Chapitre 11
Merde !
Je me plaque contre le mur, mais évidemment maintenant c'est trop tard. J'ai perdu l'effet de surprise... Toutefois je ne dois pas attendre trop longtemps où ils auront le temps de s'organiser.
Je rabat la capuche de mon Sweat sur ma tête d'un air déterminé, ouvrant la porte le plus naturellement du monde. Je traverse ensuite le couloir la tête haute, le regard rivé sur l'entrée comme si personne n'allait tenter de m'arrêter. C'est mon seul objectif, je ne veux pas leur parler, je ne veux pas savoir ce qu'il s'est passé durant ses quinze derniers jours. Si personne ne met de mots la dessus, je pourrais faire semblant qu'il ne m'est rien arrivé.
Malheureusement la femme au chignon surgit de nulle part, me barrant le passage en faisant s'envoler mes derniers espoirs d'une liberté facile.
_ Bonjour! Je m'appelle Marika Ericsson, enchantée! Me dit-elle calmement avant de se pointer du doigt, montrant ensuite l'homme que j'ai hébergé sur la base d'un mensonge. Je suis la mère de l'alpha, Ryley Ericsson...
Je la regarde avec de grand yeux. Elle est sérieuse ? Elle se présente avec son fils comme si nous allions prendre le thé ? Ils sont vraiment complètement fou!
_ Je viens de me réveiller après avoir été droguée pendant presque quinze jour, j'ai mal au crâne et envie de vomir, je peux vous assurez que ce n'est pas un bon jour pour moi ! lui répondis-je, acide. Et vu que vous êtes tout les deux responsables de la situation, je ne suis pas ravi de vous voir !
Je sert le couteau dans ma poche, en tremblant de rage.
_ Ôtez vous de mon chemin ! Grondai-je. Je m'en vais et si vous tentez de m'en empêcher, vous le regretterez !
_ Vous devriez prendre ses menaces au pieds de la lettre ! Prévient Chris, légèrement effrayé en se massant le cou, là où je l'ai frappé. Elle ne plaisante pas !
Il ne porte pas de séquelles physique de mon attaque, néanmoins il semble avoir compris qu'il valait mieux me prendre aux sérieux.
_Nous n'avons peut être pas très bien commencé cette conversation ... Me dit le grand blond avec une douceur trompeuse. Mais nous sommes des adultes responsables. Nous pourrions discuter de notre avenir commun.
_ Mon avenir ce joue entre moi et la porte de sortie ! M'énervai-je avec hargne. Le reste, je m'en cogne!
Je vois que l'alpha tente d'attirer mon attention, ne parvenant pas à articuler un mot intelligible dans la précipitation, mais je ne le regarde surtout pas. Je veux le sortir de ma tête ! D'ailleurs à mesure que la sensation autour de mon cerveau s'intensifie, je me demande de plus en plus si ce n'est pas sa faute...
_ Votre situation n'est pourtant pas brillante, vous devriez reconsidérer notre proposition de main tendu! M'indique le grand blond. Vous avez provoquée un accident, frappée un agent de police, vous n'avez pas d'argent... Et aucun moyen de vous défendre...
_ Vous m'avez kidnappée ! M'indignai-je d'une voix sur aiguë. C'est vous qui m'avez forcée à faire tout ça !
_ C'est un point de vue... Dit-il simplement, avec un petit sourire fielleux. Cependant il vous faudra expliquer ce que vous faisiez avec les vampires dans cette boîte de strip-tease...
Je perds patience. J'en ai assez que l'on me juge, comme si j'avais eu le choix. L'alpha gémis pitoyablement devant ma mine de plus en plus enragée, finissant de me faire craquer.
_C'est pas bientôt fini de chouiner ! On dirait une porte qui manque d'huile ! M'écriai-je au bord de l'hystérie. Ça me tape sur le système !
Il se racorni, ses larges épaules s'affaissant devant mon insulte.
_Un peu de respect ! S'énerve Loyd outré. Tu sais à qui tu parles, humaine !
_ Je m'en bas les noix ! Je veux juste partir d'ici ! Continuai-je en me contenant difficilement. Tant pis si c'est la chaise électrique qui m'attend ! Je veux juste partir d'ici!
Je fais un pas en direction de la porte. Sauf que la chère mère de l'alpha a décidé que je ne partirais pas. Elle sort une seringue de sa poche, s'apprêtant à me la planter dans le cou. Elle a des réflexes fulgurant, mais moi, je m'étais préparée à cet attaque.
