Chapitre 01
1ère Partie : Une perte et une découverte
J’ai vécu une enfance paisible avec ma grand-mère. Ma mère était toujours en voyage (d’après les explications reçues). Je n’ai pas eu à vivre des moments entre mère et fille. Je n’ai connu que ma grand-mère. Cette dernière se débrouillait seule pour me mettre à l’aise et cédait à toutes mes caprices. J’aurai aimé voir ma mère ou mon père venir me prendre à l’école comme certaines de mes amies. J’irai même jusqu’à dire que je n’ai pas connu l’amour parental comme la plupart des jeunes. Parfois j’discutais avec ma mamie pour en savoir plus sur mes origines. Et pourquoi mes parents ne sont jamais présents.
Kiné : Mame, pourquoi maman et papa ne sont jamais là ???
Grand-mère : C’est parce qu’ils sont en voyage. Ils se débrouillent pour te mettre à l’aise à l’avenir. Ils reviendront bientôt et tu seras très contente.
A chaque fois, c’est la même réponse mais je ne pouvais que croire en ses dires. J’étais vraiment joyeuse avec mamie. L’absence de mes parents me revenait à l’esprit que lorsqu’il y’avait une manifestation à l’école ou des réunions parentales. Honnêtement, je ne manquais de rien. Je ne marchais pas sur l’or mais je n’ai jamais mangé du sable. Grand-mère avec ses maigres moyens et ses revenus minimes m’a donné une vie de princesse. Nous vivions avec le frère et 2 petites sœurs de ma mère. J’étais sa préférée, j’ai pris la place de la cadette qui était jalouse des privilèges de mamie envers moi. Elle vendait des beignets, de l’acara, fataya bref, tout dans la farine. Elle m’achetait toutes sortes d’habits. Mes amies ne s’habillaient pas mieux que moi. Je n’enviais aucune copine. Il m’arrivait à poser des questions à mamie.
Kine : Mame pourquoi tout ton argent tu le dépenses pour moi. Je ne sais pas comment faire pour te le rendre au centuple.
Et à chaque fois sa seule réponse, c’était :
Grand-mère : Kiné tout ce que je te demande, c’est de me présenter de bons résultats. Que tu te concentres sur tes études. Une chose est sure, tu ne manqueras de rien tant que j’serai en vie.
J’essayais toujours de ne pas la décevoir, j’me concentrais sur mes études. N’empêche après chaque descente, j’aidais grand-mère pour son commerce. Je ne sortais jamais dans les 5 premiers. Le soir j’étais avec mamie pour le commerce et la nuit j’étais dans mes cahiers. Dieu merci, j’avais toujours de bonnes notes. Au fur et à mesure que les années passèrent, grand-mère est rattrapée par l’âge, elle n’avait plus de force pour faire le travail. Elle a diminué ses marchandises, elle se contentait que sur les beignets et pas plus. En 2002, j’ai réussi mon BFEM au 1er tour, Mamie était fière de moi. Elle était trop contente même si elle n’a pas fait des études, elle sait ce que signifie BFEM. Cette année a été un tournant de ma vie. Mamie était gravement malade, elle avait un AVC. Elle était fatiguée, la force de la maladie est passée par là. Mais Brave qu’elle est, elle continuait à se battre, jusqu’à tomber avec les armes en main. La faucheuse est venue frapper fort et elle a été sans pitié. Elle a remporté ma grand-mère un soir sans prévenir. Le rideau est tombé pour elle, sa représentation est terminée. Je suis assis dans mon fauteuil d'orchestre et aimerais te faire une ovation, me lever pour rendre hommage à la femme que tu as été et surtout à la grand-mère que tu resteras toujours. Ma mamie a rendu l’âme après avoir formulé des prières en mon encontre. Ses paroles sont restées graver en moi, jusque-là. Les derniers mots de mamie :
« Kiné mon heure est proche, je me suis battue corps et âme pour continuer à t’accompagner mais ce n’est plus possible. La faucheuse est plus forte que moi. Mais Dieu est bon et juste. Il n’agit jamais sans raison, peut-être, c’est le prix à payer pour ta réussite. Je ne te demande qu’une seule chose, reste comme je t’ai éduquée. J’serai loin de tes yeux mais j’resterai toujours près de toi. J’suis déjà fière de toi mais j’veux que tu sois fière en ta propre personne. N’envie personne dans ta vie, n’oublie jamais tes prières, ne te dispute jamais avec des personnes qui sont plus âgées que toi, ne prend jamais quelque chose qui n’est pas pour toi, ne sois pas rancunière, pardonne aux personnes qui te feront du mal, aies toujours un esprit de dépassement, aides les personnes que tu pourras aider, ne sois jamais rancunière. La vie sera toujours un combat. Elle ne sera pas toujours rose mais à chaque fois que tu veux abandonner, repense à ton passé, les pires choses que nous avons vécues ensembles. Tu rencontreras différentes personnes qui n’auront pas les mêmes objectifs envers toi. Le chemin sera long, sombre, épineux mais n’abandonne jamais. Je t’avertis que tu traverseras des mauvais moments mais tu ne tomberas jamais à terre. Tu perdras des batailles mais tu remporteras toutes les guerres. Reçois toutes mes prières et je t’assurer qu’aucune de tes amies et ennemies n’aura plus de valeurs que toi. Tu seras une grande personne. Il y’aura des évènements qui passeront surement après ma mort mais pardonne et donne une chance à cette personne.
