Chapitre 06
Chapitre 6
*****Assy*****
Cette maison est vide sans Oumel. Ma sœur me manque mais c’est normal. Plus qu’une sœur c’était ma meilleure amie, ma confidente et surtout celle qui me couvrait quand je faisais mes 100 coups.
100 coups que je regrette aujourd’hui, ce connard d’Ibra ne le méritait pas.
Je caresse délicatement mon ventre. Pauvre enfant, je doute qu’il grandisse avec un père.
C’est une grossesse non désirée mais c’est pas pour autant que je ne l’aimerai pas. J’ai fait une erreur je dois l’assumer.
Quand je repense à tout ça, un sourire nait sur mon visage. Un « sourire » complètement idiot car je me rends compte que si je voulais rester vierge jusqu’au mariage c’était peut-être pour des milliers de raison mais pas pour la religion. Et effectivement Allah m’a sanctionnée.
S’abstenir pour la religion m’aurait amené à ne jamais arriver à de tels extrêmes avec Ibra. Si je suis tombée enceinte de lui c’est parce qu’à défaut de la pénétration, on s’est embarqué dans pas mal de péchés.
Je me demande aujourd’hui si je savais que je m’exposais à une grossesse à chacune de mes intimités avec Ibra si je l’aurai laissé faire.
Je pense que non. Quitte à tomber enceinte, vaut mieux coucher.
Quand nous autres filles/femmes, nous nous adonnons à de telles pratiques ; qu’essayons-nous de conserver ? Un hymen intact sans doute.
Ça n’a absolument aucun sens car l’hymen se reconstruit aujourd’hui. Si c’est juste pour cette tâche de sang, mieux vaut payer pour l’avoir.
Je vis mal cette grossesse mais au moins maintenant je ne pleure plus.
A quoi ça sert ?
Les larmes n’enlèveront pas cette grossesse ou me faire revenir en arrière.
L’autre jour j’ai croisé Ibra, il était avec une pouffe. Il a même pas fait attention à moi et le pire et que je l’ai entendu dire un truc à cette fille qui était après morte de rire. Mon cœur me dit qu’il parlait de moi.
Ibra est vraiment un type répugnant, je me demande encore comment ai-je pu tomber amoureux de lui.
En ce moment je suis assignée aux travaux domestiques de la maison. Oumel n’est plus là ; je fais tout toute seule et selon maman le fait de rester mes journée à ne rien c’est mauvais pour la grossesse, tant que j’ai un toit sur ma tête, je peux tout faire. Quand j’ai appris pour ma grossesse, je pensais réellement que mon père allait me mettre dehors. Ma mère aussi, c’est pour ça qu’elle était aussi inquiète. Papa ne m’a rien dit. Maman m’a parlé et m’a dit à quel point elle était déçue de moi. Quelle mère a envie de voir sa fille célibataire enceinte ? Le fait d’être restée vierge malgré la grossesse ne pouvait pas arranger les choses.
Comme toujours les gens du quartier savent que je suis enceinte. Je pensais que ça attendrait que j’aie un énorme ventre mais leur radar n’a pas attendu ça.
La seule chose que je me demande c’est est-ce que qu’ils savent que j’ai pas couché pour l’être…
Ça rend cette histoire plus intrigante et ça fera de moi une fille dont on parle dans les rencontres.
Si c’est juste la grossesse, je ne suis ni la première, ni la dernière et je sais que très vite je me ferai oublier.
J’étais perdue dans mes pensées quand j’ai entendu ma mère crier mon nom.
Je me lève pour aller la rejoindre dans sa chambre.
-Je pensais que tu dormais encore…
-Non je suis réveillée depuis un moment, j’ai même fait le ménage.
-Ok, tu as pris ton petit-déjeuner ?
-Non, j’ai pas faim.
-Assy, tu veux te tuer ?
-Non mais j’ai pas d’appétit.
-Et après ? Tu dois prendre soin de l’enfant que tu portes.
-Maman, demain je dois aller au centre pour ma visite prénatale.
-Oui, j’ai pas oublié.
-Ok.
-Va prendre ton petit-déjeuner et après tu pourras aller au marché.
Je connais ma mère, faire un bras de fer ne va servir à rien mais walay j’ai l’estomac noué. J’ai envie de rien.
Je vais à la boutique acheter du pain. J’avais préparé du thon l’autre fois et il en reste. J’en réchauffe un peu pour en mettre dans le pain et j’ai réchauffé du café au lait.
Au début je mangeais bien sans aucun souci mais du tic au tac j’ai eu un haut-le-cœur et je me suis pressée d’aller aux toilettes pour vomir.
Ma mère m’a entendu faire donc elle vient me voir.