Je passe sous son bras tendu, la laissant plonger en avant, emportée par son élan, elle m'offre tout le loisir d'agir. Je l'agrippe en travers de la poitrine et plante mes doigts dans le rebord de son aisselle que je sais sensible chez tout les humanoïdes. Elle gémis de douleur au moment où je la tire vers moi. De mon autre main, je lui plaque mon arme improvisée contre la gorge, laissant un petit filet de sang s'échapper d'une Plaie.
_ C'est une petite lame en argent mais je l'ai bien aiguisée ! Leur précisai-je calmement, en observant leurs visages stupéfaits. Laissez moi partir et je ne lui ferai aucun mal !
Ils se sont tous figés les yeux écarquillés, tandis que je suis soulagée de voir que l'une des seules connaissances que j'ai sur eux est vrai: ils sont vulnérables à l'argent.
_ J'avais prévenu de ce méfier de ses réactions! S'exclame Chris, horrifié.
_Ta gueule ! Grogne son jeune collègue dépité en essayant de jauger mes réactions pour savoir comment m'arrêter.
Je ne regarde personne en particulier, je me contente de tirer la femme vers la porte. Je n'ai plus qu'une dizaine de mètres à faire, ensuite je la lancerai par terre avant de m'enfuir de l'immeuble.
_ Réfléchissez ! Ordonne le grand blond, agacé. Vous êtes entrain de faire une grosse bêtise ! C'est une prise d'otage !
_Vous avez commencés! M'énervai-je sans marquer de temps d'arrêt, continuant à avancer vers mon objectif.
Je sens toutefois Marika bouger sous mon bras, alors que j'essaie de resserrer ma prise. Malheureusement, elle parvient, à force de ce tortiller, à desserrer ma poigne, en profitant pour me planter la seringue qu'elle avait gardée en main dans la cuisse. Paniquée, je la tire en arrière, la blessant au cou plus profondément.
C'est là que la sensation qui ne me lâchait pas, autour de mon esprit, se transforme en lame de fond. Je hurle de douleur alors que j'ai l'impression que l'on m'enfonce un couteau chauffé à blanc dans le crâne.
"AYA"
Un simple mot qui retenti dans mon âme comme une arme de destruction massive. À quatre pattes sur le sol, je vomi mes tripes en sanglotant, en ayant subi ma première attaque psychique.
"Aya"
Cette fois ci la sensation est aussi douce qu'une plume, pur compassion et regret, comme si mon attaquant regrettait ce qu'il venait de faire. Cependant, je ne contrôle plus rien, mes émotions explosent dans mon cerveau. Si je ne les libère pas, je sens que je vais devenir folle. Je remonte la source de l'appel, hurlant à mon tour sur cet esprit qui vient de m'attaquer.
"RANE"
Toute ma souffrance, ma peur, ma colère se dirige comme une pointe de flèche vers lui, grâce à ce simple mot. J'entends son hurlement déchirant au moment où je reprends pieds dans la réalité. Quand j'ouvre les yeux je vois que L'alpha est recroquevillé sur lui même, hurlant comme un possédé en se griffant la tête sous l'attaque mentale que je viens de réaliser sans savoir comment. Je vois les autres autour de lui se transformer, criant à leur tour de douleur.
Terrifiée, je rampe au sol en évitant ma flaque de vomi, avant de me relever d'une démarche chancelante, je parviens à courir vers la porte, espérant mettre le plus de kilomètres possible entre moi et eux avant qu'ils ne s'en remettent.
Je l'ouvre à la volé, deux loups sont sur le seuil, dans le même état que ceux de l'appartement. Je passe devant eux sans qu'ils ne me voient, Trottinant sans encombre vers l'ascenseur dans lequel je saute littéralement. Mon mal de tête est entrain de se transformer en migraine carabiné, me donnant l'impression que tout mon système nerveux c'est transformé en lave en fusion. Je vomi à nouveau avant que les portes ne s'ouvrent. D'une démarche de plus en plus approximative, dans les couloirs où je croise des personnes en position fœtale, je regagne comme je peux les portes d'entrée.
Une fois dehors, je ferme les yeux posant mes paumes dessus, espérant calmer ma migraine, tout en continuant à marcher pour m'éloigner de cet endroit de folie. Je ne dois pas rester là, car je ne pense pas que cette attaque psychique mette l'alpha au tapis très longtemps.
Voyant à peine où je pose les pieds à cause de la douleur, je trébuche sur le rebords du trottoir, m'étalant sur le sol. Quand j'entends crisser des pneus, j'ouvre péniblement les yeux tout en me roulant en boule dans un ultime réflexe de protection.
Je remarque les yeux embuée qu'une berline noire c'est garée juste devant moi. Les portières avant s'ouvrent presque tout de suite alors que deux hommes viennent à ma rencontre. Quand je les reconnaît, j'ai envie de hurler car il s'agit de Stéphane et de son ami.