Kiné : Non Mamie ne dit pas ça. Il te reste des années à vivre. Il faut que je t’amène à la Mecque. Tu ne peux pas et tu n’as pas le droit de m’abandonner.
Grand-mère : Va à la boutique et tu m’achètes une bouteille de VIMTO.
C’était sa boisson préférée. Je me suis précipitée pour aller à la boutique. A mon retour, j’ai croisé l’ainé de la famille, le grand frère de ma mère devant la porte, il me tient la main avant de me serrer dans ses bras.
Tonton : Tu es devenue une grande fille, tu as 17ans et tu es intelligente. Ta mamie vient de rendre l’âme. Elle n’est plus de ce monde. C’est difficile mais soit forte.
Le monde s’écroule. C’est comme si, on n’avait mis le monde sur ma tête. Je m’étais évanouie. Je ne savais plus ce qui se passait. A mon réveil, j’ai essayé de demander ce qui se passe. La maison était déjà remplie de proches malgré la nuit. Mamie était une gentille personne, elle rassemblait tout le monde, elle n’aimait pas voir des personnes se disputaient. Elle était un exemple dans le quartier. Les pleurs raisonnaient dans la maison. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai été forte, je n’avais pas sorti une seule larme. Au contraire, j’calmais les autres et ça étonnait tout le monde. Ce qui m’a fait le plus mal, c’est que je ne l’ai pas vu avant qu’elle ne soit transférée à la morgue du quartier.
Le lendemain à 10h avant son enterrement, nous sommes allés à la morgue pour les derniers adieux. J’étais accompagnée de mes tantes et oncles. J’ai vu de mes propres yeux ma mamie étalée au sol. Les souvenirs reviennent en moi, j’la rendais hommage intérieurement. Mamie, Je n’oublierai jamais les moments d’aventures, les contes d’Amadou Coumba que tu maitrisais tant. Je n'oublierai pas ta force de vivre, ton sens de la dignité et de l'honneur. Tu m'as inculqué le respect que l'on doit aux autres afin d'être respecté. Enfant, j'admirais ta détermination, ton courage. Ta force de travail aussi. Tu semblais ne jamais t'arrêter. Mais je serais ingrate si je ne mentionnais que tes qualités morales, car s'il est une chose à laquelle tu m'as initié, et qui m'a marqué pour le restant de mes jours, c'est bien le plaisir de travailler.
Après les derniers moments dans la morgue de la mosquée, on nous fait sortir avant de déplacer mamie pour la prière mortuaire. Nous femmes, sommes restées devant la porte de la mosquée, attendant patiemment la fin de la prière mortuaire qui a duré moins de 5mn, mamie est transportée par un pick up direction les cimetières. C’était les dernières images qui me restent.
Au fond de moi, je me demandais que vais-je devenir ? Quelle sera ma vie future ? Est-ce que j’aurai tout ce que j’veux ? Une chose est sure personne ne pourra prendre sa place en moi. Hommage à toutes les personnes qui ont été éduquées par leur mamie.
Nandité : Une pensée spéciale à toutes les personnes qui ont perdu un ou des êtres chers qui ont eu in impact dans leur vie. Respect…
Les jours passèrent et au 40ème jour, une séance de prière est organisée. Pendants la cérémonie religieuse, j’ai vu une dame qui ne cessait de me regarder mais à chaque fois, elle fuyait mon regard. On s’est saluée respectueusement et elle était assise près d’une de mes tantes. Elle a même passé la nuit avec nous dans notre chambre. La dame était tout le temps à la maison. Elle était vraiment sympathique. On me l’avait présenté comme une cousine de la famille. Je l’appelais tante comme les autres.
