Je ne peux pas dire oui
Ashley était assis dans ce club depuis bientôt 15 minutes que déjà les filles tournaient autour de lui comme des abeilles autour d’une fleur.
Il but d’un train son verre.
-Ashley : Bon type on retourne à la cérémonie de l’anniversaire, je crois que là ça a déjà commencé.
-Reginald : Ashley on va foutre quoi là-bas ? restons ici ! Regarde comment on nous traite bien. On arrive à peine et déjà on nous a offert à boire, un bon salon VIP et regarde les petites qui gravitent déjà. Tu veux qu’on laisse tout ça pour aller s’ennuyer dans un anniversaire de vieux.
-Ashley : Bon, visiblement tu ne veux pas y aller. Moi j’y vais.
-Réginald : Non, Ashley ne part pas, si tu me laisses, ils ne vont plus nous offrir à boire et tout, en plus j’ai déjà dit au proprio qu’on reste jusqu’à minuit minimum.
-Ashley : Moi je ne suis pas un ivrogne pour qu’on m’attire avec l’alcool. Tu savais très bien que ce soir je devais aller à l’anniversaire de mes beaux-parents comment tu peux prendre des engagements pour que je reste ici jusqu’à minuit.
-Reginald : Bon reste même jusqu’à 22h, attend tu es quand même Ashley Otondo, s’ils veulent vraiment te voir ils pourront t’attendre 2h.
Ashley le regarda et pesta. Il ne voulait même pas débattre déçu. Il avait eu une longue journée, il voulait juste aller à la cérémonie de ses beaux-parents, les féliciter, puis rentrer se coucher.
-Ashley : Bon, on se voit demain sur le plateau, je suis parti.
Il salua quelques fans et sortit du club. Réginald le regarda partir et pensa que Gabrielle devait repartir très rapidement au Canada. Elle lui grillait ses plans.
***
Sur la route Ashley repensait aux propos de son ami. Ça le ramena dans son passé, particulièrement comment il avait rencontré le cinéma.
Il était en classe de 3 ème et il y avait un casting pour une pub. Ashley voulait y participer mais n’avait pas les frais d’inscription qui s’élevait à 10 mille francs.
Les jours approchaient et il n’avait toujours pas pu réunir la somme exigée. Ses deux copains Gaby et Thierry avaient eux aussi cassé leur tirelire mais en vain, ils n’atteignaient que 3750.
Désemparée et voyant les délais se rapprocher, Gaby en parla à son père qui décida de payer les frais d’inscription mais aussi de conduire Ashley au casting. Il a vu que Ashley était doué pour ça alors il l’a encouragé, il l’a conduit aux castings suivants et a payé ses frais d’inscription à chaque fois.
Monsieur Eloi avait été un papa de substitution pour lui. La famille de Ashley connaissait beaucoup de difficulté. Il avait un père démissionnaire et une mère plus préoccupée par son nouveau petit-copain que ses enfants ; il trouvait refuge chez Gaby.
Quand il avait faim papa Eloi le nourrissait, quand il n’avait pas d’argent pour payer ses frais d’écolage papa Eloi les prenait en charge et même lorsqu’il n’avait plus de toit sous sa tête papa Eloi l’hébergeait.
Ashley avait beaucoup de défaut mais il n’était pas ingrat. Il était heureux d’être là aujourd’hui pour un homme et une femme qui avaient pris soin de lui à une époque où il très vulnérable. Sans eux à coup sûr, il aurait mal tourné, c’est grâce à eux qu’il était devenu l’homme qu’il est aujourd’hui.
Il arriva enfin à la fête vers 20h moins.
Lorsqu’il gara en face du bâtiment, il comprit très vite que la fête avait déjà débuté, il n’y avait personne dehors et à l’intérieur on sentait qu’il y avait de l’ambiance.
Il gara et se dépêcha de monter les marches lorsqu’il entendit du bruit dans les buissons sur sa gauche. Par instinct, il écarta les buissons et qu’est-ce qu’il vit ?
Edmond avait plaqué Eve contre un mur, lui avait mis sa main sur la bouche pour l’empêcher de crier et la menaçait avec un index pointé vers son visage.
-Ashley : Edmond qu’est-ce que tu fais comme ça ? lâche là !
Face à un Edmond déterminé, il dû à son tour lui tomber dessus et le maitriser physiquement.
-Edmond : (en levant les mains) c’est bon, laisse-moi maintenant je suis calme.
-Ashley : Non ! tu ne te calme pas juste, tu dégages d’ici. Mais tu es un grand malade. Qu’Est ce qui ne va pas avec toi ? comment tu peux agresser ta femme ?