_ Je t'avais dit que ces crétins de chiens allaient finir par la relâcher, une fois qu'ils auraient fini de jouer avec ! Se réjouit Nigel.
La silhouette du vampire brun se penche vers moi, me soulevant avant de me porter pour me poser délicatement à l'arrière de leur voiture.
Je tente de le repousser mais ma migraine me vrille le cerveau de manière dramatique, sapant toute mes forces. Je suis à bout, il n'a donc aucun mal à m'obliger à m'allonger. Sans plus me défendre, je me roule en boule sur la banquette en me demandant quand ma situation va cesser d'empirer.
J'ai l'impression que de la lave en fusion me brûle le cerveau alors que je me réveille péniblement. Je serre les dents, essayant de trouver une position plus confortable quand j'entends un cliquetis de chaîne.
Prise d'une bouffée d'angoisse, j'ouvre les yeux précipitamment, me déclenchant une violente nausée. J'ai l'esprit embrouillé, ainsi qu'un mal fou à réfléchir de manière cohérente, toutefois, je tente d'analyser l'endroit où je suis de mon regard trouble.
Il y a de grandes fenêtres recouvertes par d'épais rideaux en velours rouges que seul quelques raies de lumières éparses parviennent à percer. La principale source de lumière étant au final un chandelier au dessus de moi.
Me relevant en grognant, je fronce les sourcils, non seulement je continue d'entendre le bruit de chaîne, mais je sens quelque chose pendre à mon cou.
Je baisse la tête et cligne des yeux perplexe en voyant que je ne porte plus qu'une chemise d'homme. C'est devenu une habitude de me déshabiller pendant que je dors: ils m'ont prise pour une poupée Barbie ou quoi ?
Toutefois, ce n'est même pas ce qui m'inquiète le plus car j'ai un collier en cuir relier à une laisse de métal qui bloque toute ma mobilité, je peu à peine m'asseoir. Sans compter que pour parfaire la scène tirée d'un film d'horreur, je suis attachée à une sorte de fauteuil de barbier par les mains et les pieds.
Mon cœur bat la chamade alors que je scrute la pénombre à la recherche de mon bourreau.
Je finis par le trouver à l'autre bout de la pièce, alors qu'il se lève d'un gros fauteuil de cuir en repoussant une desserte où trône des objets inconnus.
_ Enfin réveillée ? Me demande-t-il d'une voix suave. J'ai cru que tu dormirais cent ans, comme la belle au bois dormant !
_La différence entre elle et moi c'est qu'elle n'a pas été piqué a la morphine, elle! Lui repliquai-je, acide, en le fusillant du regard.
Tout en parlant, je tire sur mes liens dans l'espoir de me dégager, toutefois ils ont l'air résistant. Il s'agit probablement de chaîne en métal.
_Ne te débat pas comme cela...me dit le vampire, d'un air vaguement inquiet. Tu vas te faire mal!
Je ricane.
_Trop gentil de t'occuper de mon bien-être ! Me moquai-je avant de lui montrer le meuble sur lequel il me retient prisonnière. Mais bon... Tu aurais peut être pu y penser avant de me sangler à ce fauteuil !
_ Je n'ai pas l'intention de te faire du mal ou de te faire peur, cependant tu n'es pas quelqu'un de très raisonnable ! Me dit-il avec un petit sourire ironique. Le carambolage que tu as créé avec Ericsson passe en boucle à la télé, vois-tu ! Si je trouve que l'on voit bien tes talents de cascadeuse sur la vidéo qu'à pris l'hélicoptère qui passait au dessus de vous juste à ce moment là, je préférais que tu ne recommences pas une nouvel fois ce genre d'exploit ...
Je grogne de dépit en m'écroulant contre le fauteuil, me rendant compte que je viens de me mettre dans des ennuis de tailles dantesque.
_J'ai préféré prendre quelques précautions... Finit-il par ajouter en caressant les sangles du bout des doigts. Pour ta propre sécurité...
Cette fois ci, je rigole franchement en lui demandant :
_Quoi ? Tu craignais que je ne tombe ? Sympa les sécurités enfants ! Du coup maintenant tu peux me libérer, non ?
Il soupire avec fatalité en allumant de grandes bougies bleues, à côté de moi, avant de s'éloigner pour en allumé d'autres plus éloigné. Je remarque qu'il y en a partout dans la pièce autour de nous. Sans arrêter de tirer sur mes chaînes, je le suis des yeux pendant qu'il met patiemment le feu à toute les mèches en me demandant à quoi peut bien rimmer cette mise en scène.