Les jours passèrent et chaque jour, la dame passait pour s’enquérir des nouvelles de la famille. Elle me couvrait de cadeaux, des habits, des chaussures, de l’argent, bref, elle se comportait comme mamie même si elle ne l’arrive pas à la cheville, elle faisait tout son possible. J’étais étonnée et surprises de ses gestes sympathiques. De temps en temps, elle m’invitait à sortir pour aller manger ou boire quelque chose. Depuis la disparition de mamie, la situation avait un peu changé, nous avions une ration complète. Franchement, elle était trop gentille envers moi. Elle me disait de ne pas avoir honte de demander quoi que ce soit, et qu’elle était là pour moi. Prétextant que nous avons eu la même vécue, qu’elle était élevée par sa mamie et que cette dernière est partie dans l’autre monde. J’étais vraiment touchée par son geste. A l’approche des ouvertures, elle m’a inscrit dans un établissement privé beaucoup plus cher. J’voulais vraiment savoir pourquoi cette gentillesse en mon encontre et quel sera le prix à payer. Après beaucoup de question sans réponse, j’suis tombée sur une conversation entre cette dame et mon tonton.
Tonton : Maman n’avait jamais l’intention de te priver de ton enfant mais ton comportement l’avait poussé à te jeter dehors. Je ne te tiens pas responsable de ce qui lui est arrivé mais tu en fais parti. Après votre conversation, elle a eu cette attaque qui l’est fatale. Nous n’avons pas les moyens de l’éduquer et la donner la vie qu’elle mérite. Il est temps que tu l’expliques toute la vérité. Elle est assez mature et c’est une brave fille. Elle va comprendre, il faudra juste lui donner le temps de tout digérer. Elle a vécu récemment une chose difficile et même si elle a été forte, on peut sentir qu’elle est malheureuse.
La dame : Je me sens responsable de la disparition de votre mère, j’dirai même notre mère. Elle a été vraiment sympathique envers moi. Je ne suis pas revenue pour prendre ma fille de gré ou de force. J’étais venue juste demander si j’peux récupérer ma fille et elle l’a mal pris. Je ne me pardonnerai jamais ce geste de ma part. Je n’ai pas le courage d’expliquer quoi que ce soit à Kiné que j’suis sa mère. Stp, j’ai besoin de ton coup de main. J’veux que tu m’aides à récupérer ma fille.
Kiné : Ma mè…mè...mèèèèèrrrrreeee ? C’est une blague ??? Non dites-moi que tu blagues madame. Tu es la cause de la mort de ma mamie, la personne qui m’a donnée tout ce que j’voulais. Ce brave a eu une attaque à cause de toi.
Tonton : Kiné écoute, ce n’est pas ce que tu crois. J’vais t’expliquer et tu vas comprendre. Calmes-toi d’abord et tu sauras toute la vérité. Viens t’assoir. Elle n’est pas la cause de la mort de mamie. Viens au salon avec moi.
Je les suis au salon. Les autres tantes ont suivi nos pas. Nous étions au complet, l’ambiance était silencieuse et triste. La dame avait commencé à pleurer, j’étais dans un état étrange.
Tonton : Comme tu l’as entendu accidentellement, elle est ta mère. Que tu la veuilles ou non, c’est elle qui t’a mis au monde. Y’a des choses qui se sont passées et il vaut mieux que tu l’ignores. Ça ne sert à rien de retracer le passé. Nul n’est parfait, elle est revenue pour réparer son erreur et si j’étais toi, je la donnerai une chance pour qu’elle s’explique. Tu ne peux pas avoir une autre maman, c’est impossible, nous n’avons qu’une seule mère. Quelle soit gentille, méchante, mauvaise, pure ou quoi que ce soit, elle est ta mère. Je n’ai plus rien à rajouter. La vérité, c’est à elle de l’expliquer. Si tu veux tu peux te lever et quitter le salon, au cas échéant, tu peux discuter avec elle. Nous allons sortir et vous laisser parler. J’pense que vous avez des choses à vous dire.
Ils se lèvent et quittent le salon. J’étais bouleversée par cette nouvelle inattendue. J’étais perdue dans mes pensées. La dame continuait toujours à pleurer comme une madeleine. Nous sommes restées presque 30mn sans piper un mot. Elle a fini par briser le silence.
