à leur dire ; vous verrez qu'elles viendront me voir en classe et je vais profiter pour vous les présenter. Je ne peux pas vous dire combien de fois déjà cet imbécile de proviseur qui se prend pour le maître de la maison a déjà baisé ces filles. Et ces filles, très jeunes comme ça, elles ne manquent jamais d'argent. Si vous voulez, quand elles viendront, je demanderai à une d'entre elles de me donner mille francs ; vous verrez ce qu'elle va faire. Elle ne va même pas se stresser avant de me donner cette somme d'argent.

Patatras ! La sirène retentit.

_ Les filles, allons en classe, ajouta Lydia en nous tirant par les mains pour nous traîner dans la cour.

***

Il était midi lorsque tout à coup, après le signal, j'aperçus deux jeunes filles entrer dans notre salle de classe alors que j'étais à ma place et recopiais encore le reste de mes cours. Les deux jeunes filles s'étaient dirigées vers Lydia. De ma place, je les voyais en train de s'entretenir. Je les lâchai de mon regard pour accélérer la vitesse de recopiage quand soudain, j'aperçus ma camarade avec les deux jeunes filles m'approcher.

– Cathy, voilà Gloria et Idelphonsia ; ce sont mes copines ; celles de qui je vous avais parlé, toi et Cintia. Et vous, voilà Cathy, ma meilleure amie de la classe. Elles sont deux ; l'autre est de l'autre côté en train de recopier ses cours.

Je déposai calmement mon stylo et tendis ma main droite aux deux jeunes filles.

– Je suis très honorée de faire votre connaissance, leur murmurai-je.

– C'est après tout un plaisir partagé, me répondit la plus élancée qui avait de gros seins dans sa robe malgré sa corpulence.

On dit souvent que les filles minces n'ont pas de gros seins. Mais c'est faux ! Il y a corpulence dans corpulence. Celle qui se prenait pour amie de Lydia avait de gros seins alors qu'elle était mince. Donc cette hypothèse n'est pas vérifiée chez tout le monde.

– Bien, les filles, appela Lydia, il faut que vous partiez parce que nous n'avons pas encore terminé de recopier nos leçons. On s'attrape le soir.

Les deux jeunes filles lui sourirent et commença à se retirer en arrière pour prendre la direction de la sortie.

– Attendez ! Toi Idelphonsia, donne-moi mille francs je vais acheter du biscuit avec, taquina Lydia.

La jeune fille, sans faire parole, tira son sac du dos et plongea la main à l'intérieur du sac et rechercha son portefeuille. Elle l'ouvrit et fixa son interlocutrice avec une désolation sur le visage.

– Je n'ai pas la monnaie ; je n'ai que des billets verts ; des billets de cinq mille francs.

– D'accord, je te comprends ! Et toi Gloria ? murmura Lydia à l'adresse de la deuxième jeune fille.

– Je savais que tu allais tourner ton visage vers moi, répondit l'autre. Puisque c'est mille francs que tu veux, je te donne deux mille francs au lieu d'un.

Elle plongea la main dans la poche de sa robe et sortit un billet bleu tout neuf sur lequel la machine des français avait écrit “deux mille francs”.

– Tiens, et va acheter tes biscuits avec, bébé de papa ; ajouta la prénommée Gloria en tirant sa copine par les mains.

Les deux s'eclipsèrent dans les quelques secondes qui suivirent.

– Tu me vois ça ? me demanda Lydia, très surprise comme à jamais.

Au même moment, arriva notre trio.

– Les jeunes filles, que se passe-t-il ici, demanda la nouvelle arrivée.

– Cintia, as-tu vu les deux jeunes filles qui viennent de partir ? questionna Lydia.

– Si, je les ai vues ! N'est-ce pas celles de qui tu as parlé le matin ?

– Oui, ce sont elles ! Peux-tu imaginer ce qu'une d'entre elles a fait tout de suite ?

– Non, parle-m'en !

– Demande à Cathy.

Cintia tourna son regard vers moi pour me demander ce qui s'était passé.

– As-tu vu la courte ? Elle vient de donner deux mille francs tout claquant à Lydia alors que c'est mille francs que Lydia lui a demandé.

– Quoi ? Ça veut dire que les filles ont effectivement d'argent !

– Sans doute ! L'élancée, quant à elle, elle n'a pas de petite monnaie.

– Wouah ! Donc les filles sont effectivement riches ! renchérit Cintia.

– Allez, entama Lydia au bout d'un silence intermittent ; faites vite nous allons faire un saut chez ma couturière. Il faut que nos tenues soient vite cousues...

– C'est un plaisir qu'elles soient vite cousues mais je n'ai pas encore d'argent pour…

– Arrête, me coupa Lydia, j'ai de l'argent et je peux vous coudre chacune vos uniformes ; donc pas d'inquiétude.

Ah oui, cette fille avait de l'argent. Et ni moi ni Cintia, on n'en doutait pas.

– N'avez-vous pas encore fini de recopier vos leçons, nous demanda-t-elle.

– Moi, j'ai presque fini, lui répondis-je...

– Moi, j'en ai fini déjà, répondit cette fois Cintia.

– Bien, puisque toi tu as déjà fini, on prêtera ton cahier pour recopier le reste des cours après ; levez-vous nous allons partir.

Et je rangeai immédiatement mes cahiers dans le sac et le jetai au dos. Cintia alla ranger aussi les siens.

Nous prîmes ensemble la direction de la cour et nous en fûmes. Au bout de quelques minutes de marche en parlant de tout et de rien, nous arrivâmes chez la femme couturière. Nous la saluâmes et Lydia lui fit la description de ce qui était à l'honneur de notre présence dans son atelier. La jeune femme, puisqu'elle était à la recherche de fric, elle compris le genre de modèle qu'on voulait et accepta de nous les coudre. Elle prit nos mesures sans commentaire. Lorsqu'elle arriva à la partie poitrine, elle demanda à chacune de nous si la pointure qu'elle nous prenait était bonne. L'accord était du gré de Lydia. Quand c'était bon, elle disait « oui, ça peut aller comme ça » et quand elle n'était pas d'accord, elle le disait clairement. À la fin, elle nous murmura :

– Bien ! Passez dans deux jours pour chercher vos tenues.

– Merci madame ! s'exclama Lydia ! Et la confection des trois tenues, combien coûteront-elles ?

– Neuf mille francs, répondit la couturière.

– D'accord, tenez cinq mille francs comme avance. Après-demain, en venant, je vous apporterai le reste de votre argent.

– Pas de souci, ma chère.

Et ensemble, mes copines et moi sortîmes de la salle d'atelier de la trentaine pour regagner le chemin.

– Donc on lui accorde le temps, le moment qu'elle nous fasse un bon travail, dit Lydia.

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