Chapitre 5

Andres sait que son frère est passé à une clinique déposer de quoi réaliser le test de paternité. Il a pris ensuite un jet direction Tottenham. Quand il rejoint Ivan, ce dernier l'informe du passage d'un des hommes de son frère. Il a apporté un téléphone pour qu'ils puissent communiquer tranquillement. Quand il lui remet le téléphone, la surprise se lit sur le visage de son patron. Il ne communique que rarement ses émotions.

- Il a juste déposé le téléphone ?

- Oui et il a dit que le téléphone ne sonnerait que quand il voudra te contacter.

- Pourquoi je devrais lui parler ? Après ce qu'il vient de se passer, je doute qu'il veuille toujours qu'on parle.

- Patron, vous devriez répondre quand même. Après c'est votre choix.

Il quitte sa chambre. Andres grogne avant d'accepter ce que vient de dire son homme de main. Il rentre prendre une douche. Quand il revient, son téléphone vibre. Le seul contact enregistré s'affiche. Il laisse le téléphone vibrer quelques instants avant de finalement décrocher.

- Oui ?

- Content de ta petite mise en scène ? La voix de son demi-frère s'élève de l'appareil. Elle est enceinte.

- Oui, j'y suis allé doucement. Tu t'inquiètes beaucoup pour un enfant qui n'est probablement pas le tien. Le silence qui s'en suit le réjouit. Son frère ne se doutait pas qu'il était au courant. Ou tu espères qu'il soit le tien ? Il se moque ouvertement. Sérieusement ? Cette fille a ouvert ses jambes et elle est enceinte. Combien de fois au total tu l'as fait avec elle ? Combien de fois elle l'a fait toi ? 1, 2, 3...

- Ta gueule Andres. Sa voix est glaciale. Andres bien que souriant ne rajoute rien. Il imagine bien son frère aîné le regard figé, les jointures serrées et blanche et le visage fermé. Il est furieux. Je ne sais même pas ce qui me fait continuer à te parler.

- Moi non plus. Je me pose la question. Qu'est-ce que tu veux ?

- Je suis en route pour Tottenham. Je vais chercher des réponses là-bas. Réponses que je pense pourraient t'intéresser également. Réponses pour notre famille.

- Tu m'inclus ?

- Je ne peux pas faire comme si de rien était. Tu es mon petit frère.

Quand il dit cela, le visage de Andres se ferme immédiatement. Sa voix passe de joueuse à plus froide. Il perd son sourire.

- De quel droit ?

- De quel droit toi-même tu as fait autant de mal autour de moi ?

- Tu méritais de souffrir Louis. Pour tout ce que cette maudite famille a fait à la mienne.

- Ta famille également. C'est ta famille également, Andres. Bref, ce n'est pas pour cela que je t'appelle.

- Alors pourquoi ?

- J'ai fait réserver un vol pour toi direction Tottenham. Je veux que tu me rejoignes.

- Pourquoi devrais-je t'obéir ?

- Tu veux te venger de moi n'est-ce pas ? Andres grogne. Je m'en doute. Je voudrais te faire la peau également. Mais le sang est plus important que tout. Viens à Tottenham, nous allons avoir des explications tous les deux.

- Très bien. Je viens. Mais qui me dit que tu ne vas pas me tuer ?

- Aucune assurance petit frère. Andres s'imagine bien que Louis sourit en ce moment. Je t'ai déjà laissé la vie sauve plusieurs fois. Je pourrais être tenté de recommencer.

- Un vrai chien.

- On est de la même famille donc ça fait quoi de toi ? Un petit chihuahua ?

- Très drôle. J'espère que cela vaut le coup de me déplacer.

- Nous verrons bien.

Il raccroche avec cette conversation très, voire trop longue. C'est la première fois qu'une de leur conversation dure aussi longtemps. Il appelle Ivan et lui annonce de prendre des affaires et qu'ils vont à Tottenham. Son homme de main est surpris mais ne dit rien. Il va chercher ses affaires et prendre un billet. Après tout si son patron veut y aller, il ne va pas l'en empêcher. Il y aura sûrement du fun là-bas et peut-être une boucherie. Il s'inquiète quand même que son patron ne soit aveuglé par le fun ou de colère par ce qu'il va apprendre là-bas. Si il y va seulement avec lui, il ne sait pas s'ils pourront se protéger si c'est un guet-apens. Encore plus, il ne sait pas si il peut empêcher la situation d'empirer et de se transformer en bain de sang si son patron perd le contrôle. Il risque d'y rester pour une des deux raisons. Lorenzo va le détester de ne pas prendre des hommes avec eux, de suivre leur boss dans cette folie, de potentiellement le laisser retomber dans ses travers, de se mettre autant en danger. Il range ses armes et donne quelques consignes à leur hommes.