-Ça va ??? Me demande-t-elle.
-Je savais que je ne voulais pas manger…Répondis-je.
-Tu dois te battre avec ça. Prends une pastille à la menthe, peut-être que ça te calmera.
Je me nettoie avant de sortir. J’avais quelques bonbons dans mon sac et j’en prends.
C’est bizarre que ça me fasse ça. Je pense avoir entendu qu’on avait ces problèmes que durant les premiers mois de grossesse.
Maman me dit que chaque femme est différente.
Demain durant ma visite, je vais en parler à la gygy en espérant qu’elle me trouve une solution.
*********
Finalement, maman m’a demandé de me reposer vu que je ne me sentais pas bien et elle s’est elle-même chargée de la cuisine. Ça me gêne de la laisser faire mais je me sentais trop mal pour lever ne serait-ce que le petit doigt.
En ce moment on est au centre pour ma consultation et selon la gygy j’ai pas à m’en faire que moi et le bébé allons bien, Je suis à mon sixième mois.
-Vous voulez savoir le sexe du bébé ??? Nous demande-t-elle.
Ma mère me regarde avec des yeux signifiants « c’est ton bébé, c’est à toi de choisir ».
-Oui, répondis-je. A quoi bon attendre l’accouchement quand on peut savoir dès maintenant.
-C’est une fille…Dit-elle.
Je sais pas ce que je ressens à cet instant précis.
Je pense que fille ou garçon, je l’aurai aimé de la même manière.
Je lâche un sourire et je dis rien de plus.
-Je voulais aussi qu’on parle d’une chose… Atteste la gygy.
-Oui.
-Je vois que vous êtes toujours vierge.
-Oui, c’est un problème.
-Vous ne pourrez pas avoir un accouchement normal tant que votre hymen sera là. Je pensais que c’était évident et que vous devriez vous en doutez.
Ma mère me regarde et je la regarde pareillement, aucune d’entre nous ne sait quoi dire.
-Je vous conseille d’aller voir le père de votre enfant pour qu’il vous dévierge.
La gygy me parle de ça comme si c’était la chose la plus naturelle au monde.
En plus ça se voit qu’elle ne sait que l’imbécile de père de mon bébé ne reconnait pas qu’il est le géniteur.
Putain !!! Qu’est-ce que je vais faire.
********
Sur le chemin du retour, ni ma mère ni moi ne parlions.
Ayant marre de cette atmosphère, je lui demande si elle me laisse aller rendre visite à Oumel.
Elle a dit oui et je n’ai même pas attendu d’arriver à la maison, je suis allée voir Oumel aussi vite que j’ai pu.
Heureusement qu’Oumel ne vit plus dans la maison familliale, son mari l’a installé dans un appartement, un appartement luxueux. Le mec roule sur l’or c’est normal. La seule chose dont je ne l’envie pas c’est le fait que son mari soit aux USA pris par les affaires. Amour à distance n’est jamais facile à gérer.
********
C’est au moment où je me retrouve devant sa porte que je me rappelle que je ne l’ai pas prévenu de ma visite.
Elle est en vacance en ce moment donc il n’y a pas école. Je connais ma sœur, elle n’est pas comme moi. Elle n’aime pas sortir.
Je sonne.
C’est sa domestique qui ouvre la porte.
-Bonjour.
-Bonjour Assy…Dit-elle avant de se décaler.
J’entre et je demande après Oumel, elle me fait savoir qu’elle est au salon.
Quand elle me voit un sourire nait sur son visage.
Je m’installe.
-Qu’est-ce qui t’amène aujourd’hui ?
-Ma petite sœur me manquait.
-Oui, c’est ça. J’espère que tu amènes des potins sur les gens du quartier.
-En ce moment, je suis le potin du quartier. L’autre jour j’ai entendu Ely dire que j’ai été conne et que dans ce pays plus personne ne tombe enceinte.
-Ah, parle-moi de quelqu’un d’autre wayyy !!! Tout le monde connait Ely.
-Une femme aux mœurs légères.
-Je n’aurais pas pu mieux la présenter.
-Tu vois…
-Comment vont les parents ?
-Ils vont bien. Quand comptes-tu venir à la maison ?
-Toi, tu veux que je vienne à la maison chaque semaine.
-Plus ou moins. De toute façon, ton mari n’est pas là. Pourquoi rester toute seul dans cette appartement ?
-Je suis pas seule, je suis avec Nadia.
-Oui c’est ça.
-Comment vont les jumeaux ?
-Toujours aussi fous.
-Oui ils vont jamais changer. Papis est toujours avec sa vieille.
