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Le prix de la liberté

**Chapitre 4 : Le Prix de la Liberté**

Les jours suivants le départ de Vincent étaient comme une longue nuit sans fin. Emma se retrouvait seule dans la maison vide, errant entre les pièces froides et silencieuses. Le bruit du vent soufflant à travers les fenêtres brisées semblait être le seul écho de ce qui restait de sa vie d’avant. L’argent, que Vincent avait récupéré sans scrupule, ne faisait qu’aggraver son sentiment d’injustice. Ses enfants, ses trésors les plus précieux, lui avaient été arrachés de la manière la plus violente qui soit. Et pour quoi ? Pour quelques billets qu’elle avait vus circuler entre les mains de celui qui l’avait trahie.

Elle n’arrivait pas à comprendre. Comment avait-elle pu en arriver là ? Comment avait-elle pu accepter ce que Vincent lui avait imposé, se prostituer à son propre détriment, pour que ce même homme la laisse tomber sans un regard de pitié ? Elle se haïssait d’avoir cédé. D’avoir cru que tout ce qu’elle faisait avait un sens.

Les papiers de divorce étaient déjà en cours, et Emma savait que la procédure serait longue, complexe et amère. Vincent avait tout prévu : la garde des enfants, le partage des biens, tout. Il était devenu un maître dans l’art de manipuler et de détruire, et il ne semblait éprouver aucun remords.

Ce soir-là, Emma se retrouva à la table de la cuisine, seule, dans l’obscurité. Elle fixa son reflet dans la vitre, se voyant à peine dans la pénombre. Son visage semblait changé, comme s’il appartenait à une autre personne, une autre vie. Elle n’était plus Emma la femme épanouie, la mère aimante, celle qu’elle avait été. Elle était devenue une ombre de ce qu’elle avait été, brisée, dévastée, rongée par la douleur.

La seule chose qui lui restait de précieux, c’étaient ses enfants. Mais chaque jour sans eux était un supplice, une torture. Elle n’avait plus de but, plus de repères. Elle se sentait comme un bateau sans gouvernail, dérivant sans direction dans une mer houleuse.

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Les premiers jours après le départ de Vincent, Emma ne sortait presque plus. Elle n’avait ni la force ni l’envie de faire quoi que ce soit. Mais la réalité du quotidien finissait toujours par la rattraper. Il fallait manger, se laver, se préparer à survivre. Et peu à peu, elle s’était résignée à accepter que la vie continuait, même si elle n’en avait aucune envie.

Un matin, elle décida de sortir pour chercher de la nourriture. Ses économies étaient presque épuisées, et elle ne savait pas comment elle allait faire pour s’en sortir. Elle se rendit dans une petite épicerie de quartier, le cœur lourd, la tête pleine de pensées noires. Chaque coin de rue semblait lui rappeler la vie qu’elle avait perdue, la stabilité, la famille, les rêves qu’elle avait partagés avec Vincent avant qu’il ne les détruise.

Dans l’épicerie, elle tomba sur une femme qu’elle connaissait vaguement : Claire, une ancienne collègue de travail. Claire était une femme agréable, souriante, et avait toujours été une oreille attentive lorsque les choses allaient mal dans la vie d’Emma. Elle la regarda un instant, semblant hésiter avant de s’approcher.

« Emma, c’est bien toi ? » demanda Claire, d’un ton chaleureux mais inquiet.

Emma leva les yeux, surprise par cette rencontre inattendue. « Claire... Je ne savais pas que tu étais ici. »

« Je viens faire quelques courses. Ça va ? » Claire l’observait attentivement, comme si elle cherchait à lire au fond de ses yeux.

Emma secoua la tête, incapable de masquer son trouble. « Non, ça ne va pas. » Sa voix se brisa, et elle sentit les larmes monter une fois de plus. Elle se força à ne pas céder. « Mon mari m’a laissée. Il a pris les enfants et... » Elle se tut, la gorge serrée par l’émotion. « Je n’ai plus rien. »

Claire posa une main réconfortante sur son bras. « Je suis désolée, Emma. Je... Je ne savais pas. Si tu as besoin de parler, je suis là, tu sais. »

Emma se mordit la lèvre. Elle n’avait pas envie de parler de tout ça. Pas maintenant. Mais Claire avait cette manière douce, bienveillante, d’ouvrir les portes de la tristesse et de la solitude. Emma accepta alors l’invitation muette, sans dire un mot. Elles quittèrent l’épicerie et se rendirent chez Claire, une petite maison chaleureuse à quelques rues de là.

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La maison de Claire était un refuge pour Emma, un endroit où elle se sentait presque en sécurité. Claire, sans poser de questions, lui offrit à boire et l’invita à s’installer confortablement. Leurs discussions étaient simples, presque banales, mais elles apportaient à Emma une sorte de paix qu’elle n’avait pas connue depuis des semaines.

« Et si tu cherches un travail, je connais quelques contacts, » proposa Claire, avec un sourire encourageant. « Tu pourrais peut-être reprendre là où tu t’étais arrêtée. »

Emma la regarda, surprise. « Vraiment ? Je ne sais pas... Je n’ai plus de références. Je... Je n’ai pas l’énergie de recommencer. »

Claire la fixa, perspicace. « Je comprends, mais tu sais, Emma, tu es plus forte que tu ne le crois. Parfois, il faut juste un petit coup de pouce. Tu sais qu’il y a des gens qui croient en toi. Moi, par exemple. »

Les mots de Claire étaient simples, mais ils avaient l’effet d’une bouée de sauvetage. Emma se sentait repliée sur elle-même depuis si longtemps, emprisonnée dans son désespoir, qu’une offre d’aide, même aussi modeste, la fit se sentir un peu moins seule. Elle se força à sourire.

« Merci, Claire. Vraiment. »

Claire lui sourit en retour, puis changea de sujet. Elles parlèrent de tout et de rien, des petits tracas du quotidien, jusqu’à ce que la conversation se fasse plus intime.

« Je sais que tu n’as pas demandé à ce que tout ça arrive, mais tu as été très courageuse, Emma, » dit Claire d’une voix douce. « Et tu vas t’en sortir. Ça prendra du temps, mais tu vas t’en sortir. Tu es bien plus forte que tu ne le penses. »

Les paroles de Claire résonnèrent dans l’esprit d’Emma pendant plusieurs jours. Elle n’avait pas l’habitude de se voir sous cet angle. Elle avait toujours été la femme dévouée, la mère attentive, l’épouse loyale. Mais, aujourd’hui, elle était un être humain brisé, à reconstruire morceau par morceau.

Cependant, dans son cœur, un léger espoir se fit jour. Elle n’était pas seule. Pas encore. Et peut-être que la vie lui offrait encore une chance, même si elle avait du mal à y croire.

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Pendant les jours suivants, Emma chercha à retrouver sa dignité. Elle appliqua aux offres d’emploi que Claire lui avait recommandées, espérant trouver un travail, même modeste, qui lui permettrait de se relever un peu. Petit à petit, elle recommença à voir des rayons de lumière dans un ciel qui lui avait semblé trop sombre pendant trop longtemps. Mais elle savait que la route serait longue, semée d’embûches.

Et malgré tout, elle se surprenait parfois à sourire, en pensant aux petits progrès qu’elle faisait. Chaque jour était une victoire en soi.

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