Mariama : J’sais et j’comprends que j’puisse être la dernière que tu souhaites voir dans cette vie mais j’suis ta mère. Comme l’a dit ton tonton, que j’sois bonne ou mauvaise, j’suis ta mère. Y’a eu des problèmes dans le passé qui m’ont poussé à te renier comme ma fille. J’préfère que tu ne saches pas ses problèmes. Tout ce que j’veux est que tu pardonnes mon absence. J’accepterai toutes tes conditions mais au finish, j’veux ta clémence et ton pardon.
Kiné : Tu veux que je te pardonne, il faudra m’expliquer tout ce qui s’est passé sans oublier les moindres détails.
Mariama : J’étais jeune et innocente lorsque j’ai rencontré ton père. A force de s’aimer, nous avons fini par se marier. Nous avons quitté le village pour s’installer en ville. A l’époque, j’avais perdu mes deux parents dans un accident et il ne me restait que ton père. Notre famille s’est dispersée, chacun est parti vivre sa vie sans se soucier de l’autre. Ce fut un long chemin de croix, la vie ne nous avait pas réussis et j’ai fini par tomber enceinte. Nous habitions dans le même quartier que la dame qui t’a éduqué. Au temps, elle vendait au marché. Elle nous venait en aide tout le temps. Avant ta naissance, ton père avait fait un prêt à la banque et il n’avait pas de quoi payer. Il était en faillite dans son projet et il a pris la fuite. Depuis lors, il n’a pas donné signe de vie. Ta naissance était un moment difficile. C’est cette dame qui avait pris en charge tous les frais de l’accouchement. A ma sortie, j’ai logé chez la dame qui avait loué 2 chambres pour elle et ses enfants. Le logement était trop petit pour nous contenir tous. J’ai pris une chambre mais je n’avais pas de quoi payer, ni subvenir à tes besoins. Les propositions indécentes se multipliaient, le propriétaire de la maison voulait que j’paie d’une autre manière ce que j’refusais. Fatiguée de vivre avec toutes ses menaces, une nuit, je t’ai déposé dans le couloir de la maison de cette dame avant de prendre la fuite.
Kiné : Donc mamie n’était pas un membre proche ainsi que mes tantes et tonton ??? Si j’ai bien compris, tu m’as jeté et elle m’a ramassé ???
Mariama : Non je ne t’ai jamais jeté. J’savais qu’elle pourrait bien s’occuper de toi. Elle t’a toujours aimé.
Kiné : Tu penses que c’est facile. Je n’arrive pas à croire ce que j’entends. Où étais-tu madame pendant ses 17 longues années ??? Est-ce que tu sais ce que j’ai enduré avec ce vide qui était en moi ? Tu penses que c’est facile pour moi de pardonner et de faire comme si de rien était. Tu pensais à quoi, que j’allais me jeter dans tes bras heureuse et oubliée tout ce que qui s’était passé. Je n’avais jamais cru que j’croiserai ma mère dans ses circonstances. Même si ton histoire est triste et frappante, je ne vois aucune explication qui pourra justifier cette absence. Un enfant est un don de Dieu. Avant de m’abandonner est-ce que tu as pensé à ses nombreux couples qui ne rêvent que de voir ne serait-ce qu’un petit enfant jouait dans la cour de leur maison. J’suis désolée mais j’préfère cette famille que j’ai toujours connue. Tu as pris la fuite pour aller où exactement ???
Mariama : J’suis partie vivre chez une amie en Gambie. Le début était difficile pour moi. J’suis restée plus de 5ans sans travailler mais j’ai fini par trouver un boulot. J’travaillais pour un riche couple gambien avant qu’il ne choisisse de vivre en Angleterre. Il ne voulait pas me laisser ici, parce que leurs enfants ne savaient que moi. Ils me considéraient comme leur maman. Ils ne voulaient pas partir sans moi. J’ai vécu 10ans là-bas et j’ai réussi à créer mon propre business. Je te jure que j’suis revenue au Sénégal plusieurs fois pour te rechercher mais malheureusement, vous aviez déménagé. Je te jure sur ma vie que j’ai remué ciel et terre pour te revoir. J’ai même pris un détective privé pour accélérer la recherche. C’est ce dernier qui m’a vraiment aidé à te retrouver. Mais je ne pouvais pas venir m’afficher comme ça et me présentait comme ta mère. J’suis venue parler à ta mamie de mes intentions de te révéler toute la vérité mais cette dernière ne voulait pas l’entendre. Elle était trop énervée et elle a fini par avoir cette attaque. J’ai fait tout mon possible pour que tu ne me voies pas tant qu’elle ne l’aura pas voulu. Malheureusement, Dieu en a décidé autrement. J’vis maintenant au Sénégal depuis presque 1an, j’venais tout le temps aux nouvelles. J’ai préféré rester dans l’ombre pour ne pas perturber tes études. J’avais promis à ta mamie de ne jamais faire quelque chose sans son accord. J’devais respecter ma promesse. Elle n’a jamais accepté mon argent pour ton éducation. Elle t’aimait d’un amour pur et propre. Je l’en serai éternellement reconnaissante. Elle a fait de toi une fille éduquée, mure et respectable. Mashallah.