Ils vont à l'aéroport et prennent un jet privé finalement. Ils arrivent rapidement à Tottenham et prennent des chambres dans un hôtel. Le téléphone prépayé sonne quelques instant après qu'ils se soient installés. Andres décroche et répond rapidement à son interlocuteur. Il fait signe à Ivan pendant sa discussion. Ce dernier reste à l'écoute et charge ses armes en même temps. Il raccroche et lui annonce qu'une voiture va venir les chercher pour rejoindre son frère. Ivan lui lance un regard plus soucieux, qu'il ignore royalement avant de prendre ses armes. Ils descendent et montent dans la voiture qui les attend. Le chauffeur les conduit tranquillement sans leur adresser la parole. Ivan est légèrement à cran. Il ne comprend pas comment son chef peut-être aussi relax dans cette situation. Ils arrivent à destination. Ivan remarque aisément la présence des hommes de Louis. Il se dit qu'il s'agit premièrement de ses gardes du corps. Mais quand il notifie la présence de Joachim discutant avec certains des hommes, il se crispe immédiatement. Il y a aussi des membres de gang. De mieux en mieux, se dit-il avant de lancer un regard à son chef qui semble toujours n'en avoir rien à faire. Il essaie de déterminer rapidement combien d'entre eux sont des gardes du corps et combien sont des membres de gangs. Il n'a pas le temps de terminer son estimation que Joachim s'avance vers eux tout sourire et se propose de les escorter vers son chef.

- Je rêvais de vous rencontrer en personne depuis toutes ces années, dit-il à Andres qui ne sourcille même pas à son endroit. Ivan retient un rire de justesse. Vous avez fait beaucoup de bruits à chacun de vos passages.

Toujours aucun intérêt de la part de Andres à l'endroit de ce qu'il dit. Ivan voit que Joachim est mécontent mais cache son sentiment. Le pauvre, ce n'est définitivement pas son jour. Il doute que son boss écoute grand-chose venant de lui également. Il semble concentré, ruminant certaines choses depuis sa dernière conservation au téléphone et le trajet en avion. Il ne sait pas ce que Louis a dit précisément à son frère mais ce dernier est bloqué dessus. Il n'a jamais vu son boss comme cela... Non il l'a vu une fois comme cela et c'est quand sa mère est morte. Il se comporte comme si rien n'existe autour de lui, aucune vie, aucun mouvement, aucun être humain. Comme si rien ne lui parvient. Comme si le monde s'est arrêté pour lui, même si il continue pour les autres. Ivan serre la mine quelques instants quand il fait la connexion. Les semaines qui avaient suivi cet événement avaient été difficile pour lui, mais aussi pour eux. Il ne sait plus à cet instant, s'il craint plus les hommes qui les encerclent de partout et qui sont potentiellement des ennemis ou son patron à fleur de peau qui pourrait partir en sucette d'un moment à l'autre.

Ils arrivent devant une porte et Joachim frappe un certain nombre de coup. Il ouvre la porte dès qu'il a la permission. Il annonce à Ivan qu'il ne pourra pas entrer dans cette pièce. Ordre de son chef. Son visage redevient sérieux, signe qu'il ne laissera personne faire autre chose que ce que son patron a demandé. Ivan veut contester quand son patron le calme à son tour d'un regard. Il lui dit de rester devant la porte avant de pénétrer. Ivan souffle de mécontentement, il n'aurait jamais dû suivre son boss dans cette folie. Il perd tout sens de rationalité. Joachim revient quelques minutes plus tard et s'installe à côté de lui. Il lui propose une cigarette, que Ivan récupère sans rechigner.

- J'adorerais me transformer en mouche et savoir ce qui se dit là-bas.

- Moi aussi...