-Il avait dit qu’il allait l’épouser mais depuis lors on attend ce mariage.
Oumel se met à rire.
-Je peux te promettre que mon bébé naitra et aura plusieurs années avant que Papis ne se case.
-C’est Papis. Il va pas changer du jour au lendemain.
-En plus il trompe la vieille.
-Tromper ?
-Tu vas me dire que ça t’étonne… Papis ne peut pas rester tranquille.
-En plus le poste qu’il occupe c’est grâce à la vieille. Walay s’il fait l’erreur de la mettre en colère, il peut lui dire adieu.
-Je lui en ai parlé l’autre jour et il m’a dit qu’il fait très attention.
-Ton frère aime vivre dangereusement, c’est ça son problème.
-Il dit qu’il va épouser la vieille mais c’est la fille qui a notre âge qui vient à la maison. Il l’a même présenté à maman.
-Ah oui ?
-Oui. Il n' est pas fou, il sait d’avance que maman sera contre sa relation avec la vieille, peut-être qu’il essaie de gagner du temps.
-Ou bien comme d’habitude, il ne sait pas ce qu’il veut et encore moins où se mettre.
-Je suis pas là pour parler de Papis. Elle est où Nadia ?
-Dans la cuisine pour le repas.
-Si on parle, elle ne va pas nous entendre.
-Non je crois pas. Si ça peut te rassurer, je vais fermer la porte.
-Oui c’est mieux, merci.
Elle se lève pour aller fermer la porte.
-Tu sais, ce matin j’étais en consultation.
-Oui comme toutes les femmes enceintes.
-La gygy m’a dit une chose que j’aurais préféré ne pas entendre.
-Qu’est-ce qu’elle a dit ?
-Que je ne pourrais jamais avoir cet enfant en restant vierge donc il faut que je me fasse dévergier.
-J’avoue que j’étais surprise qu’elle ne t’en ait pas parlé plus tôt. Mais après puis que chaque femme est différente, je me suis alors dise que peut-être que toi tu en as pas besoin.
-Comment tu sais ça toi ?
-Tu penses être la première vierge enceinte ou quoi ? Assy tu as trop été dans ta bulle. Je pense qu’il est temps que tu en sortes.
-Normalement je devais aller voir Ibra mais je préfère mourir sur la table d’accouchement que de m’offrir à ce type.
-Si tu décidais de le faire, je ne t’aurais plus adressé la parole.
-T’inquiète… Je suis pas folle. En parlant de sexe, comment ça se fait que tu m’aies jamais raconté ta première fois. A chaque fois que je veux en parler, tu tergiverses. Tu as eu aussi mal que ça.
Oumel lâche un soupir et là je la sens contrarier.
-J’ai jamais raconté parce qu’il n’y a rien à dire.
-Y a toujours quelque chose à dire.
-Toutes les premières fois se ressemblent. Et toi que comptes-tu faire ?
-Aucune idée… J’ai encore 3 mois.
Je suis sur le point de revenir à la charge quand Oumel change catégoriquement de sujet.
Je pense que ce n’est rien c’est juste qu’elle est trop pudique. C’est Oumel le contraire m’aurait étonnée. Mais qu’elle compte sur moi pour ne pas lâcher l’affaire. Je suis sa sœur pas une inconnue.
*******
Mes insistances n’ont rien donné. J’ai jamais vu une fille aussi têtu qu’Oumel. Ma mère m’a appelé pour me demander de rentrer qu’elle avait besoin de moi.
J’aurais préféré rester chez Oumel mais j’ai pas eu trop de choix.
J’arrive chez moi et je vois qu’on a de la visite.
Je vois une de mes tantes, c’est une des cousines de mon père. Je salue tout le monde et au moment de sortir, ma mère me demande de rester.
J’obéis et je m’assois.
Ma tante commence à parler d’arrangement que ça va être une chose qui se passera au sein de la famille et on a besoin de ça.
Mon père acquiesce et surtout il me sert qu’avec un enfant hors-mariage je peux être sûre qu’aucun homme ne voudra de moi. C’est la première fois que mon père parle de ma grossesse, si j’avais le choix, il aurait continué de ne pas en parler.
Ma tante et mon père se sont mis d’accord pour donner en mariage à un de mes cousins. Ce qui dérange actuellement c’est pas de me marier avec un de mes cousins mais de me retrouver lier à un bandit.
Oui je pèse bien mes mots, ce type est un bandit. Il fume toute sorte de merde et en plus c’est un alcoolique. Vous savez ce qu’il a comme travail ?
Non parce qu’il en a pas. Il est tout le temps dans des magouilles et s’est retrouvé déjà deux fois en prison.
Jamais je ne me marierai avec lui.