J’étais tellement perturbée par toutes ses révélations. J’étais éduquée par une famille adoptive et pourtant, personne ne m’a regardé comme un adopté. Ils étaient vraiment gentils avec moi. Ils cédaient à toutes mes caprices. Je leur en serai reconnaissante toute ma vie. J’avais pris une place qui n’était pas la sienne et pourtant, ils ont accepté sans rancune. Je me rappelle de leur cadeau à chaque mois de décembre. Dans ma tête, je ne pouvais que rendre grâce au Bon Dieu pour cette famille d’accueil. Je les considérerai toujours comme ma vraie famille. Mamie s’est sacrifiée toute sa vie pour me mettre dans d’excellentes conditions. Je ne pouvais pas répondre à cette dame qui n’est autre que ma mère. J’ai préféré me taire un long moment, elle est sortie du salon en larmes. Tonton est revenu avec les tantes pour me parler. On se reparle très prochainement.
2ème partie : Une décision prise en commun accord
J'ai vu que j'ai réveillé de mauvais souvenirs... Respect à vous tous...
Tous les membres de ma famille adoptive sont venus vers moi et me serré dans leur bras à tour de rôle. Ils pleuraient aussi mais mon tonton a repris la parole.
Tonton : Kiné tu sais ta place dans cette famille. Nous serons toujours là pour toi dans n’importe quelle situation. Tu peux toujours compter sur nous comme ça a été le cas durant ses 17ans passés. Nous voulons le meilleur pour toi. Tu as une marge de progression dans tes études. Tu es un très bon élève et tu mérites d’aller dans les plus grands et meilleurs établissements. Nous souhaitons que tu réussisses dans tes études comme l’a toujours voulu maman, mais nous n’avons pas les moyens de t’accompagner dans tes études. Ça ne nous fait pas plaisir de te le dire mais nous aimerions que tu vives avec ta mère. Elle a les moyens de gérer tes études. Elle a fait une erreur mais elle la reconnait et elle ne veut que ton pardon. Nous savons que ce ne sera pas une partie de plaisir mais avec le temps tu finiras par pardonner. Nous t’avons éduqué et nous savons que tu as un bon cœur. C’est la surprise de la nouvelle qui te pousse à réagir de la sorte. Elle ne t’a pas abandonné parce qu’elle ne t’aime pas mais elle avait peur. Elle pensait que tu n’allais jamais survivre à ses cotés à cause de ses manques de moyen. Essaie de pardonner et d’aller de l’avant avec elle. Donne-lui l’occasion de te prouver qu’elle t’aime.
Kiné : J’suis prête à fréquenter les établissements publics mais j’veux rester avec vous. Je n’ai qu’une seule famille et c’est vous. Je ne me focalise pas sur sa richesse, pour moi la vraie richesse c’est l’amour et les valeurs. Ce que vous avez fait pour moi est la plus grande richesse.
Ma tante : Nous savons que tu nous aimes énormément et c’est réciproque. Mais écoute ton tonton, il a raison, nous ne pourrons pas assurer tes études et une mère est une mère. Le dernier mot te revient dans tous les cas. Ici ce sera toujours chez toi. Si tu veux rester aussi, nous ne te chasserons jamais de la maison. Mais pour un avenir radieux, nous voulons que tu acceptes la proposition de ta mère. Tu pourras venir nous voir quand tu veux. La porte de la maison te sera toujours ouverte. Tu rêvais de nous aider à nous sortir de la vie modeste que nous menons et bien, c’est le moment de saisir ta chance et de mettre tous les atouts de ton coté pour réussir. Nous te faisons confiance, maman a mis des valeurs sures en toi et nous savons que tu ne dévieras jamais le chemin.
Kiné : Donc vous me proposez d’aller vivre avec cette dame.