-Edmond : c’est bon tu me fais déjà mal Ashley, laisse moi je pars.
Ashley le lâcha et il décida de s’éloigner mais avant il lança en direction d’Evelyne
-Edmond : j’espère que tu as bien compris ce que je t’ai dit.
-Ashley : Edmond va-t’en !
Ashley le regardait s’éloigner pour s’assurer qu’il était parti, puis il se tourna vers Evelyne qui était assise à même le sol essayant de reprendre de l’air comme si elle avait été étranglée. Ashley l’aida à se relever.
-Ashley : Ça va ? Respire Evelyne respire ! Respire !
***
A l’intérieur, la fête battait son plein, Papa Eloi et son épouse maman Marie venaient d’ouvrir le bal. Toute l’attention était focalisée sur eux. C’est à ce moment que Gabrielle reçut un message d’Ashley.
-Ashley : « Vient rapidement à l’extérieur »
Elle regarda le message et tchuipa. Elle se mit à parler toute seule
-Gabrielle : toi Ashley là tu me prends vraiment pour une idiote. Tu es venu et tu es reparti maintenant tu me demandes de venir dehors, tchuip.
Elle se mit à écrire un message.
- Gabrielle : « Ashley ne me fatigue pas si tu ne veux pas entrer dans la salle rentre chez toi ».
-Ashley : « Gabrielle ramène tes fesses ici c’est urgent »
Quand elle reçut le deuxième message, elle sut que c’était du sérieux. Elle se leva discrètement et sortit. Ashley l’interpella à la sortie et là elle vit Evelyne assise par terre. Elle s’approcha d’elle
-Gabrielle : Qu’est-ce qu’elle a ? Ashley qu’est ce qui se passe ? elle a quoi ?
-Evelyne : je vais bien, ne t’inquiète pas.
-Ashley : c’est Edmond qui a voulu l’agresser.
-Gabrielle : Il t’a fait quoi ? il t’a violé ?
-Evelyne : Non il ne m’a pas violé, il m’a juste forcé à le suivre derrière ce buisson et il m’a parlé des mêmes choses de tous les jours, que je ne dois pas le quitter.
- Gabrielle : Il est où ?
-Ashley : Je l’ai chassé. Emmène la dans les toilettes, elle doit se nettoyer. Passez par derrière, il ne faut pas attirer l’attention des gens. Allons, je vous accompagne au cas ou il revient vu que par derrière l’entrée est très sombre.
Il accompagna les deux sœurs dans le bâtiment, s’assura qu’elles étaient en sécurité et alla rejoindre le reste de la famille dans la salle de réception.
Il embrassa les parents et la famille puis alla vers Nathalie et son chéri. Après les avoir salués, il se pencha vers Nathalie et lui murmura quelque chose à l’oreille. Tout de suite après elle se leva et alla vers les toilettes.
Giscard était dubitatif, il ne comprenait pas ce qui se passait et il détestait ça. Il n’avait pas l’intention de laisser les choses le dépasser.
***
Nathalie arriva dans la douche et trouva sa grande sœur et sa petite sœur en train de se nettoyer le visage.
-Nathalie : qu’est ce qui s’est passé ?
-Gabrielle : C’est Edmond qui a voulu l’agresser.
-Nathalie : Mais il est arrivé ici comment ? tu disais pourtant que tu ne lui avais pas donné l’adresse.
-Gabrielle : c’est vrai Eve, comment tu t’es retrouvé dehors avec lui ? je ne comprends rien.
-Eve : je l’ai confondu à un ami que j’ai invité. Je ne comprends toujours pas ce qui s’est passé
-Gabrielle : Explique-nous clairement ce qui s’est passé ? c’est quel ami que tu attendais et pourquoi c’est Edmond qui arrive à sa place.
-Nathalie : Celui avec qui tu discutes par texto ?
Elle leva le visage en direction de Nathalie comme pour lui demander « comment tu le connais ? »
-Nathalie : tu es revenu à Libreville depuis 4 mois et tu es accrochée à ton téléphone. J’ai compris que c’est avec un homme que tu discutes et je vois bien que tu as l’air de l’aimer.
-Gabrielle : Quoi ! Eve tu as un amoureux virtuel ? C’est quoi cette histoire ?
-Evelyne : Il s’appelle Richard, on s’est rencontré sur un groupe what apps. A l’époque, j’avais tellement de problèmes et il m’a beaucoup aidé. Vu que c’était juste des messages ça me plaisait comme ça. Mais il a commencé par me dire qu’il voulait qu’on se voit, il a tellement insisté que j’ai décidé de le rencontrer ici, ce soir, à la cérémonie.