Ils répondent à l’unisson OUI. J’comprends leur souci. Ils veulent ma réussite et ils ne peuvent pas assurer mes dépenses. Nous vivons des moments difficiles. Tous les membres de la famille sont en chômage. Tonton faisait les journaliers, tantôt il est pris, d’autre fois non. Même si dernièrement, la situation avait changé à cause de la dame qui prétend être ma mère. Elle avait amené des sacs de riz, de l’huile, du sucre bref une ration complète qui pourra tenir un mois. Elle faisait des efforts, à part son abandon, je n’ai rien à lui reprocher. Elle a été jusque-là sympa. J’ai fini par accepter la requête de ma vraie famille. Je n’avais plus les nouvelles de ma mère. Elle m’avait laissé son numéro en me disant si tu as besoin de moi, tu peux m’appeler quand tu veux. Pour dire vrai, j’avais une folle envie de l’appeler mais mon orgueil m’empêchait de le faire. J’ai toujours rêvé de vivre avec ma mère. J’croyais que j’serai la fille la plus heureuse quand j’verrai ma mère mais la situation en est autrement. Quand je me rappelais, la joie de mes amies quand elles étaient avec leur parent, l’envie de recoller les morceaux me hantait. En plus, ses explications sont convaincantes. Elle voulait une meilleure vie pour moi. Elle ne m’a pas abandonné par manque d’amour mais pour mon mieux. Elle est humaine, elle n’est pas parfaite et tout le monde mérite le pardon. J’pense que c’est à cause d’elle que mamie me disait de pardonner à une personne. J’pense que j’dois la donner une chance de prouver que son absence n’était qu’une simple erreur. J’ai fait part de ma décision à mes tantes de rappeler ma mère et elles étaient contentes avant de m’encourager.
Le dimanche, à mon réveil, j’ai composé son numéro. Au bout du fil, j’entends cette voix qui reste pour le moment étrangère.
Kiné : Bonjour, c’est tata Mariama ???
Ma mère : Oui c’est Mariama. Qui est à l’appareil ???
Kiné : C’est Kiné à l’appareil.
Mariama : Ki…ki…Ki…. Kinééééé ma fille ???
Kiné : Oui.
Mariama : Attends, je te rappelle. Ne gâche pas ton crédit.
Elle me raccroche avant de me rappeler automatiquement. J’peux sentir sa joie de me parler. Elle était contente, elle cherchait les mots qu’elle avait du mal à retrouver. Elle bégayait gravement, sa voix tremblait j’peux deviner facilement qu’elle était gagnée par l’émotion. Elle ne me laissait plus parler, elle enchainait les phrases sans que je ne comprenne quoi que ce soit. Elle faisait des hors sujets, je ne suivais plus sa discussion, d’un côté, elle me faisait rire à cause de ses paroles qui n’ont pas d’harmonie. Il fallait que je l’aide à retrouver le chemin de la discussion.
Kiné : Mariama, j’peux parler ???
Mariama : Ok excuse-moi, j’parle sans savoir ce que j’dis. J’suis désolée, je ne t’ai pas laissé parler depuis ton appel. J’suis tout simplement contente d’entendre ta voix. Tu ne sais pas la joie que j’ai en recevant ton appel.
Kiné : J’veux qu’on se voie, si vous avez le temps. J’veux discuter avec toi.
Mariama : SI tu veux tout de suite même, j’peux me déplacer. Je ne fais rien, à part me reposer. J’voulais juste aller au salon pour me refaire ma coiffure mais j’peux tout annuler. Ça peut attendre.
Kiné : Non c’est bon. Nous pourrons attendre le soir vers les 18h si ça vous arrange.
Mariama : J’serai présente chez toi à 18h00.
Kiné : Bonne journée.
En raccrochant mon téléphone. Mes tantes étaient présentes quand j’parlais au téléphone avec Mariama. Elles étaient contentes que j’puisse revenir à la raison. La journée se passait super bien. 17h50mn, Mariama était présente à la maison avec sa voiture. Elle était belle quoi qu’on puisse dire avec ses rondeurs Mashallah, j’vois maintenant d’où me vient mes rondeurs. On peut deviner facilement qu’elle prend soins de son corps. Elle était plus free que d’habitude. Après les salamalecs avec la famille, elle reste assise dans la cour avec mes tantes, le temps que j’prends mon bain et de me préparer. J’ai fini ma préparation vers les 18h20mn. Elle me demande où est-ce que j’peux aller pour discuter. Je lui laisse le soin de choisir. Elle me fait monter à bord de sa voiture, direction un lieu inconnu. C’était la première fois que j’entre dans un lieu si beau et si chic. Elle me demande ce que j’voulais prendre, tout était étrange. Nous avons fait notre commande, d’ailleurs, c’est elle qui a choisi pour moi, parce que je ne connaissais que dalle. Durant tout le trajet et notre discussion, on ne sait pas fixer les yeux. Chacune fuyait le regard de l’autre.
Mariama : De quoi voulais-tu me parler ma fille ???
Kiné : J’voulais vous dire que j’accepte de vivre avec vous. Mais j’aimerai aussi que tu me promettes que j’aurais le choix de venir passer des week-ends ou des jours chez ma famille. Que vous ne m’empêcherez jamais d’aller les voir ou trucs du genre. Que vous serez patiente avec moi et que vous ne me forcerez sur quoi que ce soit.
Mariama : Tu auras le choix de faire tout ce que tu veux. Je ne serai pas exigeante envers toi. Tes désirs seront des ordres. Je te promets de me plier à toutes tes exigences. J’sais que tu as été bien éduquée, je ne chercherai jamais à augmenter ou à changer ton caractère.
Kiné : J’veux mieux vous connaitre aussi. Je ne sais rien de vous et j’aimerai un petit aperçu de vous.
Mariama : Tu auras l’occasion de me connaitre comme tu le souhaites. Pour le moment, tout ce que j’peux dire est que j’suis mariée à nouveau avec un bon monsieur qui m’aime comme j’suis et il connait mon passé. D’ailleurs, c’est lui qui m’aidait à te retrouver. Nous avons une fille fruit de notre amour. Elle a 8ans et j’sais que vous allez vous entendre. Elle est si pressée de te connaitre. Bref, tu ne seras pas dépaysée à la maison. Tu seras la bienvenue. Quand est-ce que tu comptes venir ???
Kiné : Je te laisse choisir parce que mes tantes sont d’accord pour que j’te rejoigne.
Mariama : D’accord. J’discuterai avec elles pour voir leur avis. S’il ne dépendait que de moi, nous partirons ce soir même.
Nous avons passé un bon moment ensemble. J’étais vraiment contente de sa présence à mes côtés. Yaye dal dou morom. Elle était si free avec moi, même si j’sentais de temps en temps un petit gène dans son regard. Vers les 20h, nous décidons de prendre le chemin du retour. A notre arrivée, elle s’est entretenue avec ma famille adoptive, nous étions tous réunis dans le salon.
Mariama : J’voulais m’entretenir avec vous pour savoir quand est-ce qu’elle peut partir avec moi. j’me plierai dans n’importe quelle décision que vous prendrez. J’suis à votre écoute.
Mon tonton : Nous sommes contents du respect que tu nous donnes mais nous te rappelons que c’est ta fille. A toi de choisir, nous nous plierons à ta décision.
Ma tante : Comme l’a dit grand frère, on te laisse le choix. Si j’avais un conseil, elle ira avec toi ce soir même parce que dans 2 jours, c’est l’ouverture des classes.
Mariama : Ce sera trop juste aujourd’hui. Peut-être demain, tu as raison, c’est bientôt l’ouverture des classes. On programme demain soir.
Ils avaient pris une décision en commun accord. Ils ont changé de sujet. Il se faisait tard, Mariama préparait à nous quitter. Avant son départ, elle me promet de passer demain vers les 20h pour me récupérer. J’pouvais commencer à ranger mes bagages. Mes tantes me donnaient un coup de main. J’étais silencieuse en rangeant mes bagages. Mes larmes coulaient sans que je ne fasse attention. J’partais vers l’inconnu. Quand j’repense aux moments que j’ai passé avec cette famille, je ne veux que rester avec elle. D’un côté, j’ai l’impression de trahir cette famille d’accueil. J’peux dire que j’ai pris toute leur économie et me voila prête à la quitter. Une de mes tantes s’est levée pour venir me réconforter.
Ma tante : Arrête de pleurer. N’éprouve aucun remord. Nous sommes tous contents et fiers de toi. Tu ne peux pas savoir combien nous sommes contents de savoir que tu seras dans de bonnes conditions de réussir dans tes études. Notre seul souci était de savoir comment faire pour que tu continues tes études dans les conditions idéales. Maman pourra se reposer tranquillement dans sa tombe.
Ses paroles m’ont vraiment réconforté. Je me trompais en pensant qu’ils me considéreront comme une traitresse. Nous avons fini de ranger les bagages vers les 0h. Nous partageons la chambre tous les 3. Le lendemain matin, à notre réveil, personne n’est sorti de la maison. Ils voulaient tous passer avec moi mon dernier jour dans cette maison. Je ne sais pas comment ils ont fait mais, ils m’ont offert une dernière journée de joie. La journée se passait très bien même. A 20h, Mariama s’est pointée avec une autre voiture beaucoup plus grande. Mon tonton faisait monter mes bagages. J’avais deux grandes valises. Mamie m’avait gâté d’habits, elle m’achetait tout ce que j’veux. J’suis allée voir qui s’était retiré dans sa chambre après avoir monté les bagages.