-Gabrielle : Je ne vois toujours pas le rapport avec Edmond.
-Evelyne : Il m’a dit que je pourrais le reconnaitre à son habillement. Il sera vêtu d’un costume vert et de souliers marrons et c’est exactement la tenue qu’avait Edmond.
-Nathalie : Seigneur !
-Evelyne : Donc lorsque le portier est venu me dire qu’un homme vêtu de vert, aux souliers marrons voulais me voir je n’ai pas hésité à sortir, je ne pouvais pas imaginer que c’était Edmond. Quand je suis sorti il m’a attrapé et entrainé dans le bosquet.
-Gabrielle : Attend, tu ne l’as jamais vu ?
-Eve : Non
-Gabrielle : tu ne l’as jamais entendu ?
-Eve : Non, que des messages.
-Gabrielle : Mais c’est Edmond. Ton richard là c’est Edmond.
-Eve : Non ce n’est pas lui, c’est deux personnes trop différentes, ça se sent en lisant ses messages.
- Nathalie : Mais donc c’est son complice, parce que c’est trop de coïncidence là.
-Gabrielle : Moi je dis que c’est lui-même. C’est trop facile, mais Edmond c’est un malade hein ! Seigneur !
-Eve : Bon on va retourner à la fête, on va reprendre le débat plus tard, n’oubliez pas qu’aujourd’hui c’est le jour des parents.
-Gabrielle : Mais tu ne peux pas repartir comme ça, regarde il t’a déchiré la robe cet imbécile-là.
-Nathalie : Attend je vais te donner la première robe que j’allais porter, on a la même taille ça va t’aller.
-Gabrielle : Mais attend, tu m’as dit que la robe avait un trou non ?
Dans le feu de l’action, elle avait oublié ce qu’elle avait dit à sa sœur.
-Nathalie : Oui il y avait un trou mais il est minuscule voire invisible. Je vais la chercher.
Elle se leva et c’est à ce même moment-là que la porte s’ouvrit. C’était Giscard, son élan fut court-circuité par la vue de ses belles-sœurs.
-Giscard : heu je m’excuse, Nathalie je peux te voir ? dès que tu auras terminé avec tes sœurs, c’est pas urgent.
Il referma la porte. Nathalie savait exactement pourquoi Giscard la cherchait et elle savait qu’elle allait passer un sale quart d’heure une fois à la maison. Elle se rassit.
-Nathalie : S’il te plait Gabrielle, tu peux aller prendre la robe dans mon sac. Si je pars là-bas, Giscard ne va pas me laisser revenir.
Gabrielle trouva ses propos bizarres mais obéit sans broncher.
-Nathalie : Evelyne je vais dire non ! je vais dire non j’en peux plus
-Eve : Tu vas dire non à quoi ?
-Nathalie : Je sais que Giscard veut me faire sa demande en mariage ce soir, j’ai vu la bague mais je ne peux pas dire oui.
-Eve : Pourquoi ?
-Nathalie : je ne peux pas.
-Eve : Je comprends que tu peux stresser à cause de tout ce s’est passé ce soir, mais Edmond ce n’est pas Giscard. Tu as peut être peur parce que tout ca devient sérieux mais il faut te poser les bonnes questions.
-Nathalie : Quoi par exemple ?
-Eve : Tu dois avant tout te demander est ce que tu aimes Giscard ?
-Nathalie : Oui je l’aime
-Eve : Penses-tu qu’il t’aime ?
-Nathalie : Oui je pense, mais j…
-Eve : Il n’y a pas de mais, ce qui compte c’est l’amour. « L’amour excuse tout, croit tout, espère tout et supporte tout ». Ne l’oublie jamais. Tu es celle qui a la relation la plus stable et la plus potable de nous trois. Il est tant que tu deviennes une véritable dame, allez vas-y, Va prendre ta bague.
Nathalie se leva et sortit mais dès que la porte se referma, Evelyne s’effondra. Elle avait l’impression que le monde s’ouvrait sous ses pieds, elle se sentait tomber dans un grand gouffre.
Elle n’arrêtait pas de penser à cette phrase qu’Edmond lui avait dit avant que Ashley arrive :
-Edmond : « Tu ne pourras jamais refaire ta vie, qui voudrait d’une femme Sidéenne comme toi. Ahhh tu ne la savais pas ? je suis séropositif depuis 2 ans et comme nous sommes mariés sous le régime communauté de biens, donc j’ai partagé. Kiakiakia »
À suivre.