Kiné : Tonton, j’tenais vraiment à vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi. Je vous en serai reconnaissante éternellement. Vous avez été comme un père pour moi. Vous étiez toujours présent pour me donner de bons conseils et vous m’avez aidé dans différentes situations.
Tonton : Tu as été une fille facile à vivre. Et nous n’avons fait que notre devoir. Ta place en maman, tu la connais donc c’était très normal que nous l’accompagnons dans tout ce qu’elle veut. Stp, ne nous déçoit jamais. Garde les valeurs que t’a inculqué maman.
Ils me serrent dans ses bras. Je ne pouvais pas retenir mes larmes. Pour la 1ère fois de ma vie, j’ai vu les larmes de tonton. Même le décès de mamie, je ne l’ai pas vu pleurer. J’pouvais sortir de la chambre, les autres étaient dans la cour nous attendant patiemment. On serre les bras un par un sans piper mot, il n’y’avait que les larmes qui coulaient. Dans certaines situations mieux vaut se taire et laisser le silence agir. Nous montons dans la voiture avec maman avant de prendre un chemin étrange à mes yeux.
Après presque 1h de route, nous arrivons dans une grande et belle maison. Un gars était assis devant la porte de la maison, j’peux deviner facilement que c’était le gardien. Il a ouvert la porte du garage, avant de venir monter les valises. Maman fait les présentations vite fait avant que nous montons en haut. Y’avait pas de la lumière ce qui m’étonna, il faisait sombre, quelques secondes après notre montée, les lampes étaient allumées, y’avait des applaudissements et un grand tableau où c’était écrit, BIENVENUE CHEZ TOI KINE. J’pouvais voir un monsieur, une fille et 3 autres dames. Ma mère avait mis les moyens pour que je me sente à l’aise. Elle avait préparé un diner à mon honneur. Elle me présente au personnel, les 3 dames travaillaient pour elle. L’une était la cuisinière de la maison et les 2 autres se chargeaient du nettoyage. La fille était ma sœur Rama et le monsieur tonton Abdou le mari de ma mère. Ils m’ont tous mis à l’aise. Maman me montra ma chambre, une grande pièce, j’pourrai habiter avec mes tantes dans cette chambre. Elle était tellement grande et belle. J’viens de réaliser une de mes rêves une chambre avec une salle de bain. J’étais dans un autre monde. Tout était en rose ma couleur favorite. Elle avait demandé des informations sur moi pour réussir sa surprise. J’avais vraiment adoré. Ma petite sœur Rama ne me lâchait plus, elle était à mes côtés. La décoration de ma chambre me plaisait énormément. Après avoir fait connaissance de ma chambre, j’suis sortie pour diner avec ma nouvelle famille. Abdou me parlait comme sa propre fille. Toutes les conditions étaient réunies pour que je me sente à l’aise. A la fin du repas, Rama me faisait visiter la maison qui était vraiment grande et belle. J’pouvais regagner ma chambre. Il a fallu l’intervention de maman pour que Rama me laisse un peu pour que je me repose. J’voulais ranger mes bagages dans l’armoire mais j’étais surprise, elle était déjà remplie de nouveaux habits. Quand je me suis retournée, j’ai croisé le regard de maman.
Ma mère : J’ne pense pas que tu auras besoin de tes anciens habits. Ce n’est pas parce que je les minimise mais j’trouve normal que tu changes ta garde robe. Je ne voulais pas que tu laisses là-bas tes habits, peut-être ce sera mal vu par tes tantes.
Kiné : J’sais mais j’préfère garder les habits parce que mamie les a acheté à la sueur de son front et pour rien au monde je ne les jetterai. Ils resteront des souvenirs inoubliables.
Ma mère : J’suis d’accord avec toi. Tu peux faire ce que tu veux avec ses habits. Je n’y vois pas d’inconvénients.
Après ses mots, elle sort de ma chambre. J’pouvais me déshabiller avant de prendre mon premier bain dans ma salle de bain qui était très bien faite. J’peux deviner que maman est vraiment riche parce que ce que j’utilise je ne les voyais que dans les films. J’pouvais me coucher paisiblement après avoir fait toutes mes prières. J’ai prié pour ma mamie car je ne l’oublie jamais dans mes prières.